Henri Verneuil (1920-2002)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jerome
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par Jerome »

un documentaire existe depuis quelques semaine sur Verneuil.
http://www.forgottensilver.net/2012/06/ ... -verneuil/

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"Sa place est dans un Blu-Ray"
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Roy Neary
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par Roy Neary »

Aujourd'hui sur DVDClassik, mise en ligne de la chronique de Cent mille dollars au soleil, réédité en DVD et Blu-ray par Gaumont Vidéo. :wink:

:arrow: Cent mille dollars au soleil
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Federico
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par Federico »

Belle chronique pour un classique qui se laisse toujours revoir avec plaisir (ne serait-ce que pour Blier dont la bouille et les vannes me mettent chaque fois en joie :D ).
J'ai juste un peu tiqué en lisant : "Cependant, et ce n'est pas faire injure aux très honnêtes réalisateurs tels que Granier-Deferre, Grangier, de La Patellière, Molinaro ou même Lautner, que d'affirmer qu'un cinéaste comme Henri Verneuil était d'un tout autre calibre."
J'ai peut-être tort mais j'ai tendance à les placer malgré tout dans la même famille, celle des excellents artisans du cinéma populaire. Je pense que là où Verneuil peut effectivement se détacher, c'est pour avoir eu à sa disposition des (ou ayant réussi à disposer de) moyens plus conséquents pour certains de ses films et d'avoir su assurer derrière.
Ensuite chacun des cinéastes cités avait bien sûr ses spécificités. Ainsi je pense, pour ne prendre que l'exemple de Molinaro, qu'il n'aurait pas été aussi à l'aise que Verneuil pour ses grandes épopées viriles mais qu'a contrario, ce dernier n'aurait pu comme lui réussir le merveilleux et picaresque Mon oncle Benjamin.
Maintenant que j'ai écrit ça, je suis obligé de rejoindre Ronny Chester dans la mesure où la filmo de Verneuil (même si elle est inégale) est globalement plus riche que celle de ses coreligionnaires. Disons que son ratio quantité/qualité leur est supérieur.
Ah oui ! Pour revenir à la chronique de 100000 $ au soleil, j'ai bien aimé cette remarque : "Jean-Paul Belmondo, qui traverse ce film tel un cow-boy mi-ange mi-démon, sorte de Lucky Luke qui aurait appris la vie chez Sergio Leone". :D
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par Jericho »

Roy Neary a écrit :Aujourd'hui sur DVDClassik, mise en ligne de la chronique de Cent mille dollars au soleil, réédité en DVD et Blu-ray par Gaumont Vidéo. :wink:

:arrow: Cent mille dollars au soleil
Magnifique, je veux le blu ray !
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Roy Neary
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par Roy Neary »

Federico a écrit :Belle chronique pour un classique qui se laisse toujours revoir avec plaisir (ne serait-ce que pour Blier dont la bouille et les vannes me mettent chaque fois en joie :D ).
J'ai juste un peu tiqué en lisant : "Cependant, et ce n'est pas faire injure aux très honnêtes réalisateurs tels que Granier-Deferre, Grangier, de La Patellière, Molinaro ou même Lautner, que d'affirmer qu'un cinéaste comme Henri Verneuil était d'un tout autre calibre."
J'ai peut-être tort mais j'ai tendance à les placer malgré tout dans la même famille, celle des excellents artisans du cinéma populaire. Je pense que là où Verneuil peut effectivement se détacher, c'est pour avoir eu à sa disposition des (ou ayant réussi à disposer de) moyens plus conséquents pour certains de ses films et d'avoir su assurer derrière.
Ensuite chacun des cinéastes cités avait bien sûr ses spécificités. Ainsi je pense, pour ne prendre que l'exemple de Molinaro, qu'il n'aurait pas été aussi à l'aise que Verneuil pour ses grandes épopées viriles mais qu'a contrario, ce dernier n'aurait pu comme lui réussir le merveilleux et picaresque Mon oncle Benjamin.
Maintenant que j'ai écrit ça, je suis obligé de rejoindre Ronny Chester dans la mesure où la filmo de Verneuil (même si elle est inégale) est globalement plus riche que celle de ses coreligionnaires. Disons que son ratio quantité/qualité leur est supérieur.
Merci pour le compliment. :wink:
L'angle de cette chronique, c'était de mettre en valeur Henri Verneuil et son travail. Dans quasiment tous les propos que j'ai lus ou entendus, j'estime que son mérite n'est pas suffisamment reconnu quand tout simplement il est violemment critiqué. Je n'ai pas pour habitude de déshabiller Pierre pour habiller Paul et je déteste donc quand on descend les uns pour remonter les autres. Mais ce n'est pas ce que j'ai fait, je pense vraiment que Verneuil est un bien meilleur réalisateur que ceux que j'ai cités, et que j'estime aussi par ailleurs. Cela dit, je suis d'accord, il n'avait pas la même sensibilité que Molinaro et n'aurait jamais produit un Mon oncle Benjamin de cette nature. Vernueuil a réalisé de piètres films à ses débuts et en fin de carrière, mais au milieu il y a de vraies pépites en terme de réalisation. Je ne l'exclue évidemment pas de la famille dont tu parles justement, mais je lui accorde tout simplement plus d'importance.
Ah oui ! Pour revenir à la chronique de 100000 $ au soleil, j'ai bien aimé cette remarque : "Jean-Paul Belmondo, qui traverse ce film tel un cow-boy mi-ange mi-démon, sorte de Lucky Luke qui aurait appris la vie chez Sergio Leone". :D
Merci, je suis assez content de cette formule. :oops:
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par julien »

