Notez les films naphta : Juin 2012

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par Profondo Rosso »

Ma cousine Rachel de Henry Koster (1952)

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Lorsque son riche cousin Ambrose meurt dans des circonstances mystérieuses, Philip Ashley soupçonne sa nouvelle épouse, Rachel, de l'avoir empoisonné pour toucher sa fortune. Or le mobile du meurtre ne semble pas valable puisque c'est Philip qui hérite de son cousin. Philip, soupçonneux, cherche quand même à la démasquer mais lors de leur première rencontre il tombe immédiatement sous le charme de la veuve...

Henry Koster signe avec My Cousin Rachel l'adaptation d'un des plus fameux roman de la grande Daphné Du Maurier. On peut aisément situer le livre dans la tendance gothique et psychologique d'autres de ses fameux ouvrages comme Rebecca ou encore L'Auberge de la Jamaïque. My cousin Rachel se démarque pourtant quelque peu malgré des atmosphères très proches. Dans Rebecca comme dans L'Auberge de la Jamaïque, Du Maurier optait pour des points de vue féminin dans ces récits, et plus précisément des jeunes femmes innocentes dont l'arrivée dans un monde inconnu et peuplés de noirs secrets sous-entendait également une découverte de leur sexualité. Ma Cousine Rachel s'avérait fascinant par la capacité de Daphné Du Maurier à revisiter ses éléments par une narration à la première personne d'un héros masculin tout autant victime d'un éveil des sens nouveau. Le danger ne viendrait plus des mystères enfouit dans un lieu, mais chez l'autre à savoir la figure fascinante de cette cousine Rachel si ambigüe et insaisissable. La tonalité gothique et l'influence du cadre laissait donc place à une pure tension psychologique teintée d'amours contrariés, de calcul et de paranoïa. Autant d'élément à côté desquels passent en grande partie cette adaptation pourtant quasi littérale du livre.

Un des éléments fondamentaux du livre, c'est la méconnaissance totale des femmes de Philip (Richard Burton) élevé dans un univers masculin par son cousin Ambrose et totalement à la merci d'une séduction féminine sournoise. Dans le film, Richard Burton tente de rendre cela par son jeu nerveux et ses moues qui l’associent à un petit garçon capricieux face à l'expérience de Rachel (Olivia De Havilland). Malheureusement le script ne souligne pas assez cet aspect et si l’on n’a pas lu le livre on pense plus à un coup de foudre plus commun. Olivia De Havilland par sa mine bienveillante ne révélant que subrepticement au détour d'un regard l'ambition est formidable de dualité et forme un couple captivant avec Burton, le feu et la glace. Malheureusement la mise en scène d'une rare platitude de Koster atténue progressivement l'intérêt. Comme déjà dit, appuyer sur l'atmosphère gothique n'était pas primordial mais pourquoi pas (le Jane Eyre de Stevenson qui renforçait cette touche y gagnait grandement) sauf que là hormis quelques joli cadrages et idées visuelle intéressantes (le fondu enchaîné de Rachel et Philip malade et cloué au lit avec la mer illustrant son emprise sur lui) la comparaison avec l'autrement plus immersif Rebecca d'Hitchcock est cruelle. La psychologie est tout aussi décevante puisque la relative linéarité du récit était transcendée par le doute et la paranoïa constante amenée par le dialogue intérieur de Philip rongé par ses émotions contradictoires. Il y a bien une voix-off très présente ici mais il est impossible de reproduire tel quel les sensations du livre. Du coup il aurait sans doute valu malmener un peu plus la construction du livre (à la Hitchcock toujours qui dynamitait l'intrigue de L'Auberge de la Jamaïque plus palpitante à l'écran que sur papier pour le coup) pour dynamiser la narration alors que là la fidélité à la virgule rend le tout attendu et prévisible sans les apports que l'écrit pouvait ajouter.

Plusieurs scènes tombent totalement à plat que ce soit par un surlignage inutile (le portrait d'Ambrose derrière Philip lors de la première entrevue avec Rachel), la dimension sexuelle totalement ratée (aucun sentiment de montée en puissance du désir pendant tout ce qui précédera le premier baiser qui tombe comme un cheveux sur la soupe) et les grands élans dramatiques sont plombés par le manque de talent de Koster en particulier le final si marquant sur papier et quelconque ici. Seule l'introduction est plutôt réussie avec ce long mystère planant autour de Rachel avant sa première apparition où Olivia de Havilland est assez fascinante tout de noir vêtue. Avis un peu sévère, ça se laisse néanmoins regarder mais on ne peut qu'être déçu du résultat avec pareil matière. Une nouvelle adaptation serait la bienvenue. 2,5/6
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magobei
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par magobei »

The Sting (George Roy Hill, 1973

Mise en scène élégante, reconstitution léchée du Chicago des 30s, charismatique duo d'acteurs - Newman et Redford, qui dit mieux?

