Mr Ripley, de René Clément à Anthony Minghella
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Juste vu en DVD Ripley's Game (Liliana Cavani - 2002).
Le film est tiré du même roman de Patricia Highsmith ("Ripley s'amuse") que L'Ami Américain de Wenders. C'est leur seul point commun. La rencontre Cavani-Highsmith, deux reines de la subversion, cela s'imposait et ici ça marche très bien. John Malkovich (extraordinaire dans ce rôle, son physique inquiétant se prête complètement au personnage) est un Ripley sur le retour qui aime toujours autant l'art et la manipulation et qui n'a toujours aucun sens moral. Le film a du être réalisé avec un budget limité mais compense par l'excellence des comédiens et les décors naturels (entre autres une villa palladienne et la fin, de toute beauté) formidablement bien photographiés. Il y a quelques invraisemblances dans le scénario (les tueurs retrouvent trop facilement ceux qu'ils recherchent) mais ça n'enlève presque rien à la réussite du film. Il y a aussi beaucoup d'humour, d'abord dans les répliques cyniques à souhait de Malkovich et ensuite dans certaines scènes à la limite du burlesque (notamment une qui se passe dans les toilettes d'un train et une autre avec des pièges à loup). Bref, Ripley's Game mérite vraiment une redécouverte (est-il même sorti en salles ?) parce qu'il est avant tout très "fun" : pour une histoire qui parle de psychopathie, de meurtre et de leucémie, c'est quand même assez fort. Et Ripley est toujours un personnage de fiction sans aucun équivalent. J'ai beaucoup aimé ce film.
Le film est tiré du même roman de Patricia Highsmith ("Ripley s'amuse") que L'Ami Américain de Wenders. C'est leur seul point commun. La rencontre Cavani-Highsmith, deux reines de la subversion, cela s'imposait et ici ça marche très bien. John Malkovich (extraordinaire dans ce rôle, son physique inquiétant se prête complètement au personnage) est un Ripley sur le retour qui aime toujours autant l'art et la manipulation et qui n'a toujours aucun sens moral. Le film a du être réalisé avec un budget limité mais compense par l'excellence des comédiens et les décors naturels (entre autres une villa palladienne et la fin, de toute beauté) formidablement bien photographiés. Il y a quelques invraisemblances dans le scénario (les tueurs retrouvent trop facilement ceux qu'ils recherchent) mais ça n'enlève presque rien à la réussite du film. Il y a aussi beaucoup d'humour, d'abord dans les répliques cyniques à souhait de Malkovich et ensuite dans certaines scènes à la limite du burlesque (notamment une qui se passe dans les toilettes d'un train et une autre avec des pièges à loup). Bref, Ripley's Game mérite vraiment une redécouverte (est-il même sorti en salles ?) parce qu'il est avant tout très "fun" : pour une histoire qui parle de psychopathie, de meurtre et de leucémie, c'est quand même assez fort. Et Ripley est toujours un personnage de fiction sans aucun équivalent. J'ai beaucoup aimé ce film.
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un film effectivement plutôt réussi et que j'ai découvert récemment...bizarre qu'il ne soit pas sorti en salles!Tom Peeping a écrit :Juste vu en DVD Ripley's Game (Liliana Cavani - 2002).
Le film est tiré du même roman de Patricia Highsmith ("Ripley s'amuse") que L'Ami Américain de Wenders. C'est leur seul point commun. La rencontre Cavani-Highsmith, deux reines de la subversion, cela s'imposait et ici ça marche très bien. John Malkovich (extraordinaire dans ce rôle, son physique inquiétant se prête complètement au personnage) est un Ripley sur le retour qui aime toujours autant l'art et la manipulation et qui n'a toujours aucun sens moral. Le film a du être réalisé avec un budget limité mais compense par l'excellence des comédiens et les décors naturels (entre autres une villa palladienne et la fin, de toute beauté) formidablement bien photographiés. Il y a quelques invraisemblances dans le scénario (les tueurs retrouvent trop facilement ceux qu'ils recherchent) mais ça n'enlève presque rien à la réussite du film. Il y a aussi beaucoup d'humour, d'abord dans les répliques cyniques à souhait de Malkovich et ensuite dans certaines scènes à la limite du burlesque (notamment une qui se passe dans les toilettes d'un train et une autre avec des pièges à loup). Bref, Ripley's Game mérite vraiment une redécouverte (est-il même sorti en salles ?) parce qu'il est avant tout très "fun" : pour une histoire qui parle de psychopathie, de meurtre et de leucémie, c'est quand même assez fort. Et Ripley est toujours un personnage de fiction sans aucun équivalent. J'ai beaucoup aimé ce film.


