Carl Theodor Dreyer (1889-1968)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17063
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Message par Watkinssien »

Jack Sullivan a écrit :Tu peux débaucher tous les smileys que tu veux, parler d'apothéose tout court (tu corriges justement en ajoutant "une des apothéoses") était au minimum très exagéré dans ton premier post, reconnais-le.
Je ne pense pas que cela soit si exagéré.
Le film de Dreyer a ébloui les cinéastes à l'époque.
Ce film raconte le procès de la Pucelle, matière à la parole et que cela soit dans un film muet, avec le traitement des gros plans dans un découpage morcelé, montre une ultime manifestation de cette période de cinéma.
L'année suivante King Vidor en sonnera le glas avec Hallelujah.
Le mot apothéose signifiant ce que cela signifie, je persiste à dire que cette oeuvre éblouissante est une apothéose.

Je ne renie pas les grands films muets suivants, par exemple Loulou de Pabst , ou L'argent de L'Herbier, mais ce sont des films qui ont été très influencés par celui de Dreyer.
Image

Mother, I miss you :(
Jordan White
King of (lolli)pop
Messages : 15433
Inscription : 14 avr. 03, 15:14

Message par Jordan White »

Le fait même que Watkinssien ait utilisé l'expression "Une sorte d'apothéose" est subjectif. Objectivement il arrive à une période charnière. Il y avait un avant, ce que l'on ne peut nier, mais ce film que je considère aussi comme un chef-d'oeuvre est un aboutissement, on sent que toutes les recherches plastiques du cinéma muet trouvent ici un point d'orgue sans dénaturer la puissance d'autres films muets, les Murnau comme les Lang. La technique, le découpage, le montage y sont exemplaires.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de très grands films avant 1928 - L'aurore en 1927 est aussi un sommet du muet - mais que celui-ci marque un tournant décisif (j'approuve d'ailleurs tout ce qu'il a dit sur les regards).
Image

Je vote pour Victoria Romanova
Jack Sullivan
Producteur Exécutif
Messages : 7320
Inscription : 30 juin 05, 08:00

Message par Jack Sullivan »

Jordan, Watkinssien et moi nous sommes expliqués par MP :wink:
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17063
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Message par Watkinssien »

Cela est vrai, nous sommes ressortis sans blessures. :)
Image

Mother, I miss you :(
Jack Sullivan
Producteur Exécutif
Messages : 7320
Inscription : 30 juin 05, 08:00

Message par Jack Sullivan »

Watkinssien a écrit :Cela est vrai, nous sommes ressortis sans blessures. :)
Le bébé se présentait par le siège, mais il est maintenant en bonne santé :D
Jordan White
King of (lolli)pop
Messages : 15433
Inscription : 14 avr. 03, 15:14

Message par Jordan White »

Jack Sullivan a écrit :Jordan, Watkinssien et moi nous sommes expliqués par MP :wink:
:?:
Image

Je vote pour Victoria Romanova
Avatar de l’utilisateur
gnome
Iiiiiiil est des nôôôôtres
Messages : 20808
Inscription : 26 déc. 04, 18:31
Localisation : sleeping in the midday sun...

Message par gnome »

Et qu'est ce qu'il en est sorti? Un garçon ou une fille?
Quelle est la substance de vos cogitations privées?
Image
Jack Sullivan
Producteur Exécutif
Messages : 7320
Inscription : 30 juin 05, 08:00

Message par Jack Sullivan »

Nan mais rien-heu! On était sur une longueur d'onde similaire, mais pas avec les mêmes mots, d'où le bug :lol: C'est donc un mignon petit Consensus (la layette sera bleue) :lol:
kayman
Réalisateur
Messages : 6764
Inscription : 14 avr. 03, 10:30
Last.fm
Localisation : neuftrois
Contact :

Message par kayman »

Je sors de Gertrud, c'est terrassant. Ardu, certes, mais putain ca déchire !! C'est d'une richesse et incroyable et d'une grande originalité dans le traitement du sujet. Typiquement le genre de sujet à me filer le vertige. C'est juste trop beau.
C'est bourré de petits détails fascinant, des mains qui se serrent, des regards qui fuient, des paupières qui tremblent. Je comprends les critiques, je suppose qu'il faut s'accrocher car ça bouge peu, mais bon moi ca me pose pas de soucis, j'accroche.

Sinon j'ai vu Ordet le mois dernier. Je suis athé convaincu, quasi militant, et pourtant j'ai pris bonne grosse claque. C'est grand, voilà.

Dans les deux cas c'est esthétiquement à tomber par terre, sérieux y a de ces plans dans ces films, incroyables !
Me reste plus que Le Maitre du Logis pour achever ce coffret déjà my(s)thique.
Seul contre tous.
top hebdo lastfm
Image
Avatar de l’utilisateur
MJ
Conseiller conjugal
Messages : 12448
Inscription : 17 mai 05, 19:59
Localisation : Chez Carlotta

Message par MJ »

C'est vrai qu'Ordet ça calme.
Rien vu d'autre de Dreyer ( :oops: ) mais si c'est du même niveau j'ai pas trop à m'en faire. Chaque plan tutoye la perfection, l'intensité va constamment crescendo jusqu'au final monumental. Une sorte de tableau vivant qui catalyserait toutes les angoisses et préoccupations de son auteur. C'est vraiment d'une force rare.
Beau comme du Tarkovski, puissant comme du Bergman et déjà avant eux.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
Avatar de l’utilisateur
Eusebio Cafarelli
Passe ton Bach d'abord
Messages : 7895
Inscription : 25 juil. 03, 14:58
Localisation : J'étais en oraison lorsque j'apprends l'affreuse nouvelle...

