
Le ministre des Transports Bertrand Saint-Jean est réveillé en pleine nuit par son directeur de cabinet. Un car a basculé dans un ravin. Il y va, il n’a pas le choix. Ainsi commence l’odyssée d’un homme d’Etat dans un monde toujours plus complexe et hostile. Vitesse, lutte de pouvoirs, chaos, crise économique… Tout s’enchaîne et se percute. Une urgence chasse l’autre. A quels sacrifices les hommes sont-ils prêts ? Jusqu’où tiendront-ils, dans un Etat qui dévore ceux qui le servent ?
2501 a écrit : L'Exercice de l'Etat : (7/10) Irrégulier, un peu trop froid et clinique. Mais de vrais choix de mise en scène, et une efficace illustration du personnage politique, qui ne tombe pas dans le piège du verbiage aux dépens de l'image.
Dunn a écrit :L'exercice de l'Etat:5,5/10
En plein coeur de ce ministre des transports, par son réalisme, sa mise en scène, ses acteurs tous parfait, un scénario limite actuel, ce film montre que l'on peut faire de très bon film politique et que cet univers est impitoyable.Manque pour moi une vraie implication de ma part dans l'histoire.
Nestor Almendros a écrit :L'EXERCICE DE L'ETAT
J'ai peu de souvenirs de VERSAILLES mais j'ai une certitude, après visionnage de son second long métrage: Pierre Schoeller est un cinéaste à suivre de très près, exigeant dans le propos et le traitement, parcouru par une certaine audace, souvent inspiré. Il y a par exemple plusieurs scènes qui sont à la fois originales dans le texte et la forme. Schoeller a des idées, pas seulement sur le papier (comme le discours murmuré à l'église). C'est quelqu'un attaché à l'ambiance, qui réfléchit visiblement beaucoup à la forme (d'ailleurs pour l'avoir lu dans la presse, il voudra essayer de jouer davantage sur le visuel, comme le font plus systématiquement les américains par rapport aux français) et qui pourra donner dans un futur proche quelque chose d'ambitieux et de marquant, j'en suis certain. Il a un style qui montre une capacité énorme et une vision du medium assez rare dans le cinéma français d'aujourd'hui.
Sur le film, je rejoindrais presque mon avis sur VERSAILLES à propos de l'austérité de l'ensemble. Ce n'est peut-être pas vraiment de l'austérité mais plutôt une sécheresse qui semble commune. Il est vrai que le tableau que cherche à peindre Schoeller trouve davantage ses marques dans une certaine épure à peine distanciée, puisque c'est un peu l'un des thèmes du film. Le but ici n'est pas de chasser le scoop (comme l'a fait maladroitement LA CONQUETE) mais de révéler à travers des personnages le fonctionnement d'un système qui broie les individus, écrase les personnalités, nourrit les ambitions. En un mot le gouvernement et la politique agissent surtout pour leur propre conservation, pour que ce système devenu obsolète et inactif perdure encore un peu plus.
Je retiendrai un Olivier Gourmet habité qui illustre bien cette ambivalence actuelle du politique tiraillé entre une certaine humanité nécessaire pour exister, d'abord dans cet univers cloisonné puis également aux yeux du peuple, qui émerge ponctuellement, qui voudrait se manifester plus souvent, et qui se bloque contre une ambition qui annule toute vie au profit de la réussite et de l'ascension personnelle. Pétri de bonnes valeurs, d'une gouaille indispensable, Saint-Jean apparait finalement aussi opportuniste et calculateur que les autres.
L'aspect humain est assez bien vu. Il y a l'homme qui tente de se raccrocher à la vie, à sa vie, par rapport au rythme politique, à ces existences vouées au système (c'est Michel Blanc, très inspiré de Claude Guéant, qui en guise de vie personnelle écoute des discours de Malraux), privées de vies privées justement. Ce qui est logiquement montré ici, et assez touchant, ce sont les relations avec le staff, l'équipe, le premier cercle d'hommes et de femmes autour de cet homme isolé, car évolue en vase clos, enfermé dans sa voiture blindée aux vitres fumées. Il doit se trouver un allié proche et c'est le temps qui fait l'affaire: c'est le tandem d'amitié Blanc-Gourmet qui sera logiquement brisé par les obligations de l'Etat.
Un film subtil, certainement trop pour moi d'ailleurs, qui m'a donné envie de revoir VERSAILLES et de surveiller de très très près ce monsieur Schoeller décidément très talentueux derrière ce cadre un peu trop auteurisant (pour l'instant?).
Karras a écrit : L'exercice de l'état (8/10) : Entre être et paraitre, une saisissante plongée dans les arcanes du pouvoir servie par un Olivier Gourmet magistral.