Bertrand Tavernier (1941-2021)
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Re: Bertrand Tavernier
Découvert ce matin "la vie et rien d'autre"
Rappel du "pitch" :
"1920, deux ans après la fin de la Première Guerre mondiale, le commandant Dellaplane (Philippe Noiret) est chargé de recenser les soldats disparus. Il rencontrera sur son chemin deux femmes :
* Irène, une dame du monde exigeante (Sabine Azéma) arrivant dans sa limousine cherchant son mari disparu,
* Alice, une jeune femme (Pascale Vignal) cherchant son amoureux.
Pour raisons de déontologie, il s'oppose à sa hiérarchie lorsqu'elle lui ordonne de procéder à la recherche de la dépouille du poilu qui sera le soldat inconnu sous l'Arc de triomphe. Bien que troublé par le charme froid d'Irène qui n'arrête pas de croiser sa route, il poursuit sa tâche et va bientôt comprendre pourquoi Alice et elle, après un long parcours à la recherche de leurs hommes, vont se retrouver près d'un tunnel effondré où est enterré un train sanitaire disparu. La vérité va bientôt lui apparaitre, étrange et dure comme la vie, comme la guerre."
Un film magnifique sur un sujet "tabou" et jamais traité auparavant au cinéma : la beauté du film est finalement qu'il ne cesse jamais de nous parler de la vie - voire à l'exalter - en traitant un sujet centré en apparence à la mort.
Ce film n'a pas dû plaire plus à la France officielle et militaire que "les sentiers de la gloire" de Kubrick ...
Noiret et Azéma mérite des superlatifs et la réalisation idem ...
A mon sens, un des sommets de Tavernier.
Rappel du "pitch" :
"1920, deux ans après la fin de la Première Guerre mondiale, le commandant Dellaplane (Philippe Noiret) est chargé de recenser les soldats disparus. Il rencontrera sur son chemin deux femmes :
* Irène, une dame du monde exigeante (Sabine Azéma) arrivant dans sa limousine cherchant son mari disparu,
* Alice, une jeune femme (Pascale Vignal) cherchant son amoureux.
Pour raisons de déontologie, il s'oppose à sa hiérarchie lorsqu'elle lui ordonne de procéder à la recherche de la dépouille du poilu qui sera le soldat inconnu sous l'Arc de triomphe. Bien que troublé par le charme froid d'Irène qui n'arrête pas de croiser sa route, il poursuit sa tâche et va bientôt comprendre pourquoi Alice et elle, après un long parcours à la recherche de leurs hommes, vont se retrouver près d'un tunnel effondré où est enterré un train sanitaire disparu. La vérité va bientôt lui apparaitre, étrange et dure comme la vie, comme la guerre."
Un film magnifique sur un sujet "tabou" et jamais traité auparavant au cinéma : la beauté du film est finalement qu'il ne cesse jamais de nous parler de la vie - voire à l'exalter - en traitant un sujet centré en apparence à la mort.
Ce film n'a pas dû plaire plus à la France officielle et militaire que "les sentiers de la gloire" de Kubrick ...
Noiret et Azéma mérite des superlatifs et la réalisation idem ...
A mon sens, un des sommets de Tavernier.
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Re: Bertrand Tavernier
Une belle surprise découverte un peu tard (mais heureusement pas trop ) car j'étais sûr que France Culture n'archivait pas ses "Nuits". Eh ben, si ! Ils font une exception pour leurs "Nuits rêvées..." alors jetez-vous sur celle du 04/09 dernier consacrée à Tavernier. 5h30 de documents d'archives où vous entendrez ce grand passeur raconter sa passion radiophonique pour (et entendrez tout court) Melville, Les maîtres du mystère, Billie Holiday, Maurice Biraud, Alberto Cavalcanti...
http://www.franceculture.com/emission-l ... 09-04.html
PS : Avis à la populaschtroumf des amateurs de BD, la prochaine émission qui aura lieu cette nuit du samedi au dimanche sera entièrement dédiée à Mr Marcel Gotlib ! You know what, I'm happy.
Si l'un de vous parvient à le chopper en entier et le partager, il sera le phoenix des hôtes de ces bois.
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Re: Bertrand Tavernier
Revu ce soir "la fille de D'artagnan" via Arte ...
