Les avis artistiques élaborés, ça n'a jamais été mon fort, désolé pour la maigreur de ce qui va suivre.
Donc, je commence seulement à explorer la quinzaine de classiques suédois que je me suis fait offrir à Noël. J'ai commencé par le coffret Hasse Ekman.
J'ai vu quatre des six films. Je laisserai "
Sjunde Himlen / Le Septième Ciel" (1956) que j'ai déjà à l'unité, que j'ai déjà vu deux fois, et que je n'ai pas envie de revoir (pour l'instant... film sans grand intérêt).
Donc, plusieurs films de Hasse Ekman...
Vandring med månen / Balade au clair de lune (1945)
Par un soir de nouvelle Lune, Dan (Alf Kjellin) croise l'autocar d'une troupe de théâtre itinérante. Le chauffeur lui demande son chemin, quelques passagers en profitent pour se dégourdir les jambes, et c'est l'occasion pour le garçon de faire la connaissance de Pia (Eva Henning), une jeune fille romanesque, extrêmement volubile. Après quoi, il rentre chez lui, se fait remonter les bretelles par son paternel (parce qu'il est tard) et décide de tout plaquer pour aller retrouver la troupe de théâtre et... la jeune Pia !
Pour la suite, inutile de vous faire un dessin. Sa quête le conduira successivement dans une pension de famille, chez un pasteur, sur un cargo... L'histoire est assez invraisemblable, c'est extrêmement bavard (avec de petites prétentions philosophiques), mais ça se laisse suivre (c'est selon l'humeur). Détail intrigant : le personnage du chemineau (Stig Järrel) -- qui finit carrément par se décrire lui-même comme un ange gardien -- fait énormément penser au clochard de
Les Portes de la nuit (1946). A tel point, que je me suis demandé si Carné s'était inspiré du film suédois (chose très improbable).
EDIT : les amateurs de capillotraction qui m'ont bien lu remarqueront que -- sur l'affiche -- la Lune est à l'envers ; c'est une lune descendante.
Möte i natten / Rencontre dans la nuit (1946)
Un jeune journaliste (Hasse Ekman) décide de se faire passer pour un criminel afin d'être incarcéré et de faire un reportage sur les conditions d'hébergement dans les prisons suédoises. Il organise le faux assassinat d'un ami (
) et... rien ne se passe comme prévu.
"On ne joue pas avec la mort", dit une cartomancienne à un moment.

Celui-là -- en dépit de son idée de départ complètement saugrenue -- a plus de tenue que "Balade au clair de lune" et on a un petit suspense qui ne gâche rien. Cela dit, quand on arrive au bout de l'aventure, difficile de ne pas émettre un "rhooo !" Le scénario est typique des scénarii de bande dessinée pondus par des débutants (je le sais pour l'avoir fait moi-même)... Incidemment : la fameuse "Rencontre" est celle d'un personnage interprété par Eva Dahlbeck (tout menton et toutes dents dehors !).
Himmel och pannkaka (1959)... chose qu'on pourrait éventuellement traduire par "Des crêpes au paradis"
Un animateur de radio (Hasse Ekman) devient animateur de jeu télévisé avec une jeune et jolie partenaire (Lena Granhagen). L'épouse légitime de l'animateur (Sickan Carlsson) est d'abord confiante, puis elle s'inquiète, puis -- sur un malentendu -- pense avoir été trahie et décide de divorcer. Après quoi, le pauvre mari fait tout son possible pour reconquérir son épouse.
Disons-le, c'est le nanar du coffret. C'est une suite directe de "Sjunde Himlen / Le Septième Ciel", mais en cinémascope (pardon : en Agascope !). Le film ne dépasse pas les 90 minutes réglementaires, pourtant le spectateur finit très vite par trouver le temps long, mais long. Il faut dire qu'après le voyage en Italie de "Sjunde Himlen", les producteurs ont eu l'idée de transporter les héros au Guatemala et que ça a été un prétexte pour tourner d'interminables séquences touristiques ! Côté distribution, je signale aux connaisseurs la présence de Gunnar Björnstrand (fiancé malheureux de Sickan Carlsson dans "Sjunde Himlen") dans un rôle de bouffon à mille lieues de ses rôles bergmaniens. Le film n'a pas très bien marché en salle, et, très honnêtement, ça n'est pas vraiment surprenant.
På en bänk i en park / Sur un banc dans un parc (1960)
Un type bizarre (Bengt Ekerot) sort d'un asile psychiatrique et prend aussitôt le train pour Stockholm. Là, il s'achète un joli marteau et va faire le guet devant un théâtre. Apparemment, il a un compte à régler avec le directeur dudit théâtre (Hasse Ekman). A la nuit tombée, les deux hommes se retrouvent face à face et... c'est le drame !
Je n'en dis pas davantage.

Disons qu'on voit ensuite un type en proie à la loi de l'emmerdement maximum (un peu comme dans "Ascenseur pour l'échafaud") : il y a toujours quelqu'un qui surgit au mauvais moment pour lui demander quelque chose, il y a toujours quelqu'un qui l'aperçoit quand il ne faudrait pas (même un aveugle !

), on va même jusqu'à lui voler sa voiture. N'en jetez plus ! Bien entendu, on a un Maigret suédois (Sigge Fürst) qui ne tarde pas à rôder dans les parages. Le dénouement pourra paraître "léger" ou "invraisemblable", mais le spectacle et le suspense ne sont pas déplaisants. Côté distribution, je signale une nouvelle collaboration de Ekman avec Lena Granhagen (22 ans... ici, elle tient le rôle de son épouse). Elle avait fait des débuts remarqués en 1958 (on avait pu la voir interpréter le même personnage dans trois polars de Arne Mattsson notamment : "La Dame en noir", "Le Mannequin en rouge" et "le Cavalier bleu") et, à l'époque, elle était en plein boom !
Les masters DVD sont du niveau "Gaumont à la demande" (pour "Himmel och pannkaka", le Eastmancolor est bien fatigué). Il y a des sous-titres suédois et... c'est tout.
ci-dessous : Lena Granhagen
EDIT : Eva Dahlbeck a été malencontreusement rebaptisée Eva Ekdahl de 14h29 à 22h02, mais personne n'a rien vu. 