Malkovich est très bon,tout comme Dougray Scott et Chiara


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Re: Mr Ripley, de René Clément à Anthony Minghella









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Re: Mr Ripley, de René Clément à Anthony Minghella
J'ai terminé récemment le livre d'entretien du très grand monteur Walter Murch avec l'écrivain Michael Ondaatje. Murch est surtout connu pour le montage de quelques très grands Coppola. Mais il a aussi monté Le patient anglais et ce Ripley. Il revient très longuement sur les films qu'il a monté pour Minghella.Demi-Lune a écrit :Je ne connais de Minghella que son Talentueux Mr. Ripley. Minghella est un cinéaste qui est souvent mésestimé, mais si je me réfère à ce film précis, je trouve le jugement sévère. En effet, son Ripley est à mes yeux une très belle réussite

Je n'avais vu que La patient anglais lors de sa sortie mais, après cette lecture, je me suis dit qu'il faudrait que je revois ces deux films. Murch est un très grand bonhomme et s'il trouve ces deux films très réussis, c'est qu'ils le sont

"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

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Re: Mr Ripley, de René Clément à Anthony Minghella
Walter Murch s'est fait plaisir sur le générique d'ouverture de ce film. Les images se fractionnent en bandelettes qui nous font passer au plan suivant. Ce design rappelle un peu le Saul Bass période Hitchcock. Le reste du film est bien monté, mais ce n'est pas un travail aussi immédiatement impressionnant qu'un Apocalypse Now, par exemple. C'est vrai que quand on parle de Murch, on pense souvent à ses extraordinaires bandes sonores et montages pour Coppola/Lucas, mais on oublie ses autres contributions (Minghella, ou des films comme L'Insoutenable légèreté de l'être, K-19 ou Ghost). Il a apparemment tourné un film : Return to Oz. Je serais curieux de voir à quoi ça ressemble.
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Re:
Martin Scorsese s'enthousiasme aussi pour le film:Tom Peeping a écrit :Juste vu en DVD Ripley's Game (Liliana Cavani - 2002).
Le film est tiré du même roman de Patricia Highsmith ("Ripley s'amuse") que L'Ami Américain de Wenders. C'est leur seul point commun. La rencontre Cavani-Highsmith, deux reines de la subversion, cela s'imposait et ici ça marche très bien. John Malkovich (extraordinaire dans ce rôle, son physique inquiétant se prête complètement au personnage) est un Ripley sur le retour qui aime toujours autant l'art et la manipulation et qui n'a toujours aucun sens moral. Le film a du être réalisé avec un budget limité mais compense par l'excellence des comédiens et les décors naturels (entre autres une villa palladienne et la fin, de toute beauté) formidablement bien photographiés. Il y a quelques invraisemblances dans le scénario (les tueurs retrouvent trop facilement ceux qu'ils recherchent) mais ça n'enlève presque rien à la réussite du film. Il y a aussi beaucoup d'humour, d'abord dans les répliques cyniques à souhait de Malkovich et ensuite dans certaines scènes à la limite du burlesque (notamment une qui se passe dans les toilettes d'un train et une autre avec des pièges à loup). Bref, Ripley's Game mérite vraiment une redécouverte (est-il même sorti en salles ?) parce qu'il est avant tout très "fun" : pour une histoire qui parle de psychopathie, de meurtre et de leucémie, c'est quand même assez fort. Et Ripley est toujours un personnage de fiction sans aucun équivalent. J'ai beaucoup aimé ce film.
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Re: Mr Ripley, de René Clément à Anthony Minghella
Moi, je reste classique, mon film préféré est Plein Soleil de René Clément. 


