Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Boetticher et Kennedy savaient raconter en 78 mn et sans moyen une histoire, qu'aujourd'hui nos cinéastes raconteraient en 120mn avec un budget double pour un résultat moins convaincant .
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Budget multiplié par 10 tu veux dire.Chip a écrit :Boetticher et Kennedy savaient raconter en 78 mn et sans moyen une histoire, qu'aujourd'hui nos cinéastes raconteraient en 120mn avec un budget double pour un résultat moins convaincant .
Même si je ne suis pas du tout du genre à dire que "c'était mieux avant" (tout au contraire), en l'occurence, ça me semble néanmoins vrai à ce propos précis. Et pourtant les "intrigues" des films de Boetticher (et non ses scénarios) auraient pu aussi accoucher de courts métrages car le cinéaste aime délayer et prendre son temps. C'est tout à fait paradoxal et étonnant quant on y pense. Il réalise des chefs-d'oeuvres avec trois fois rien.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce film, c'est l'écriture des personnages. Même si Randolph Scott fait à peu près ce qu'on attend de lui, ce sont surtout les rapports qu'il a avec le chef des bandits qui interpelle. Les bandits eux-mêmes sont loin d'être des cibles anonymes (effrayant Henry Silva). Enfin ce qui m'a marqué aussi c'est le personnage féminin, pathétique, introvertie, subtilement jouée par une Maureen O'Sullivan presque enlaidie, en tout cas peu attirante de premier abord : on est loin des filles de ranchers ou de saloons à fortes personnalités ou têtues comme pas une, habituées à vivre au milieu des hommes et à leur tenir tête.
Il y a un côté film noir dans ce western malgré l'environnement désertique écrasé de chaleur au lieu du pavé humide et des bas-fonds lugubres des grandes métropoles.
C'est avec ce film et Comanche Station que j'ai débuté la filmo de Budd Boetticher, et ça donne sacrément envie d'en voir d'autres !
Il y a un côté film noir dans ce western malgré l'environnement désertique écrasé de chaleur au lieu du pavé humide et des bas-fonds lugubres des grandes métropoles.
C'est avec ce film et Comanche Station que j'ai débuté la filmo de Budd Boetticher, et ça donne sacrément envie d'en voir d'autres !
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."
Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)
http://www.notrecinema.com/
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The Ride Back

La Chevauchée du retour (The Ride Back - 1957) de Allen H. Miner
UNITED ARTISTS
Avec Anthony Quinn, William Conrad, Lita Milan, Victor Millan
Scénario : Antony Ellis
Musique : Frank De Vol
Photographie : Joseph F. Biroc (Noir et blanc 1.37)
Un film produit par Robert Aldrich & William Conrad pour la United Artists
Sortie USA : 29 Avril 1957
Des shérifs véreux, couards, ou simplement peu héroïques, il y en a eu déjà beaucoup dans le genre, mais il s’agissait majoritairement, voire exclusivement, de seconds rôles. Lorsqu’un homme de loi était le personnage principal d’un western, avant le milieu des années 50, il fut la plupart du temps probe et droit, courageux et mentalement fort. Puis Randolph Scott, qui fit pourtant partie à maintes reprises de ces marshals solides et coriaces, ne supporta plus sa ville ‘grondante’ dans A Lawless Street (Ville sans loi) de Joseph H. Lewis, allant se terrer dans ses propres cellules pour y être à l’abri, ou bien Robert Ryan ne voulut pas avouer le début de sa cécité de peur d’être mis au placard dans le très bien nommé Le Shérif (The Proud Ones) de Robert D. Webb. Il y eut probablement quelques autres exemples mais c'est maintenant au tour de William Conrad dans cette Chevauchée du retour (une fois n’est pas coutume, mais belle traduction littérale du titre original) de nous mettre sous les yeux un portrait de shérif déprimé et mettant en doute toutes ses capacités professionnelles voire même personnelles. L’époque n’est décidément plus au manichéisme d’autant que dans ce même film signé Allen H. Miner et qui raconte l'histoire de ce shérif ramenant un meurtrier du Mexique aux États-Unis afin qu'il y soit jugé équitablement, le hors-la-loi n’est peut-être pas vraiment coupable des accusations qui pèsent sur lui (ou alors il a des arguments en sa faveur) et qu’il se révèle très bienveillant tout en cherchant très logiquement à échapper au procès qui pourrait lui être fatal. On ne se plaindra évidemment pas de cette évolution qui rend les personnages moins héroïques mais de ce fait à la fois plus humains.





