La princesse de Montpensier (Bertrand Tavernier - 2010)

[jacques 2]

Encore une grande réussite de Bertrand Tavernier.
Il suffit de regarder la séquence d'ouverture pour s'en convaincre, tout le talent de metteur en scène Tavernier est dans ces plans, dans la richesse de ses plans, dans la manière de caractériser le personnage de Lambert Wilson, en quelques minutes, on est déjà conquis, et marqué, notamment par la violence sèche de la période qui sera dépeinte (on pense à Hathaway).
Excellemment rythmé, le film brille par le soin porté aux décors, aux costumes à la musique, aux dialogues, comme souvent chez Tavernier, ce sont aussi ces "détails" qui font de grands films.
Le scénario me semble fort réussi, mêlant habilement la "grande histoire", celle des guerres de religions de la violence absurde, frappant tout le monde, et l'histoire de Marie, belle réflexion philosophique sur l'amour, fort bien portée par Mélanie Thierry, critiquée ici et là et pourtant magnifique de justesse. C'est vrai d'ailleurs de l'ensemble du casting, avec une mention spécial pour Raphaël Personnaz, dans un personnage pas forcément évident, souvent caricaturé dans l'histoire de France, qui me semble avoir été remarquablement écrit et interprété.
Cet ensemble fort intelligent reste passionnant de bout en bout, on baigne dans une atmosphère de cape et d'épée, Tavernier rendant hommage aux fleuron du genre avec dynamisme et modernité
Aucun doute pour moi, Tavernier est encore au sommet.

Ayant découvert le film hier soir, je ne peux que surenchérir sur cet avis ...

La fin de l'histoire, sans verser dans un déchaînement de pathos, est touchante justement parce que la mise en scène a le bon goût de ne pas en faire trop et de préférer l'ellipse à la lourdeur ...

Le seul acteur qui m'ait posé problème (au début) est celui qui incarne le jeune Montpensier ... pour finir par me rendre compte que ce manque de charisme et d'éclat est cohérent avec le personnage dépeint et explique - au moins en partie - que Marie ne puisse en tomber amoureux surtout face à un Guise nettement plus flamboyant ...

Bref, une destinée de femme - qui se voudrait libre de ses choix - parfaitement traitée, sur fond historique (mais ce n'est pas vraiment le sujet)

Une nouvelle réussite de Tavernier, un film finalement sobre et touchant : 5/6

[homerwell]

On passe une belle soirée en compagnie de ce bon film. Dialogues, photographie, mise en scène, tout est beau et léger, virevoltant, et je ne trouve rien à reprocher au jeu des acteurs/rices, tout au plus leurs physiques, un peu trop moderne, mais damne, c'est que la reconstitution historique est si immersive que le moindre petit défaut passe pour un anachronisme.
Mention spéciale à Lambert Wilson, et à certains passages d'une grande élégance, lorsque De Chabannes avoue son amour à Marie par exemple. Une alouette vous dis-je...
Et puis un passage m'a fait sourire tant il ressemble à un petit caprice à la Tatave, dans son jeu et son élocution, le colporteur de nouvelles, marchand de poudres et colliers est à lui tout seul une signature de l'ébouriffante vivacité des films de Bertrand Tavernier.
Bravo et encore.

[Père Jules]

Redécouvert le mois dernier à la faveur de la sortie en blu-ray. Mon jugement un peu sévère s'est atténué et je dois bien avouer que ce film me plait plutôt. La reconstitution historique est en tout point remarquable (sauf - et je n'en démords pas - en ce qui concerne les acteurs) et la mise en scène exemplaire. Le film prend une ampleur encore plus importante avec l'arrivée à l'écran d'Anjou (Personnaz, révélation du film). J'avoue cependant que l'évocation de la St-Barthélemy m'a semblé des plus conventionnelles (les dernières minutes manque d'inventivité -- cette lecture en voix-off, c'est Noiret causant à Azéma).

Pour schématiser grossièrement, on est passé en ce qui me concerne d'un 5/10 à un bon 6,5-7/10.

[Rick Blaine]

Pour schématiser grossièrement, on est passé en ce qui me concerne d'un 5/10 à un bon 6,5-7/10.

Encore une vision, et on y est!

Blague à part, je comprend que l'on puisse bloqué sur les acteurs dans le contexte de la reconstitution historique, même si ça ne m'avait pas gêné sur le coup.

