Robert Parrish (1916-1995)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

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Libre comme le vent (Saddle the Wind - 1958) de Robert Parrish
METRO GOLDWIN MAYER


Avec Robert Taylor, John Cassavetes, Julie London, Donald Crisp, Charles McGraw, Royal Dano
Scénario : Rod Serling
Musique : Elmer Bernstein
Photographie : George F. Folsey (Metrocolor 2.35)
Un film produit par Armand Deutsch pour la MGM


Sortie USA : 20 mars 1958


Peu après la fin de la Guerre de Sécession, l’inquiétant Larry Venables (Charles McGraw) arrive dans une petite ville du Colorado à la recherche d’un nommé Steve Sinclair ; il semble ne pas lui vouloir le plus grand bien. Ayant appris que Steve descend parfois en ville s’approvisionner, il décide de l’attendre. Steve Sinclair (Robert Taylor) est un tueur repenti ayant décidé de refaire sa vie en élevant du bétail ; il est désormais à la tête d’un des deux grands cheptels de la région, le second domaine étant dirigé par le vieux et sage Deneen (Donald Crisp) pour qui Steve travaillait juste avant de se mettre à son compte. Ce jour là, Steve a la surprise de voir revenir son jeune frère Tony (John Cassavetes) accompagné de Joan (Julie London), une chanteuse de cabaret qu’il a décidé d’épouser. Si Steve s’est définitivement rangé, Tony semble néanmoins avoir été marqué par le violent passé de son aîné qu’il considère encore comme son héros ; il en a gardé une passion immodérée pour les armes à feu. Alors que les deux frères se rendent en ville, Tony se retrouve face à face avec Venables ; apprenant que ce dernier est venu venger son frère autrefois abattu par Steve, Tony l’assassine avant qu’il n’ait eu le temps de dégainer. Steve s’en va raconter le drame à Deneen qui avait jusqu’à présent réussi à éradiquer toute violence au sein de la vallée. Le vieux propriétaire demande à Steve de surveiller son frère afin que ça ne reproduise plus, auquel cas contraire il serait obligé de leur demander de quitter la région. Mais Tony va avoir d’autres accès de violence, en particulier envers un groupe de fermiers pacifiques venu de Pennsylvanie s’installer légalement sur leurs terres…

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En ce début d’année 1958, Robert Parrish réalise le premier de son mini-corpus de deux westerns. Encore assez peu connu de nos jours (excepté au sein d’un cercle très restreint de cinéphiles), le réalisateur, ayant eu l’occasion de toucher un peu à tout dans le domaine du 7ème art, a pourtant eu un parcours assez passionnant qu’il relatera d’ailleurs dans une des plus réjouissantes autobiographies écrites par une personne issue du monde du cinéma : 'J'ai grandi à Hollywood'. Robert Parrish débuta comme acteur chez Charlie Chaplin puis chez John Ford. Le trouvant médiocre devant la caméra, le célèbre cinéaste borgne le assoir à la table de montage ; il apprit ce métier sur Drums along the Mohawk (Sur la piste de Mohawks) ainsi que sur Les Raisins de la colère (Grapes of Wrath) puis il s’occupa enfin seul du montage de ses documentaires tournés pendant la Seconde Guerre Mondiale dont La Bataille de Midway. On lui demanda même de compiler les archives utiles pour le procès de Nuremberg. Il gagna ensuite un Oscar pour le montage de Body and Soul (Sang et or) de Robert Rossen, puis en 1951, grâce à son ami Dick Powell, il put enfin accomplir son rêve, débuter dans la mise en scène. Après quelques films noirs de série B, il passe au film de guerre avec deux œuvres assez réputées auprès des amateurs, La Flamme pourpre (The Purple Rain) avec Gregory Peck ainsi que L’Enfer des tropiques (Fire down Below) avec Robert Mitchum.