Malheureusement aussi (plus) mauvais que dans mon souvenir ...
Je regrette de l'écrire surtout à propos de Tavernier et de Noiret mais ...
Cela se veut drôle, enlevé et épique mais c'est surtout plat, pathétique et sans grâce : filmé sans imagination (le cinémascope aurait été de mise ...), laideur de la photographie, cabotinage vraiment outrancier d'acteurs en roue libre (entre autres exemples : Rich, un habitué du genre), gags qui tombent à plat et répétés jusqu'à plus soif (le bandeau d'Athos-Bidaut), ...
Triste, triste ...
Y avait il un pilote dans cet avion ?
Sophie Marceau y est vraiment très belle et c'est vraiment tout ce que je trouve à en dire de bien ...
Malheureusement aussi (plus) mauvais que dans mon souvenir ...
Je regrette de l'écrire surtout à propos de Tavernier et de Noiret mais ...
Cela se veut drôle, enlevé et épique mais c'est surtout plat, pathétique et sans grâce : filmé sans imagination (le cinémascope aurait été de mise ...), laideur de la photographie, cabotinage vraiment outrancier d'acteurs en roue libre (entre autres exemples : Rich, un habitué du genre), gags qui tombent à plat et répétés jusqu'à plus soif (le bandeau d'Athos-Bidaut), ...
Triste, triste ...
Y avait il un pilote dans cet avion ?
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Re: Bertrand Tavernier
Moi je l'ai revu avec plaisir même si le film n'était pas aussi plaisant que dans mon souvenir. J'ai bien aimé tout l'humour et les duels, c'était enlevé et léger, pour ma part les gags ont bien fonctionné, Mazarin est excellent de drolerie... dommage qu'il y ait un ventre mou assez important au milieu du film selon moi mais j'ai pas regretté la révision
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Re: Bertrand Tavernier
L'Horloger de Saint-Paul (1974)
Michel Descombes (Philippe Noiret) est horloger dans le quartier de Saint-Paul à Lyon. Un matin, deux policiers se présentent à son atelier et le questionnent sur son fils, sans vouloir lui dire ce qui est arrivé. Il est immédiatement accompagné hors de Lyon sur le lieu où sa camionnette a été retrouvée, vide. Là, le commissaire Guilboud (Jean Rochefort) lui apprend que son fils a tué un homme ...
Premier film de Bertrand Tavernier, L'Horloger de Saint-Paul les bases de plusieurs éléments fondamentaux de son œuvre à venir. On retrouve notamment cette faculté à s'approprier un matériau en déplaçant le cadre qui fera la réussite de Coup de torchon, adaptation de Jim Thompson transposée en Afrique. Ici Tavernier s'attaque au roman L'horloger d'Everton de Georges Simenon où l'intrigue passe des Etats-Unis à Lyon. Lors de la gestion de longue haleine (quatorze mois d'écriture ponctués du refus d'une foule de producteur), Tavernier ira chercher le duo de scénariste Aurenche/Bost dont il admire la souplesse et la discrétion de l'écriture dans leur grande période des années 40/50. Ils semblent tout appropriés pour ce drame intimiste qui lance une amitié commune et une fructueuse collaboration qui donnera Que la fête commence, Le Juge et L'Assassin, Coup de Torchon et Tavernier rendra même un bel hommage à Aurenche avec son superbe Laissez-passer.
L'Horloger de Saint-Paul mêle la sensibilité intimiste de Tavernier avec une certaine dimension engagée qu'on peut trouver dans nombres de ses œuvres (Ça commence aujourd'hui, L 627...) avec notamment lors de la joviale scène d'ouverture un personnage qui sur le ton de la plaisanterie dépeint un programme télévisé qui est tout simplement celui du futur La Mort en direct (1980). Michel Descombes, horloger à l'existence tranquille voit sa vie bouleversée lorsqu'il lui est annoncé que son fils a tué un homme et est en cavale. Dès lors débute une longue introspection de ce père qui au fil des révélations va découvrir que son fils est finalement un étranger pour lui. Parallèlement à cela Tavernier offre une sorte de photographie sobre de cette France des 70's, celle d'avant 81 où règne clivage politique et souvenir des temps difficiles où les choix étaient plus "simples". Les discrètes allusions au passé résistant de Noiret, les méthodes et le discours ambigu des syndicats et la nostalgie militaire dessinent un arrière-plan agité où s'intègre le drame humain. Le crime se trouve politisé par discours déformé des journalistes, mais aussi par les autorités lorsqu'interviendra la sentence de jugement finale.
