Jeremy Fox a écrit :onvaalapub a écrit :

. Le procès des critiques était à mon avis beaucoup plus idéologique qu'en rapport avec la qualité du film... même si évidemment il y a aussi une part de caricature dans le film du Duke.
Tout à fait ; mais à partir du moment où idéologiquement un film déplait, ça retombe sur tout le reste et ç'est dommage. Ca n'en fait pas moins un spectacle loin d'être déshonorant

Je n'avais jamais vu ce fameux film. C'est fait et... c'est à la fois moins honteux et pire que je l'imaginais. D'un strict point de vue de la mise en scène, c'est effectivement honnêtement troussé, sans génie mais efficace (malgré une trop visible maquette d'hélico en flamme). Exact aussi, pas de réplique nauséabonde genre "
Sale Chink !". C'est bien plus pervers que ça... Il s'agit d'une propagande bonasse, de bon père de famille, avec tout ce qu'il faut pour retourner comme un gant les esprits à la fois peu regardants, aisément impressionnables (donc manipulables)... et indécis, car il ne changera évidemment pas les positions bloquées des thuriféraires des deux bords.
C'est le propre des films de propagande (la majorité des films de guerre le sont à différents niveaux et 100% d'entre eux quand ils sont produits en temps de conflit) mais là, au secours ! Les Américains ne sont donc intervenus au Vietnam que pour de strictes raisons humanitaires avec de gentils docteurs et des soldats prêts à partager des friandises avec des petits nenfants. Ils se battent toujours proprement (un p'tit arrosage par hélico par ici, un autre par avion par là) tandis que l'ennemi, fourbe et cruel comme sont tous les vilains Jaunes (sauf quand ils sont alliés, bien sûr) ne fait rien qu'à torturer et inventer des pièges aussi sophistiqués que stupidement peu rentables en terme de "casualties" (c'est qu'il en fallut des journées de travail pour bricoler la grande herse qui ne servira à déchiqueter qu'un seul G.I. !!). Le professionnel de guerre américain est lui par contre éduqué, polyglotte, bienveillant, poli, élégant et même capable d'un humour délicieux au moment d'expirer (Luke Askew demandant à ce que son nom soit donné aux toilettes). La claaaasse, quoi. Le seul soldat du bon camp qui est surpris en train de déféquer sur la Convention de Genève le fait non seulement hors-champ mais en plus est lui-même un Vietnamien (joué par le célèbre comédien local George Takei car c'est bien connu, tous les Asiatiques se ressemblent et puis lâchez-leur la bride et leur cruelle fourberie revient au galop) mais jamais un authentique Yankee n'oserait ça. Et puis c'est trop trognon, y a un bambin adorable, orphelin, mascotte du régiment qui finira face au soleil couchant, sa fragile menotte dans la grosse pogne confortable et rassurante du Duke.
Mais je crois que le plus lourdingue, c'est le personnage du journaliste joué par l'inexpressif David "
Fugitive" Janssen. En ce moment, je suis en train de découvrir une petite collection de bouquins destinés aux lecteurs 1er âge, eh bien c'est infiniment plus subtil et moins enfantin avec seulement dix mots par page. Ce pauvre Janssen sert - on ne peut plus grossièrement - d'intermédiaire entre le film et le spectateur puisqu'il joue (atrocement mal, hélas pour la propagande) un type au départ méfiant quant aux intentions des forces américaines en Asie du Sud-Est (traduction : il écrit pour un canard gauchiste, enfin, c'est-à-dire "démocrate"

) mais bien entendu, confronté à la "réalité" décrite ci-dessus, le film n'en est pas à sa première moitié qu'on le sent prêt à s'engager auprès des Pères Missionnaires... euh, je voulais dire des Green Berets.
Vite, une cuvette !!