Roy Neary a écrit :Verneuil a réalisé de piètres films en fin de carrière
Mayrig et 588 rue paradis, c'était quand même tout à fait honorable.
Federico a écrit :J'ai peut-être tort mais j'ai tendance à les placer malgré tout dans la même famille, celle des excellents artisans du cinéma populaire. Je pense que là où Verneuil peut effectivement se détacher, c'est pour avoir eu à sa disposition des (ou ayant réussi à disposer de) moyens plus conséquents pour certains de ses films et d'avoir su assurer derrière.
Et puis dans sa manière de filmer ; surtout les scènes d'actions, souvent très spectaculaires, c'était sans doute l'un des cinéastes les plus influencé par le cinéma de genre américain.
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par Nestor Almendros »

julien a écrit :
Roy Neary a écrit :Verneuil a réalisé de piètres films en fin de carrière
Mayrig et 588 rue paradis, c'était quand même tout à fait honorable.
Mais qui ne se prive pas en pathos. Autant j'ai pris du plaisir à revoir MAYRIG il y a quelques années, autant je me suis presque forcé pour terminer sa suite...
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par julien »

Oui bon c'est possible. Je dois dire que je me souviens plus tellement de l'autre mais le premier était pas mal. Et puis c'est très soigné au niveau de la reconstitution de l'époque. Verneuil en avait encore dans les tripes. Je me souviens que les deux films n'avaient pas du tout marché à l'époque de leur sortie en salle. A mon avis c'était quand même un peu injustifié.
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Profondo Rosso
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par Profondo Rosso »

Des gens sans importance (1956)

Routier mal marié, Jean Viard ne trouve aucune compréhension auprès de sa famille avec laquelle il ne s'entend guère. Avec son fidèle coéquipier Berty, il s'arrête souvent au relais « La Caravane » où il rencontre Clotilde, une petite bonne d'une vingtaine d'années. Lassitude, solitude des deux êtres qui, irrésistiblement attirés l'un vers l'autre, se rapprochent. Un amour solide naît. De multiples contretemps vont empêcher Jean et Clotilde de former un couple durable.

Après un début de carrière surtout passé à être l'exécutant de Fernandel le temps de cinq collaborations commune au début des années 50(Le Fruit défendu, Brelan d'as, Le Boulanger de Valorgue, Carnaval, L'Ennemi public numéro un et Le Mouton à cinq pattes), Henri Verneuil rencontrait une première vraie reconnaissance publique et critique avec Des gens sans importance, adapté du roman de Serge Groussard. Le film fait presque figure de pendant inversé des Amants du Tage réalisé l'année précédente par Verneuil. Celui-ci constitue sans doute son premier grand film, une œuvre romanesque, poétique et passionnée qui offrait sans doute une des plus flamboyantes histoire d'amour du cinéma français des années 50. Point d'envolée de ce type à prévoir dans Des gens sans importance où le titre résume bien la fatalité de la condition des personnages, condamnés à rester éloigné de ce type d'émois.