Plus que la résolution ou la révélation de la nature du meurtre, c'est surtout le mystère de ce lien brisé entre le père et le fils qui importe. Ce sera tout d'abord durant une longue première partie où la solitude de Noiret le place face à lui-même et ses doutes tandis que les échanges avec et étrange avec le commissaire joué par Jean Rochefort donne un ton sensible et décalé à l'ensemble. La même incertitude plane lorsque père et fils ne peuvent échanger sur les faits et ce n'est qu'au prix d'un curieux sacrifice que le lien sera renoué. On renonçant à se battre pour son fils et en respectant son mutisme, Noiret le retrouve finalement dans une conclusion des plus singulière, apaisée et terrible à la fois. Tavernier se montre très inspiré pour traduire tout cela visuellement, par une mise en scène sobre où en faisant de cette ville de Lyon un personnage à part entière où se perd Noiret dans ses déambulations solitaires. On pourra néanmoins reprocher malgré la réussite un certain manque de nerf dans la narration se reposant trop sur le magnétisme de son interprète. Récompensé du Prix Louis-Delluc et Prix du Jury à Berlin, L'Horloger de Saint-Paul lance définitivement la carrière d'un Tavernier qui pourra enfin mettre sa cinéphile au service de ses propres films. 4/6
Michel Descombes (Philippe Noiret) est horloger dans le quartier de Saint-Paul à Lyon. Un matin, deux policiers se présentent à son atelier et le questionnent sur son fils, sans vouloir lui dire ce qui est arrivé. Il est immédiatement accompagné hors de Lyon sur le lieu où sa camionnette a été retrouvée, vide. Là, le commissaire Guilboud (Jean Rochefort) lui apprend que son fils a tué un homme ...
Premier film de Bertrand Tavernier, L'Horloger de Saint-Paul les bases de plusieurs éléments fondamentaux de son œuvre à venir. On retrouve notamment cette faculté à s'approprier un matériau en déplaçant le cadre qui fera la réussite de Coup de torchon, adaptation de Jim Thompson transposée en Afrique. Ici Tavernier s'attaque au roman L'horloger d'Everton de Georges Simenon où l'intrigue passe des Etats-Unis à Lyon. Lors de la gestion de longue haleine (quatorze mois d'écriture ponctués du refus d'une foule de producteur), Tavernier ira chercher le duo de scénariste Aurenche/Bost dont il admire la souplesse et la discrétion de l'écriture dans leur grande période des années 40/50. Ils semblent tout appropriés pour ce drame intimiste qui lance une amitié commune et une fructueuse collaboration qui donnera Que la fête commence, Le Juge et L'Assassin, Coup de Torchon et Tavernier rendra même un bel hommage à Aurenche avec son superbe Laissez-passer.
L'Horloger de Saint-Paul mêle la sensibilité intimiste de Tavernier avec une certaine dimension engagée qu'on peut trouver dans nombres de ses œuvres (Ça commence aujourd'hui, L 627...) avec notamment lors de la joviale scène d'ouverture un personnage qui sur le ton de la plaisanterie dépeint un programme télévisé qui est tout simplement celui du futur La Mort en direct (1980). Michel Descombes, horloger à l'existence tranquille voit sa vie bouleversée lorsqu'il lui est annoncé que son fils a tué un homme et est en cavale. Dès lors débute une longue introspection de ce père qui au fil des révélations va découvrir que son fils est finalement un étranger pour lui. Parallèlement à cela Tavernier offre une sorte de photographie sobre de cette France des 70's, celle d'avant 81 où règne clivage politique et souvenir des temps difficiles où les choix étaient plus "simples". Les discrètes allusions au passé résistant de Noiret, les méthodes et le discours ambigu des syndicats et la nostalgie militaire dessinent un arrière-plan agité où s'intègre le drame humain. Le crime se trouve politisé par discours déformé des journalistes, mais aussi par les autorités lorsqu'interviendra la sentence de jugement finale.
