
Une évocation de la vie de Jeanne d'Arc adaptée de la pièce de George Bernard Shaw par Graham Greene.
Sainte-Jeanne est un film vraiment spécial, bien qu'inspiré d'une pièce de théâtre, on sent son origine dans la longueur des monologues qui permettent au réalisateur de longs plans séquences, et aussi dans les dialogues où la religion est au centre du procès. Le film est en quelque sorte le rêve de Charles VII, tous les protagonistes des évènements sont morts, Jeanne d'Arc vient d'être sanctifiée, et elle apparaît en rêve au roi. On se demande ce qui s'est passé dans la tête de l'auteur pour rendre le roi aussi crétin et ridicule. Certes Charles VII était lâche, mais ici il est plus proche du débile mental sauf dans sa vieillesse, où il semble s'être assagi. Le film n'offre aucune scène d'action, le siège d'Orléans n'est évoqué que par les dialogues et la traversée de la Loire de Jeanne d'Arc et de ses "hommes". Le film tourné en studio est une suite de scènes qui montrent Jeanne d'Arc et ses voix et sa confrontation continue avec tous les hommes. Elle est d'ailleurs la seule femme du film. On remarque une fois encore les gros plans qui laissent place à un arrière plan riche, notamment dans une scène où Jeanne essaie de convaincre Brunoy et qu'on aperçoit au fond, le roi jouer à la marelle avec sa cour. Jean Seberg crève l'écran pour son premier rôle avec sa coupe de cheveux très rase, elle est émouvante et très juste dans ses interrogations et ses accusations. Richard Widmark fait un numéro extraordinaire également dans Charles VII, même si on peut être choqué par la caractérisation du roi. Richard Todd est plein de charme en Brunoy, John Gielgud, Anton Walbrook complètent admirablement ce casting. Curieusement la pièce n'épargne pas les anglais même s'ils les rachète dans l'ultime pied de nez de la pièce et l'arrivée de cet anglais dans le rêve de Charles VII, anglais qui a donné à Jeanne sur le bucher une croix. On remarque la patte Preminger dans le générique très graphique une fois encore avec ces espèces de flocons qui se terminent sur les fameuses jambes de l'affiche. Sainte Jeanne est un film superbe plastiquement parlant, mais nous sommes quand même un peu trop parfois dans du théâtre filmé, même si c'est du théâtre de haut vol !