Andreï Zviaguintsev
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Re: Andreï Zviaguintsev
Sortie d'un coffret regroupant les 4 premiers films de Zviaguintsev (jusqu'ici, son intégrale, donc !) : une aubaine (et un relatif bon plan) pour ceux qui n'ont encore rien vu de ce cinéaste russe déjà majeur.
...Après, perso, comme pour le coffret Jia Zhang-Ke, je regrette juste qu'une nouvelle fois, ce ne soit "que" du DVD (car, comme Jia Zhang-Ke, Zviaguintsev est un grand formaliste qui s'accomode fort bien de la HD : bien que possédant déjà les [fabuleux] Blu de Leviathan et Elena [ainsi que le DVD du Retour], j'étais prêt à repasser à la caisse pour ce même coffret, mais version Blu-Ray... Tant pis pour moi (mais tant mieux pour tous ceux qui vont profiter de cette sortie bienvenue quand même pour découvrir ce cinéma capital).
...Après, perso, comme pour le coffret Jia Zhang-Ke, je regrette juste qu'une nouvelle fois, ce ne soit "que" du DVD (car, comme Jia Zhang-Ke, Zviaguintsev est un grand formaliste qui s'accomode fort bien de la HD : bien que possédant déjà les [fabuleux] Blu de Leviathan et Elena [ainsi que le DVD du Retour], j'étais prêt à repasser à la caisse pour ce même coffret, mais version Blu-Ray... Tant pis pour moi (mais tant mieux pour tous ceux qui vont profiter de cette sortie bienvenue quand même pour découvrir ce cinéma capital).
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Re: Andreï Zviaguintsev
Je l'ai d'ailleurs découvert seulement hier et l'ai immédiatement mis dans mon panier ; un jour, il sera mien car Leviathan fut une de mes plus belles découvertes de ces dernières années.Amarcord a écrit :Sortie d'un coffret regroupant les 4 premiers films de Zviaguintsev (jusqu'ici, son intégrale, donc !) : une aubaine (et un relatif bon plan) pour ceux qui n'ont encore rien vu de ce cinéaste russe déjà majeur.
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Re: Andreï Zviaguintsev
Le Retour aussi, c'est à tomber par terre (et deux avis pour le prix d'un, tiens)
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Re: Andreï Zviaguintsev
Vous allez me faire craquer plus tôt que prévu J'attendrais quand même le prochain "Black Friday"
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Re: Andreï Zviaguintsev
J'aimerai bien découvrir ce cinéaste, mais vu ce que j'en ai lu - et que confirme Amarcord - je préférerais de la HD. Je vais me retenir et attendre un peu.
- Jeremy Fox
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Re: Andreï Zviaguintsev
Rick Blaine a écrit :J'aimerai bien découvrir ce cinéaste, mais vu ce que j'en ai lu - et que confirme Amarcord - je préférerais de la HD. Je vais me retenir et attendre un peu.
D'autant qu'il y a peu de chances pour que tu n'apprécies pas au moins Leviathan
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Re: Andreï Zviaguintsev
ce que tu en avais dit en le découvrant m'avait donné sacrément envie en tout cas. Le BR est dans ma wishlist.Jeremy Fox a écrit :Rick Blaine a écrit :J'aimerai bien découvrir ce cinéaste, mais vu ce que j'en ai lu - et que confirme Amarcord - je préférerais de la HD. Je vais me retenir et attendre un peu.
D'autant qu'il y a peu de chances pour que tu n'apprécies pas au moins Leviathan
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Re: Andreï Zviaguintsev
A chaque fois que sort un film de Zviaguintsev, je me dis : "cette fois, je dois découvrir ce cinéaste !"... et je finis par ne pas y aller. Ce coffret de 4 films pourrait bien faire office de séance de rattrapage.