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Puis c’est pour la Metro Goldwin Mayer qu’il réalise Libre Comme le vent, confiant le rôle de la jeune tête brulée à John Cassavetes avec qui il s’entendra d’ailleurs remarquablement bien. Ce dernier lui rendra la monnaie de sa pièce en lui demandant de mettre en scène deux épisodes de la fameuse série Johnny Staccato. Robert Parrish a avoué à son grand ami Bertrand Tavernier n’avoir jamais vu son premier western, gardant trop de mauvais souvenirs de son tournage et de la postproduction, ayant surtout eu en travers de la gorge la suppression de quelques séquences entre John Cassavetes et Dick Erdman, mais surtout le rajout de multiples plans de coupe en studio réalisés par John Sturges. Ce dernier, très ami avec Robert Parrish, a toujours été gêné d’avoir été obligé de le faire, et au vu du résultat on peut comprendre pourquoi : si Saddle the Wind me parait aussi déséquilibré et aussi décevant, c’est dû en grande partie à tous ces hideux gros plans de coupe devant transparences qui cassent toute l’ambiance installée par le cinéaste. Il n’y en aurait eu qu’une dizaine que ça aurait pu passer comme une lettre à la poste ; ce n’est malheureusement pas le cas, quasiment toutes les scènes importantes en étant parasitées. C’est d’autant plus plombant que les plans d’ensemble ou plans américains de ces mêmes séquences sont filmés en véritable et splendides extérieurs ; ce perpétuel va et vient entre plans en studio et plans en extérieurs dans la même scène se révèle tout simplement vite assez indigeste.

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Mais si, de par ses thèmes adultes, une mise en scène très correcte (même si guère mémorable) et un beau casting, le western de Robert Parrish reste en l’état tout à fait honorable, il est décevant sur d’autres points et notamment et en premier lieu à cause du travail d’écriture de Rod Serling, le futur créateur de la cultissime série La Quatrième dimension (Twilight Zone) ; ce sera d’ailleurs son unique incursion dans le genre. Si les thèmes brassés sont enthousiasmants, les deux axes principaux s’harmonisent assez mal, certains des plus intéressants personnages (tel celui interprété par Julie London) en subissant les conséquences, presque évacués en cours de route sans crier gare. Ces deux axes dramatiques, quels sont-ils ? Tout d’abord, comme ce fut souvent le cas ces deux dernières années, les relations parfois tendues et difficiles entre deux hommes, ici deux frères. L’autre thématique, plus traditionnelle, est celle de l’irruption des barbelés au centre des Open Range et des conflits qui s’ensuivent entre pionniers-fermiers et ranchers déjà bien installés. Rod Serling aura donc du mal à imbriquer harmonieusement les deux pivots de son intrigue. Pourtant, séparément l’un de l’autre, il y avait de quoi captiver l’auditoire d’autant que certains détails sont encore assez inédits. Concernant les rapports tourmentés entre Steve et Tony, beaucoup de choses très intéressantes sont mises en avant et notamment l’engouement du cadet pour le passé de son aîné que ce dernier fait au contraire tout pour oublier. Si Steve est le héros de Tony, c’est pour avoir été un tireur d’élite hors-pair et un ‘sale type’, ce qui révulse intérieurement l’ancien bandit qui souhaiterait que son frère ne suive pas comme lui la mauvaise voie. Plus que comme un frère, Steve se comporte envers Tony comme un père et une mère, le protégeant même plus que de raison malgré son tempérament emporté et violent qui en fait l'équivalent d'un délinquant. Si Robert Taylor se révèle parfaitement sobre (quoiqu'un peu trop en retrait) dans son rôle de bandit repenti d’ailleurs très bien écrit, John Cassavetes finit par cabotiner de trop durant la seconde partie ; faute une fois encore au scénariste qui, s’il avait réussi à nous le rendre attachant de prime abord malgré tous ses défauts, le transforme par la suite en un personnage fortement haïssable pour lequel il est devenu impossible d’éprouver de l’empathie : sa mort par suicide (élément novateur grâce auquel le film n'est pas tombé dans l'oubli) ne nous fait presque alors ni chaud ni froid, et c’est d’autant plus dommage que le cinéaste avait tourné cette scène avec un certain lyrisme au milieu d’un paysage fleuri idyllique, un chatoyant champ de lavande (scène également écornée par les plans de coupe en studio). Au risque d’en choquer un grand nombre, je trouve le face à face meurtrier entre les deux frères dans La Vallée de la vengeance (Vengeance Valley) de Richard Thorpe bien plus captivant ou en tout cas finalement plus réussi.

