Hop, des avis issus de découverte sur le cable
La vie facile ( Easy Living - 1937 )
Je l'avais raté à la cinémathèque et je n'avais pas encore acheté le zone 1 ( avec STF ), j'ai donc été ravi de sa diffusion sur TCM dans un cycle dédié à Leisen.
Et oh joie ! c'est un de ses meilleurs films !
C'est une comédie très fraiche qui bénéficie d'un scénario génial de Preston Sturges dont la mécanique huilée à la perfection offre un spectacle jubilatoire. On retrouve donc la logique d'enchainement du futur réalisateur de
Hail the conquering hero où un postulat de départ très simple ( une fille sans argent se retrouve avec un manteau de fourrure ) permet aux situations de se suivre avec une évidence imparable allant toujours plus loin dans la surenchère. Cette variation fantaisiste de Cendrillon est aussi l'occasion de prouver la suprématie de Sturges avec des dialogues toujours autant virtuoses et remarquables qui annoncent la richesse verbale et sonore de ses films à venir.
Il ne faut pourtant pas croire que Leisen ne s'est que contenté de mettre en scène un scénario, il y apporte une classe et une sophistication qui culminent dans la découverte de l'appartement que va occupée malgré elle Jean Arthur. On sent que cet ancien décorateur apporte un soin maniaque à mettre en valeur le raffinement des lieux que traversent l'héroïne et qui est un peu le point central de l'histoire. Son romantisme transcende aussi sur le papier quelques scènes délicates comme celle où Arthur et Milland dorment les uns à coté des autres et que leurs visages se touchent sans qu'ils s'en rendent compte.
A l'inverse, il est moins à l'aise dans le burlesque comme l'atteste la scène laborieuse et trop longue de la bataille qui dégénère dans l'espèce de restaurant automatique.
Les acteurs sont eux fabuleux avec un trio Jean Arthur - Ray Milland - Edward Arnold qui décrochent autant de rire que de sourires affectueux. Ils incarnent à merveille le coté conte de fée et l'aspect glamour de cette production qui dégage un petit parfum d'euphorie désuète au charme magique.
Un must !
La duchesse des bas-fonds ( Kitty - 1945 )
Moyennement emballé par cette sorte de relecture du Pygmalion.
Cette fois, c'est Ray Milland aristocrate fauché qui décide de donner une éducation à Paulette Goddard pour en faire une courtisane prisée par les puissants et riches ( et ainsi se refaire une santé financière ).
Malgré le soin fabuleux accordé à la reconstitution, la richesse visuelle ou la qualité des acteurs, je n'ai pas réussi à accrocher aux personnages et aux situations. Je crois que je commence vraiment à saturer de ce genre d'histoire en costumes avec les femmes qui utilisent leurs charmes pour se faire une place dans la société. Evidement, le cas est différent puisque c'est la femme qui est poussée malgré-elle a trouver un rang social élevé. Mais bon, la structure reste identique.
Et puis contrairement à beaucoup d'autres Mitchell Leisen, je n'ai pas trouvé une mise en scène fine et subtile ou des dialogues savoureux. Il y a même des choix scénarisiques que je trouve douteux comme cette femme de chambre qu'on suicide sans scrupule pour faire accélérer l'histoire. J'avoue que ça m'a fait sortir du film et j'ai vraiment eut du mal à rattraper le wagon de tête.
Enfin malgré une fin délicieusement immorale ( qui a du donner des cheveux blancs à la censure ), je trouve que le film n'est tant irrévérencieux que ça.
Du travail bien fait en somme mais dont la sophistication voulue a peut-être fait oublier l'essentiel aux auteurs : l'âme.