[jacques 2]

Pour schématiser grossièrement, on est passé en ce qui me concerne d'un 5/10 à un bon 6,5-7/10.

Encore une vision, et on y est!

Blague à part, je comprend que l'on puisse bloqué sur les acteurs dans le contexte de la reconstitution historique, même si ça ne m'avait pas gêné sur le coup.

Personnellement, je ne comprend pas :

- d'abord, comme déjà dit ci-dessus, les nobles ne ressemblaient pas nécessairement à des manants plein de furoncles tout droit sortis de la Cour des Miracles

- ensuite et surtout : il faut un minimum de "glamour" pour que le public puisse s'attacher voire s'identifier quelque peu aux personnages. De plus, dans le cas de la princesse elle même, il me semble que Tavernier a cherché - et trouvé - un physique proche des canons et des représentations de la beauté de l'époque. Elle est très belle mais nous n'avons - fort heureusement - pas ici affaire à une brindille gorgée d'UV et limite anorexique comme on en trouve désormais un peu partout ...

- Père Jules, as tu en tête un seul exemple de reconstitution historique dans laquelle le physique des personnages correspondrait à tes critères ? Ce n'est pas une question rhétorique : je suis vraiment curieux de savoir ...

[Père Jules]

Pour le "d'abord": Je dirais que c'est sujet à débat. Il me semble qu'entre le pouilleux de base et la fraicheur de Mélanie Thierry, il y a un juste milieu.
Pour le "ensuite et surtout": Pour le coup ça ne me parait pas évident du tout. Le premier exemple qui me vient à l'esprit est bien entendu Le nom de la rose (et plus encore La guerre du feu). La galerie de gueules cassées, de tarins avinés et d'épidermes galeux est franchement aux antipodes des canons du star-system. Certes il y a Sean Connery mais tout de même. Quant à Mélanie Thierry -encore elle- elle a beau être très jolie, j'ai du mal à ne pas y voir une "brindille" de plus.

[jacques 2]

Pour le "d'abord": Je dirais que c'est sujet à débat. Il me semble qu'entre le pouilleux de base et la fraicheur de Mélanie Thierry, il y a un juste milieu.
Pour le "ensuite et surtout": Pour le coup ça ne me parait pas évident du tout. Le premier exemple qui me vient à l'esprit est bien entendu Le nom de la rose (et plus encore La guerre du feu). La galerie de gueules cassées, de tarins avinés et d'épidermes galeux est franchement aux antipodes des canons du star-system. Certes il y a Sean Connery mais tout de même. Quant à Mélanie Thierry -encore elle- elle a beau être très jolie, j'ai du mal à ne pas y voir une "brindille" de plus.

- "le nom de la rose" : les héros sont, comme par hasard, tous deux très beaux : Connery et Slater sans parler de la "sauvageonne" qui a un corps de top model ... certes, les moines ne sont guère "glamour" mais on est au moyen Age ...

- pour "la guerre du feu", tu frises - soit dit sans procès d'intention - un peu la mauvaise foi : pour évoquer avec un minimum de sérieux la préhistoire, Annaud n'allait quand même pas prendre un casting trop glamour (comme dans "10.000 avant JC" ou "Un million d'années ..." (avec Raquel Welch en femme préhistorique quand même ... )

De la préhistoire au Moyen Age puis à la Saint Barthélémy, il y a pour le moins de grands fossés temporels qui expliquent des différences de look ...
Melanie Thierry est belle mais d'une beauté atypique (carnation laiteuse, des formes, ...) donc pas "moderne "dans ce sens ...

Je parlais évidemment de comparaisons avec des reconstitutions ou fictions traitant la même époque ou fort voisines au niveau temporel ...

[ballantrae]

Tavernier est réaliste et convaincant contre les conventions: l'âge des protagonistes correspond plus à celui des acteurs que dans La reine Margot où tous les héros frisent la quarantaine à une ou deux exceptions près. Chéreau qui a fait un beau boulot très baroque est plus dans la convention que Tavernier qui ne cherche pas à surdramatiser de manière opératique le théâtre de la guerre et ses coulisses.
Chéreau a fait du Shakespeare ou du Hugo (et non du Dumas qui n'est qu'une base) tandis que Tavernier avec des moyens bien moindres a vraiment cherché à comprendre et l'univers et l'écriture d'un écrivain du XVII ème prenant comme cadre le XVIème.
La fin ressemble furieusement à celle de La vie et rien d'autre mais aussi à l'impact des lettres posthumes chez Eastwood ( cf Madison county et Iwo jima).
On a beaucoup parlé des westerns sur ce film mais j'y vois aussi un dialogue avec le mélo, très casse gueule et au final réussi car contraint par la pudeur, l'implicite inhérents à l'écriture de Mme de Lafayette.Cosmos a conçu un scénario et des dialogues d'une rare justesse ne matière d'adaptation.

