!!!!Spoilers!!!!
Un film étrange, comme il a déjà été dit ici, mais aussi fascinant... On s'attend à assister à une traque, une chasse, mais c'est à toute autre chose que nous convie Track of the Cat: car la "panthère noire" que poursuit Curt (Robert Mitchum) est d'abord sa Némésis, une créature fantasmée, le "démon" de l'Indien Joe Sam, qui n'a pas plus de réalité (à l'écran) que la panthère de la Féline de Tourneur.
Sans entrer dans les considérations zoologiques - plutôt que d'une panthère, il doit s'agir d'un puma - elle reste toujours hors champ; on n'entend que ses feulements, ses grognements, y compris dans la scène finale où le jeune Harold abat l'animal.
La panthère noire, cette "ombre", symbolise le non-dit, le trauma d'une famille Bridges, maintenue depuis des années sous la coupe de Curt, homme brutal, abusif et abuseur. Quelque part, il est la panthère, et elle causera sa perte ("Qu'est-ce qu'il fuyait?" demande Harold. "Lui-même", répond Joe Sam). Une fin tragique qui sera la rédemption de la famille Bridges - le père lâchera ses bouteilles de whisky, qu'il planque (ressort comique) dans tous les recoins de la maison. Surtout, Harold s'émancipera de son frère, de sa mère, devenant l'"homme" de la maison.
Ce Track of the Cat est donc avant tout un conte initiatique, emmené sur un drôle de faux rythme, et tendant presque à l'abstraction dans son écrin de paysages enneigés. Il échoue peut-être à donner suffisamment d'épaisseur au personnage de Curt (Mitchum est néanmoins irréprochable), et on a du coup du mal à croire à sa main-mise sur la fratrie. Mais ça reste un formidable exercice de style, comme le dit si bien notre Jeremy national!
