Le Tambour (Volker Schlöndorff - 1979)
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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff, 1978)
Belle chronique pour un film magnifique, remarquable adaptation du roman de Günter Grass.
Le Tambour demeure un chef-d'oeuvre complexe, dérangeant et allégorique, porté par une interprétation impeccable.
Volker Schlöndorff y signe une mise en scène impressionnante de rigueur, entre réalisme et onirisme, balançant un ton étrange, malaisant, psychologiquement violent, scandé d'éclats poétiques.
Le Tambour demeure un chef-d'oeuvre complexe, dérangeant et allégorique, porté par une interprétation impeccable.
Volker Schlöndorff y signe une mise en scène impressionnante de rigueur, entre réalisme et onirisme, balançant un ton étrange, malaisant, psychologiquement violent, scandé d'éclats poétiques.
Dernière modification par Watkinssien le 2 juin 17, 16:41, modifié 1 fois.

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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
C'était ça le Cinéma. En 96, Schlöndorff avait essayé de retrouver cette inspiration foisonnante dans l'adaptation du Roi des Aulnes de Michel Tournier, mais c'était malheureusement assez décevant. Il n'a jamais fait mieux depuis.

"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
L'un dans l'autre, si nos altercations t'inspirent de telles présentations... 

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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
La décennie 70 est apparemment un peu hors norme en Allemagne. Quant on voit les noms de réalisateurs et les titres de films sortis à cette époque, on ne peut qu'être impressionné.julien a écrit :C'était ça le Cinéma. En 96, Schlöndorff avait essayé de retrouver cette inspiration foisonnante dans l'adaptation du Roi des Aulnes de Michel Tournier, mais c'était malheureusement assez décevant. Il n'a jamais fait mieux depuis.
Rien que pour l'année 1979, Werner Herzog : Nosferatu, fantôme de la nuit et Woyzeck
Rainer Werner Fassbinder : Le Mariage de Maria Braun
Et il ne faut pas oublier que Wim Wenders avait sorti L'ami Américain juste deux auparavant en 1977. Das Boot de Wolfgang Petersen va arriver en 1981. Le dvd qui vient juste de sortir chez Carlota, Allemagne, mère blafarde de Helma Sanders-Brahms est de 1980. Bref, ça bougeait bien.
MJ a écrit :L'un dans l'autre, si nos altercations t'inspirent de telles présentations...

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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
Il y avait aussi les films des Straub même s'ils étaient d'un genre esthétique un peu plus radical. C'était l'âge d'Or du Cinéma Allemand c'est évident, comme l'avait été le cinéma italien dans les années 60. Je pense que ça a dû être d'ailleurs la dernière grande vague artistique qu'ait connu le cinéma européen. Après c'est devenu beaucoup plus conservateur.homerwell a écrit :La décennie 70 est apparemment un peu hors norme en Allemagne. Quant on voit les noms de réalisateurs et les titres de films sortis à cette époque, on ne peut qu'être impressionné.
Rien que pour l'année 1979, Werner Herzog : Nosferatu, fantôme de la nuit et Woyzeck
Rainer Werner Fassbinder : Le Mariage de Maria Braun
Et il ne faut pas oublier que Wim Wenders avait sorti L'ami Américain juste deux auparavant en 1977. Das Boot de Wolfgang Petersen va arriver en 1981. Le dvd qui vient juste de sortir chez Carlota, Allemagne, mère blafarde de Helma Sanders-Brahms est de 1980. Bref, ça bougeait bien.

"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
Vous pouvez retrouver le texte de Homerwell sur Le Tambour dans la mise en ligne du jour :
L'Antre de la folie / Le Tambour 



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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
Reportage sur le tournage du film (archives de l'INA)
http://www.ina.fr/fresques/europe-des-c ... urope00093
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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
Ce film était quand même un putain de Chef-d'Oeuvre. Même la partition de Jarre est complètement dingue, avec notamment l'utilisation de cette flûte étrange, utilisée par les bergers Slovaques, pour ramener leurs troupeaux. Pendant longtemps je me suis demandé ce que c'était d'ailleurs cet étrange son un peu nasillard que l'on entend tout au long du film.