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Re: Andreï Zviaguintsev
De Zviaguintsev, je n'ai vu qu'Elena, que j'avais apprécié sur le coup mais dont il ne me reste pratiquement plus de souvenirs, si ce n'est celui du style de mise en scène... un travail sur le cadre et sur le tempo remarquables pour peu que l'on consente à s'abandonner. Je me souviens surtout de cette ouverture où j'avais cru que mon enregistreur avait bugué... les plans restaient outrageusement fixes, jusqu'à ce que la fascination surgisse devant cette captation de la banalité (il s'agissait d'une séquence de réveil). Comme Strum, je suis souvent motivé pour découvrir d'autres de ses films (notamment Léviathan), et puis finalement...
- Thaddeus
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Re: Andreï Zviaguintsev
(en italiques : films découverts en salle à leur sortie)
Le retour
Dans un cinéma russe dévasté, le film a pu être célébré comme l’amorce d’une renaissance en ravivant les souvenirs d’un art autrefois prépondérant. Fable discrètement métaphorique, ne goûtant ni au symbolisme facile ni aux raccourcis psychologisants, il s’enroule dans les brumes d’un mystère qu’il s’applique à ne jamais dévoiler, et fait naître une plasticité des lieux, laisse pressentir des successions temporelles, des altérations météorologiques (clarté du soleil, bleu du brouillard, gris des paysages pluvieux) qui concourent à une véritable fascination. Qu’on l’envisage comme retour du père, retour à la mère et aux eaux primitives ou retour éternel et cyclique vers l’origine, le retour du titre convoque un éventail polysémique que la beauté et la limpidité de la réalisation mettent superbement en valeur. 5/6
Top 10 Année 2003
Elena
Commençant dans le monde de la richesse russe (mari fortuné, grand appartement, centre de fitness, voiture de luxe) puis se déplaçant dans celui de la misère (fils sans travail, petit appartement, milieu urbain violent), le film s’inverse autour de l’héroïne centrale qui, pour empêcher un testament qui lui serait défavorable, devient meurtrière afin d’aider sa progéniture. Autant dire que la charge est claire et nette, qu’elle vise autant les ploutocrates que le sous-prolétariat, et qu’elle est décochée dans une veine parabolique qu’accentue le style froid, juste, jamais ostentatoire, de la mise en scène. Portrait d’un système social où l’argent est un mobile et où la religion peut être un recours, cette œuvre toute en plans fixes et lignes épurées trahit autant de rigueur qu’elle délivre peu d’émotion. 4/6
Léviathan
Déchéance de la Russie contemporaine, nouveau chapitre. Mais avec une large poussée de souffle et de fatalisme, de cruauté et de pathétisme. Sans jamais céder aux facilités de la démonstration cynique ni réduire ses personnages à des pantins broyés par les contingences du scénario, Zviaguintsev exprime sa colère révoltée face à la corruption généralisée, au délabrement moral de son pays. L’ami avocat, l’épouse fébrile et touchante, le mari emporté mais bon, tous sont l’un après l’autre victimes de ce monde exsangue et désolé où les puissants avalent les plus faibles, et où les salauds gagnent à la fin. Constat d’une féroce amertume, délivré par un film noir et tragique dont l’amplitude de la mise en scène sait aussi ménager un grinçant humour du désespoir. Et puis Philip Glass à la musique, ça aide. 4/6
Faute d’amour
Ce cinéma d’âpreté et de tourment vacille toujours au bord du désespoir. Dans une société russe devenue si cruelle qu’elle n’est plus capable d’aimer ses enfants, l’auteur impose aux personnages une rude épreuve. Elle, superficielle et fielleuse, incarne l’hédonisme imbécile des bourgeois ; lui, vaguement lâche et velléitaire, leur hypocrisie satisfaite. Sœur et frère en imperfection, sujets d’une haine transmise de génération en génération, ils sont malgré tout aptes à se reconstruire dans la douceur d’une nouvelle relation amoureuse. Et tandis que leur détresse dévoile une vraie douleur, ce qui aurait pu être une déplaisante charge tonnée depuis sa chaire par un prophète de malheur devient une déploration triste et sincère, formulée avec un sens toujours majestueux du cadre, du décor et de la lumière. 4/6
Mon top :
1. Le retour (2003)
2. Léviathan (2014)
3. Faute d’amour (2017)
4. Elena (2011)
Entamée d’éblouissante manière, poursuivie avec maîtrise et assurance, la filmographie du cinéaste russe, qui n’est déjà plus un débutant mais bien une valeur confirmée, prend sa source aussi bien dans l’approche tellurique dans maîtres soviétiques que dans la peinture offensive d’une société en déliquescence. Miser quelques billes sur son avenir ne me semble pas déraisonnable, et c’est un genre d’euphémisme.