Plus que la résolution ou la révélation de la nature du meurtre, c'est surtout le mystère de ce lien brisé entre le père et le fils qui importe. Ce sera tout d'abord durant une longue première partie où la solitude de Noiret le place face à lui-même et ses doutes tandis que les échanges avec et étrange avec le commissaire joué par Jean Rochefort donne un ton sensible et décalé à l'ensemble. La même incertitude plane lorsque père et fils ne peuvent échanger sur les faits et ce n'est qu'au prix d'un curieux sacrifice que le lien sera renoué. On renonçant à se battre pour son fils et en respectant son mutisme, Noiret le retrouve finalement dans une conclusion des plus singulière, apaisée et terrible à la fois. Tavernier se montre très inspiré pour traduire tout cela visuellement, par une mise en scène sobre où en faisant de cette ville de Lyon un personnage à part entière où se perd Noiret dans ses déambulations solitaires. On pourra néanmoins reprocher malgré la réussite un certain manque de nerf dans la narration se reposant trop sur le magnétisme de son interprète. Récompensé du Prix Louis-Delluc et Prix du Jury à Berlin, L'Horloger de Saint-Paul lance définitivement la carrière d'un Tavernier qui pourra enfin mettre sa cinéphile au service de ses propres films. 4/6
- Jeremy Fox
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Re: Bertrand Tavernier
Aujourd'hui, critique du documentaire qu'il a coréalisé avec Robert Parrish, Mississippi Blues. Le DVD
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Re: Bertrand Tavernier
Et qui constitue son plus beau documentaire (parmi ceux que j'ai vus) avec La guerre sans nom!
Un film à la fois utile pour appréhender Autour de minuit (le film le plus important sur cette musique avec Bird) et In the electric mist ( appréhension du Sud, de ses hommes, de sa musique, de son atmosphère).
L'idée généreuse d'une co réalisation avec Parrish évoque sur un mode vivant, dynamique, léger le travail de Wenders avec N Ray sur Nick's movie (pour le coup assez déprimant même si superbe!).
Un film à la fois utile pour appréhender Autour de minuit (le film le plus important sur cette musique avec Bird) et In the electric mist ( appréhension du Sud, de ses hommes, de sa musique, de son atmosphère).
L'idée généreuse d'une co réalisation avec Parrish évoque sur un mode vivant, dynamique, léger le travail de Wenders avec N Ray sur Nick's movie (pour le coup assez déprimant même si superbe!).
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Re: Bertrand Tavernier
Dites, les z'aminches... c'est quoi le problème avec La passion Béatrice ?
Je veux dire : pourquoi n'y a-t-il toujours pas de DVD ?
Je veux dire : pourquoi n'y a-t-il toujours pas de DVD ?
Dernière modification par Commissaire Juve le 28 mars 12, 22:28, modifié 1 fois.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Bertrand Tavernier
Soyons précis commissaire... Il s'agit plus précisément de "La passion Béatrice".
"La passion de Béatrice", c'est pas mal comme titre, mais ça a tout de suite un côté rohmérien
"La passion de Béatrice", c'est pas mal comme titre, mais ça a tout de suite un côté rohmérien
That's my steak, Valance...
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Re: Bertrand Tavernier
Je crois qu'il en a parlé récemment (sur son blog?), le projet est en chantier...Commissaire Juve a écrit :Dites, les z'aminches... c'est quoi le problème avec La passion de Béatrice ?
Je veux dire : pourquoi n'y a-t-il toujours pas de DVD ?
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Re: Bertrand Tavernier
Merci de vos réponses.
Bon sang, mais oui ! Honte à moi...EddieBartlett a écrit :Soyons précis commissaire... Il s'agit plus précisément de "La passion Béatrice".
"La passion de Béatrice", c'est pas mal comme titre, mais ça a tout de suite un côté rohmérien
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Re: Bertrand Tavernier
Un dimanche à la campagne (1984)
Eté 1912. Depuis la mort de sa femme, M. Ladmiral, un vieux peintre sans génie, vit seul avec Mercédès, sa domestique. La routine de ses vieux jours est ponctuée par les visites dominicales d'Edouard, son fils, un garçon rangé, épris d'ordre et de bienséance, qu'accompagnent invariablement son épouse, Marie-Thérèse et leurs trois enfants, Emile, Lucien et Mireille. Mais un dimanche, sans crier gare, Irène, sa fille, une jeune femme joviale et anticonformiste, vient bousculer ce paisible rituel...