Re: Notez les films naphtas - Octobre 2010

Message par Eusebio Cafarelli »

Vampyr (Dreyer)

Personnage avec une faux symbolisant la mort inside :wink:

Quel film ! À la fois onirique (l'image voilée, les effets spéciaux en transparence), étrange (les ombres), poétique, symbolique, terrible (la mort du docteur) et d'une grande modernité visuelle (en particulier les plans en contre-plongée vus du cercueil)... Magnifique

Le court-métrage en bonus dans le dvd (Ils attrapèrent le bac, 1947) est aussi époustouflant de maîtrise dans la mise en scène et de suspense.
Avatar de l’utilisateur
Père Jules
Quizz à nos dépendances
Messages : 16894
Inscription : 30 mars 09, 20:11
Localisation : Avec mes chats sur l'Atalante

Re: Notez les films naphtas - Octobre 2010

Message par Père Jules »

Eusebio Cafarelli a écrit :Vampyr (Dreyer)

Personnage avec une faux symbolisant la mort inside :wink:

Quel film ! À la fois onirique (l'image voilée, les effets spéciaux en transparence), étrange (les ombres), poétique, symbolique, terrible (la mort du docteur) et d'une grande modernité visuelle (en particulier les plans en contre-plongée vus du cercueil)... Magnifique
Une merveille en effet. A noter que l'image voilée était à la base due à un problème technique ce qui au départ emmerda considérablement Dreyer et Maté qui en ont finalement pris leur parti, se disant qu'en effet ça jouait largement en faveur de l'ambiance générale du film.
ballantrae
Accessoiriste
Messages : 1995
Inscription : 7 déc. 10, 23:05

Re: Carl Theodor Dreyer

Message par ballantrae »

Intéressant, très intéressant ce topic sur Dreyer.
Je trouve les premières interventions sur Gertrud d'une injustice un peu hallucinante, ayant lu moi aussi la pièce de Soderberg qui m'apparaît comme transcendée par l'ascétisme dreyerien, son sens de l'épure qui fait de chaque plan une modulation précise dans un ensemble très musical (JLG a déclaré fort justement que Gertrud égalait en folie et en beauté les dernières oeuvres de Beethoven) qui monte vers un pic avant de redescendre en ordre inversé les marches montées par la mélodie... et cela apprtientà l'esthétique de C Th Dreyer et non à celle de la pièce.
Par ailleurs, j'ai lu les pièces ayant inspiré Ordet ( Kaj Munk) et Dies irae (Hans Wier Jenssen) et obtient ainsi confirmation que le cinéaste s'ingéniait à transcender des matériaux intéressants mais trop placés dans l'optique "grand sujet".
Je crois pour avoir travaillé sur l'oeuvre romanesque de Delteil -qui fut vaguement scénariste sur La passion de Jeanne d'arc- que ces oeuvres dont s'inspire Dreyer sont un promontoire à partir desquelles il rêvait d'abord ses films plus qu'un objet qu'il s'ingénie à vouloir servir.
Il y a les cinéastes qui peuvent se passer de matériau littéraire préalable(Bergman souvent mais il est lui-même un sacré écrivain cf Laterna magica et Images) et ceux qui font leur miel des mots des autres (Resnais me semble un cas passionnant) et C Th D fait partie des seconds.
J'aimerais signaler un film vu lors de la rétrospective Dreyer de 1996 ou 1997 parallèlement à l'exposition des oeuvres de Hammershoi, sublime peintre danois des intérieurs bourgeois et digne héritier des Hollandais: La quatrième alliance de dame Marguerite qui rejoint le registre mi dramatique mi ironique du Maître du logis. Il s'agit d'une histoire vaudevillesque où la veuve très vieille d'un pasteur est destinée au jeune pasteur qui hérite de la chaire or celui-ci bien sûr est épris d'une autre. Le film très original allie sophistication visuelle et facéties scénaristiques à la manière de certains lubitsch muets tesl L'éventail de Lady windermere.
Une curiosité à voir: l'adaptation par Lars von trier du scénario de Médée de CTh D. Un fort beau film réalisé en 1988 pour la TV danoise et diffusé il y a dix ans sur arte. Je l'ai en K7 et ne sais dans quel état... j'en reparlerai.Cela mériterait une sortie DVD peut-être en supplément -rêvons- à une copie digne de ce nom de La passion de Jeanne d'Arc
ballantrae
Accessoiriste
Messages : 1995
Inscription : 7 déc. 10, 23:05

Re: Carl Theodor Dreyer

Message par ballantrae »

Sur Ordet, j'aimerais signaler la réécriture qu'en fait Carlos Reygadas (l'auteur du très fort Japon)dans le trop peu vu Lumière silencieuse vu sur arte début décembre.
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Carl Theodor Dreyer

Message par Federico »

Dimanche dernier, l'émission de France Culture Une vie, une oeuvre (qui se penche régulièrement sur celles de grands cinéastes ou d'écrivains qui ont travaillé pour le cinéma) était consacrée à Dreyer :

http://www.franceculture.com/emission-u ... -cinema-20
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Répondre