Dans un cinéma russe dévasté, le film a pu être célébré comme l’amorce d’une renaissance en ravivant les souvenirs d’un art autrefois prépondérant. Fable discrètement métaphorique, ne goûtant ni au symbolisme facile ni aux raccourcis psychologisants, il s’enroule dans les brumes d’un mystère qu’il s’applique à ne jamais dévoiler, et fait naître une plasticité des lieux, laisse pressentir des successions temporelles, des altérations météorologiques (clarté du soleil, bleu du brouillard, gris des paysages pluvieux) qui concourent à une véritable fascination. Qu’on l’envisage comme retour du père, retour à la mère et aux eaux primitives ou retour éternel et cyclique vers l’origine, le retour du titre convoque un éventail polysémique que la beauté et la limpidité de la réalisation mettent superbement en valeur. 5/6
Top 10 Année 2003
Elena
Commençant dans le monde de la richesse russe (mari fortuné, grand appartement, centre de fitness, voiture de luxe) puis se déplaçant dans celui de la misère (fils sans travail, petit appartement, milieu urbain violent), le film s’inverse autour de l’héroïne centrale qui, pour empêcher un testament qui lui serait défavorable, devient meurtrière afin d’aider sa progéniture. Autant dire que la charge est claire et nette, qu’elle vise autant les ploutocrates que le sous-prolétariat, et qu’elle est décochée dans une veine parabolique qu’accentue le style froid, juste, jamais ostentatoire, de la mise en scène. Portrait d’un système social où l’argent est un mobile et où la religion peut être un recours, cette œuvre toute en plans fixes et lignes épurées trahit autant de rigueur qu’elle délivre peu d’émotion. 4/6
Léviathan
Déchéance de la Russie contemporaine, nouveau chapitre. Mais avec une large poussée de souffle et de fatalisme, de cruauté et de pathétisme. Sans jamais céder aux facilités de la démonstration cynique ni réduire ses personnages à des pantins broyés par les contingences du scénario, Zviaguintsev exprime sa colère révoltée face à la corruption généralisée, au délabrement moral de son pays. L’ami avocat, l’épouse fébrile et touchante, le mari emporté mais bon, tous sont l’un après l’autre victimes de ce monde exsangue et désolé où les puissants avalent les plus faibles, et où les salauds gagnent à la fin. Constat d’une féroce amertume, délivré par un film noir et tragique dont l’amplitude de la mise en scène sait aussi ménager un grinçant humour du désespoir. Et puis Philip Glass à la musique, ça aide. 4/6
Faute d’amour
Ce cinéma d’âpreté et de tourment vacille toujours au bord du désespoir. Dans une société russe devenue si cruelle qu’elle n’est plus capable d’aimer ses enfants, l’auteur impose aux personnages une rude épreuve. Elle, superficielle et fielleuse, incarne l’hédonisme imbécile des bourgeois ; lui, vaguement lâche et velléitaire, leur hypocrisie satisfaite. Sœur et frère en imperfection, sujets d’une haine transmise de génération en génération, ils sont malgré tout aptes à se reconstruire dans la douceur d’une nouvelle relation amoureuse. Et tandis que leur détresse dévoile une vraie douleur, ce qui aurait pu être une déplaisante charge tonnée depuis sa chaire par un prophète de malheur devient une déploration triste et sincère, formulée avec un sens toujours majestueux du cadre, du décor et de la lumière. 4/6
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1. Le retour (2003)
2. Léviathan (2014)
3. Faute d’amour (2017)
4. Elena (2011)
Entamée d’éblouissante manière, poursuivie avec maîtrise et assurance, la filmographie du cinéaste russe, qui n’est déjà plus un débutant mais bien une valeur confirmée, prend sa source aussi bien dans l’approche tellurique dans maîtres soviétiques que dans la peinture offensive d’une société en déliquescence. Miser quelques billes sur son avenir ne me semble pas déraisonnable, et c’est un genre d’euphémisme.