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Re: Mr Ripley, de René Clément à Anthony Minghella
En fait, pour avoir vu le Minghella hier soir, le mix idéal serait Le talentueux Mr Ripley, avec le casting de Plein soleil !
Plus sérieusement, je n'avais pas de grands souvenirs du René Clément (à part les deux interprétations saisissantes de Delon et Ronet), mais je trouve le film de Minghella très bien fichu, plus proche du roman (et avec une fin magnifique à base de miroirs). Dommage que la patte "Miramax" y soit aussi forte, car le casting est entièrement issu des précédents films du studio (avec des plans clairement opportunistes, comme les fesses de Jude Law et Madd Damon), et ça se ressent dans l'unité de jeu (tout le monde n'est pas au niveau, en particulier Paltrow), ce à quoi je préfère Plein Soleil pour ce côté-là.
Mais Le talentueux Mr Ripley reste une belle réussite.

Plus sérieusement, je n'avais pas de grands souvenirs du René Clément (à part les deux interprétations saisissantes de Delon et Ronet), mais je trouve le film de Minghella très bien fichu, plus proche du roman (et avec une fin magnifique à base de miroirs). Dommage que la patte "Miramax" y soit aussi forte, car le casting est entièrement issu des précédents films du studio (avec des plans clairement opportunistes, comme les fesses de Jude Law et Madd Damon), et ça se ressent dans l'unité de jeu (tout le monde n'est pas au niveau, en particulier Paltrow), ce à quoi je préfère Plein Soleil pour ce côté-là.
Mais Le talentueux Mr Ripley reste une belle réussite.
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Re: Mr Ripley, de René Clément à Anthony Minghella
Plein soleil
René Clément tire profit d'un décor pour renforcer la sensation d'une torpeur étouffante, qui contamine chaque personnage et précipite une menace. La beauté froide et transparente d'Alain Delon fait merveille, son regard dessinant un voile opaque dès lors qu'il poursuit sa fuite en avant. Ronet est aussi très convaincant tant il semble jouer en permanence, perdu dans une transe et une excitation inaccessibles. Entre les deux hommes, l'ampleur d'un miroir déformant crée la sensation d'une dépossession, que la mise en scène cerne avec habileté.
On peut tout de même regretter des seconds rôles manquant de présence, à l'image de Marie Laforêt à l'interprétation trop scolaire et maniérée. Et si René Clément cherche une intensité expressive, le résultat est inégal dans la durée car figé tel un exercice de style, jusqu'à un final en demie-teinte qui laisse une certaine frustration.
René Clément tire profit d'un décor pour renforcer la sensation d'une torpeur étouffante, qui contamine chaque personnage et précipite une menace. La beauté froide et transparente d'Alain Delon fait merveille, son regard dessinant un voile opaque dès lors qu'il poursuit sa fuite en avant. Ronet est aussi très convaincant tant il semble jouer en permanence, perdu dans une transe et une excitation inaccessibles. Entre les deux hommes, l'ampleur d'un miroir déformant crée la sensation d'une dépossession, que la mise en scène cerne avec habileté.
On peut tout de même regretter des seconds rôles manquant de présence, à l'image de Marie Laforêt à l'interprétation trop scolaire et maniérée. Et si René Clément cherche une intensité expressive, le résultat est inégal dans la durée car figé tel un exercice de style, jusqu'à un final en demie-teinte qui laisse une certaine frustration.