Ce western avant tout basé sur la psychologie de ses deux personnages principaux plus que sur l’action (les amateurs de films mouvementés risquent de rester sur leur faim), Allen H. Miner le filme avec beaucoup de modernité et d'originalité tout en restant assez modeste, créant ainsi par son formalisme maitrisé une atmosphère singulière loin d’être désagréable. A l’aide de cadrages, images et plans insolites très souvent justifiés, d’un noir et blanc somptueux, entièrement tourné dans de superbes décors naturels de Californie et du Mexique sous de magnifiques cieux nuageux, le film baigne dans une douceur assez rare dans le genre. La manière qu’à le cinéaste de filmer avec tendresse les petites gens (le mexicain et son bébé) nous rappelle à postériori les futurs films de Sam Peckinpah. Si The Ride Back possède quelques éclairs de violence, on ne peut pas dire que ce soit un film violent, bien au contraire ; délicat et sensible, il nous brosse le portrait riche en nuances de deux personnages antagonistes et nous fait participer à leur amitié naissante qui prendra tout son sens lors de la très belle dernière séquence. Le tout supporté par un score lui aussi peu banal signé par Frank de Vol : loin des envolées lyriques ou des canons hollywoodiens habituels, une guitare sèche, quelques bois et peu ou pas de cordes pour une musique insolite mais jamais gênante. Un ton inhabituel, une belle force émotionnelle pour un ensemble vraiment attachant à défaut d’être inoubliable par la faute d’un budget trop rachitique, de quelques ratés ou fautes de goûts et de seconds rôles très moyens. Une jolie surprise qui mérite de sortir de l'oubli dans lequel elle est tombée !
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Ca m'a tout l'air d'un petit bijou assez peu connu, cette chevauchée du retour... Je me note ça quelque part... 

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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Découvert il y a quelques jours, je suis parfaitement en phase avec ce que dit Jeremy. Effectivement, une petite perle méconnue qu'il serait dommage de ne pas voir.cinephage a écrit :Ca m'a tout l'air d'un petit bijou assez peu connu, cette chevauchée du retour... Je me note ça quelque part...
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
En gros, qu'en pense Tavernier pour ceux qui auraient le DVD Sidonis ?
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Ca tombe bien je l'ai reçu cette semaineRick Blaine a écrit :Découvert il y a quelques jours, je suis parfaitement en phase avec ce que dit Jeremy. Effectivement, une petite perle méconnue qu'il serait dommage de ne pas voir.cinephage a écrit :Ca m'a tout l'air d'un petit bijou assez peu connu, cette chevauchée du retour... Je me note ça quelque part...

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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Jeremy Fox a écrit :En gros, qu'en pense Tavernier pour ceux qui auraient le DVD Sidonis ?
Beaucoup de bien, je crois qu'il émet juste une réserve sur la fin, mais il dit également que Quinn la joue avec tant de sincérité qu'elle fonctionne tout de même. Il est assez dithyrambique sur les acteurs de manière générale.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
MerciRick Blaine a écrit :Jeremy Fox a écrit :En gros, qu'en pense Tavernier pour ceux qui auraient le DVD Sidonis ?
Beaucoup de bien, je crois qu'il émet juste une réserve sur la fin, mais il dit également que Quinn la joue avec tant de sincérité qu'elle fonctionne tout de même. Il est assez dithyrambique sur les acteurs de manière générale.

