A LETTER TO ELIA (Kent Jones & Martin Scorsese, 2010)
découverte
On sait que Martin Scorsese est capable de rendre sa cinéphilie vivante, passionnante voir touchante alors une heure sur Kazan, on ne dit pas non. Le réalisateur revient sur (une partie de) la carrière de son ainé sans omettre la "dénonciation" qui bouleversa la vie du réalisateur (et celle des autres). Le geste est au cœur de la réflexion de Scorsese comme de l’œuvre de Kazan et transparait dans les extraits de films ou dans les diverses citations de l’intéressé. Mais là où le cadet tire son épingle du jeu critique, c'est lorsqu'il parle de l'effet qu'on eu les films de Kazan (plus précisément
On the Waterfront,
East of Eden et
America, America) sur son art, sur sa vie. On passe dès lors d'un regard cinéphile à un regard d'homme jusqu'à un dernier plan, une dernière confession, absolument déchirante. Indispensable.
9,5/10
LE MATELOT 512 (René Allio, 1984)
découverte
Du romanesque à la Truffaut mais en plus posé, plus proche en ça de
La Naissance du jour de Jacques Demy. Le destin d'un jeune officier de marine - de son entrée dans la maison de son tuteur à la fin de la Première guerre mondiale - traité comme un film des années trente avec l'utilisation de procédés obsolètes : maquettes ou toiles peintes. On pense à Jean Grémillon pour la peinture d'une région côtière et ses amours à problèmes ou à Julien Duvivier lors de la séquence de la légion (
La Bandera). Si Jacques Penot est transparent, Dominique Sanda illumine le film, y apporte sa grâce et sa douleur. Une œuvre sur le fil du ridicule ou de la pose mais qui jamais ne trébuche car toujours au service de l'émotion et de ses personnages.
8/10