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Re: Mr Ripley, de René Clément à Anthony Minghella
Plein soleil (René Clément - 1960)
Je vais aussi recopier ça en partie naphta tiens...
Contre une somme de 5 000 dollars, Tom Ripley est chargé par un milliardaire américain, M. Greenleaf, de ramener à San Francisco son fils Philippe qui passe de trop longues vacances en Italie auprès de sa maîtresse Marge. Tom entre dans l’intimité du couple et devient l’homme à tout faire de Philippe qui le fait participer à toutes ses aventures sans cesser de le mépriser à cause de la trop évidente différence de classe qui les sépare. C’est alors que Tom tue Philippe et usurpe son identité....
Depuis le temps que je voulais le voir, le film n'a pas démérité son statut de film assurément culte qui n'a pas vraiment pris une ride au bout du compte. Mieux, certains partis-pris ont finalement bien traversés le temps et assurent au film un revisionnage toujours plaisant après toutes ces décennies. Ainsi de la violence du film, brute, rapide, sans concession, restant dans le ton semi-documentaire de René Clément (encore un cinéaste de "la qualité française" à redécouvrir au plus vite). On ne s'attarde pas par exemple sur l'acte quand il n'est pas tout bonnement éclipsé par la mise en scène (un corps qui s'effondre symbolisé en un plan par un sac de courses qui tombe avec des légumes qui roulent sans que rien ne vienne arrêter leur course, une idée toute Bressonnienne), mais plutôt sur les conséquences et tout ce que ça va engendrer dans le parcours météoritique du jeune Tom Ripley.
Car, et c'est là le plus intéressant et passionnant, le film, adapté du Talentueux Mr.Ripley de Patricia Highsmith, se concentre sur le personnage principal joué par Alain Delon et comment ce dernier va vivre sa nouvelle identité après s'être débarassé de celui à qui elle appartenait. Rapidement l'engrenage va montrer ses rouages, la mécanique va lentement prendre le sable. Et le spectateur de s'inquiéter pour ce criminel terriblement malin et pourtant bien humain dans ses rares approximations, les petits détails qui font toute la différence. Jusqu'à ce que le piège commence à lentement se refermer... Apparemment le film de Clément semble très fidèle au livre d'Highsmith comme ça a été remarqué plus tôt. Lui et son scénariste Paul Gégauff respectent donc la matière première en se permettant de modifier néanmoins la fin afin de respecter la morale, tout en nous prenant dans un dernier coup de bluff inattendu. Il semble que la nouvelle version par Anthony Minghella en 1999 dont Demi-Lune parle juste au dessus soit toute aussi bonne et passionnante d'ailleurs.
Soutenu par l'excellente mise en scène de Clément, une histoire passionnante et une musique à plusieurs tons de Nino Rota, le film est surtout l'occasion de voir un trio fabuleux tout au diapason de l'oeuvre. Si Maurice Ronet n'a plus rien à prouver alors, on ne peut qu'être agréablement surpris par une Marie Laforêt certes débutante et parfois approximative mais dont le personnage toujours tendu marche assez bien (pour moi en tout cas). Et puis surtout, il y a un jeune Alain Delon qui débute et s'impose d'emblée comme un immense acteur (disons jusqu'à la fin des années 70...). Félin (c'est aussi le titre d'un film de René Clément au pluriel où l'acteur refera coucou. Et ce ne sera pas la dernière fois puisqu'il jouera en tout dans 4 films du cinéaste), réfléchi, sensuel, charismatique en diable, l'acteur bouffe d'emblée la pellicule. A l'époque il s'agit de son 6ème film mais c'est après ce dernier qu'il est véritablement lancé. Dans les années qui suivent on le trouvera aussi bien chez Visconti, qu'Antonioni, Verneuil, Melville ou Alain Cavalier....
Très grand film.
5/6
Je vais aussi recopier ça en partie naphta tiens...

Depuis le temps que je voulais le voir, le film n'a pas démérité son statut de film assurément culte qui n'a pas vraiment pris une ride au bout du compte. Mieux, certains partis-pris ont finalement bien traversés le temps et assurent au film un revisionnage toujours plaisant après toutes ces décennies. Ainsi de la violence du film, brute, rapide, sans concession, restant dans le ton semi-documentaire de René Clément (encore un cinéaste de "la qualité française" à redécouvrir au plus vite). On ne s'attarde pas par exemple sur l'acte quand il n'est pas tout bonnement éclipsé par la mise en scène (un corps qui s'effondre symbolisé en un plan par un sac de courses qui tombe avec des légumes qui roulent sans que rien ne vienne arrêter leur course, une idée toute Bressonnienne), mais plutôt sur les conséquences et tout ce que ça va engendrer dans le parcours météoritique du jeune Tom Ripley.


Car, et c'est là le plus intéressant et passionnant, le film, adapté du Talentueux Mr.Ripley de Patricia Highsmith, se concentre sur le personnage principal joué par Alain Delon et comment ce dernier va vivre sa nouvelle identité après s'être débarassé de celui à qui elle appartenait. Rapidement l'engrenage va montrer ses rouages, la mécanique va lentement prendre le sable. Et le spectateur de s'inquiéter pour ce criminel terriblement malin et pourtant bien humain dans ses rares approximations, les petits détails qui font toute la différence. Jusqu'à ce que le piège commence à lentement se refermer... Apparemment le film de Clément semble très fidèle au livre d'Highsmith comme ça a été remarqué plus tôt. Lui et son scénariste Paul Gégauff respectent donc la matière première en se permettant de modifier néanmoins la fin afin de respecter la morale, tout en nous prenant dans un dernier coup de bluff inattendu. Il semble que la nouvelle version par Anthony Minghella en 1999 dont Demi-Lune parle juste au dessus soit toute aussi bonne et passionnante d'ailleurs.


