
Commençant tranquillement à lire du Poe, je me suis permis de lancer le visionnage de ce double assassinat dans la rue morgue qui traînait sur mon disque dur depuis un moment. Etant de notoriété publique que Poe n’a jamais été véritablement adapté fidèlement, je n’ai guère été surpris des libertés prises avec le récit. Pourtant avec sa durée atteignant tout juste l’heure, l’intrigue aurait pu se conformer sans trop de difficulté avec celle de la nouvelle. Plus donc de déconstruction autour d’un crime inexplicable mais un film d’horreur au déroulement plus classique. Dans la présentation lors de sa dernière diffusion au cinéma de minuit, Patrick Brion se contente de remettre le film dans son contexte de glorieuse création horrifique. En ce sens, le film de Robert Florey est bien un produit de son époque. Jetant aux oubliettes l’investigation autour d’un atypique tueur, le long-métrage préfère développer le personnage du propriétaire du gorille. Le simple quidam irresponsable devient ainsi vil scientifique qui payera cher ses monstrueuses expériences. Un choix discutable mais que je ne critique pas outre mesure. Dans le registre pris en compte, le film tient la route bien servie par sa mise en scène efficace et surtout la magnifique photographie de Karl Freund. Dans son essence, l’adaptation respecte même les thèmes de Poe avec son rapport entre l’homme et l’animal. Il y a beaucoup de bonnes idées en ce sens que ce soit l’introduction dans la fête foraine ou la manière savoureusement absurde dont sont décrites les institutions. Peu fidèle dans son emballage donc mais demeurant éminemment sympathique.