Jeu de Massacre
J'ai un peu eu le sentiment d'être devant le prototype de nombreux exercices scénaristiques "méta" qui ont fait florès deux décennies plus tard, c'est assez virtuose mais souvent un peu trop théorique à mon goût, surtout dans le traitement de l'univers de la bande-dessinée qui se résume à des vignettes pop-art assez grossières et un éditeur caricatural. Plus humble je préfère ce qu'un divertissement plus classique comme
Le Magnifique fait de ce postulat personnellement, avec le pulp SAS/San Antonio/OSS. Plus intéressant ici est le décor suisse plutôt original, théâtre de l'entre-soi nihiliste de ce quatuor qui met en place son petit système de jouisseurs néo-nobles, où le créateur et sa créature sont tous deux détestables. Tant de cynisme est quand même un peu agaçant et clinquant, et je n'ai pas été convaincu par Cassel (horrible voix off) et Duchaussoy ici. La sexy Claudine Auger est la seule qui a droit à un semblant de variable dans ce théorème.
Traitement de choc
Pour revenir sur la discussion sur le vampirisme entre Nestor Almendros et manny, je crois que le personnage du policier l'évoque littéralement à la fin

Sujet audacieux en effet, mais le film malgré une excellente utilisation de son décor peine un peu à vraiment entrer dans le genre, qui agit toujours par petites touches (les portugais sans papiers zombiesques, le laboratoire et le final assez dantesque et gore dans une telle prod de luxe avec stars...). Reste que le film va au bout de sa logique et c'est appréciables... Je regrette toujours cette tendance au bon mot et aux monologues servis sur un plateau typique de ce cinéma français, qui alourdissent notamment tout ce traitement de "l'élite" et le thème de l'hypocrisie... après c'est quand même très régulièrement bien barré, notamment ces scènes de saunas et bains naturistes enjoués et délirantes à dans lesquelles on imaginerait pas Jean Dujardin et Audrey Tautou aujourd'hui. Delon et Girardot sont bien dirigés et le film reste toujours très lumineux malgré son côté glauque, il retourne l'évasion comme un gant (le vol en avion), même s'il aurait pu être plus percutant. Niveau bande-son, Jessua reste amateur d'une certaine expérimentation, mais ça a un peu vieilli quand même. Mon préféré du réal jusqu'ici en tout cas.
Les chiens
Jessua a vraiment ses thèmes de prédilection, puisqu'en soit on retrouve beaucoup de similitudes ici entre les personnages un peu gourou de Delon et Depardieu, leurs emprises sur les élites dont ils sont en quelque sorte le "sorcier" des temps modernes. La première partie du film est franchement envoutante dans ses décors et architectures de Banlieue dont le réalisateur tire parfaitement partie, grâce aussi à une photo très classe, on se croit parfois dans du Argento type années 80. Les habitants qui se dédoublent de leurs chiens proposent un environnement assez inquiétant et légèrement surréaliste, plutôt inédit. Après je trouve le film très théorique et didactique dans son cheminement, ses personnages... Lanoux ressemble à l'un de ces héros de fiction télé mitterrandien (le seul à copiner avec les populations immigrées mises au ban et les petits délinquants), le tout contre un Depardieu en pur baron giscardien dont les névroses peinent à intéresser je trouve (les scènes un peu ridicules où il s'ébroue avec son compagnon canin au ralenti dans des paysages bucoliques...). Nicole Calfan également fait figure de personnage un peu prétexte, victime d'un viol et sujette à opter pour ces mesures de "sécurité" radicales, et à la fois prise dans une romance avec Lanoux, aller-retour entre deux camps... Malgré la noirceur ambiante à la base le mouvement final m'a paru paradoxalement plus "positif", faible et démago que celui de
Traitement de choc, on sombre aussi dans certaines fautes de goût comme ces flash-back à gros filtres violets peu ragoutants.
J'ai un souvenir très médiocre de sous chabrolerie pour
En toute innocence, mais je vais continuer sa filmo. Un peu l'impression que le gars aurait pu être le successeur de Clouzot devant ces films et leurs sujets, mais il ne propose que du Boisset décalé au finish, c'est un peu frustrant, avec des qualités quand même... Le gars dans les différentes interviews a l'air très chouette en tout cas. A suivre.