Pourtant, je n'ai pas trouvé ça très marquant. Ce qui fait l'intérêt de ce genre de film (ou des films de casse à la Ocean's Eleven), c'est l'ingéniosité de l'opération, sa mise en place, le spectateur étant maintenu dans une sorte de "brouillard de guerre", et découvrant donc l'arnaque en même temps que sa victime. Donc on se laisse prendre, mais une fois que le pot-aux-roses est révélé, on n'en garde pas grand chose.

Parce qu'il faut bien dire, quand même, que les personnages ne sont qu'esquissés, et que toute l'intrigue - une vague histoire de vengeance - manque de densité et d'intensité. Lisse très lisse.

6/10
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Jeremy Fox
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par Jeremy Fox »

magobei a écrit :The Sting (George Roy Hill, 1973

Mise en scène élégante, reconstitution léchée du Chicago des 30s, charismatique duo d'acteurs - Newman et Redford, qui dit mieux?

Pourtant, je n'ai pas trouvé ça très marquant. Ce qui fait l'intérêt de ce genre de film (ou des films de casse à la Ocean's Eleven), c'est l'ingéniosité de l'opération, sa mise en place, le spectateur étant maintenu dans une sorte de "brouillard de guerre", et découvrant donc l'arnaque en même temps que sa victime. Donc on se laisse prendre, mais une fois que le pot-aux-roses est révélé, on n'en garde pas grand chose.

Parce qu'il faut bien dire, quand même, que les personnages ne sont qu'esquissés, et que toute l'intrigue - une vague histoire de vengeance - manque de densité et d'intensité. Lisse très lisse.

6/10

J'ai à peu près le même ressenti ainsi que pour Butch Cassidy et le Kid d'ailleurs. Très classieux mais trop lisse, trop carré dans l'écriture pour me passionner plus avant. Ca manque singulièrement de chaleur et de passion. Loin d'être désagréable cependant.
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par riqueuniee »

Moi, je trouve le film très plaisant, et très réussi dans le genre film de pure distraction (effectivement, si on cherche de la profondeur, on sera déçu).
Malgré son titre français, ce n'est pas tout à fait un film d'arnaque comme on les conçoit habituellement (il n'y a en effet pas de surprises ou de retournements de situation, on se demande juste s'ils réussiront).
Il se rapprocherait , en effet, dans l'idée, de Ocean's Eleven (version Soderbergh) : monter une opération (qu'on nous décrit dans le détail) pour se venger .
Avec comme autres points communs la mise en scène élégante, et une distribution très classieuse.
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Rick Blaine
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
magobei a écrit :The Sting (George Roy Hill, 1973

Mise en scène élégante, reconstitution léchée du Chicago des 30s, charismatique duo d'acteurs - Newman et Redford, qui dit mieux?

Pourtant, je n'ai pas trouvé ça très marquant. Ce qui fait l'intérêt de ce genre de film (ou des films de casse à la Ocean's Eleven), c'est l'ingéniosité de l'opération, sa mise en place, le spectateur étant maintenu dans une sorte de "brouillard de guerre", et découvrant donc l'arnaque en même temps que sa victime. Donc on se laisse prendre, mais une fois que le pot-aux-roses est révélé, on n'en garde pas grand chose.

Parce qu'il faut bien dire, quand même, que les personnages ne sont qu'esquissés, et que toute l'intrigue - une vague histoire de vengeance - manque de densité et d'intensité. Lisse très lisse.

6/10

J'ai à peu près le même ressenti ainsi que pour Butch Cassidy et le Kid d'ailleurs. Très classieux mais trop lisse, trop carré dans l'écriture pour me passionner plus avant. Ca manque singulièrement de chaleur et de passion. Loin d'être désagréable cependant.
Autant je n'aime pas Butch Cassidy et le Kid, ni esthétiquement, ni pour son histoire, ni pour ses personnages, autant j'avais beaucoup aimé L'Arnaque. C'est visuellement très réussi, je trouve l'histoire prenante et fort rythmée, l'interprétation géniale, bref, un super divertissement. Mais je suis très client du genre casse/arnaque, ceci explique peut-être cela.
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par magobei »

riqueuniee a écrit :Moi, je trouve le film très plaisant, et très réussi dans le genre film de pure distraction
C'est très plaisant en effet. Mais pas très passionnant, ai-je trouvé.
riqueuniee a écrit :Malgré son titre français, ce n'est pas tout à fait un film d'arnaque comme on les conçoit habituellement (il n'y a en effet pas de surprises ou de retournements de situation, on se demande juste s'ils réussiront).
Il y a quand même un bon gros twist final, non?
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par Flol »

Gentlemen Prefer Blondes (Howard Hawks)