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La thématique des rivalités dues à l’arrivée de fermiers sur les terres des éleveurs est bien évidemment bien plus conventionnelle, vue et revue à de très nombreuses reprises. Rod Serling a donc eu la bonne idée de rajouter à ce thème rebattu deux personnages qui rendent le propos un peu plus original. Le premier permet d’aborder la période historique de l’après Guerre Civile : l’homme à la tête des émigrants venus s’installer légalement sur les terres des éleveurs porte l’uniforme nordiste alors qu’il arrive dans une région ayant combattue dans le camp adverse lors du conflit meurtrier. Ceci dit, ce n’est pas très malin de sa part ni en l'occurrence très crédible pour le spectateur sachant que les rancœurs sont encore extrêmement tenaces à cette époque difficile de la reconstruction, ce que viendra parfaitement démontrer le film de Parrish. Excepté ce détail, Royal Dano interprète avec force conviction un fermier qui, ayant traversé les Etats-Unis pour s’installer sur des terres appartenant à ses ancêtres, est prêt à tout pour ne pas s’en faire déloger, quitte à risquer la vie de ses proches dont beaucoup de jeunes enfants. Les séquences mettant en scène ces pionniers font un peu penser à certaines des Raisins de la colère sur lequel Robert Parrish fut monteur : par de simples magnifiques gros plans sur les visages des membres de ce groupe, rarement la misère et la détresse de ces colons n’aura été aussi perceptible. Venant du Nord, ils seront par ce seul fait encore plus dénigrés, voire même rejetés sans ménagement par les habitants de la région n’ayant pas encore digérés la défaite de leur camp et la reddition du Général Lee. L’autre personnage assez atypique est celui du maître de la région qui ne l’est que par l’importance de son domaine et l’ascendant qu’il a sur ses concitoyens, car il ne s’agit absolument pas, comme c’est presque toujours le cas, d’un tyran assoiffé de pouvoir et d’argent mais d’un moraliste foncièrement bon, son but étant que plus aucun coup de feu ne soit tiré alentour, que la violence soit définitivement éradiquée. Donald Crisp, le patriarche de Qu’elle était verte ma vallée (on en revient une fois encore à John Ford) est une nouvelle fois très à son aise dans ce genre de rôle de guide spirituel, cependant toujours un brin sentencieux comme c’est le cas ici aussi.