Soutenu par l'excellente mise en scène de Clément, une histoire passionnante et une musique à plusieurs tons de Nino Rota, le film est surtout l'occasion de voir un trio fabuleux tout au diapason de l'oeuvre. Si Maurice Ronet n'a plus rien à prouver alors, on ne peut qu'être agréablement surpris par une Marie Laforêt certes débutante et parfois approximative mais dont le personnage toujours tendu marche assez bien (pour moi en tout cas). Et puis surtout, il y a un jeune Alain Delon qui débute et s'impose d'emblée comme un immense acteur (disons jusqu'à la fin des années 70...). Félin (c'est aussi le titre d'un film de René Clément au pluriel où l'acteur refera coucou. Et ce ne sera pas la dernière fois puisqu'il jouera en tout dans 4 films du cinéaste), réfléchi, sensuel, charismatique en diable, l'acteur bouffe d'emblée la pellicule. A l'époque il s'agit de son 6ème film mais c'est après ce dernier qu'il est véritablement lancé. Dans les années qui suivent on le trouvera aussi bien chez Visconti, qu'Antonioni, Verneuil, Melville ou Alain Cavalier....
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Re: Mr Ripley, de René Clément à Anthony Minghella

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Plein soleil
Décidément! J'ai pour René Clément de plus en plus les yeux de Chimène. J'avais vu et apprécié ce film il y a une dizaine d'années et la revoyure m'a procuré autant si ce n'est davantage de plaisir.
C'est en premier lieu la très bonne tenue du dvd qui me permet de siroter la superbe photo d'Henri Decaë. A ce propos, le travail créatif, tout en couleur, en modernité "pop" de Maurice Binder sur le générique est en parfaite symbiose. L'esthétique que mettent en place Clément et Decaë s'appuie sur une grande richesse chromatique. Elle est assurée par les lumières de la Méditerranée, les couleurs de l'Italie, ainsi que par une science du cadre subtile, souvent très proche des comédiens, scrutant la vérité derrière le masque de leurs regards, ou bien en créant des compositions très linéaires, picturales qui intensifient l'action ou lui donnent une sorte de hauteur, visuellement élégante. Dans la forme, ce film réserve bien des surprises, de très beaux plans qui montrent l'intelligence du metteur en scène et du chef opérateur.
Mais la coquille n'est pas vide, loin de là. Cette histoire illustre à merveille le cercle vicieux de la perversion. Qui est victime? Difficile d'y répondre, tant les personnages recèlent une humanité bien noire, bien pourrie. Entre Philippe Greenleaf (Maurice Ronet) et Tom Ripley (Alain Delon) quel est celui que l'on doit désigner comme le plus ignoble? La course est rude pour qui n'investit pas un discours marxiste à tout bout de champ. Entre le milliardaire né une cuillère d'argent dans la bouche et l'arriviste prêt à tout pour avoir la belle vie, mon cœur balance.
Les deux jeunes acteurs sont excellents, l'un dans la cruauté, dans l'acide cynique, l'autre dans la fausseté et cette espèce d'amertume qui le consume de manière sourde mais terriblement inéluctable. Entre ces deux hommes, une étrange relation est nouée dès le départ par un passé mystérieux. Il est tentant de glisser vers de la psychologie de comptoir et d'y déceler une homosexualité latente, mais je penche plus volontiers pour quelque rapport sado-masochiste, simple relation torturée. Ici il est bien question de perversion. Comment Philippe prend son pied à humilier Tom, lequel subit en attendant secrètement son heure pour trouver sa récompense?
Le monde que décrit le film avec sévérité, mais sans non plus y imposer une vision démesurément moralisatrice, est un univers bien réel, peut-être même un peu moins dégénéré que dans la réalité. Cet univers décadent ressemble à s'y méprendre à l'image que l'on peut se faire de ce qu'on appelle aujourd'hui la "jet set".
Alors forcément, le film dénonce la futilité de ces personnages avec une certaine violence. A plus d'un titre "Plein soleil" peut être considéré comme un conte moral. Cependant, il y a quelque parfum de soufre qui curieusement n'a rien de répulsif, mais bien au contraire de fascinant. Est-ce que la beauté visuelle du film cachant la laideur des personnages finit par étouffer le dégoût, par susciter cette attractivité étrange? Probablement.