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Quelqu'un pourrait-il m'expliquer la grandeur de ce film, s'il-vous-plait ?
Parce que dans le genre "classiques que je n'avais pas encore vus, et au final...ben bof quoi" (réaction plus communément appelée "Demilunite aigüe"), ce film de Howard Hawks se pose là.
J'y ai vu des péripéties dignes d'un mauvais théâtre de boulevard, des marivaudages pas très intéressants et totalement éculés, et des dialogues pas très drôles (hormis 2-3 répliques), alors que c'est justement ce que j'en attendais : des dialogues brillants. Sauf que non, rien de tout ça. :|
Et puis surtout, confirmation que j'ai un gros problème : Marilyn Monroe.
Je ne supporte pas ses minauderies, ses effets de voix, sa manière d'écarquiller les yeux en permanence et sa bouche en cul de poule. Et puis bon, elle joue mal quoi. Il n'y a guère que chez Wilder et bien sûr chez Huston que je la trouve bonne (hum...). Finalement, seul son fameux numéro de "Diamonds are a Girl's Best Friend" m'a un peu réveillé.
D'autant plus qu'à côté de la bouillonnante Jane Russell, elle fait vraiment pâle figure et est à peu près 300 fois moins sexy qu'elle.
D'ailleurs, je viens de lire qu'apparemment, Hawks n'en voulait pas et aurait aimé qu'elle soit remplacée. Inutile de dire que ça ne m'étonne pas du tout...
Enfin, un petit mot sur le titre du film, que je trouve tout simplement mensonger : je ne sais pas si je suis un "gentleman", mais personnellement, je préfère la brune.

5/10
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par monk »

Ratatouille a écrit :Gentlemen Prefer Blondes (Howard Hawks)
Quelqu'un pourrait-il m'expliquer la grandeur de ce film, s'il-vous-plait ?
Pas moi en tout cas. Ca avait une grosse déception, trouvant le film vulgaire et excessif, mysogine même. Pourtant je sais apprécier Marylin Monroe, mais certainement pas dans ce genre de...truc.
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par Flol »

monk a écrit :
Ratatouille a écrit :Gentlemen Prefer Blondes (Howard Hawks)
Quelqu'un pourrait-il m'expliquer la grandeur de ce film, s'il-vous-plait ?
Pas moi en tout cas.
Bon apparemment, vu le peu de réactions jusqu'à présent, tu n'es pas le seul à ne pas pouvoir me l'expliquer. :lol:
monk a écrit :Ca avait une grosse déception, trouvant le film vulgaire et excessif, mysogine même. Pourtant je sais apprécier Marylin Monroe, mais certainement pas dans ce genre de...truc.
En fait, quand j'étais plus jeune, je confondais toujours ce film avec Some Like It Hot. Maintenant que j'ai vu les 2, je peux clairement dire que l'un est LARGEMENT supérieur à l'autre...
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par AtCloseRange »

Ratatouille a écrit :Et puis surtout, confirmation que j'ai un gros problème : Marilyn Monroe.
Je ne supporte pas ses minauderies, ses effets de voix, sa manière d'écarquiller les yeux en permanence et sa bouche en cul de poule. Et puis bon, elle joue mal quoi.
Bah voilà, le mythe Marilyn, je passe aussi tout à fait à côté (à part les exemples que tu cites - le Huston, Certains l'Aiment Chaud).
Si le Huston prouve qu'elle aurait pu être une très bonne actrice, elle n'a pas eu le temps de le confirmer.

Quant au film, souvenir plutôt bon (des numéros musicaux notamment) mais vraiment très lointain.
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Père Jules
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par Père Jules »

C'est pas Hawks qui disait: "elle joue comme ma grand-mère, mais personne n'irait voir ma grand-mère au cinéma" ?
bruce randylan
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par bruce randylan »

Ratatouille a écrit :
monk a écrit :
Pas moi en tout cas.
Bon apparemment, vu le peu de réactions jusqu'à présent, tu n'es pas le seul à ne pas pouvoir me l'expliquer. :lol:
Oui, et faudra pas compter sur moi non plus.

Quant à Marilyn dans ce film, dans mon lointain souvenir, elle m'avait aussi laissé perplexe. Alors que Jane Russell... Mais n'étant pas Gentleman, je préfère les brunes.
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par monk »

Nightfall de Jacques Tourneur

Nightfall est vraiment un film noir très pur, avec son héros qui était juste au mauvais moment au mauvais endroit, qui voit sa vie changer profondément et qui doit se battre pour s'en sortir. On sent très bien ici que James (très bon Aldo Ray) supporte mal la situation. Anne Bancroft campe une sorte de madame tout le monde, mannequin, mais petit mannequin, pour une fois.
Le film a un traitement très réaliste, avec une bonne histoire, où l'aventure n'est pas exotique. C'est très sec et tendu, et/mais réserve de beaux moments (très très belle introduction, et touchant voyage dans le bus).
Un peu moins spontanément conquis comme je l'ai été pour Le rodeur par exemple, trouvant qu'ici les choses allaient un peu vite pour le coup. Mais c'est une belle perle qui nous ait encore une fois offerte sur un plateau d'argent (très belle copie).
Je garde !
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Message par Kevin95 »