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On trouve de nombreuses notations psychologiques plutôt novatrice mais également des détails réalistes très intéressants (comme cette ville faite de maisons disséminées un peu au hasard et non alignées des deux côtés de la rue principale - le film a été tournée au sein d’une véritable ville-fantôme) dans ce western qui débutait de la plus belle des manières. Le générique était peut-être pour la première fois chantée par une voix de femme (en l’occurrence, celle envoutante de Julie London) dont la magnifique chanson-titre de Jay Livingston et Ray Evans sera reprise par la suite et sera l’occasion d’une des séquences les plus touchantes du film, celle au cours de laquelle Tony demande à sa future épouse de lui chanter une mélodie tout en posant sa tête sur ses genoux. Pour en revenir à ce début qui promettait monts et merveilles, étonnement aucun des protagonistes principaux n’apparait durant les 5 premières minutes mais à la place le personnage peut-être le plus marquant du film, celui joué par un Charles McGraw charismatique en diable. Rappelez-vous, c’était l’acteur des principaux films noirs d’Anthony Mann et le personnage principal, celui de l’inspecteur, dans l’excellent L’énigme du Chicago Express (The Narrow Margin) de Richard Fleischer. Inquiétant et teigneux, c’est l’homme qui recherche l’assassin de son frère pour se venger. Mais très vite, on commence à lui trouver un certain charme, celui dû à la lassitude et à la lancinante tristesse qui transparaissent à travers son regard vitreux et presque éteint. La séquence du ‘duel’ qui l’oppose à John Cassavetes est formidablement tendue et Parrish filmera sa mort avec un grand réalisme. Haïssant la violence, il dira d’ailleurs avoir voulu la tourner de telle façon à montrer, avant Hitchcock, comment la mort pouvait être longue et douloureuse ; il récidivera avec celle de Royal Dano gigotant dans la boue en d’atroces souffrances. Ce seront d’ailleurs les deux séquences les plus mémorables du film, d’une sécheresse âcre et qui fait mal. Pour ces séquences, pour les acteurs qui les interprètent, le film mérite absolument d'être vu.

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Si l’on a admis que les trois plus belles séquences du film sont dues à Royal Dano, Julie London et Charles McGraw, on se dit qu’il y a un petit problème sachant que ce sont tous des seconds rôles. C’est me concernant une preuve de ce que le film n’est pas pleinement réussi, le plus décevant étant la mise à l’écart injustifiée durant la seconde partie du très beau personnage interprété par Julie London au profit des relations tourmentées assez redondantes entre le grand frère prisonnier de son passé et le plus jeune totalement déséquilibré par ce même passé. Mais pour tous les beaux moments octroyés, pour une très belle photographie de George F. Folsey en Metrocolor et en cinémascope sublimant les paysages traversés du Middle West, pour un score d’Elmer Bernstein qui ne manque pas de panache, pour la magnifique chanson du générique et enfin pour une ribambelle de bons acteurs, cette tragédie grecque en milieu westernien se laisse regarder sans déplaisir d’autant qu’elle mêle (même si pas toujours habilement) drame intimiste et familial à de grandes thématiques traditionnelles du genre. Intéressant à défaut d’être constamment captivant ; à voir au moins pour quelques séquences inoubliables.

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boone
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par boone »

C'est le problème des concepts "fourre tout"... :wink:
bruce randylan
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par bruce randylan »

L'enfer des tropiques (Fire Down Below - 1957)

Un film inégal dont les défauts proviennent du remontage des producteurs qui changèrent la structure en flash-back du cinéaste/scénariste pour opter pour une narration chronologique qui donne de ce fait une première demi-heure très fade aux situations sans originalité (une femme passe d'un homme à un autre qui dont deux amis aux tempéraments différents). Sous cette forme, les scènes manquent vraiment de fluidité, d'enjeux dramatiques et de tension même si l'écriture des dialogues recèlent de bon moments.

Soit l'inverse de la deuxième partie qui est centré sur Jack Lemon coincé dans un navire en flamme qui menace d'exploser à tout moment. On ressent là une vraie tension dramatique et des personnages beaucoup plus profonds et complexes que ce que l'on pouvait en voir au début.
On se dit alors en effet que les premières séquences intégrées en flash-back dans cette partie en huit-clos auraient beaucoup mieux fonctionné, auraient donné des scènes moins plates et auraient aidé à faire durer le suspens.

