
La Vérité si je mens ! 3 (Thomas Gilou)

En toute franchise, je m'attendais à pire et fut (légèrement) surpris par le résultat final. Tout semblait jouer contre le film, une promo agressive, un projet opportuniste qui sentait bon le ratage à la Bronzés 3 et des critiques on ne peut plus frileuses. S'il est indéniable que le film est le moins bon de la trilogie et que le scénario ne se foule pas des masses (en gros c'est La Vérité si je mens ! 2 en Asie), impossible (pour moi) de ne pas succomber au capital sympathie dégagé par l’ensemble. L'alchimie entre les comédiens est telle, qu'elle efface d'un geste de la main les gags foireux (dont une maladroite référence à Rabbi Jacob) ou ceux repris sans vergogne du deuxième film ("Le Notre"). Personne n'est sacrifié et d'un Vincent Elbaz décidément bon acteur au charismatique Gilbert Melki en passant par LA valeur sure du film José Garcia, on se surprends une fois le générique de fin sur l'écran à se dire (non sans culpabilité) qu'effectivement "ils nous ont manqués". Évidemment, l’idéologie puante selon laquelle le fric rends bon, est plus que craignos en ces temps de crise... mais que voulez vous, le plaisir confortable d'assister aux tribulations de cette bande de potes passe avant tout cela. Je risque fort d’être le seul (ou l'un des seuls) à défendre La Vérité si je mens ! 3 quand bien même le film est loin d'être une purge voir peut aisément sortir la tête haute face à la production en comédie française actuelle.

L'Amour dure trois ans (Frédéric Beigbeder)

J'ai eu un mal fou à me positionner face au caprice cinématographique de Frédéric Beigbeder. L'Amour dure trois ans, comédie bobo jusqu'au bout des ongles, est aussi détestable (par justement son coté péteux) que sympathique (la nonchalance du film marche partiellement). S'inscrivant non sans prétentions dans la lignée du chef d’œuvre Annie Hall, L'Amour dure trois ans narre les questionnements existentiels d'un trentenaire tiraillé entre sa vie de célibataire et celui d'amoureux. Rien de neuf au soleil donc et le réalisateur se démerde à essayer de justifier l'existence du film par une succession d'inventions (comme le film de Woody Allen) plus ou moins inédites, plus ou moins réussites. Le problème dans cette affaire est d'avoir confié les rôles principaux aux transparents Gaspard Proust et Louise Bourgoin (même si elle, a autre chose pour se faire voir) rendant impossible toute forme d'identification (en y ajoutant un contexte socio-économique étranger). Je ne vais pas faire le procès du film sur le seul fait que le monde du réalisateur est privilégié mais sur le fait que celui-ci à énormément de difficultés à nous le rendre (ce monde) sympathique. Les fausses bonnes idées pleuvent et le cynisme du personnage finit par nous le rendre antipathique. Reste que Beigbeder à l'art de retourner les critiques en étant le premier à se les infliger et à chaque fois que l'envie de haïr le film se fait sentir, il réussit par un tour de passe passe à avouer ses défauts de poseur (en faisant dire à son personnage les limites du monde bourgeois dans lequel il évolue) pour mieux vous impliquer dans son récit. En clair il s'avoue vaincue pour mieux vous faire ravaler vos critiques. Donc au final, L'Amour dure trois ans navigue entre deux rives, entre un couple star insignifiant et des scènes, des comédiens secondaires et des private jokes (comme ceux irrésistibles autours de Michel Legrand) assez drôle vous empêchant de peu de vouloir gifler le metteur en scène.
Cela dit le film vieillit bien en tête et c'est avec gène que l'on se dit que Frédéric Beigbeder, le bougre, à réussit son coup.