PAURA NELLA CITTÀ DEI MORTI VIVENTI (Lucio Fulci, 1980)
découverte
Qui est le con qui a laissé les portes de l'enfer ouvertes ? L'introduction impose un style et une ambiance : cimetière désert, brouillard épais, murmures plus ou moins perceptibles, gros plan agressif, un prêtre l’œil hagard se pend au milieu de nulle-part et on n'est qu'à quelques minutes du début du film. Fulci entame sa deuxième partie de carrière, celle qui va à la fois faire son succès et le condamner à un gore qui tache. Le réalisateur retrouve l'agressivité de son
Zombi 2 (son plus gros succès) mariée à une poésie typiquement fulcienne faite de temps morts, d'un gout pour les corps en décomposition, pour des séquences de violence brusque et choquante ou pour un climat malsain et planant. Ce mélange entre brutalité (les années 80 de Fulci) et rythme flottant (ses giallos 70's) se marient ici magnifiquement. Dans
Paura nella città dei morti viventi, le metteur en scène récupère les stéréotypes du cinéma d'horreur mondial (le journaliste cynique, le scientifique barbue, la blonde souriante et les ados très cons) pour les trainer plus bas que terre, jusqu'aux enfers. Tout en crescendo, le récit est constamment entre-maillé de séquences chics et chocs, d'images iconiques comme les larmes de sang (Tarantino approved), l'enterrée vivante (Tarantino approved bis) ou de scènes craspecs comme le vent d'asticots ou la perceuse sanglante (ironie de l'histoire, la scène la plus gore est un "simple" fait divers). La dernière ligne droite et l'exploration de l'antre du cimetière laisse Fulci déployer toute sa maestria. Plus de frissons, mais une réelle fascination s’installe au point de ne plus décrocher son regard de l'écran avant un twist final glaçant, ironique et franchement savoureux. Fulci, qui est alors encore dans son âge d'or, pousse son style dans ses derniers retranchements. La chute, inévitable, viendra progressivement. Mais depuis
Paura nella città dei morti viventi, elle est encore loin.
9/10
QUELLA VILLA ACCANTO AL CIMITERO (Lucio Fulci, 1981)
découverte
Il s'agissait à la base de surfer sur les succès de
The Amityville Horror et
The Shining. Une maison, des morts dans le sous-sol, un gamin aux pouvoirs étranges, un père cérébral, violent et absent, une mère pas tout seule dans sa tête, suffisait juste de lâcher Fulci sur le terrain et c'était du prêt à consommer. Seulement, le réalisateur a moyennement envie de se blottir dans l'ombre des autres (de là à dire qu'il n'a pas vu les films, il n'y a qu'un pas) et fait oui de la tête aux producteurs tout en tirant au maximum le projet vers son cinéma. Un cinéma que l'on reconnait dès les premières images (après un meurtre brutal pour ouvrir l’appétit). Dans un climat brumeux, la menace est indicible, la mort est perceptible et c'est à pas de loup que nous allons, comme les personnages, visiter cette maison, l'apprivoiser pour ensuite la repousser. Fulci évite le piège des récits de maisons hantées en le prenant à bras le corps et en utilisant l'idée de répétition comme une force. De même lieux apparaissent, de mêmes gestes se répètent et c'est au moment où notre regard baisse la garde et où l'attention se fait plus incertaine, que le réalisateur met les bouchées doubles et ouvre enfin la cave aux cauchemars. Le film bascule alors dans l'horreur pure, dans un mauvais rêve qui traine en une longueur sadique. La fin est une merveille d'ironie mais surtout de tristesse. L'histoire était écrite d'avance et nous, pauvres spectateurs trop vite blasé, nous l'avions oublié. Lucio Fulci est un homme triste et son cinéma devient grand lorsque cette mélancolie transpire dans ses films.
8,5/10