Assez frustrant mais cette deuxième partie mérite vraiment le détour. L'épilogue, très amer, est à ce titre magnifique, très juste, sans tomber dans aucun piège commercial avec des personnages forts dont la psychologie demeurent intègres et lucides.
Il serait vraiment intelligent qu'un remontage respectant les souhaits du réalisateur voie le jour. On serait alors devant (peut-être) un chef d'œuvre plutôt que cet excellent film dont la première partie est aussi banale que la seconde est prenante.
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monk
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par monk »

Libre Comme Le Vent (Saddle The Wind)

J'ai trouvé le film excellent ! Je ne vais pas refaire un descriptif, il y en a au moins 2 déjà très bien deux pages plus haut.
Je voudrais juste réagir, quand même.
C'est un western un peu surpprenant, où les enjeux ne sont pas clairement définits dès le départ "comme d'habitude". Il ne s'agit pas d'une mission à remplir ou d'une vengeance à accomplir. C'est un peu déroutant au début, mais la déliquescence des relations s'intensifiant, le film prend forme. Et quelle forme !
J'ai trouvé le casting excellent, y compris (et peut être surtout) Cassavestes, assez bluffant, que je n'ai pas trouvé trop vieux pour le rôle. Du moins il jout parfaitement le jeune adulte immature que tout le monde continue de considérer comme un jeunot. Car pour répondre à Max Schreck qui dit "Tout le monde autour de lui s'obstine à le traiter de gamin alors qu'il affiche quand même une certaine maturité de visage et de corps.", ce n'est pas parce que tu es, que tu es considéré comme tel (j'en sais quelque chose :evil: ). Ainsi, Tony, perturbé, grandi mais mûri mal, et rentre d'autant en conflit avec les autres que ceux-ci continuent de le considérer comme juste le petit frère. Pour moi, il est extrèmement convainquant.
J'ai aussi trouvé la fin très expédiée. Happy end peut être forcé, mais pas incohérent dans le fond, mais beaucoup trop rapide dans la forme. Quelques minutes pour approfondir auraient été les bienvenues.
Sinon c'est un film gagnat qui mérite à être vu.
Je garde !
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Flavia
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Flavia »

Libre comme le vent (Saddle the Wind) - Robert Parrish (1958)

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Tony Sinclair (John Cassavetes) supporte de plus en plus difficilement l'autorité de son frère Steve (Robert Taylor). La présence de la jeune Joan (Julie London) ne l'empêche pas de se montrer de plus en plus violent, et fasciné par les armes il va bientôt tuer.

C'est un western "psychologique" qui se focalise sur la relation entre les deux frères, Steve ex-bandit repenti et Tony qui l'idolâtre. L'interprétation et la direction d'acteurs sont impeccables : John Cassavettes, de par son jeu, campe un personnage à fleur de peau, prêt à exploser à chaque instant, face à lui Robert Taylor en grand frère protecteur excelle dans un rôle sobre, prisonnier de sa réputation, las, accusant les coups, sans doute à cause de ses erreurs passées. Le film qui se déroule dans les splendides décors naturels du Middle West dégage une force, une violence palpable, qui laisse présager une issue tragique.

L'année commence très bien avec ce prétendant pour le film du mois de Janvier 2012. Très bon moment.
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Le DVD Wild SIde bénéficie d'une très belle copie, bien restaurée avec un beau transfert numérique.
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Père Jules
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Père Jules »

Comme les avis précédent je dois dire que j'ai passé un excellent moment en compagnie de Libre comme le vent. Tout a déjà été dit sur l'interprétation remarquable de Cassavetes (je trouve Taylor un peu pataud dans ce film, sa prestation m'a moyennement emballé), l'originalité du scénario et les superbes extérieurs. Je n'y reviens donc pas.

