batfunk a écrit :Je suis assez stupéfait de voir certaines réactions qui dénonce Boisset et ce film en particulier pour ses caricatures à outrance.
Le fils de Lajoie semble niais au début,mais c'est le seul à la fin qui prend une décision courageuse,à savoir rompre les liens avec ce père raciste et ce à 19 ans...Ce n'est pas rien.
Les réactions contrastés encore aujourd'hui à ce film est la preuve par neuf qu'il est réussi.Boisset nous met le nez dans la merde et nous montre que n'importe qui,un tant soit peu influençable,peut commettre l'irréparable.L'anecdote de l'italien sur l'occupation allemande prouve que c'est déjà arrivé,que c'est arrivé et que ça arrivera encore si l'on n'est pas vigilant.
Un film désagréable certes,mais à montrer dans toutes les collèges et lycées.
batfunk a écrit :Pour en revenir à l'aspect technique du film, les plans rapprochés donnent un aspect documentaire au film.
Les prestations des acteurs sont vraiment très bonnes,notamment celle de Carmet et celle de Lanoux,qui fait vraiment peur.
Le seul aspect du scénario qui m'ait semblé invraisemblable ,c'est le revirement un peu trop rapide de l'inspecteur.Il était prêt à ce mettre à dos sa hiérarchie et donc à faire une croix sur une promotion rapide.Or quand cette promotion lui est proposée ,il retourne aussitôt sa veste...
Nestor Almendros a écrit :Revu ce soir avec plaisir. Parmi les quelques avis postés précédemment, j'en prendrai un peu par-ci par-là.
Le trait est grossier, c'est vrai, mais je l'ai surtout ressenti comme un moyen de dénoncer sans être trop direct, en caressant le spectateur dans le sens du poil, oserais-je dire. Le film est une comédie (qui vire progressivement au drame, mais une comédie quand même) qui, dans un premier temps, expose des personnages ressemblant à Mr et Mme Tout le monde. Pas étonnant que cela se passe dans un camping. On en profite, d'ailleurs, pour égratigner gentiment la populace estivale et ses habitudes généralisées, ce qui m'a souvent bien amusé. On pourrait presque être dans une comédie d'amours de vacances (façon Pascal Thomas?), ou plus nanaresque (je vous laisse choisir vos préférés). Sauf qu'ici il y a un certain piquant en plus.
Le vrai sujet du film c'est le racisme ambient, racisme facile et surtout bête, de gens qui cherchent avant tout des boucs émissaires tout trouvés sur qui cracher à tout moment. On y va donc à gros trait pour impliquer beaucoup de monde: le quidam qui n'hésite pas à lyncher dès qu'il n'est plus seul; ou le politique qui étouffe l'affaire pour ne pas choquer et paniquer la population; ou la police également, qui est la première à soupçonner les arabes en général ou qui fait mal son boulot, et dont le représentant principal - Jean Bouise - malgré une droiture certaine, se fera quand même "acheter" par sa hiérarchie.
Une comédie grinçante comme on n'en fait plus aujourd'hui, et surtout une histoire qui pourrait être toujours d'actualité. Et puis cette fin, même si facile et expédiée, reste quand même marquante...
Rockatansky a écrit :Le film traite aussi du phénomènes d'hystérie collective qui peut s'emparer de n'importe qui (cf par ex A mort l'arbitre)
Kevin95 a écrit :Ce que je ne saisis pas c'est le pourquoi de cette indignation face au trait lourd de Boisset alors que son film justement est une caricature. Le réalisateur avance à découvert durant tout le film et, du camping aux blagues salaces, tout est réunit pour croquer une France immonde dans une œuvre aux allures de comédie noir.
Pour moi, et je peux me tromper, il y a de la veine italienne dans Dupont Lajoie. On peut être tout aussi choqué face à la méchanceté envers le "peuple" de films comme Les Monstres ou Affreux, sales et méchants si l'on ne saisit pas le second degré de la démarche des cinéastes. Je ne pense pas que Boisset fait de son personnage une généralité, mais qu'il souhaite en revanche, dépeindre un milieu précis (moyen dirons nous) avec ironie et distance (comme une sorte de Groland macabre si on veux).
Je viens de revoir le film, je le trouve toujours mordant, efficace, dur, intemporel..