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My Love came back (1940), Curtis Bernhardt

Julius Mallette (Charles Winninger), directeur d'une usine de matériel musical et Président d'une Académie de musique décide d'aider une jeune violoniste prodige Amelia Cornwell (Olivia de Havilland) à rester à l'Académie. Outre le soutien financier, il l'emmène voir les spectacles à la mode jusqu'au jour où retenu par une réunion familiale, il envoie son assistant Tony (Jeffrey Linn).
L'argument est sans doute mince, mais nous sommes ici dans un des genres de prédilection des américains, à savoir la comédie romantique. Tous les ingrédients y sont, les jeunes premiers, les amis un peu farfelus, les seconds rôles pittoresques comme S.Z Sakall, pilier de bon grand nombre de films, et naturellement les quiproquos. Olivia de Havilland une fois encore est magnifique dans ce rôle de jeune violoniste, à ses côtés Jeffrey Linn campe le jeune premier idéal, tandis qu'une Jane Wyman méconnaissable en blonde est charmante et pétillante tandis que Charles Winninger est parfait en vieux père de famille "séducteur". Sans aucun temps mort, Curtis Bernhardt plus habitué des mélodrames que des comédies réalise un film efficace. D'ailleurs d'après Imdb, ce serait ce film qui l'aurait fait "reconnaître". Bref une comédie américaine typique, agréable comme seuls les américains savent en faire
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La vie passionnée des Soeurs Bronté - Devotion - Curtis Bernhardt, 1946

Evocation de la vie des soeurs Bronté, axée essentiellement sur Emily et Charlotte, toutes deux amoureuses d'un même homme, le vicaire Nicholls.
Comme dans toutes ses évocations hollywoodiennes, les grandes lignes de la vie des personnages historiques sont gardées, mais enjolivées ou mis bout à bout dans n'importe quel ordre. Le film en est un parfait exemple, tout est véridique, mais par exemple Emily et Charlotte Bronté se rendent étudier à Bruxelles, mais dans la véritable histoire, elles reviennent parce que leur tante vient de mourir, ici c'est le frère qui est tombé gravement malade (d'ailleurs si l'alcoolisme ne fait pas peur à montrer, on laisse totalement de côté l"opionomanie du véritable Branwell Bronté). Et c'est lors d'un second séjour de Charlotte à Bruxelles qu'elle s'éprendra du Directeur de l'Ecole M. Heger, alors que dans le film, tout se passe la première fois. Bref peu importe, car cela renforce le côté mélodramatique de l'histoire. Le tout est aussi bien rendu, ainsi le premier baiser de Charlotte par M. Heger n'est aucunement montré à l'écran, même si on le devine. Sans doute n'était-ce pas moral de le montrer, un homme marié embrassant une chaste jeune fille. Le traitement des rêves d'Emily sont tout à fait dans l'esprit de l'auteur des Hauts de Hurlevent avec ces landes de carton pâte, certes, mais ces rêves de "mort" personnalisée par un cavalier noir. Il est dommage toutefois que toute la vie de Charlotte ne soit que suggérée, mais le parti pris est d'évoquer la vie d'Emily plus que celle de sa famille. Ceci étant le titre anglais est Devotion, ce qui fut la vie d'Emily qui se sacrifia pour sa famille avant de mourir emportée par la tuberculose.
Mais sans ses interprètes, ce film serait sans doute un peu plus fade. Ici Les interprètes sont toutes magnifiques. Ida Lupino est la vedette de la première partie en campant une Emily tourmentée et victime alors qu'on a plutôt tendance à voir l'actrice dans des rôles de femmes moins fragiles, quant à Olivia de Havilland pour son dernier film tourné avec Warner, elle aborde un rôle plus fort que d'habitude, loin de la fragile Mélanie, sa Charlotte Bronté est pleine de tempérament et plus mise en valeur dans la seconde partie, celle où elle devient l'auteur reconnu de tous, bien qu'écrivant sous le pseudonyme masculin de Currer Bell. Tous les événements de leur vie permettent aux deux soeurs de devenir les écrivains renommés qu'elles sont devenues. Il est à noter que leur vie fut aussi empreinte de romantisme que leurs romans respectifs inspirés de leurs propres expériences. Paul Henreid est un vicaire Nicholls plein de charme, Arthur Kennedy et Nancy Coleman complètent le casting en interprétant les frère et soeur des deux prestigieuses auteurs. A noter la présence de Victor Francen dans le rôle du professeur Henger. Bref une vie passionnante, dans la grande lignée Hollywoodienne avec le luxe des costumes, des décors, le tout magnifié par une superbe partition musicale signée Korngold évoquant bien le romantisme échevelé de cette époque.
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La Voleuse, A Stolen Life (1946) - Curtis Bernhardt