En revanche, l'entretien de Tavernier est un modèle d'émotion. On sent le cinéaste a beaucoup de mal a parler de Parrish qu'il a vraisemblablement énormément aimé comme homme. Il a troqué son enthousiasme communicatif habituel contre un hommage sincère et quasi amoureux. C'était touchant.
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Alphonse Tram
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Alphonse Tram »

Retrouvé mon avis de 2008 Sur Libre comme le vent. Un avis lapidaire, et effectivement je me souviens bien ne pas avoir aimé du tout. Trop psychologique à mon goût.
Saddle the wind / Libre comme le vent (R. Parrish, 1958)

Après une bonne scène d'introduction digne d'un Sergio Leone, et une petite musique ma fois pas désagréable, on s'embourbe vite dans un drame entre frères. J. Cassavetes joue le psychopathe flingueur. Julie London (qu'on reverra la même année dans Man of the west), a juste un petit rôle. Reste Donald Crisp dans un de ses derniers rôles, et Robert Taylor égal à lui même (c'est à dire assez peu expressif, ce qui compense les rictus de Cassavetes)
Western mineur mais très jolis paysages.
Bonne copie
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- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
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Ann Harding
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Ann Harding »

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Cry Danger (L'implacable, 1951) de Robert Parrish avec Dick Powell, Rhonda Fleming, Regis Toomey et William Conrad

Rocky Mulloy (D. Powell) sort de prison suite au témoignage d'un Marine qui l'innocente d'un hold-up. La police se met à ses trousses pour retrouver les 100.000 dollars dérobés. Rocky retrouve la femme (R. Fleming) de son ami Morgan, qui est lui resté en prison...

Cry Danger est la première réalisation de Robert Parrish qui a débuté au cinéma comme figurant avant de devenir monteur (de John Ford en particulier). Il a laissé un excellent livre de souvenir (Growing Up in Hollywood) où il retrace son parcours (le deuxième volume est nettement moins réussi). Le film a été réalisé avec un petit budget en seulement 22 jours. Si quelques séquences montrent des transparences assez médiocres, la cinematographie signée Joseph Biroc est dans l'ensemble de belle qualité. Dick Powell s'était reconverti dans le film noir dès 1944 avec l'excellent Murder My Sweet (ou Farewell My Lovely) de Edward Dmytryk. Il est ici un homme accusé injustement d'un braquage qu'il n'a pas commis. Fraîchement sorti de prison, il tente de se disculper en retrouvant le véritable auteur et l'argent dérobé. Il a fort à faire car il est constamment pris en filature par la police ou par des gangsters qui veulent l'éliminer. Le film a l'intelligence de sortir des sentiers battus pour ses décors: Rocky Mulloy habite dans une caravane dans un camping guère reluisant. Rocky partage une caravane vermoulue avec un ancien marine (Richard Erdman) qui a une jambe de bois. Celui-ci compte bien obtenir une partie de l'argent du hold-up, croyant que Mulloy en sait plus qu'il n'en dit. En fait, Mulloy est entièrement innocent, mais il va apprendre en cours de route qu'une personne qu'il ne soupçonnait pas est coupable. Le film contient les ingrédients habituels du film noir: un anti-héros désargenté qui veut prouver son innocence, un dangereux malfrat (joué par William Conrad) et une 'femme fatale' qui pose à être honnête. Le film est bien joué par Dick Powell qui lance ses répliques avec un humour à froid très sympathique. Cependant, le rythme du film est par moment un peu mou et il manque d'atmosphère. Pour une première réalisation, le film est tout à fait honnête.
martinbrady
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par martinbrady »

Je viens de découvrir The Purple Plain (54) que RP a tourné en Angleterre avec Gregory Peck, c'est un dvd z1 avec stf:
http://www.amazon.fr/Purple-Plain-USA-Z ... 00079ZACW/
l'image est superbe et c'est un chef d'oeuvre, j'y reviendrai vu qu'il est 23h15 et j'ai pas le temps. Chef d'oeuvre.