"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)

http://alligatographe.blogspot.com/2011 ... ommel.html
Si je m'attendais à pareille déconfiture! Des critiques globalement élogieuses, une Palme d'or, d'autres récompenses, une image de grand film qui perdure... il y avait peu de chances que le film me déplût.
Hé bien, si! Je ne saurais dire si je me suis ennuyé... pffff, est-ce de l'ennui? Pas vraiment. J'ai attendu la lumière en fait. Elle n'est jamais venue. Parfois je croyais comprendre où le film m'emmenait et soudain un virage démentait le sens que j'avais cru percevoir. Je n'ai pas compris ce que ce film voulait dire, quel intérêt il y avait à suivre cet enfant, ce personnage dans le maelström de l'histoire allemande entre les deux guerres, ce que voulait dire le grotesque de certaines scènes, si le film était chargé de symbolisme ou s'il cherchait à marier conte et réalisme.
Qu'est-ce que c'est que ce film? Pourquoi ces longueurs? Pourquoi ces scènes? Pourquoi se passe-t-il ceci ou cela? Je ne comprends rien. A l'heure où j'écris ces lignes, j'ai encore le film en mémoire et je n'ai toujours pas compris l'intérêt de ce film. Dieu que je suis con!
Alors d'accord, on va prendre l'évolution d'un personnage très particulier et des membres de sa famille pour raconter le fourvoiement de l'Allemagne dans le nazisme. Et après? Que signifie le tambour là dedans? Et la mort de la mère? Et de l'oncle et du père? Alouette!
La mère : sa frustration sexuelle? Elle s'en accommodait jusque là. Et qu'est-ce que ça a voir avec le nazisme? Elle même quémandait la radio pour écouter le Führer. Le nazisme produit de la frustration zigounettatoire? C'est quoi cette histoire de vraie / fausse paternité qui se répète de génération en génération? Ça veut dire quoi par rapport au nazisme? Et le dégoût puis la boulimie de poisson? La tête de cheval, les anguilles? Et pourquoi veut-il rester petit? Et pourquoi veut-il soudain grandir à 21 ans? Et pourquoi le personnage d'Aznavour? Il est Israël à lui tout seul? Et pourquoi la scène grand-guignolesque du rassemblement hitlérien qui finit en grand bal guinguette? Et pourquoi ces nains stars de l'armée allemande sur le front occidental?
Je ne comprend pas. Je ne comprends rien.
Alors bien sûr que je devine que le refus de grandir est à l'image de refus de grandir de l'Allemagne. Je peux avancer l'échec de Weimar. Des hypothèses sur la mère également, l'espèce de torture mentale et affective dans laquelle elle se trouve, entre deux hommes, un polonais et un nazi, l'amour et la sécurité, l'amant et le mari, le mensonge et la vérité, etc qui finit par la rendre folle. L'oncle-père aussi perd les pédales. L'Allemagne nazie rend fou. Mais c'est tellement... lourd comme dispositif, tellement gras, gros, large.
Oh mon dieu que de palabres, de courbettes et de circonvolutions pour dire des choses si simples! Je ne goûte guère le parti pris du grotesque et du symbolisme chargé.
Le regard d'enfant qui n'en est pas un mais qui n'est pas adulte non plus commence par m'exaspérer, puis finit par me laisser complètement indifférent. Le jeu de Bennent est d'ailleurs d'une platitude gravissime. Ses sourires sonnent faux. On ne sait jamais ce qu'il ressent ou pense véritablement. Ses expressions sont très pauvres, figées, une poupée sans réelle émotion, un regard bleu plastique ou tout blanc ou des cris. Rien d'autre. Vide. Tous les personnages sont humains, ressemblent du moins à des êtres humains, souffrent, rient, pleurent, s'aiment. Lui ne me parait pas outre-mesure touché par la mort de sa mère, de son oncle, de son père alors qu'il les tue tous un à un. Pourquoi? Le complexe auto-destructeur de l'Allemagne nazie? Tout ça sur un petit être? A lui tout seul tout ça? Camone! En fait, ce film me fait figure d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Lourdingue, maladroit.
C'est fou, on trouve toujours quelque chose à quoi se raccrocher quand on n'aime pas un film : un acteur, une ou deux scènes, la musique, la photographie, les cadrages, quelque chose quoi! Là... rien, peau de zob! La musique de Jarre? Bof (pas bande originale... mais bouaaaoofff). La photo? A part deux ou trois plans aériens de Dantzig, l'énorme travail sur les décors pour reconstituer la ville, la photographie ne m'a pas fait dresser les poils, loin de là et pourtant j'ai vu le film sur blu-ray, dans les meilleures conditions. Non, pas un seul bout de bois auquel se raccrocher.
Je me suis noyé.
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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
Pas vu, mais j'ai relu tout le topic. Il semble que cette histoire ne soit faite que de symboles. Que le personnage aux allures (plus ou moins) de chaman dont il est question un peu plus haut se nomme Meschugge n'est sans doute pas un hasard. Le terme (qui vient du yiddish ) signifie à peu près "maboul". Qu'un "fou" amène des explications me semble un symbole de plus...
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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
