
On apprend dans ce film de Tavernier, essentiellement adapté de l'autobiographie de Devaivre (Action !, éditée en 2002), qu'il fût également l'auteur de faits d'armes courageux au sein de la résistance française, alors même qu'il était employé par la Continental films, société de production française à capitaux allemands.
Mais Devaivre avait commencé sa carrière dans le cinéma dés 1934, après des études d'architecture, qui l'amenèrent tout naturellement à la décoration.
Il se signale en tant que responsable du remontage définitif (celui qu'on connait aujourd'hui) de Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir.
Sa carrière jusqu'à la seconde guerre mondiale est jalonnée d'un certain nombre de courts métrages, sans doute perdus aujourd'hui.
Dés 1945, il signe donc son premier long métrage, Le roi des resquilleurs, remake d'un succès de Pierre Colombier (1930).
Mais il faut attendre 1948 pour découvrir son premier travail entièrement personnel en tant que réalisateur, avec La dame d'onze heures, film aux inspirations multiples, tenant tout à la fois du baroque Wellesien (traduisant un goût bien personnel pour les montages alambiqués et sophistiqués pour le cinéma français de l'époque) ainsi qu'une lointaine parenté avec l'univers onirique des surréalistes.
Le choix des interprètes est judicieux, qui ajoute au caractère quasi fantastique de ce film, puisque outre Paul Meurisse, encore sobre à cette époque, on retrouve Jean Tissier et Pierre Renoir, contribuant chacun par leur tempérament flegmatique à conférer une part de mystère supplémentaire au déroulement de l'intrigue policière.
L'année suivante Jean Devaivre réalisera Vendetta en Camargue avec Brigitte Auber et encore une fois Jean Tissier, film apparemment tombé dans l'oubli.
Puis c'est La ferme aux sept péchés, biographie originale de Paul-Louis Courier, pamphlétaire libéral et anticlérical du début du XIXème siècle, incarné avec talent par Jacques Dusmenil.
Par la suite, Devaivre se distinguera encore avec deux séquelles de Caroline chérie, Un caprice de..(1953). et Le fils de...(1955).
J'avoue ignorer Ma femme, ma vache et moi(1952), ainsi que Alerte au sud(1953) qui a ses défenseurs.
Sa carrière se termine en 1957 avec L'inspecteur aime la bagarre, film policier avec Roland Toutain et Paul Meurisse sur fond de gémelléité.
La redécouverte de La dame d'onze heures provient d'un enregistrement vhs sur Arte, datant il me semble, du début de l'année 1997, soirée exceptionnelle s'il en fut, car composée de la diffusion de ce film puis de La ferme des sept péchés, avec en guise d'entracte, une interview de Jean Devaivre par Bertrand Tavernier.
Ces deux films avaient été restaurés par Lobster films.
Ils n'ont, hélas, jamais été édités en dvd depuis, et les vhs se vendent à prix d'or sur internet.