Bertrand Tavernier réalisait une de ses œuvres les plus réussies et plébiscitées avec Un dimanche à la campagne dont la spontanéité découle également des circonstances de sa production. Ne parvenant pas à monter un projet onéreux de Tavernier avec Nathalie nécessitant un tournage à l'étranger, le producteur Alain Sarde lui demande de s'atteler à une œuvre plus modeste. Tavernier ne semble guère inspiré lors de l'entrevue quand Sarde remarque parmi ses affaires un exemplaire du court roman de Pierre Bost Monsieur Ladmiral va bientôt mourir. Le producteur dépité lui suggère d'adapter le roman, Tavernier lui rétorque qu'il est sans doute trop court pour faire un film mais s'attèlera néanmoins au script. Finalement très inspiré, il en tirera suffisamment de matière pour lancer la production modeste et bien aidée par l'unité de temps et de lieu de l'intrigue.
Le film est placé sous le signe de la nonchalance et de l'habitude. Le vieux peintre M. Ladmiral (Louis Ducreux) accueil comme tant d'autres dimanche son fils et sa famille passer la journée avec lui à la campagne. Le rituel suit son court, les échanges sont amicaux, quelconques et attendus et chacun fait preuve d'une bienveillance infantile envers le vieil homme. Les personnalités ternes du fils Edouard (Michel Aumont) et de son épouse Marie-Thérèse se révèle dans les dialogues où la voix off littéraire à la Truffaut de Tavernier lui-même. Dans cette atmosphère ronronnante, la langueur du début d'après-midi semble déjà signifier la fin de la journée quand un ouragan débarque. Irène (Sabine Azéma), exubérante et énergique fille cadette de Ladmiral vient bousculer tout cela. Tavernier déploie alors une gamme de sentiments touchants dans cette atmosphère joyeuse et feutrée où la saveur du moment accompagne aussi les interrogations de chacun. Irène éclatante de joie de vivre dissimule sous les rires ce qu'on devine être un dépit amoureux, Ladmiral voit lui sa fille préférée lui échapper de plus en plus tandis qu'Edouard le fils modèle souffre en silence de cette préférence affiché. Tous les comédiens sont parfaits notamment Sabine Azéma qui rayonne et séduit devant la caméra de Tavernier (qui avait hésité à l'engager à cause d'un rôle plus introverti qui avait précédé chez Resnais) pour un de ses plus beaux rôles, Louis Ducreux apporte quant à lui cette fragilité et ce décalage (sa petit fille coincée dans un arbre il ne se préoccupe que de la préparation du thé) qui sied si bien à Ladmiral à travers ce regard aimant et mélancolique. Pas de conflits ni de grand rebondissements dramatiques, tout passera par des échanges sensibles (le dialogue père/fille au bal où le conformisme du premier est remis en cause par la modernité de la seconde) ou les regards, geste à la dérobées bien plus révélateurs.
Tout cela est capturé avec une recherche esthétique raffinée d'un Tavernier s'inspirant des impressionnistes dans de superbes compositions de plans où la photo de Bruno de Keyzer fait merveille. Cette tonalité éveille autant la nostalgie des souvenirs d'enfance que la mélancolie du temps qui passe dans une belle harmonie. Joli moment qui offrira un de ses grands succès à Tavernier notamment aux Etats-Unis. 4,5/6 La belle affiche anglo-saxonne presque meilleure que la française
Eté 1912. Depuis la mort de sa femme, M. Ladmiral, un vieux peintre sans génie, vit seul avec Mercédès, sa domestique. La routine de ses vieux jours est ponctuée par les visites dominicales d'Edouard, son fils, un garçon rangé, épris d'ordre et de bienséance, qu'accompagnent invariablement son épouse, Marie-Thérèse et leurs trois enfants, Emile, Lucien et Mireille. Mais un dimanche, sans crier gare, Irène, sa fille, une jeune femme joviale et anticonformiste, vient bousculer ce paisible rituel...