Le film est tout cela à la fois, symbolisme et conte au service du réalisme.Alligator a écrit : ... si le film était chargé de symbolisme ou s'il cherchait à marier conte et réalisme.
Mais non, tu n'es pas con, à la rigueur tu es un gros fainéant qui n'a pas voulu se poser les bonnes questions, mais je comprends parfaitement aussi que l'on puisse rester hermétique à ce chef d'œuvre.Qu'est-ce que c'est que ce film? Pourquoi ces longueurs? Pourquoi ces scènes? Pourquoi se passe-t-il ceci ou cela? Je ne comprends rien. A l'heure où j'écris ces lignes, j'ai encore le film en mémoire et je n'ai toujours pas compris l'intérêt de ce film. Dieu que je suis con!
Corbeaux plutôt ! Nous ne sommes pas dans une histoire rigolote.Alors d'accord, on va prendre l'évolution d'un personnage très particulier et des membres de sa famille pour raconter le fourvoiement de l'Allemagne dans le nazisme. Et après? Que signifie le tambour là dedans? Et la mort de la mère? Et de l'oncle et du père? Alouette!
On a compris que tu ne comprenais pas... Mais je ne vais pas essayer de répondre à tes questions qui sont loin d'être toutes pertinentes et qui tiennent un peu de l'inventaire du nom du poète.La mère : sa frustration sexuelle? Elle s'en accommodait jusque là. Et qu'est-ce que ça a voir avec le nazisme? Elle même quémandait la radio pour écouter le Führer. Le nazisme produit de la frustration zigounettatoire? C'est quoi cette histoire de vraie / fausse paternité qui se répète de génération en génération? Ça veut dire quoi par rapport au nazisme? Et le dégoût puis la boulimie de poisson? La tête de cheval, les anguilles? Et pourquoi veut-il rester petit? Et pourquoi veut-il soudain grandir à 21 ans? Et pourquoi le personnage d'Aznavour? Il est Israël à lui tout seul? Et pourquoi la scène grand-guignolesque du rassemblement hitlérien qui finit en grand bal guinguette? Et pourquoi ces nains stars de l'armée allemande sur le front occidental?
Je ne comprend pas. Je ne comprends rien.
Alors bien sûr que je devine que le refus de grandir est à l'image de refus de grandir de l'Allemagne.
Non.
Ce qui est en gras est ton appréciation, je ne la remets pas en cause mais j'ai exactement le sentiment inverse. Ce que tu dis de la mère est vrai, c'est un peu elle, l'Allemagne qui n'a pas su faire de choix et qui s'est retrouvée avec le pire.Je peux avancer l'échec de Weimar. Des hypothèses sur la mère également, l'espèce de torture mentale et affective dans laquelle elle se trouve, entre deux hommes, un polonais et un nazi, l'amour et la sécurité, l'amant et le mari, le mensonge et la vérité, etc qui finit par la rendre folle. L'oncle-père aussi perd les pédales. L'Allemagne nazie rend fou. Mais c'est tellement... lourd comme dispositif, tellement gras, gros, large.
Il n'y a pas de courbettes dans "Le Tambour". Plutôt de grands coups de pied dans le derrière d'une société qui au moment de la sortie du livre de Günter Grass, en 1959, était loin d'avoir fait le tour de la question du nazisme. Qui est tout sauf une question simple en passant alors quand le symbolisme et la caricature (plutôt que le grotesque) font avancer le Schmilblick autant qu'ont pu le faire ce livre et ce film sur ce qui fait qu'un peuple va en exterminer un autre, j'ai pas mal de parti pris !Oh mon dieu que de palabres, de courbettes et de circonvolutions pour dire des choses si simples! Je ne goûte guère le parti pris du grotesque et du symbolisme chargé.
Au passage, tu n'as pas abordé l'un des symboles les plus subtils et les plus importants du film, le "cri vitricide" d'Oskar.
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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
Léo Meschugge est celui qui dit la vérité. Il est un énergumène excentrique qui peut effectivement passer pour un fou. Dans un pays qui massacre à tour de bras, qui peut bien dire la vérité ?riqueuniee a écrit :Pas vu, mais j'ai relu tout le topic. Il semble que cette histoire ne soit faite que de symboles. Que le personnage aux allures (plus ou moins) de chaman dont il est question un peu plus haut se nomme Meschugge n'est sans doute pas un hasard. Le terme (qui vient du yiddish ) signifie à peu près "maboul". Qu'un "fou" amène des explications me semble un symbole de plus...
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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
On peut aussi dire que, dans un tel contexte, celui qui dit la vérité passe pour fou, ou que seuls les fous la détiennent...
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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
C'est curieux. J'aime beaucoup ce film qui fait sans doute parti de mes 10 favoris par contre toute cette histoire de symbolisme etc. je n'y ai jamais prêté tellement attention. Je pense que le film doit d'abord s'apprécier tel qu'en lui même sans forcément tenter de l'interpréter. C'est avant tout un film vu par le regard d'un enfant qui se moque de tout et raconte la guerre mondiale comme une rigolade plus qu'une épopée.

