Week-ends (Anne Villacèque - 2014) Typiquement le genre de film dont on se demande s'il n'est pas plutôt un téléfilm. L'intention est certes louable, les acteurs sont bons (mention à Karin Viard et le toujours excellent Ulrich Tukur), mais que tout cela est filmé platement... Je sauve la chanson finale. C'est peu.
Une très bonne surprise !
Merci à Arte pour cette découverte. C'est frais, drôle, enlevé, subtil, ce qui en soi est déjà un exploit pour une comédie française... Les deux acteurs principaux, Pio Marmaï et Michael Lonsdale, sont excellents (Lonsdale reste à mon sens l'un des meilleurs acteurs français, malheureusement sous-utilisé/sous-estimé...). Un hommage à Rohmer, mais sans chichi, plein d'auto-dérision, et un regard à la fois tendre et moqueur sur le milieu du cinéma.
Si vous ne connaissez pas ce film, je vous invite à le voir en Replay s'il est toujours dispo.
Dernière modification par Zelda Zonk le 13 juil. 17, 13:09, modifié 2 fois.
Vu par hasard sur Canal, à ma grande surprise j'avais trouvé ça très bien
Clear Eyes, Full Hearts Can't Lose !
« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
Plus potable que le nanar Lucy mais là où il respecte finalement assez bien la BD de Christin et Mezieres, Luc ne peut s'empêcher dans la seconde partie du film de remettre ses gros doigts un peu partout (le gouverneur joué par Clive Owen ici n'est pas si agressif que ça dans l'oeuvre d'origine. Il y a d'ailleurs un fond pacifique qui fait plus facilement mouche qu'ici où l'on ressort le spectre de la guerre et de la violence d'une manière un peu artificielle). Finalement on a du Cinquième element 2.0 en somme, ça passe. Bon, à la fin de l'année ça ne sera pas dans mon top ciné non plus.
Je sais que le Western contemporain n'est pas forcément très apprécié sur ce forum (notamment par Jeremy Fox ), mais j'avoue avoir été agréablement surpris par ce second western de Tommy Lee Jones, que j'ai d'ailleurs préféré au premier (Trois enterrements). Ici, la mise en scène est d'ailleurs plus classique et fait la part belle aux grands espaces (superbe mise en images). Certes la tonalité du film et du scénario peut désarçonner et j'ai été le premier à être dérouté par le coup de théâtre qui survient aux deux-tiers du film (un pari toujours très risqué en termes scénaristique). Hormis quelques longueurs et scories (flashbacks sur les femmes hystériques pas toujours heureux), la mise en scène est très propre et l'interprétation des premiers rôles particulièrement réussie.
Zelda Zonk a écrit :The Homesman (Tommy Lee Jones) : 7/10
Je sais que le Western contemporain n'est pas forcément très apprécié sur ce forum (notamment par Jeremy Fox ),
Non, c'est juste que j'apprécie les bons westerns. Je n'aime pas du tout les deux films de Tommy Lee Jones mais par exemple j'avais adoré Open Range de Costner et surtout The Revenant de Innaritu Comme quoi, tout est possible
Visuellement c'est très souvent très beau, par moments très fidèle aux BD. Scénaristiquement c'est très humaniste, dans l'esprit des BD (en partie reprises) mais un peu léger quand même, avec un "méchant" sous-employé et une romance assez hors de l'esprit des BD. Ça manque quand même d'humour (un des points forts du 5e Élément), les rares tentatives tombent à plat. Le gros problème c'est le casting, raté sur les premiers rôles (elle s'en sort un peu mieux que lui, qui a le charisme à peine ado d'une huître anémiée...), plus réussi pour les seconds rôles (Rihanna s'en sort mieux que les premiers rôles, c'est dire...). Le grand mystère est là : Owen, Rihanna, Chabat, Herbie Hancock (!) ça a dû coûter plusieurs bras, les effets spéciaux aussi : pourquoi ne pas s'être payé des premiers rôles à la hauteur ? Pas eu le choix ? Pas trouvé ? Voulu attirer l'ado occidental au cinéma ?
Mais bon, pas d'ennui pendant les 2h17, juste de la déception...
Le scénario ouvre plusieurs portes (la solitude, la paranoïa ou le poids familial) qui ne seront pas toutes exploitées, le vrai sujet se résumant en une réplique du genre « paysan c’est la seule chose que je sais faire ».
C’est un film écrit à la première personne, un peu à la Polanski : Pierre est de toutes les scènes, on fait corps avec lui, en même temps qu’on prend conscience de son caractère jusque boutiste et qu'on nous pousse à prendre position.
Les rares utilisations de la musique constituent les scènes les plus marquantes et même s’il reste encore quelques tics de court métrage, c’est du tout bon. Et même qu’on se marre, parfois.
Tiens ton foulard, Tatiana (Aki Kaurismäki - 1994)
"Petit" film d'à peine une heure, grand film de cinéma. Quel plaisir de retrouver l'univers du cinéaste qui fondamentalement bouge peu, sa poésie du détail, son noir et blanc ciselé et ses acteurs constamment dans la retenue. Ses héros sont des paumés, ils ne se font pas de cadeaux mais quand ils finissent par craquer l'un pour l'autre, ils dégagent une immense tendresse que Kaurismäki capte à merveille pour nous l'offrir avec une simplicité bouleversante (cette bande-son !). Ses films sont des tragédies shakespeariennes de la vie de tous les jours, l'histoire avec un petit h, la douleur d'exister et l'absurde infini d'une machine à café et d'une bouteille de vodka. Maestria.
En fait il n'aurait pas fallu le découvrir après The Haunting : la comparaison n'est pas flatteuse. D'un côté un chef d'oeuvre tout en suggestions et en mouvements de caméras au service du film. De l'autre un condensé des obsessions de Spielberg avec des effets spéciaux qui ont mal vieilli, un symbolisme bien pour (le retour-naissance) et une idéologie de fond assez réac, alors que le début semblait promettre autre chose. Après Les Innocents et The Haunting, j'ai l'impression qu'on a perdu beaucoup avec le passage au "j'en montre le plus possible"...
Two lovers (James Gray - 2008) Oh le beau film que voilà. C'est maîtrisé de bout en bout, et impossible d'oublier cette petite musique qui accompagne les perégrinations de ce magnifique loser en proie au doute face au choix de la femme de sa vie. Remarquable présence de Joaquin Phoenix. Gray filme au plus près des âmes, avec une apparente simplicité qu'il transcende constamment pour pouvoir aborder sereinement leur complexité latente. Un auteur et un acteur au sommet de leur art, pour un film qui rayonne de finesse et d'intelligence.
La loi du marché (Stéphane Brizé - 2015) Longs et posés plans séquences d'où émerge une analyse d'un réalisme extrême, portée par le magistral Vincent Lindon, de cette terrible loi du marché, loi toujours du plus fort, qui broie les âmes et tue à petit feu. Brizé filme les corps au cordeau, décentrés, presque absents. Glaçant de vérité (les moments de vidéo-surveillance sont terribles), avec cette sorte d'humilité implacable qui nous pénètre et nous bouscule dans nos certitudes.