Ann Harding (1902-1981)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ann Harding
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The Conquerors (Les conquérants, 1932) de William A. Wellman avec Ann Harding, Richard Dix, Edna May Oliver et Guy Kibbee

Peu après la Guerre de Sécession, Caroline Ogden (A. Harding) quitte New York avec son jeune époux Roger Standish (R. Dix) pour l'ouest et y faire leurs vies...

En 1932, David O. Selznick est producteur exécutif au sein de la RKO. Il trouve que les réalisateurs maison ne sont pas vraiment à la hauteur. Il emprunte donc à la Warner William Wellman et lui confit The Conquerors avec la star numéro 1 du studio Ann Harding. Le scénario rappelle le grand succès de la RKO de 1931 Cimarron de Wesley Ruggles avec déjà Richard Dix. Malheureusement, le résultat final n'est pas vraiment à la hauteur. A vouloir brasser des décennies et couvrir une bonne partie de l'histoire américaine, le fil de l'intrigue devient extrêmement ténu. Le génial monteur Slavko Vorkapich a été embauché pour réaliser des séquences de montage pour donner une liaison aux différents épisodes du film. Le nombre de ces séquences est d'ailleurs fort élevé et montre la virtuosité de Vorkapich qui dépeint le boum et le crash des actions qui ont affecté l'Amérique au cours de son histoire sous la forme d'une courbe qui monte telle une montagne qui semble atteindre le ciel avant de s'effondrer brutalement. Le couple de Richard Dix et Ann Harding sont deux 'pionniers' représentatifs de l'Amérique conquérante qui partent pour l'ouest et tenter leur chance. A leur arrivée, ils sont cueillis par un braquage général de la ville par une bande de hors-la-loi. La reconquête passe d'abord par le retour à l'ordre qui se fait brutalement par un lynchage et une série de pendaisons. Le développement de la banque de Dix va de pair avec le développement de la ville. Malgré la présence d'excellents seconds rôles comme la formidable Edna May Oliver et le chaleureux Guy Kibbee en médecin constamment éméché, le film reste une sorte de schéma rapide de la vie américaine de 1870 à 1929. Ann Harding et Richard Dix forment un couple très crédible, mais ils sont limités par un scénario schématique. Le film contient cependant quelques surprises comme cette séance d'images animées où la fille de Caroline emmène son jeune fils. On reconnaît soudain un film de Georges Méliès sur l'écran !
Dernière modification par Ann Harding le 14 juil. 12, 17:30, modifié 3 fois.
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Westward Passage (1932, Robert Milton) avec Ann Harding, Laurence Olivier, Zasu Pitts et Irving Pichel

Olivia (A. Harding) vient d'épouser un jeune écrivain Nick (L. Olivier). Nick n'a pas de fortune et il ne supporte pas la ville de famille qui interfère avec son travail d'écrivain...

Cette production RKO-Pathé de 1932 est centrée sur Ann Harding. On lui a sélectionné comme partenaire un jeune acteur anglais nommé Laurence Olivier. Ce dernier fait de son mieux pour habiter son personnage de jeune écrivain égocentrique face à une Ann Harding qui est déjà une professionnelle de l'écran. Il a tendance à surjouer dans ce rôle antipathique de jeune écrivain incapable de supporter sa nouvelle vie de famille. Il déteste les amis de femme, ne supporte pas que sa petite fille joue dans la salle de bain quand il se rase, et se comporte comme un malotru avec sa femme lorsqu'elle danse avec un autre homme que lui (bien qu'il ait dansé lui-même toute la soirée avec un grand nombre de femmes). Excédée Olivia va demander le divorce et se remarier avec un ami richissime (Irving Pichel). Son nouveau bonheur est à nouveau troublé par sa rencontre inopinée avec Nick. Le film ressemble à un long dialogue entre les deux acteurs; tous les autres personnages restent secondaires. Ils se disputent, flirtent et se réconcilient tout le long du film. Ils le font avec un grand professionnalisme, mais le scénario n'est pas à la hauteur du talent des protagonistes, pas plus que la mise en scène très plate de Robert Milton. Cette première incursion d'Olivier à Hollywood fut un échec. Il n'a pas réussi à percer en jeune premier romantique. Mais, il se souvint avec gratitude de l'aide précieuse que lui apporta Ann Harding sur le plateau de tournage.
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Gallant Lady (Femme d'honneur, 1933) de Gregory La Cava avec Ann Harding, Clive Brook, Otto Kruger et Tullio Carminati

Sally Windham (A. Harding) assiste à la mort de son fiancé, un pilote d'avion. Désespérée, elle erre dans un parc où elle rencontre Dan Pritchard (C. Brook) un ancien médecin qui va l'aider...

