Un crime parfait (Hollywood Story) 1951
Réalisation : William Castle
Scénario : Frederick Kohner et Frederick Brady
Image : Carl Guthrie
Musique : Frank Skinner
Produit par Leonard Goldstein
Universal
Avec :
Richard Conte (Larry O'Brien)
Julie Adams (Sally/Amanda Rousseau)
Richard Egan (Lt. Lennox)
Henry Hull (Vincent St. Clair)
Fred Clark (Sam Collyer)
et Joel McCrea, William Farnum, Betty Blythe,
Francis X. Bushman, Helen Gibson dans leurs propres rôles


Larry O'Brien, un producteur de Broadway décidé à tenter sa chance au cinéma, arrive à Los Angeles. Son ami et agent Mitch Davis lui ouvre les portes d'un vieux studio abandonné à la suite d'un scandale survenu 30 ans plus tôt, l'assassinat de Franklin Ferrara, un metteur en scène réputé. Après avoir visité le bungalow qu'occupait Ferrara, malgré l'hostilité de son entourage, O'Brien se met en tête de faire un film à partir de ce crime irrésolu et par la même de rouvrir l'enquête sur le crime. En raison du projet d'O'Brien, les vieux studios de la National Artists qui avaient fermé leurs portes reprennent vie. Il fait revenir les anciennes stars du studio, retrouve le scénariste attitré de Ferrara, Vincent St. Clair et lui commande un scénario comptant l'affaire. De son coté, O'Brien poursuit ses investigations et s'installe dans le bungalow qu'occupait Ferrara au studio. Il multiplie les découvertes augmentant ainsi la liste des suspects au nombre desquelles figurent les trois personnes qui avaient vu Ferrara le soir de sa mort, Amanda Rousseau et Roland Paul, 2 stars du studio et son secrétaire personnel, Charles. Un soir, on lui tire dessus alors qu'il travaillait dans le bungalow. Manifestement, le meurtrier est revenu…
Pas vraiment un film noir mais un "Qui-l'a-fait" dont la seule originalité notable est le milieu dans lequel se déroule l'action, celui du cinéma. On peut penser que la sortie l'année précédente de
Sunset Boulevard qui a relancé l'intérêt pour la période du cinéma des pionniers et sur les scandales qui l'ont émaillé, a du inspirer les scénaristes du film de William Castle. Le film s'inspire d'ailleurs directement de l'un d'eux, l'assassinat du metteur en scène William Desmond Taylor en 1922, un crime irrésolu pour lequel plusieurs vedettes d'Hollywood avaient été inquiété dont Mabel Normand (Mabel Normand + William Desmond Taylor = Norma Desmond…). Les producteurs d'Hollywood Story ont d'ailleurs fait appel eux aussi à d'authentiques vieilles gloires plus ou moins éphémères du cinéma muet pour leur film. On aperçoit ainsi dans des seconds rôles : Helen Gibson, Betty Blythe, William Farnum et Francis X. Bushman. On aperçoit encore plus brièvement d'autres anciennes vedettes comme Elmo Lincoln, l'un des premiers Tarzan et comme dans le célèbre film de Billy Wilder, on assiste à des bouts de projections au cours desquelles on peut retrouver entre autre Lon Chaney (dans une courte scène géniale non identifiée). Enfin, le film a été en grande partie tourné dans les anciens studios de Charlie Chaplin à La Brea…Beaucoup de "vieilles choses" à priori intéressantes donc, mais on peut déplorer que ce contexte original pour un polar n'ai pas plus stimulé l'imagination des scénaristes, j'y reviendrais plus loin.


