Juste avant de regarder le dernier épisode de la saison 01, voilà ce que j'écrivais :
Je suis presque au terme de la seconde saison. Je viens de voir le 02x08, peut-être le plus bel épisode de la série jusqu'à présent.Avant de regarder le dernier épisode de la saison, petit retour sur Wilfred…
Un suicide raté et un chien personnifié. Sans lien de cause à effet, le surréalisme de la situation n’est jamais expliqué. Non par crainte mais parce que le sujet ne se situe pas là. Ici, le chien, Wilfred, semble servir d’exutoire imaginaire (?) à Ryan, inadapté social qui tente de se racheter une conscience. Bien sûr, la série utilisera le potentiel comique de cette idée (dans une veine potache le plus souvent sous la ceinture), sorte de Didier inversé. Mais c’est le drame qui retient l’attention avant tout.
Cette étrange relation entre un homme et un chien. Pas de rapport fusionnel, un lien un peu pathétique qui tendra vers la sympathie et cette amitié abstraite. La personnification agit comme principe de confusion. Wilfred devient cette créature abstraite capable d’aliéner la réalité (01x11 : Doubt), d’indexer la vie de Ryan pour mieux le faire sortir de sa coquille, avec cet esprit pervers, manipulatoire et égoïste (le chien n’est pas à un paradoxe près).
Équilibre parfait dans la balance des émotions. Les échanges deviennent touchants et la distance provoquée par le costume (idée géniale) s’efface au profit d’une authentique tendresse. Le ton vibre sous les assauts d’une comédie vulgaire et grasse mais rien ne parvient à affecter l’alchimie sensible de ces deux êtres.
Wilfred en chef d’orchestre, Ryan mire du spectateur. Celui dont les épisodes creuseront les cicatrices. Où le chien devient agent de sa psychanalyse, dans un rapport dominant/dominé qui s’estompera progressivement. Le pilot débutait par son suicide manqué. Chaque épisode suivant marque une avancée vers une forme de résurrection. Illustration d’un état d’esprit à accepter, selon un chemin défini par mots clés (bonheur, confiance, peur, fierté, colère - voir titre des épisodes).
Quelque part, la série assume ce que Gravity aurait du être : Un traitement de la dépression avec autant d’ironie que de sincère compassion.
Je pourrai donner parfois l'impression de sortir cette phrase ad nauseam mais Wilfred fait, aujourd'hui, parti des meilleures séries. Elle possède une voix. Un ton qui n'appartient qu'à elle. C'est une série qui est très bien écrite, très bien jouée, très bien interprétée et qui couvre un champ émotif large (humour gras à émotion profonde, de la blague potache à un aspect très sombre). En plus de cela, elle est très belle à regarder.