Cette facette s'illustre avec le personnage de Jean Viard (Jean Gabin) routier usé par les milliers de kilomètres avalés pour son harassant métier qui l'a éloigné de sa famille et de tout plaisir. Le film s'ouvre sur sa marche usée à la descente du camion alors qu'il s'apprête à prendre une heure de repos. L'amourette d'une serveuse enfuie avec un client réveille ses souvenirs, la voix-off désabusée s'anime enfin tout comme le regard éteint retrouve momentanément son étincelle. Deux ans plus tôt Jean rencontra Clotilde, une jeune serveuse dont il tomba amoureux. Verneuil éteint toute velléité romantique dans la manière d'introduire la relation de son couple. Il cherchera d'abord à dépeindre leur solitude commune par la description de la monotonie de leur travail (formidable description de cette route sans fin pour les routiers et des délais épuisant exigés) et d'un quotidien encore plus morne ce labeur. Pour Jean, le retour au domicile signifie les retrouvailles avec une épouse lasse de ses longues absences et pleine de reproche, une fille tournant mal car ayant appris à grandir sans lui et des fils qu'il voit à peine grandir. Françoise Arnoul n'est guère mieux lotie est sa situation est souligné d'abord subtilement lors de ce réveillon où elle travaille à sa demande puis plus tard par une entrevue avec sa mère égoïste qui refuse de l'héberger.

L'histoire d'amour loin d'illuminer cet horizon terne et le rend au contraire encore plus oppressant. Les différentes ellipses empêchent l'histoire d'amour de s'épanouir aux yeux du spectateur. Rien de plus logique tant les courts moments partagés entre de courts arrêts ne méritent pas de s'y attarder et la première vraie scène d'amour entre eux naît d'un bref moment d'intimité inattendu sans lequel rien ne se serait passé. L'attirance commune naît ainsi par les bribes que le temps toujours trop bref et le métier toujours trop prenant raccourci inéluctablement tel la discussion dans la chambre en début de film interrompue par Gabin qui s'endort repu. Le monde qui les entoure est déprimant, partagé entre le bitume de la route, le relai au milieu de nulle part et un paysage urbain sordide (l'hôtel de passe). La photo grisâtre de Louis Page et la mise en scène sobre de Verneuil appuie cet aspect ainsi que la prestation de Françoise Arnoul et Jean Gabin. Toute la photogénie dont ceux-ci sont capable s'éteint au service de ce réalisme, à de rare exception près. Françoise Arnoul filmée comme un pur fantasme sensuel dans Les Amants du Tage a désormais le pas lourd et les traits tiré tandis que Gabin tout en gardant sa gouaille et son charisme traverse néanmoins le film comme un fantôme.

Il y a un sentiment d'inéluctable et de malheur permanent qui hante l'ensemble du film et n'accorde aucune échappatoire possible, à l'image du rebondissement final qui scelle le destin de chacun par un simple courrier manqué. Là encore Verneuil étouffe l'émotion en refusant l'emphase mélodramatique pour un traitement tirant volontairement en longueur, presque ennuyeux alors qu'un drame se joue. La perte se vivra par une ellipse cruelle et revenu au présent, Jean retournera à son volant plus blasé que jamais. 5/6
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jacques 2
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par jacques 2 »

Profondo Rosso a écrit :Des gens sans importance (1956)

Routier mal marié, Jean Viard ne trouve aucune compréhension auprès de sa famille avec laquelle il ne s'entend guère. Avec son fidèle coéquipier Berty, il s'arrête souvent au relais « La Caravane » où il rencontre Clotilde, une petite bonne d'une vingtaine d'années. Lassitude, solitude des deux êtres qui, irrésistiblement attirés l'un vers l'autre, se rapprochent. Un amour solide naît. De multiples contretemps vont empêcher Jean et Clotilde de former un couple durable.

