L'Esquive (Abdellatif Kechiche - 2003)
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- David O. Selznick
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L'Esquive (Abdellatif Kechiche - 2003)
L'Esquive est le deuxième film d'Abdellatif Kechiche, après La Faute à Voltaire sorti il y a déjà deux ans. Dans L'Esquive, Kechiche prend à contrepied la représentation habituelle de la Cité puisqu'il nous la présente à travers ses habitants quand la télévision et la grande tradition du "film de banlieue" prennent le parti de nous dépeindre ces derniers qu'à travers le prisme de la Cité. Pour ce faire, Abdellatif Kechiche nous compte une histoire d'adolescents, simple, déjà vue. L'Esquive, c'est celle de Krimo et Lydia. Krimo est timide, il veut sortir avec Lydia qui ne sait trop quoi faire de ce prétendant tandis qui va jusqu'à la retrouver dans ce qui occupe ses après-midi désoeuvrés, les répétitions du Jeu de l'Amour et du Hasard de Marivaux que sa classe présentera sur scène. Ici, point d'histoire de tournantes, de deal, de dérives de la banlieue. Kechiche met de côté le decorum et filme, capte ce jeu amoureux vieux comme le monde qui excite les esprits de tout le petit microcosme qui gravite autour de Lydia et Krimo, copains, copines, parents à l'arrière plan. Tandis que les temperaments ne cessent de s'entrechoquer, sa camera saisit les echanges verbaux, dans leur violence et leur âpreté apparentes, mais aussi dans leur drôlerie, dans la sensibilité qu'ils cachent. On est à mille lieux des clichés et des poncifs sur le monde des cités, ce qui est ici dépeint transcende le décor affligeant qui améne par exemple Krimo à se réfugier dans des rêves de voiliers, d'îles, de tours du monde qu'il étaye au moyen des dessins d'esquifs que son père lui fait parvenir de prison. Il n'y a pourtant nul miserabilisme dans L'Esquive, juste la représentation d'adolescents (interprétés par des acteurs amateurs parmi lesquels se révèlent Sarah Forestier et Sabrina Ouazani dont le talent explose litteralement à l'écran) qui vivent dans un univers particulier, trop souvent caricaturé dans ses représentations habituels, des adolescents qui comme tous les autres s'ennuient, se cherchent, se frolent s'esquivent.
L'Esquive est donc une oeuvre à la fois drôle et touchante qui, sans concessions mais avec beaucoup de pudeur, renouvelle la représentation de la banlieue au cinéma en y posant un regard que l'on a envie de croire d'une grande justesse tant cette oeuvre a du charme. Un bijou.
5.5/6
L'Esquive est donc une oeuvre à la fois drôle et touchante qui, sans concessions mais avec beaucoup de pudeur, renouvelle la représentation de la banlieue au cinéma en y posant un regard que l'on a envie de croire d'une grande justesse tant cette oeuvre a du charme. Un bijou.
5.5/6
Dernière modification par Jeremy Fox le 28 mars 08, 10:53, modifié 1 fois.
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- David O. Selznick
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Oui. Mais c'est presque un point fort du film parce que l'esthetique documentarisante de l'image contribue à "contrer" la tendance " Des racines et des ailes, ce soir au coeur de la cité avec un sujet brulant : les tournantes de dealer qui rackettent les grand mères".Roy Neary a écrit :Tourné en DV, non ?

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Ayant bien apprécié Wesh Wesh (avec qqes réserves), mais surtout La faute à Voltaire du même d'Abdellatif Kechiche, je ne vais pas manquer ce film.Requiem a écrit :J'espere sincerement qu'il te plaira et que tu l'apprécieras comme j'ai pu le faire, il en vaut vraiment la peine !Vic Vega a écrit :Rayon film de cité tourné avec un style et des conditions série B, j'avais beaucoup aimé Wesh Wesh. J'irai donc aussi voir celui-là.
Trois films qui n'ont rien à voir mais aussi alléchants que le Farrely, le Coppola et le Kechiche en un même mercredi, ça commence sur les chapeaux de roue

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et ouTybalt a écrit :mention spéciale au slogan du film sans doute la tagline la plus ridicule que j'ai vu depuis un long moment !
sur l'affiche que j'ai sous les yeux nada (juste une image, le nom des acteurs)
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C'est exactement ce que je voulais dire !Tybalt a écrit :mention spéciale au slogan du film sans doute la tagline la plus ridicule que j'ai vu depuis un long moment !

J'ai vu ces affiches dans le métro, et je me suis carrément arrêté devant, scotché que j'étais par cette tagline ridicule et pleine de "faux jeunisme" (du style "yo zyva, sur la vie ma reum !?"...alors que plus aucun jeune ne parle comme ça depuis 1984 au moins

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Effectivement, ça ne fait pas forcément honneur au film.Tybalt a écrit :2s concentration pour rechercher au fin fond de ma mémoire la splendeur de cette tagline inscrite en heut de la deuxième affiche (les affiches sont 2 par 2 dans le métro)
ah oui !
"-Comment il la kiffe mortelle, c'te bouffonne !"
-Ouais, il fait même du théatre, un truc de ouf!"
(sic)
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ridicule

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je confirme ce que viens de dire Requiem c un petit bijou !
j'ai été le voir ce matin et ça me fait pensé à ETRE ET AVOIR version banlieue bien sur
c'est un peu comme le contre journal (qui alignent les clichés)
Les critiques de toutes part (cf allocine) sont d'ailleurs tous conquis par le film.
j'ai été le voir ce matin et ça me fait pensé à ETRE ET AVOIR version banlieue bien sur

c'est un peu comme le contre journal (qui alignent les clichés)
Les critiques de toutes part (cf allocine) sont d'ailleurs tous conquis par le film.
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Enfin vu. J'ai bien aimé le dispositif du film avec les rapprochements Marivaux/vie dans la cité qu'il induit, le fait que le film parle des rapports hommes/femmes en banlieue sans manichéisme (bien sûr le machisme y est dénoncé mais la complicité de certaines filles dans le maintien en l'état de la situation aussi), la drôlerie de certains moments, le fait que sur la fin le film devienne vraiment émouvant, le verbe parfois haut des personnages. Ce que j'ai moins aimé: la grande pauvreté de la mise en scène dans un style caméra à l'épaule passe partout mis à part quelques coups de zooms ou plans où elle se substitue au regard des personnages, le fait que ça soit parfois démonstratif et le fait que le film soit un peu trop long. Même si ces deux derniers points sont un peu compensés par la présence des acteurs. 7/10