Bertrand Tavernier réalisait une de ses œuvres les plus réussies et plébiscitées avec Un dimanche à la campagne dont la spontanéité découle également des circonstances de sa production. Ne parvenant pas à monter un projet onéreux de Tavernier avec Nathalie nécessitant un tournage à l'étranger, le producteur Alain Sarde lui demande de s'atteler à une œuvre plus modeste. Tavernier ne semble guère inspiré lors de l'entrevue quand Sarde remarque parmi ses affaires un exemplaire du court roman de Pierre Bost Monsieur Ladmiral va bientôt mourir. Le producteur dépité lui suggère d'adapter le roman, Tavernier lui rétorque qu'il est sans doute trop court pour faire un film mais s'attèlera néanmoins au script. Finalement très inspiré, il en tirera suffisamment de matière pour lancer la production modeste et bien aidée par l'unité de temps et de lieu de l'intrigue.
Le film est placé sous le signe de la nonchalance et de l'habitude. Le vieux peintre M. Ladmiral (Louis Ducreux) accueil comme tant d'autres dimanche son fils et sa famille passer la journée avec lui à la campagne. Le rituel suit son court, les échanges sont amicaux, quelconques et attendus et chacun fait preuve d'une bienveillance infantile envers le vieil homme. Les personnalités ternes du fils Edouard (Michel Aumont) et de son épouse Marie-Thérèse se révèle dans les dialogues où la voix off littéraire à la Truffaut de Tavernier lui-même. Dans cette atmosphère ronronnante, la langueur du début d'après-midi semble déjà signifier la fin de la journée quand un ouragan débarque. Irène (Sabine Azéma), exubérante et énergique fille cadette de Ladmiral vient bousculer tout cela. Tavernier déploie alors une gamme de sentiments touchants dans cette atmosphère joyeuse et feutrée où la saveur du moment accompagne aussi les interrogations de chacun. Irène éclatante de joie de vivre dissimule sous les rires ce qu'on devine être un dépit amoureux, Ladmiral voit lui sa fille préférée lui échapper de plus en plus tandis qu'Edouard le fils modèle souffre en silence de cette préférence affiché. Tous les comédiens sont parfaits notamment Sabine Azéma qui rayonne et séduit devant la caméra de Tavernier (qui avait hésité à l'engager à cause d'un rôle plus introverti qui avait précédé chez Resnais) pour un de ses plus beaux rôles, Louis Ducreux apporte quant à lui cette fragilité et ce décalage (sa petit fille coincée dans un arbre il ne se préoccupe que de la préparation du thé) qui sied si bien à Ladmiral à travers ce regard aimant et mélancolique. Pas de conflits ni de grand rebondissements dramatiques, tout passera par des échanges sensibles (le dialogue père/fille au bal où le conformisme du premier est remis en cause par la modernité de la seconde) ou les regards, geste à la dérobées bien plus révélateurs.
Tout cela est capturé avec une recherche esthétique raffinée d'un Tavernier s'inspirant des impressionnistes dans de superbes compositions de plans où la photo de Bruno de Keyzer fait merveille. Cette tonalité éveille autant la nostalgie des souvenirs d'enfance que la mélancolie du temps qui passe dans une belle harmonie. Joli moment qui offrira un de ses grands succès à Tavernier notamment aux Etats-Unis. 4,5/6 La belle affiche anglo-saxonne presque meilleure que la française
- Père Jules
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Re: Bertrand Tavernier
Toujours sous le choc après avoir vu L.627 (qui fait de plus en plus figure de grand favori pour le titre de film du mois) j'ai cherché un peu partout des éléments sur le film. Sur youtube j'ai dégoté cette masterclass de Tatav', en très grande forme, avec le dernier tiers hilarant sur Jean-Roger Milo.
- cinéfile
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Re: Bertrand Tavernier
Oh oui, j'étais tombé dessus il y a quelques temps déjà (sans le signaler sur le forum). HILARANT , c'est bien le mot !Père Jules a écrit :Toujours sous le choc après avoir vu L.627 (qui fait de plus en plus figure de grand favori pour le titre de film du mois) j'ai cherché un peu partout des éléments sur le film. Sur youtube j'ai dégoté cette masterclass de Tatav', en très grande forme, avec le dernier tiers hilarant sur Jean-Roger Milo.
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- Cadreur
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Re: Bertrand Tavernier
Je savais, sans vraiment le savoir, que Jean-Roger Milo c'était un bon, là j'en ai la preuve !