:idea: le lendemain 8h35, je découvre ça page 3:
Randolph Carter a écrit :Il y a un autre film de Parrish qui mérite le détour, The purple plain,tourné en 1954 avec Gregory Peck, surprenant film de guerre sans aucun combat,mais vraie méditation sur le sens de la vie.Dans "Amis américains",Bertrand Tavernier rappelle que Parrish avait essayé de traduire en images l'évolution psychologique de son personnage,le paysage devenant moins éclatant et plus terne à mesure que Peck recouvrait son équilibre intérieur et se pacifiait.Bien sûr,le résultat n'est pas à la hauteur de l'ambition affichée,mais le film est à découvrir absolument pour ceux qui ne le connaissent pas.(dvd disponible en zone 1 avec stf.)
thanks, Mr Carter

euh, bien que je ne sois pas d'accord avec "le résultat n'est pas à la hauteur...". C'est un sujet ultra-simple, d'ailleurs traité en 97': un soldat nourrit une folie d'envie suicidaire n'ayant pas assumé la mort de sa femme dans la guerre, et voudrait lui-même mourir, il tombe amoureux et veut vivre de nouveau, pilote de guerre, il se crashe avec deux autres soldats, loin de tout et hors d'atteinte des secours: lucide, il ne désire que retrouver un territoire ami à pied, alors que ses deux acolytes sont eux, tentés par la mort (Tavernier parle de "la fascination de la mort qui passe pour de l'héroïsme"), d'ailleurs un des deux se suicide découragé, ou sombrent dans l'illusion rassurante (qu'on pourrait les retrouver). C'est très concret, les bruits du paysage désertique où on sent la présence de milliers d'insectes ou animaux invisibles, dont on sent aussi qu'elle cache la mort quelquepart (ça se passe en Birmanie occupée par les Japonais, dans les 40-45), derrière cette illusion rassurante, il y a en effet l'envie de rester passifs en attendant la fin sans se l'avouer. C'est la 1ère fois que je vois ainsi décrit le sentiment amoureux de cette façon vivifiante, qui donne lucidité et force de raisonnement au héros, c'est un hommage à l'amour mais d'un point de vue concret pas fleur bleue: curieux et personnel! D'autre part, le danger qui menace les hommes n'est pas non plus exalté et leur sauvetage grâce au courage de Peck est même éclipsé! Quand Peck rejoint la rivière qui annonce le territoire allié, ceci n'est signalé que par le bruit de l'eau et la découverte d'un lézard! La fin qui voit enfin réunis les deux amoureux est unique, Parrish évite le cliché par exemple de les voir courir en pleurant l'un vers l'autre et pas question de la dévoiler. Ici, c'est la simplicité qui surprend, pas de coup de force de mise en scène à épater le spectateur pour ça.
"Lacrimas", horse called "Tears"...
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

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Re: Robert Parrish (1916-1995)

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AtCloseRange
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par AtCloseRange »

Cry Danger - 1951
Je crois bien que c'est mon premier Parrish et c'est son premier également. Le film vaut avant tout pour les excellents dialogues de William Bowers et l'interprétation du toujours parfait Dick Powell. Je suis de plus en plus fan de son interprétation notamment dans les films noirs (comme le formidable Pitfall).
Dommage que la réalisation de Parrish (un premier film donc) manque un peu d'imagination et de punch (je ne relève vraiment que la confrontation finale avec William Conrad).
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Karras
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Karras »