Deux soeurs jumelles tombent amoureuses d'un même homme. L'une d'entre elles l'épouse au grand désarroi de la seconde
Nous sommes ici encore dans ces grands méodrames qui tournent autour de la personnalité de Bette Davis. Et quel challenge plus fort pour l'actrice que d'incarner des jumelles. La première est naturellement réservée, simple, l'autre plus extravagante, plus détestable. Les scènes qui réunit les deux Bette Davis sont admirablement bien faites, notamment celle de leur première rencontre. Glenn Ford est assez fâlot mais c'est sans doute le rôle qui veut cela. Naturellement Bette Davis vole la vedette dans toutes les scènes où elle apparaît. Seul bémol, la scène du naufrage qui sent un peu trop le studio et les transparences par moments. Dane Clark est parfait en peintre "maudit" qui révèle à la soeur sage qu'elle peut avoir plus que ce à quoi elle prétend. Un mélodrame réglé par un des maîtres du genre assez méconnu finalement mais qui rèalisa de grands mélos pour Bette Davis ou son "ennemie" Joan Crawford.
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Possessed, Possédée (1947) - Curtis Bernhardt

Une femme erre dans la rue, cherchant "David". Elle se retrouve à l’Hôpital où elle raconte son histoire d'amour avec David.
Le film tourne naturellement autour de la personnalité de Joan Crawford qui joue une fois de plus une femme fatale, mais avec ses failles. Par contre, il est assez surprenant au départ du film de voir qu'elle est infirmière. Naturellement elle va évoluer, on ne pouvait pas faire un film avec une Crawford dévouée aux autres. Mais bon nous sommes ici dans un film noir et un mélodrame. Comme beaucoup de films de l'époque, on y parle aussi de psychanalyse et la schizophrénie y est clairement énoncée. Joan Crawford est impeccable une fois encore, tout comme Van Johnson est parfait en homme macho, odieux, détestable. Raymond Massey prête sa silhouette et sa prestance au rôle de ce veuf si différent de David. Curtis Bernhardt sait parfaitement faire évoluer le film entre "thriller" et mélodrame. La première scène qui voit une Crawford hallucinée déambuler dans les rues est d'une modernité confondante. Après on se retrouve dans l'esthétique Warnerienne plus habituelle. Un bon mélo mené par une superbe Crawford qui commence à trouver ses rôles de femmes "hystériques".
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La veuve joyeuse, the Merry widow (1952) - Curtis Bernhardt

Le souverain d'un royaume européen imaginaire souhaite que le Comte Danilo épouse une riche veuve afin de renflouer les caisses de l'Etat.
Là où Lubitsch avait réalisé un film léger, fin, Curtis Bernhardt réalise une grosse pochade sans charme. Le film tourné en studio le sent, il y a pourtant des moyens humains dans la scène d'ouverture, mais le bal vient pauvre figure avec ces dix couples, la chorégraphie est indigente surtout quand on se souvient de cette valse aux miroirs dans le Lubitsch, et l'adaptation musicale de la partition assez choquante. Fernando Lamas fait le bellatre et pousse la chansonnette sans aucun charme, en plus c'est lui qui chante la chanson de Vilja alors que normalement c'est un air féminin. Les décors font vraiment carton pate, même un arrière plan de palais est une toile peinte. Bref une version indigente de l'opérette qui n'est sauvé que par la beauté de Lana Turner, et ses dessous affriolants qui montre sa superbe plastique et la scène du cancan de chez Maxim's sympathique menée par Gwen Verdon (scène qui figure d'ailleurs dans un des deux premiers That's Entertainement). Una Merkel et Richard Haydn arrivent aussi à tirer leur épingle du jeu de ce film sans réel attrait. Côté musique, les amateurs de l'Opérette seront aussi déçus tant les airs sont massacrés aussi bien par l'arrangement que par les chanteurs. Bref pas grande chose à sauver de ce film, même si la première scène avec les différentes ambassades laisse croire que le film va être bien meilleur.