Après un début de carrière surtout passé à être l'exécutant de Fernandel le temps de cinq collaborations commune au début des années 50(Le Fruit défendu, Brelan d'as, Le Boulanger de Valorgue, Carnaval, L'Ennemi public numéro un et Le Mouton à cinq pattes), Henri Verneuil rencontrait une première vraie reconnaissance publique et critique avec Des gens sans importance, adapté du roman de Serge Groussard. Le film fait presque figure de pendant inversé des Amants du Tage réalisé l'année précédente par Verneuil. Celui-ci constitue sans doute son premier grand film, une œuvre romanesque, poétique et passionnée qui offrait sans doute une des plus flamboyantes histoire d'amour du cinéma français des années 50. Point d'envolée de ce type à prévoir dans Des gens sans importance où les où le titre résume bien la fatalité de la condition des personnages, condamnés à rester éloigné de ce type d'émois.

Cette facette s'illustre avec le personnage de Jean Viard (Jean Gabin) routier usé par les milliers de kilomètres avalés pour son harassant métier qui l'a éloigné de sa famille et de tout plaisir. Le film s'ouvre sur sa marche usée à la descente du camion alors qu'il s'apprête à prendre une heure de repos. L'amourette d'une serveuse enfuie avec un client réveille ses souvenirs, la voix-off désabusée s'anime enfin tout comme le regard éteint retrouve momentanément son étincelle. Deux ans plus tôt Jean rencontra Clotilde, une jeune serveuse dont il tomba amoureux. Verneuil éteint toute velléité romantique dans la manière d'introduire la relation de son couple. Il cherchera d'abord à dépeindre leur solitude commune par la description de la monotonie de leur travail (formidable description de cette route sans fin pour les routiers et des délais épuisant exigés) et d'un quotidien encore plus morne ce labeur. Pour Jean, le retour au domicile signifie les retrouvailles avec une épouse lasse de ses longues absences et pleine de reproche, une fille tournant mal car ayant appris à grandir sans lui et des fils qu'il voit à peine grandir. Françoise Arnoul n'est guère mieux lotie est sa situation est souligné d'abord subtilement lors de ce réveillon où elle travaille à sa demande puis plus tard par une entrevue avec sa mère égoïste qui refuse de l'héberger.

L'histoire d'amour loin d'illuminer cet horizon terne le rend au contraire encore plus oppressant. Les différentes ellipses empêchent l'histoire d'amour de s'épanouir aux yeux du spectateur. Rien de plus logique tant les courts moments partagés entre de courts arrêts ne méritent pas de s'y attarder et la première vraie scène d'amour entre eux naît d'un bref moment d'intimité inattendu sans lequel rien ne se serait passé. L'attirance commune naît ainsi par les bribes que le temps toujours trop bref et le métier toujours trop prenant raccourci inéluctablement tel la discussion dans la chambre en début de film interrompue par Gabin qui s'endort repu. Le monde qui les entoure est déprimant, partagé entre le bitume de la route, le relai au milieu de nulle part et un paysage urbain sordide (l'hôtel de passe). La photo grisâtre de Louis Page et la mise en scène sobre de Verneuil appuie cet aspect ainsi que la prestation de Françoise Arnoul et Jean Gabin. Toute la photogénie dont ceux-ci sont capable s'éteint au service de ce réalisme, à de rare exception près. Françoise Arnoul filmée comme un pur fantasme sensuel dans Les Amants du Tage a désormais le pas lourd et les traits tiré tandis que Gabin tout en gardant sa gouaille et son charisme traverse néanmoins le film comme un fantôme.

Il y a un sentiment d'inéluctable et de malheur permanent qui hante l'ensemble du film et n'accorde aucune échappatoire possible, à l'image du rebondissement final qui scelle le destin de chacun par un simple courrier manqué. Là encore Verneuil étouffe l'émotion en refusant l'emphase mélodramatique pour un traitement tirant volontairement en longueur, presque ennuyeux alors qu'un drame se joue. La perte se vivra par une ellipse cruelle et revenu au présent, Jean retournera à son volant plus blasé que jamais. 5/6
Vu ce soir : ton texte est parfait ... :wink:

Le film nous a beaucoup émus notamment parce qu'il a le bon goût de ne pas en faire trop et de ne pas verser dans le larmoyant et le mélodramatique ...