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Federico a écrit :En tant qu'amateur de série B de SF, j'ai toujours eu un gros faible pour le sympathique Danger, planète inconnue qui fleure bon la télé 60's avec maquettes gerryanderson-iennes, Mr & Mme Thinness (qui s'étaient déjà croisés dans un épisode des Envahisseurs) et son scénario gentiment farfelu autorisant des séquences assez mémorables.
Spoiler (cliquez pour afficher)
On découvre qu'une planète d'une taille similaire à la notre gravite exactement à l'opposé du Soleil. Un astronaute y est envoyé et, suite à un accident de vol, se réveille en se croyant revenu sur Terre puisque l'environnement et surtout les personnes lui sont familiers, à commencer par son épouse. Tout semble donc normal à part que sa mission aurait échoué. Or, il découvre peu à peu que tout est inversé, qu'il y a une forte majorité de gauchers, que les panneaux sont écrits à l'envers etc. Il comprend alors qu'il est bel et bien sur la mystérieuse planète, parfaite jumelle-miroir de la Terre et qu'au moment où il partit, son double en avait fait de même de l'autre côté du Soleil...
Une variante très amusante de La planète des singes
Visionné hier dans une version dvd letterbox :oops: : de chez Bach Films. Bon c'est assez long à démarrer, on patiente avec les maquettes andersoniennes et la musique de Barry Gray qui donne souvent l'impression d'être dans un épisode de Cosmos 1999. Il y a Mr "David Vincent" qui apparait assez tard pour un rôle qui lui va plutôt bien. J'ai quand même parfois trouvé le temps long, il y a avait surement moyen de ménager plus de mystère autour des deux univers parallèles (4,5/10)
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Frances »

Libre comme le vent de Robert Parrish (1958) avec Robert Taylor, John Cassavetes, Julie London, Donald Crisp, Charles McGraw, Royal Dano, Richard Erdman.
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Dès la scène d’introduction on pressent que la violence sera le thème central du film de Parrish. Il l’explore sous toutes ses formes : passée, présente, souterraine, explosive, ostentatoire, nécessaire à la survie individuelle ou collective. Repoussée aux confins de l’oubli, rachetée par la rédemption, dirigée contre les autres ou soi-même.

A se demander si ce n’est pas une lecture de l’Amérique et de son rapport quasi viscéral aux armes que Parrish explore et décline ici en de multiples variations ?

John Cassavetes (Tony Sinclair) dynamise littéralement toutes les scènes dans lesquelles il apparait, jouant du pistolet comme un sale gamin déchaîné et rebelle. Cherchant en permanence des limites et à grandir aussi dans l’ombre d’un frère aîné à la fois héros et figure du père. Il s’agite dans un cadre dans lequel il s’est lui-même enfermé, piégé dans le cercle sans fin de la violence. Pour exemple la scène où il exhibe et s’exerce avec le nouveau revolver-joujou qu’il vient de s’offrir – multipliant les attitudes qu’il attribue probablement aux héros westerniens –
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il anticipe la fin qui sera la sienne en tirant sur son propre reflet qu’il aperçoit dans une flaque d’eau.


Face à lui, le grand frère Steve Sinclair (Robert Taylor) droit et solide comme un menhir qui a pris pied dans la terre, appris de ses erreurs et troqué les armes contre un soc de charrue – emblème de son domaine que Tony défiera en le criblant de balles – Ce qui ne l’empêche pas de vaciller pourtant quand soufflent les réminiscences de son passé de tueur. Il est dans l’impossibilité de maîtriser la fascination qu’il exerce sur son cadet et d’endiguer la culpabilité d’en avoir fait le témoin d’une scène (au moins) de meurtre.

Au final personne n’échappe à la violence contrainte ou volontaire, individuelle (la mort du fils de Deneen en a fait un pacifiste mais il devra reprendre les armes) ou collective (Clay Ellison, le chef des squatters et ex-yankee survivant d’une guerre civile qui doit combattre à nouveau pour défendre son bien). Même l’unique personnage féminin meurtri et malmené par les clients des bouges dans lesquels elle chantait n’échappe pas à celle de Tony qui l’avait pourtant séduite par sa maladresse.

Au milieu de paysages sublimes Parrish semble nous dire que l’homme n’en a pas fini de se débattre avec lui-même et qu’il n’est pas prêt de maîtriser ses pulsions les plus primitives.
Dernière modification par Frances le 13 sept. 14, 11:22, modifié 3 fois.
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Flavia
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Flavia »

Très bonne analyse Frances, c'est ce que j'ai ressenti quand j'ai découvert ce superbe film. :wink:
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