Dernière modification par Thaddeus le 29 janv. 19, 23:05, modifié 2 fois.
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Re: Andreï Zviaguintsev
Elena est celui qui se laisse le moins facilement adopter sur les trois que j'ai vus (les deux autres étant Le Retour et Leviathan). Il est plus rude, c'est certain, et ses personnages n'ont pas la même puissance que ceux des deux autres films. Mais le sens du cadre saute à la gueule dès les premières secondes (moi aussi, je me suis presque fait avoir par cette image fixe, qui dure "anormalement").Demi-Lune a écrit :De Zviaguintsev, je n'ai vu qu'Elena, que j'avais apprécié sur le coup mais dont il ne me reste pratiquement plus de souvenirs, si ce n'est celui du style de mise en scène... un travail sur le cadre et sur le tempo remarquables pour peu que l'on consente à s'abandonner. Je me souviens surtout de cette ouverture où j'avais cru que mon enregistreur avait bugué... les plans restaient outrageusement fixes, jusqu'à ce que la fascination surgisse devant cette captation de la banalité (il s'agissait d'une séquence de réveil). Comme Strum, je suis souvent motivé pour découvrir d'autres de ses films (notamment Léviathan), et puis finalement...
Le plus évident, en termes d'entrée en matière, me paraît être Le Retour (qui emporte facilement l'adhésion, de par son sujet et ses personnages, mais aussi la manière dont c'est traité). Mais mon préféré reste à ce jour le prodigieux Leviathan : ambition d'un sujet pas forcément captivant a priori, maîtrise formelle impressionnante, personnages particulièrement vivants qui, quasiment dès leur apparition à l'écran, charrient sur leur visage toute une histoire, solide (voir par exemple la très belle Elena Lyadova, dont l'évidente sensualité n'est pas sans rappeler l'Ornella Muti des grandes heures). Bref : voilà un cinéma qui vit, qui respire, qui transpire.
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Re: Andreï Zviaguintsev
Ce n'est pas faux et oui, actrice splendide.Amarcord a écrit :voir par exemple la très belle Elena Lyadova, dont l'évidente sensualité n'est pas sans rappeler l'Ornella Muti des grandes heures)
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Re: Andreï Zviaguintsev
Entièrement d'accord avec Thaddeus. J'ai beaucoup aimé aussi Le bannissement, peut-être moins évident (pour moi) : action pas située précisément dans l'espace et dans le temps, ce qui accentue l'aspect fable , propos du film qui tarde à se dévoiler... Et pas d'analyse (même allégoriquement) de la situation russe. J'ai d'ailleurs eu un peu plus de mal à entrer dans le film que pour Elena, mais en fin de compte, j'ai trouvé le film magnifique.
Dernière modification par aelita le 14 janv. 16, 22:22, modifié 1 fois.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Re: Andreï Zviaguintsev
Léviathan
J'ai découvert Zviaguintsev avec le très bon Elena qui m'avait déjà beaucoup impressionné (dans mon top 5 de 2012).