La musique de Nino Rota, avec tout ce qu'elle trimballe chez le cinéphile lambda, effectue elle aussi son petit travail de sape et parvient à noyer le poisson. Italienne, savoureuse, elle enrobe le film de sonorités exquises, enjôleuses pour tout dire.
C'est là tout le film : il use de tous ses charmes pour décrire une expérience humaines des plus morbides finalement. Très belle pièce que ce "plein soleil" et qui ne peut pas déplaire. Je ne vois pas bien sous quel angle l'on pourrait l'attaquer de façon rédhibitoire.
- Demi-Lune
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Re: Mr Ripley, de René Clément à Anthony Minghella
Après avoir découvert Plein soleil, je peux désormais dire que le remake de Minghella me paraît supérieur sur tous les points. Attention, Plein soleil est loin de démériter, c'est un bon film qui a ses propres qualités, mais Le talentueux Mr Ripley est en définitive bien plus vénéneux et troublant en plus d'être psychologiquement plus probant.
Dans le film de Clément, je trouve que le conflit entre Ripley et Greenleaf reste assez superficiel, car les motivations de Ripley s'enchaînent brusquement sur le bateau au risque de rendre le personnage indéchiffrable, entre opportunisme machiavélique et impulsivité de la rancœur. Certes, c'est là que réside en partie la fascination que dégage le Ripley de Delon (le personnage reste une véritable énigme), mais son rapport à Greenleaf devient du coup boiteux. Dans le film de Minghella, Ripley est un type dont le seul talent est de savoir contrefaire les autres : son identité se définit dans une absence d'identité, justement, et le processus d'identification à Greenleaf (beau, séducteur, charismatique, vivant la grande vie) le renvoie à sa propre médiocrité. Le Ripley du remake est plus épais en termes de caractérisation car Minghella s'attache justement à développer toutes les prémices du drame, la fascination naïve puis malsaine de Tom envers Greenleaf, qui incarne tout ce qu'il n'est pas. Or dans Plein soleil, il n'y a pas de différence suffisamment forte entre Delon et Ronet, de domination tacite par le physique ou la prestance. Jude Law écrase Matt Damon, là où Delon rayonne d'un magnétisme animal peu en phase avec l'écrasement de Tom par Greenleaf. Du coup, leur amitié trouble est beaucoup plus riche chez Minghella car on partage le déchirement de Tom pour un "modèle" qu'il idolâtre, auquel il crève d'envie de ressembler, et qui le blesse dans ses inconstances. C'est un personnage falot, mais très empathique.
D'aucuns trouveront que le film perd en mystère en développant autant la psychologie de Ripley/Greenleaf, mais pour moi c'est ce qui fait justement sa force car on dépasse le simple thriller pour tendre vers quelque chose de plus authentique, de plus incarné, de plus implacable : la scène de la barque dans le film de Minghella est plus terrible que l'ensemble du film de Clément car on se sent tout aussi trahi que Tom, qui n'est pas un mauvais bougre. En outre, le personnage de Marge n'est pas oublié, c'est un véritable triangle dramatique, ce qui n'est pas spécialement le cas dans le Clément. Le Ripley de Delon est intéressant, mais pas autant que celui de Damon car le jeu de ce dernier est beaucoup plus expressif, fiévreux, donnant la mesure de l'écartèlement du personnage entre son ambition et ses impasses. Le personnage reste constamment intéressant, ce qui n'est pas toujours le cas du Ripley de Delon qui n'évolue pas.
De la même manière, Gwyneth Paltrow et Philip Seymour Hoffmann campent une Marge et un Freddie plus approfondis que leurs prédécesseurs de 1960. Marie Laforêt n'est guère convaincante, son jeu apathique ne servant pas la cohérence du récit.
La seconde partie du Talentueux Mr Ripley charge peut-être parfois la mule dans toutes les mises en échec de Ripley, mais je la préfère là encore à celle de Plein soleil, pas très passionnante et qui souffre donc du fait que le Ripley de Delon n'évolue guère. Par ailleurs, c'est là que l'introduction du personnage de Cate Blanchett et de Jack Davenport dans le remake fait sens, ces derniers, en plus d'apporter de nouvelles situations à suspense, permettant surtout au personnage de Tom d'exprimer toutes ses contradictions. Psychologiquement, là encore c'est plus intéressant. Enfin, la fin de Plein soleil est très réussie mais celle du Talentueux Mr Ripley est encore plus forte parce qu'elle laisse le personnage dans son abîme de noirceur et de solitude.
