
1562, la France est sous le règne de Charles IX, les guerres de religion font rage… Depuis son plus jeune âge, Marie de Mézières aime Henri, Duc de Guise. Elle est contrainte par son père d’épouser le Prince de Montpensier. Son mari, appelé par Charles IX à rejoindre les princes dans leur guerre contre les protestants, la laisse en compagnie de son précepteur, le Comte de Chabannes, loin du monde, au château de Champigny. Elle tente en vain d’y oublier sa passion pour Guise, mais devient malgré elle l’enjeu de passions rivales et violentes auxquelles vient aussi se mêler le Duc d’Anjou, futur Henri III.
Je dois dire que je me suis aventuré dans l’inconnu complet avec ce nouveau Tavernier. Je ne savais rien de l’histoire, je n’ai pas vu la bande annonce, l’affiche est... euh pas attrayante pour faire dans l’euphémisme et le film a été accueilli froidement à Cannes. Mais bon, comme tout classikien qui se respecte, j’aime tatave et son seul nom suffit à exciter ma curiosité. Qui plus est, comme pour contrebalancer avec l’expérience américaine de son précédent film, il retourne à la reconstitution historique française, registre où il a à mon goût toujours excellé. Et c’est bel et bien le cas avec cette princesse de Montpensier. Le film offre tout ce qu’on peut espérer de ce genre de projet racontant la petite histoire dans la grande. En dépit de sa longueur, le scénario est captivant à souhait ménageant un équilibre constant entre les divers personnages gravitant autour de notre princesse titre. Des personnages toujours bien esquissés tout autant par les dialogues (très bien écrits) que par l’image (la scène d’ouverture nous attache toute suite au chemin de croix du personnage de Lambert Wilson). Emotion donc mais également richesse d’un script s’éloignant d’une démonstration de libertinage pour véritablement questionner les relations amoureuses en replaçant leurs contextes sociaux et politiques. Et bien sûr un Tavernier n’en serait pas un sans une mise en scène captivante, régalant constamment l’œil par son énergie vivanfiante faisant fi de l’académisme de plomb dans lequel s’embourbe bon nombre de contemporain lorsqu’il apporte ce genre d’époque. Les quelques scènes de batailles et passes d’arme démontrent d’ailleurs qu’il n’y a pas besoin d’avoir des centaines et des centaines de figurants ou les décors les plus imposants qui soient pour faire des séquences d’action fougueuses et impressionnantes. Seul bémol du film selon moi : une interprétation globalement convaincante mais qui tend par moment faire une forme de récitation enquiquinante.
Mais le reste demeure un fabuleux film historique et ça fait plaisir vu les nombreuses déconvenues que je me suis farci en salle ces derniers mois. Décidément après Agora l’année dernière, je trouve que Cannes a définitivement de la merde dans les yeux pour ne pas porter plus de considération à ce genre de production.