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La Guerre des espions (Masahiro Shinoda) Image

C'est un peu par hasard que je suis tombé sur ce film de sabre dont je ne connaissais ni le titre (qui fait un peu penser aux productions Shaw Bros.) ni le metteur en scène. Et bien fort heureusement, car totale fut ma surprise et énorme fut mon enthousiasme devant ce film à l'intrigue très complexe mais à la réalisation stupéfiante de beauté et de maitrise.
Comme tout film d'espionnage qui se respecte (du moins selon sa définition occidentale) La Guerre des espions multiplie les informations, les fausses pistes et ses inévitables coups de théâtre autours d'un Japon médiéval aux allures Shakespearien. Le film se déroule durant une guerre froide opposant deux clans ennemis et où les tensions se traduisent par la mise en service d'espions, ninjas et autres traitres au milieu duquel évolue le personnage principal, un samouraï un peu paumé. L'intrigue est assez dure à suivre, les noms défilent sans que l'on puisse mettre un visage dessus et les coups de théâtre se comprennent environ cinq minutes après qu'ils aient eu lieu. Un scénario difficilement compréhensible mais fort heureusement, la mise en scène de Masahiro Shinoda est suffisamment virtuose pour surélever le film. Le réalisateur et son sens graphique indéniable, avec une photo très contrastée mais superbe, use de ralentis, de ruptures de ton, de décadrages, le tout sans jamais engraisser son film d'effets gratuits. C'est simple, La Guerre des espions offre des plans ou des séquences hallucinantes comme un combat filmé via les tribulations d'un enfant un peu demeuré ou encore un jeu avec la profondeur de champs pour filmer dans un même cadre deux actions bien distinctes : un affrontement au sabre et une cavalcade à cheval.
Visuellement bluffant, La Guerre des espions est donc une petite perle du cinéma de sabre japonais (qui en compte beaucoup), quand à moi je vais de ce pas explorer la filmo de Masahiro Shinoda.

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Between Midnight and Dawn (Gordon Douglas) Image

Petite série B ayant comme ambition (et ce posée dès le générique) de traiter des subalternes de la police, à savoir (selon la voix off) des patrouilleurs de nuit, Between Midnight and Dawn s'il ne répond pas totalement à cette problématique, n'en est pas moins un divertissement tout sauf deshonorable offert par un artisan du genre, Gordon Douglas.
Le film se divise en deux parties, la première (la plus documentaire) traite du quotidien tout sauf banal de ces flics de patrouille au grand cœur, de leurs amourettes comme de leurs combats (ici mettre en taule un caïd local). Alors certes, on est loin du ton plus naturaliste et mélancolique de l'autre titre traitant du même sujet, The New Centurions de Richard Fleischer (sortit 22 ans plus tard), mais si l'on omet la romance un poil culcul, Douglas parvient parfaitement à rendre atmosphère du paysage urbain américain comme la tension qui règne lors de missions (le jeu avec la radio de police est assez brillant). La deuxième partie quand à elle, est une histoire policière plus classique avec ce flic obnubilé par la mort de son coéquipier et par son désir de vengeance. Edmond O'Brien joue l’ambiguïté malgré son jeu plus que limité et la scène finale (qui d’ailleurs m'a fait penser à celle de Peur sur la ville d'Henri Verneuil) est suffisamment chargée en suspense pour camoufler les quelques incohérences scénaristiques (le caïd recherché par toutes les polices se pointe peinard chez sa copine connue de tous, l’héroïne change de concubin comme de chemise).
Rapide (1h25) et bien foutue, Between Midnight and Dawn (le titre est quand même assez classe) est un bel ouvrage par un Gordon Douglas décidément aussi bon metteur en scène que peut l’être un Don Siegel par exemple.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Notez les films naphta : Juin 2012

Message par Watkinssien »

Ratatouille a écrit :Gentlemen Prefer Blondes (Howard Hawks)

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Quelqu'un pourrait-il m'expliquer la grandeur de ce film, s'il-vous-plait ?
Parce que dans le genre "classiques que je n'avais pas encore vus, et au final...ben bof quoi" (réaction plus communément appelée "Demilunite aigüe"), ce film de Howard Hawks se pose là.

Je voudrais bien répondre à cette question dans l'absolu, mais en rapport à la suite de ton avis, je me dis que cela ne servirait à rien...

:wink:
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Mother, I miss you :(
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