AtCloseRange a écrit :ed a écrit :
Spielberg, les frères Coen, Tarantino, Gray, Eastwood, Malick, Anderson, Scorsese, Allen, Fincher, Coppola, Lynch, Mann, Soderbergh, De Palma, Van Sant, Cameron, Mendes, Lasseter, Burton, Cronenberg, Weir, sans compter ceux qui auront débuté dans les années 2000 et dont on ne sait pas encore qu'ils vont devenir des très grands (une pièce perso sur Jeff Nichols et Joe Wright).
Je me suis arrêté pour avoir le même nombre de noms cités. J'ai bon ?
Les 2/3 viennent des précédentes décennies (jusqu'à 3 ou 4 décennies) avec la majorité de leurs grandes oeuvres derrière eux. Tu biaises sévèrement.
C'est un peu volontaire, pour tout te dire (enfin, ton "2/3", il veut dire "deux tiers" - ce qui me semble carrément excessif - ou "2 ou 3" - ce qui me semble trop peu

) mais l'idée est de montrer que l'exercice que tu réclamais est un peu vain (quand bien même, d'ailleurs, je rejoins une partie de ton constat) :
1/ c'est aussi le cas de certains cinéastes que tu cites (par exemple la Cava ou von Sternberg) - bon, sur ce point, la démographie et le mode de production des studios ont aussi leur impact : on peut aujourd'hui réaliser des très grands films à 70 ans passés, moins à l'époque, mais on pouvait réaliser de très grands films à 25 ans, aujourdh'ui, c'est très marginal
2/ les grandes oeuvres dont tu parles sont considérées comme telles grâce à la patine du temps. Il y a fort à parier que plusieurs films mésestimés dans la carrière de ceux que je cite seront considérés dans quelques années comme des classiques, comme ça a été le cas pour à peu près tous les noms que tu mentionnes. Le classique instantané, c'est rare, j'ai exploré suffisamment d'archives de revues des années 40 ou 50, justement, pour l'avoir constaté.
3/ Wilder, dans les années 40, hormis Assurance sur la mort, c'est quand même mineur. Ce sont les décennies suivantes qui ont fait de lui ce qu'il est à nos yeux (c'est à dire le plus grand de tous

) - il y a peut-être quelques cinéastes que l'on n'estime pas encore qui pourraient nous surprendre
Tout ça pour dire que nous (au sens large : spectateurs, exégètes, critiques...) avons des regards radicalement différents sur les deux époques dont on parle :
* l'une va être mise sur un piédestal parce que, finalement, on n'en retient aujourd'hui que le bon, l'important, le durable
* l'autre va être relativisée parce qu'on manque de recul et d'informations, parce que l'époque (dans tous les domaines) est au scepticisme, à l'excès de vision critique, et parce qu'on ne sait pas, évidemment, ce que demain réservera.
Donc, oui, évidemment, tu me demandes, plus qu'à n'importe qui, de choisir entre les années 40 et les années 2000 la décennie que je préfère, je n'hésite pas une seconde. Mais tout ça pour dire qu'à mes yeux, l'exercice que tu réclamais - et auquel je me suis souscris uniquement pour te faire plaisir - n'a que très peu de sens.