The Catered Affair (Le repas de noce, 1956) de Richard Brooks avec Bette Davis, Ernest Borgnine, Debbie Reynolds et Barry Fitzgerald
Jane Hurley (D. Reynolds) annonce à ses parents qu'elle va se marier la semaine suivante. Elle ne veut faire aucun frais. Mais, Aggie Hurley (B. Davis), sa mère, insiste pour organiser un repas pour 100 invités au grand dam de son époux Tom (E. Borgnine)...
Ce film de Richard Brooks a toujours attiré ma curiosité à cause de sa distribution et de l'auteur du scénario Paddy Chayefsky, qui a écrit des petites merveilles comme
The Americanization of Emily (1964, H. Hiller). J'ai enfin pu satisfaire ma curiosité grace au DVD Warner Archive qui offre une superbe copie remasterisée (le directeur de la photo étant le grand John Alton). Chayefsky s'attache à la famille Hurley, des irlandais qui vivent dans la partie populaire du Bronx. C'est un film terriblement social dans le contexte de la MGM. Mais, pour une fois, il n'est pas trop fait de concession au glamour. Bette Davis, en tête, joue une mère de famille mal attifée qui passe sa journée dans la cuisine et à ronchonner avec son frère alcoolique (ce bon vieux Barry Fitzgerald qui était l'irlandais type à cette époque) et son mari, chauffeur de taxi (un Ernest Borgnine tout en retenue). A partir d'un sujet déjà traité par Vincente Minnelli dans
The Father of the Bride (1950), Brooks réalise un film nettement plus sombre et proche du 'néo-réalisme'. Si la mère de Jane Hurley désire tant organiser un beau mariage avec robe blanche, myriade d'invités, etc., c'est qu'elle en a été elle-même privée. Elle rumine un certain ressentiment contre son mari après des décennies d'économies et de vie difficile. Leur petit appartement est surpeuplé avec l'oncle Jack qui dort sur le canapé du salon et le fils qui est lui aussi installé dans le salon. Seule la fille Jane a sa chambre. De son côté, Tom travaille sans compter en tant que chauffeur employé par une société de taxi. Il économise depuis des années pour arriver à s'acheter à crédit un taxi avec un collègue et se mettre à son compte. Mais, ce beau rêve risque d'être remis en question par les folles dépenses d'Aggie. Le film se déroule presque entièrement à l'intérieur de l'appartement de la famille Hurley. On sent bien l'origine dramatique télévisée du film. Le jeu des acteurs évite tout excès et reste naturaliste. Mais, c'est bel et bien Bette Davis qui domine de la tête et des épaules en femme vieillie avant l'âge qui est terrifiée à l'idée de se retrouver seule avec son mari après le départ des enfants. Elle prend un accent du Bronx et endosse le personnage comme si elle avait passé toute sa vie dans ce quartier. Debbie Reynolds, que je trouve parfois irritante, est ici très simple et sans chichi. Un film qui peut presque paraître terne dans cette description d'une tranche de vie du Bronx, mais qui finalement laisse un souvenir attendri.