Ce mélo appartient à la liste des meilleurs films d'Ann Harding. Contrairement aux intrigues habituelles de mère ou femme sacrificielle, le scénario de ce film est nettement plus intéressant. Le film n'a pas été produit par le studio habituel d'Ann à cette époque-là, la RKO. Il s'agit d'un film 20th Century Pictures, une société de production qui vient tout juste d'être créée au sein de la United Artists. Le réalisateur est l'excellent Gregory La Cava qui va donner tout le relief voulu à cette histoire mélodramatique. Derrière la caméra, il a le génial Peverell Marley qui avait travaillé avec DeMille. C'est Ann Harding qui avait elle-même choisi le film et on comprend son intérêt. Elle y joue Sally Windham, une jeune femme qui se retrouve seule et enceinte suite à la mort de son fiancé. Elle est désespérée, mais ne peut se résoudre à retourner dans sa famille, étant déshonorée. Le destin lui fait rencontrer Dan Pritchard, un ancien médecin qui a fait de la prison et qui est devenu alcoolique. Il va la sortir de ce mauvais pas avec une abnégation totale. Il trouve un couple d'amis pour adopter l'enfant et lui trouve un emploi dans un magasin d'antiquités tenu par une amie. Sally retrouve le désir de vivre jusqu'à un voyage fatidique en Europe où elle va croiser son fils, maintenant âgé de 5 ans. Elle n'aura plus qu'une obsession : pouvoir redevenir pleinement sa mère, même si pour cela il lui faut s'attaquer à la future épouse du père adoptif, pour prendre sa place. Ce plan apparemment machiavélique se révèle plus difficile à réaliser qu'elle ne le pensait. Contrairement aux héroïnes de mélo de l'époque, Sally prend en charge sa destinée et n'est pas une créature passive. Elle est aussi aveugle en termes de sentiments. Elle ne réalisera jamais l'amour que Dan ressent pour elle. Le film contient d'ailleurs une des toutes meilleures prestations de Clive Brook. Cet acteur anglais paraît dans de nombreux films s'ennuyer mortellement. Mais, si on lui donne un personnage qui lui plaît, il peut donner des incarnations formidablement émouvantes comme dans Underworld (1927) de J. von Sternberg. Ici, en Dan, il est désabusé et pince sans rire. Il est capable d'une abnégation totale envers Sally. Mais, il joue tout cela avec son détachement habituel, sans fioritures exagérées. Lors d'une des scènes les plus émouvantes du film, il propose à Sally de l'épouser en lui faisant une déclaration sans emphase. Hélas, Sally n'a même pas réalisé, ni même entendu ce qu'il disait. Le film se termine sur une note gaie, même si finalement, nous savons que Sally et Dan sont passé à côté du bonheur. Un très bon La Cava et un excellent millésime dans la carrière de Ann Harding.
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Sybille
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Re: Ann Harding (1902-1981)

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The animal kingdom - Edward Griffith, 1932.

Avec son titre ironiquement prétentieux, ce film n'est hélas ni une comédie de moeurs sophistiquée, ni un drame psychologique émouvant, mais plutôt un espace sans vie, accusant beaucoup trop son grand âge. Difficile en effet de seulement s'intéresser à ces personnages, qui semblent souvent plus absent que présent, tout au long de ce qui est pourtant leur histoire. Le rythme est lent et les scènes s'enchaînent parfois mal, avec des ellipses de temps/situations un brin surprenantes.
Récit qui se voudrait tragique d'un mariage avorté, d'un homme partagé entre sa récente épouse et sa maîtresse abandonnée, "The animal kingdom irrite souvent, et par-là même en vient à retenir un minimum l'attention. Les relations de base entre les personnages sont clairement exposées, mais souffrent ensuite d'un sous-développement rédhibitoire. Le comportement toujours ô combien digne et posé, aristocratique, à peine un éclat de voix vite réprimé, de ces riches pantins des années 30 apparaît actuellement risible, étouffant, totalement inefficace. Il faut de plus supporter un personnage de "boxeur majordome" censément humoristique, mais qui en dit surtout long sur la place réservée à l'imagerie des domestiques dans ce qui est sinon une "affaire entre gens sérieux".
Les acteurs sont plutôt bons, bien adaptés au style et à l'époque du film. Leslie Howard m'intéresse peu (la dernière séquence où il prend un air et des paroles de séducteur :lol: au secours ! ) mais j'ai apprécié cette occasion d'approfondir les filmographies d'Ann Harding et Myrna Loy. Un film médiocre mais correctement mis en scène, à replacer indubitablement dans son contexte. 5,5/10
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