Le Gabin de ces années là était décidément mon préféré : il incarnait à lui seul avec puissance et vérité la condition de la classe ouvrière. Il donnait du charisme à l'anonyme et au sans grade : il était vraiment unique.

On ressent puissamment l'influence de l'univers et de la vision de Simenon, ce qui est évidemment un compliment ... :)
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onvaalapub
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par onvaalapub »

jacques 2 a écrit :Vu ce soir : ton texte est parfait ... :wink:

Le film nous a beaucoup émus notamment parce qu'il a le bon goût de ne pas en faire trop et de ne pas verser dans le larmoyant et le mélodramatique ...

Le Gabin de ces années là était décidément mon préféré : il incarnait à lui seul avec puissance et vérité la condition de la classe ouvrière. Il donnait du charisme à l'anonyme et au sans grade : il était vraiment unique.

On ressent puissamment l'influence de l'univers et de la vision de Simenon, ce qui est évidemment un compliment ... :)
Fan inconditionnel de Gabin, je n'ai pas du tout accroché à ce film :oops: . Pour moi c'est justement beaucoup trop larmoyant et mélodramatique : elle est pauvre, il est malheureux, ils se rencontrent, ils sont heureux mais surtout pas longtemps et après on plonge dans le glauque... Gabin et Arnoul sont très bons mais ce scénario est vraiment too much, enfin je trouve. Voici le temps des assassins, tourné la même année, c'est quand même aute chose...
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par Jeremy Fox »

Des Gens sans importance est le film de Verneuil qui m'a le plus touché.
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par blaisdell »

En général, c'est le film que les détracteurs de Verneuil sauvent dans sa filmographie.
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par Profondo Rosso »

Pourtant en dehors des grosses machines il a dès les années 50 de vraies réussites dans le registre plus intimiste avec celui-ci mais aussi le très beau Les Amants du Tage qu'il réalise la même année. Et même ses films friqués (en exluant les archis connus Clan des Siciliens ou Mélodie en sous-sol le second bien meilleur) ont une vraie ambition, Weekend à Zuydcoote c'est vraiment un des plus grands films de guerre français, Mille Milliards de dollar c'est carrément en avance sur son temps dans le message et la vision du monde. Il y a bien du gros divertissement facile (mais efficace) mais c'est loin d'être le faiseur où on l'a limité. Après il y a des trucs un peu honteux sur la fin (Les Morfalous argh) mais on lui doit quelque classiques. Et merci pour le texte Jacques :wink:
Dernière modification par Profondo Rosso le 31 janv. 13, 01:21, modifié 1 fois.
blaisdell
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par blaisdell »

Profondo Rosso a écrit :Pourtant en dehors des grosses machines il a dès les années 50 de vraies réussites dans le registre plus intimiste avec celui-ci mais aussi le très beau Les Amants du Tage qu'il réalise la même année. Et même ses films friqués (en exluant les archis connus Clan des Siciliens ou Mélodie en sous-sol le second bien meilleur) recèle ont une vraie ambition, Weekend à Zuydcoote c'est vraiment un des plus grands films de guerre français, Mille Milliards de dollar c'est carrément en avance sur son temps dans le message et la vision du monde. Il y a bien du gros divertissement facile (mais efficace) mais c'est loin d'être le faiseur où on l'a limité. Après il y a des trucs un peu honteux sur la fin (Les Morfalous argh) mais on lui doit quelque classiques. Et merci pour le texte Jacques :wink:
A titre personnel, je suis en parfait accord avec ces arguments qui rejoignent les miens (page 1 du topic).

Je ferai une petite réserve sur ses films à partir de 1969: il réunit souvent tout ce qu'il faut: sujet, acteurs, musiques de Morricone, morceaux de bravoure parfaits (la poursuite centrale de Peur sur la ville), et même satyre dans Le corps de mon ennemi, I comme Icare- peut-être l'un des films les plus ambitieux jamais produits en France- Mille milliards de dollars, ce dernier donnant presque l'impression d'avoir été tourné hier.
Mais ces films sont plombées par des maladresses ou des imperfections (notamment dans I comme Icare) et on est frustré car on passe souvent pas loin du grand film.
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