[cinéfile]

Un Tavernier au sommet de sa forme !

On sent à chaque instant la passion pour l'Histoire qui anime le cinéaste. Son film est à la fois naturaliste (âge des comédiens, exposition des moeurs de l'époque, réalisme des combats et de la violence) et romanesque dans l'universalité du noyau de son histoire. L’ambiguïté des sentiments, la douleur des choix et du renoncement, tous ces sujets se voient amenés de façon brillante par l'intermédiaire d'une construction minutieuse. Il se crée même un véritable suspense autour de l'issue de ce manège des passions qu'on devine vite tragique. Les décors et la reconstitution sont somptueux, la musique de Sarde utilisée à bon escient.


Une petite merveille.

9/10

[Frances]

Découvert hier soir lors de son passage sur la 2.
Scène d'ouverture formidable qui nous fait remonter le temps instantanément. J'ai par la suite été cependant un peu destabilisée par le choix de ces jeunes comédiens...mais cela s'est estompé bien vite.
Un grand film, dense avec des extérieurs et une nature magnifiques. Des lumières sublimes !
Mention spéciale à Lambert Wilson qui incarne avec panache une forme d'amour sacrificielle, loin des jeunes jeunes cerfs belliqueux et fougueux.

[shubby]

Mention spéciale à Lambert Wilson qui incarne avec panache une forme d'amour sacrificielle, loin des jeunes jeunes cerfs belliqueux et fougueux.

Oh oui !! Vu hier soir. J'avais le br depuis un bail, mais je bloquais. Mes filles, qui ont vu écrit "princesse" sur la jaquette m'ont bien mis la pression. J'ai dit "ok, mais y'a des passages où je vais accélérer un peu, je pense". Elles ont 7 balais.
Pas tant que ça (juste un coït ds une cuisine). Cette histoire est bouillonnante, mais assez chaste finalement. Très vite j'ai collé aux basques de Wilson, bien aidé par son charisme, le rythme & la musique de Sarde, belle & entrainante. J'ai un peu peiné ensuite, pour une question de point de vue je crois. Soit on colle à la nuque (entre autres) de la princesse et à ses tourments, soit on colle aux gusses. Chacun existe, avec son caractère, ses forces et faiblesses. Quelques longueurs, ponctuées toutefois de scènes d'action jubilatoires - les cascadeurs à cheval ! - et de plans magnifiques.

J'ai globalement bien aimé & le reverrai avec plaisir. La présence d'Ulliel me fait penser qu'il est sous-exploité : il en a sous le capot. Étrangement, j'ai pensé à The Blade, de Tsui hark. Ce film commence avec la fille du forgeron & maître martial du coin, en Chine. Elle hésite entre deux hommes, deux disciples. A ceux là de bouillonner à leur tour, d'exprimer leur frustration sexuelle dans le combat, puis de finir bras-dessus bras dessous, l'un avec l'autre, sans un regard pour la jeune midinette esseulée. J'ai cru un instant qu'on en prenait le chemin !

[Watkinssien]

Film classique dans son exécution, emporté par une fougue typique du cinéaste, La Princesse de Montpensier est une oeuvre réalisée avec soin, où tout (décors, scénographie, costumes, lumières, musique) ne dépassent pas d'un poil, témoignant de la crédibilité habituelle recherchée par Tavernier dans ses univers proposés.

Reste que la passion amoureuse est aussi inégale que l'interprétation des acteurs (Wilson et Personnaz au-dessus du reste pour ma part). Du coup, l'emballement des sentiments, l'énergie des émois me semble plus figé que les intentions de départ et cela fragilise un film pourtant solide dans sa fabrication.

[odelay]

Perso, c'est Mélanie Thierry qui m'a le plus touché. Je la trouve extrêmement émouvante et surtout pas bêtement moderne sans son interprétation sans non plus être totalement engoncée par le texte qui n'est pas facile.

[odelay]

Tout cela m'a donné envie de revoir le film, et franchement j'ai été déçu par le blu ray qui manque vraiment de définition. Je ne m'en étais pas vraiment rendu compte avec mon ancien écran.