Sunset Blvd n'est d'ailleurs pas le seul film dont ce sont inspiré les scénaristes. Comme ceux d'un des premiers films d'Anthony Mann,
Strangers in the Night, ceux d'Hollywood Story, ont eux aussi recyclé l'idée du portrait peint de l'héroïne disparue qui trône omniprésent dans le décor principal (provenant bien sûr de
Laura). On tousse un peu en voyant ainsi apparaitre pour la première fois Julie Adams dans le bungalow occupé par Larry O'Brien alors que celui ci est justement en train d'admirer le portrait d'une femme lui ressemblant comme deux gouttes d'eau, celui de l'actrice Amanda Rousseau, l'ancienne vedette des films du metteur en scène assassiné qui avait elle-même été soupçonné du meurtre. Évidemment, il ne s'agit pas du fantôme d'Amanda…mais de sa fille Sally veillant sur la mémoire de sa mère/jumelle qu'elle craint de voir ternie par la réouverture de l'enquête.
Je ne dis pas grand chose de l'enquête du détective improvisé et inhabituel, un producteur de théâtre et de cinéma, sinon que comme de coutume, ce sont les personnalités des multiples suspects qui permettent de tenir le spectateur en éveil. Ici, ils sont assez nombreux. En dehors d'Amanda, on a l'agent de Larry O'Brien, Mitch Davis (Jim Backus) ; Sam Collyer (Fred Clark), son ami producteur qui connaissait la victime ; Roland Paul (Paul Cavanagh), un acteur sur le déclin et enfin Vincent St. Clair, le scénariste attitré de Ferrara interprété par Henry Hull ( lui même un vétéran du muet) qui est sans doute le personnage le plus intéressant. On le découvre retiré du monde, vivant sur une cote désolée, seul dans un bungalow faisant face au Pacifique. Il accepte de reprendre sa place et débarque à Los Angeles. Après avoir découvert un semi-clochard, on le retrouve transformé, élégant dans des costumes des années 20 qui le font vite remarquer dans les studios de la National Artists qui reprennent progressivement vie. Un autre personnage important est un absent dont il est beaucoup question, l'ancien secrétaire personnel de Ferrara qui est une des dernières personnes à l'avoir vu vivant mais qui a totalement disparu depuis cette nuit là et qui est activement recherché. Enfin, les bruits faisant état de la réouverture de l'enquête attire l'attention du Lt. lennox, un inspecteur de police (interprété mollement par Richard Egan), qui mènera une enquête parallèle.


Le suite de l'intrigue est très conventionnelle. Lorsqu'un des suspects semble avoir des révélations à faire, il est -comme il se doit- à son tour assassiné. Le reste : une preuve cachée + un faux coupable + un mariage secret + un frère caché…corse l'addition et tient en éveil jusqu'au bout sans bouleverser le genre. La photographie de Carl Guthrie, pourtant un spécialiste du film noir (Flaxy Martin, Du sang sur le tapis vert, Femmes en cage, Témoin de la dernière heure, Storm Warning, etc…) est d'une grande platitude et la mise en scène de William Castle est tout aussi impersonnelle et sans éclats sauf dans la longue scène finale qui se sert enfin habilement des décors de studios…pour une longue séquence (d'une certaine manière) de "film dans le film". Au cours de la longue poursuite qui clôture Hollywood Story, le fugitif et ses poursuivants s'affrontent dans un des hangars du studio au milieu des décors de cinéma parfois filmés en prenant de la hauteur, permettant de voir ainsi l'envers du décor. La encore, un film sympathique mais facultatif.
De ce metteur en scène, j'avais déjà évoqué :
Étrange mariage (When Strangers Marry) 1944 (page 19),
Une balle dans le dos (Untertow) 1949 (page 19) et
Johnny Stool Pigeon 1949 (page 24). Je reviendrais plus tard sur ses polars avec
The Fat Man,
Le gang de l'or noir (The Houston Story) et
New-Orleans Uncensored. En revanche, je ne connais pas du tout les petits thrillers d'une heure de son début de carrière : la série des
Whisler avec Richard Dix et les
Crime Doctor avec Warner Baxter. A partir de
Macabre (1958), il n'a pratiquement plus réalisé que des thrillers plus ou moins horrifiques dont certains (
La nuit de tous les mystères et
Tuer n'est pas jouer) ont été édité chez nous en DVD.
Le désosseur de cadavres l'a été en Espagne par l'Atelier 13 mais le DVD comporte une vost. Quelques autres ont été diffusés à la télévision chez nous :
Homicidal (Homicide),
La meurtrière diabolique (Strait-Jacket) et
Celui qui n'existait pas (The Night Walker). Entre temps, il avait réalisé quelques westerns pas terribles (J'en ai évoqué 3,
La caverne des hors-la-loi,
Conquest of Cochise et
Rendez-vous sur l'Amazone dans le topic consacré à William Castle) et quelques films d'aventure.
Serpent of the Nile avec Rhonda Fleming, William Lundigan et Raymond Burr doit être indispensable rien que pour voir Rhonda en Cléopatre et Raymond Burr en Marc Antoine ( Raymond en cuirasse, hum !).
Slaves of Babylon avec Richard Conte et Linda Christian doit lui aussi mériter le détour. Je ne connais pas non plus
The Iron Glove avec Robert Stack et Ursula Thiess et
Drums of Tahiti avec Dennis O'Keefe et Patricia Medina.