Là avec Leviathan je trouve que c'est encore meilleur. Le film ne rate vraiment pas grand chose, il est remarquablement écrit et interprété. Son rythme, son utilisation des ellipses, sa photographie (la lumière de la maison ), même la bande son (assez extraordinaire à la sortie de la nouvelle église à la fin par exemple). Le ton et le fond du film m'ont beaucoup fait pensé à un livre, l'excellent Journal d'un Loup du polonais Mariusz Wilk qui se passe sur des îles Solovki à seulement 300 kms du lieu de tournage de Léviathan. Sinon en plus de références déjà citées dans ce topic (notamment Mungiu,), j'en ajouterais une qui me paraît assez évidente c'est celle d'un autre cinéaste du Nord, Bruno Dumont, dont la façon de filmer les hommes dans la nature ou la violence en plan large (dans Hors Satan par exemple) ont une forte parenté avec Leviathan.
Un dernière chose, le dernier plan avec ce bidon de couleur dans la mer grise m'a fait aussi beaucoup penser à Turner ajoutant au dernier moment sa bouée rouge dans son Helvoetsluys.
Au final pour moi c'est un grand film, dans mon top 3 actuel des films d'une très bonne année 2015. 7.5/10
J'ai découvert Zviaguintsev avec le très bon Elena qui m'avait déjà beaucoup impressionné (dans mon top 5 de 2012).
Là avec Leviathan je trouve que c'est encore meilleur. Le film ne rate vraiment pas grand chose, il est remarquablement écrit et interprété. Son rythme, son utilisation des ellipses, sa photographie (la lumière de la maison ), même la bande son (assez extraordinaire à la sortie de la nouvelle église à la fin par exemple). Le ton et le fond du film m'ont beaucoup fait pensé à un livre, l'excellent Journal d'un Loup du polonais Mariusz Wilk qui se passe sur des îles Solovki à seulement 300 kms du lieu de tournage de Léviathan. Sinon en plus de références déjà citées dans ce topic (notamment Mungiu,), j'en ajouterais une qui me paraît assez évidente c'est celle d'un autre cinéaste du Nord, Bruno Dumont, dont la façon de filmer les hommes dans la nature ou la violence en plan large (dans Hors Satan par exemple) ont une forte parenté avec Leviathan.
Un dernière chose, le dernier plan avec ce bidon de couleur dans la mer grise m'a fait aussi beaucoup penser à Turner ajoutant au dernier moment sa bouée rouge dans son Helvoetsluys.
Au final pour moi c'est un grand film, dans mon top 3 actuel des films d'une très bonne année 2015. 7.5/10
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
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Re: Andreï Zviaguintsev
Pas spécialement convaincu par Léviathan. La charge contre le système Poutine jusque dans les contrées lointaines de la mer de Barents ne manque pas de courage (le film a d'ailleurs été pour partie monté sur financement public, on se demande bien par quel sortilège il a pu être soutenu), mais vue au-delà des frontières russes, cette charge reste pour moi convenue en égrenant mollement son chapelet de personnages et de passages programmatiques : le maire mafieux, les gardes du corps aux basses œuvres, les représentants de l'ordre à la botte, un appareil administratif intégralement corrompu. Non pas que cela fasse injure à une certaine réalité, mais l'approche s'en tient à la surface des choses et n'a par conséquent qu'un impact très limité. Elle reste dans l'illustration, dans le programme, et ne donne pas de clés de compréhension ou de réflexion supplémentaires par rapport à ce que l'on peut savoir grossièrement de la Russie contemporaine (et notamment de ce néo-tsarisme qui avance main dans la main avec une restauration de l’Église orthodoxe). Le pendant familial à cette affaire très démonstrative ne m'apparaît pas plus abouti et ce n'est pas le monumentalisme de la mise en scène qui transcendera ce triangle amoureux très fade et, disons-le, très chiant : cela crée au contraire pour moi un contraste entre une histoire qui a finalement peu à offrir et une recherche de grandeur qui sacrifie à la lourdeur. Puisque le nom de Nuri Bilge Ceylan a été précédemment évoqué, je crois qu'à tout prendre, je préfère encore l'approche gros bloc de Winter sleep sacré à Cannes la même année, qui travaille ses personnages au corps.