Dans le film de Clément, je trouve que le conflit entre Ripley et Greenleaf reste assez superficiel, car les motivations de Ripley s'enchaînent brusquement sur le bateau au risque de rendre le personnage indéchiffrable, entre opportunisme machiavélique et impulsivité de la rancœur. Certes, c'est là que réside en partie la fascination que dégage le Ripley de Delon (le personnage reste une véritable énigme), mais son rapport à Greenleaf devient du coup boiteux. Dans le film de Minghella, Ripley est un type dont le seul talent est de savoir contrefaire les autres : son identité se définit dans une absence d'identité, justement, et le processus d'identification à Greenleaf (beau, séducteur, charismatique, vivant la grande vie) le renvoie à sa propre médiocrité. Le Ripley du remake est plus épais en termes de caractérisation car Minghella s'attache justement à développer toutes les prémices du drame, la fascination naïve puis malsaine de Tom envers Greenleaf, qui incarne tout ce qu'il n'est pas. Or dans Plein soleil, il n'y a pas de différence suffisamment forte entre Delon et Ronet, de domination tacite par le physique ou la prestance. Jude Law écrase Matt Damon, là où Delon rayonne d'un magnétisme animal peu en phase avec l'écrasement de Tom par Greenleaf. Du coup, leur amitié trouble est beaucoup plus riche chez Minghella car on partage le déchirement de Tom pour un "modèle" qu'il idolâtre, auquel il crève d'envie de ressembler, et qui le blesse dans ses inconstances. C'est un personnage falot, mais très empathique.
D'aucuns trouveront que le film perd en mystère en développant autant la psychologie de Ripley/Greenleaf, mais pour moi c'est ce qui fait justement sa force car on dépasse le simple thriller pour tendre vers quelque chose de plus authentique, de plus incarné, de plus implacable : la scène de la barque dans le film de Minghella est plus terrible que l'ensemble du film de Clément car on se sent tout aussi trahi que Tom, qui n'est pas un mauvais bougre. En outre, le personnage de Marge n'est pas oublié, c'est un véritable triangle dramatique, ce qui n'est pas spécialement le cas dans le Clément. Le Ripley de Delon est intéressant, mais pas autant que celui de Damon car le jeu de ce dernier est beaucoup plus expressif, fiévreux, donnant la mesure de l'écartèlement du personnage entre son ambition et ses impasses. Le personnage reste constamment intéressant, ce qui n'est pas toujours le cas du Ripley de Delon qui n'évolue pas.
De la même manière, Gwyneth Paltrow et Philip Seymour Hoffmann campent une Marge et un Freddie plus approfondis que leurs prédécesseurs de 1960. Marie Laforêt n'est guère convaincante, son jeu apathique ne servant pas la cohérence du récit.
La seconde partie du Talentueux Mr Ripley charge peut-être parfois la mule dans toutes les mises en échec de Ripley, mais je la préfère là encore à celle de Plein soleil, pas très passionnante et qui souffre donc du fait que le Ripley de Delon n'évolue guère. Par ailleurs, c'est là que l'introduction du personnage de Cate Blanchett et de Jack Davenport dans le remake fait sens, ces derniers, en plus d'apporter de nouvelles situations à suspense, permettant surtout au personnage de Tom d'exprimer toutes ses contradictions. Psychologiquement, là encore c'est plus intéressant. Enfin, la fin de Plein soleil est très réussie mais celle du Talentueux Mr Ripley est encore plus forte parce qu'elle laisse le personnage dans son abîme de noirceur et de solitude.
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Re:
Je rentre dans ce même cas de figure. Et pour le Minghella je rajouterais la beauté de la mise en scène et de l'ambiance musicale. Une très belle surprise qui me donne du coup envie de retenter Retour à Cold Mountain et Le patient anglaisTom Peeping a écrit :J'aime énormément The Talented M. Ripley, script, photo et intreprétation exceptionnels.
Je n'aime pas du tout Plein Soleil (ni presque rien de René Clément d'ailleurs à part Jeux Interdits)
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