"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Re: le Tambour (Volker Schlöndorff - 1978)
Le tambour peut tout à fait être apprécié pour lui même, pour ses interprètes, pour ses images, pour sa musique, pour l'étrangeté dans son ambiance et des situations qu'il dépeint ; mais j'ai trouvé passionnant d'y chercher des fils conducteurs, d'y découvrir les faits historiques réels, d'analyser le rôle de chaque personnage, et enfin d'en faire le parallèle avec l'énorme roman de Günter Grass. C'est un film très riche !julien a écrit :C'est curieux. J'aime beaucoup ce film qui fait sans doute parti de mes 10 favoris par contre toute cette histoire de symbolisme etc. je n'y ai jamais prêté tellement attention. Je pense que le film doit d'abord s'apprécier tel qu'en lui même sans forcément tenter de l'interpréter. C'est avant tout un film vu par le regard d'un enfant qui se moque de tout et raconte la guerre mondiale comme une rigolade plus qu'une épopée.
Et pour reprendre tes mots, je dirai plutôt que c'est avant tout un film vu par le regard d'un enfant profondément affecté par la cruauté du monde adulte qu'il découvre et dont l'esprit de jeune homme emprisonné par sa propre volonté dans un corps d'enfant lui permet d'être un spectateur / acteur avisé d'une société en guerre.