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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Totalement d'accord avec vous 2.Jeremy Fox a écrit :Budget multiplié par 10 tu veux dire.Chip a écrit :Boetticher et Kennedy savaient raconter en 78 mn et sans moyen une histoire, qu'aujourd'hui nos cinéastes raconteraient en 120mn avec un budget double pour un résultat moins convaincant .
Même si je ne suis pas du tout du genre à dire que "c'était mieux avant" (tout au contraire), en l'occurence, ça me semble néanmoins vrai à ce propos précis. Et pourtant les "intrigues" des films de Boetticher (et non ses scénarios) auraient pu aussi accoucher de courts métrages car le cinéaste aime délayer et prendre son temps. C'est tout à fait paradoxal et étonnant quant on y pense. Il réalise des chefs-d'oeuvres avec trois fois rien.
Tall T commandé ce matin avec 4 autres DVD Sidonis dont Willie Boy (Très curieux de le découvrir celui-là) et Cat Ballou.
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Re: The Ride Back
Convaincu et commandé, vais encore me faire pourrir parce que le budget vacances a été rogné par une chronique de Jeremy.Jeremy Fox a écrit :

Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."
Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Un western comme je les aime. Voir aussi avec Quinn, tout aussi modeste et intéressant " Man from Del Rio " (1956) de Harry Horner, toujours inédit en France . Ce western à petit budget était parmi ses films, le préféré d' Anthony Quinn, sans doute parce qu'il y jouait un pistolero mexicain utilisé mais méprisé par les américains, l'inverse du Martin Brady de Robert Parrish .
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Chip a écrit :Voir aussi avec Quinn, tout aussi modeste et intéressant " Man from Del Rio " (1956) de Harry Horner, toujours inédit en France . Ce western à petit budget était parmi ses films, le préféré d' Anthony Quinn, sans doute parce qu'il y jouait un pistolero mexicain utilisé mais méprisé par les américains, l'inverse du Martin Brady de Robert Parrish .
Je note

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The Restless Breed

La Ville de la vengeance (The Restless Breed - 1957) de Allan Dwan
EDWARD L. ALPERSON PRODUCTIONS
Avec Scott Brady, Anne Bancroft, Jay c. Flippen, Jim Davis, Rhys Williams
Scénario : Steve Fisher
Musique : Edward L. Alperson Jr.
Photographie : John W. Boyle (Eastmancolor 1.85)
Un film produit par Edward L. Alperson
Sortie USA : Mai 1957
Peu de temps avant qu’Allan Dwan ne mette un terme à sa prolifique carrière, voici qu’avec ce plaisamment suranné The Restless Breed prend malheureusement fin son corpus de westerns, l’un des plus attachants qui ait été : ce que le fécond cinéaste aura réalisé dans le genre depuis le début des années 50 se sera révélé aussi discret que dispensateur de bonheur et de réjouissance. Aujourd’hui, tous ces films restent pour la plupart encore assez méconnus à l’exception de Silver Lode (Quatre étranges cavaliers) ; probablement à cause de leur trop grand classicisme et à leur absence totale d'ironie qui ne cadrent plus bien non seulement avec l'époque actuelle mais qui devaient déjà sembler anachroniques à la période de leur sortie. Il y eut tout d’abord sa série RKO / Républic qui ne manquait pas de charme avec les plaisants La Belle du Montana (Belle Le grand), Montana Belle et, pour point d’orgue, l’excellent La Femme qui faillit être lynchée (Woman they almost Lynched) ; puis ce fut le début de sa fameuse collaboration avec le producteur Benedict Bogeaus et le superbe et puissant Quatre Etranges Cavaliers (Silver Lode) suivi par Tornade (Passion) , curieux mais pas totalement abouti, le somptueux livre d’images qu’était le séduisant et naïf La Reine de la Prairie (Cattle Queen of Montana), et enfin le tendre et splendide Le Mariage est pour demain (Tennesse’s Partner) qui donnait à John Payne, Ronald Reagan et Rhonda Fleming peut-être leurs plus beaux rôles. Sans atteindre le niveau de cette dernière 'série' de films, notamment du point de vue plastique, le dernier western de Dwan mérite néanmoins qu’on lui donne une chance et qu’on le défende.




