sous ce rapport, l'incrédulité de John Wayne me fait penser à celle de Han Solo vis a vis de "la Force" dans Star Wars - Un nouvel espoirJulien Léonard a écrit : Je comprend toutefois la difficulté de Miss Nobody à intégrer le sel biblique de l'histoire. Il faut pouvoir se laisser porter, ce n'est pas un film si facile que cela d'appréhension, comme beaucoup de films de John Ford.
John Wayne (1907-1979)
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Re: John Wayne (1907-1979)
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Re: John Wayne (1907-1979)
Je n'avais pas revu ce film depuis plus de 20 ans. Si j'ai apprécié la photo très léchée, j'ai par contre eu beaucoup de mal avec l'histoire, comme Miss Nobody. Il y a 20 ans, le film m'avait émue. Hier, il m'a laissée de marbre. Il faut dire que certaines invraisemblances m'ont sauté aux yeux. Mildred Natwick en jeune mère de 27 ans; c'est un peu dur à avaler. Elle avait déjà la quarantaine et en plus, elle est parfaitement maquillée et vêtue après une naissance dans le désert. Mais, ce qui m'a encore le plus géné, c'est la surenchère dans le sentimentalisme. Surtout la fin, avec Wayne qui part au pénitencier au son des cantiques.Miss Nobody a écrit :Je viens de regarder le film également. C'est un western court, efficace et divertissant, effectivement doté de belles images.
Au niveau du scénario, on est par contre un peu au ras des paquerettes: la transposition biblique des rois mages dans l'ouest américain est un peu risible quand même.Mais au moins c'est rigolo. Et remarquons qu' il est effectivement miraculeux qu'un bébé survive dans les bras de Wayne et ses comparses, qui s'écroulent plusieurs fois par terre avec, et qui le tienne comme un pauvre rondin de bois (qui devait effectivement faire office de poupon dans la plupart des scènes)!

Dernière modification par Ann Harding le 25 mai 10, 15:48, modifié 1 fois.
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Re: John Wayne (1907-1979)
Tu aurais préféré qu'il soit fusillé pour l'exempleAnn Harding a écrit :Surtout la fin, avec Wayne qui part au pénitencier au son des cantiques.![]()


Perso, quand j'ai vu le Duke cambrioler une banque ... j'ai immédiatement compris que toute tentative de vraisemblance du scénario était morte

C'est un conte, interprété et filmé magistralement.
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Re: John Wayne (1907-1979)
John Wayne est tout à fait capable d'interpréter des personnages nettement plus ambigus que dans Three Godfathers. Il suffit de le voir dans Red River ou The Searchers.hansolo a écrit :Tu aurais préféré qu'il soit fusillé pour l'exempleAnn Harding a écrit :Surtout la fin, avec Wayne qui part au pénitencier au son des cantiques.![]()
![]()
Perso, quand j'ai vu le Duke cambrioler une banque ... j'ai immédiatement compris que toute tentative de vraisemblance du scénario était morte![]()
C'est un conte, interprété et filmé magistralement.
Quant à la scène finale, elle aurait pu être nettement moins sentimentale. Il était inutile d'appuyer autant sur la rédemption de son hors-la-loi. Nombres de films de Ford montrent l'exemple: The Searchers, My Darling Clementine, etc.
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Re: John Wayne (1907-1979)
Il est évident que si tu sonne le rappel de chefs d'œuvre tels que La rivière rouge ou La Prisonnière du désert ; Le fils du désert fait pale figure (la notoriété des premiers films cités n'est pas un hasard!)Ann Harding a écrit :John Wayne est tout à fait capable d'interpréter des personnages nettement plus ambigus que dans Three Godfathers. Il suffit de le voir dans Red River ou The Searchers.hansolo a écrit : Tu aurais préféré qu'il soit fusillé pour l'exemple![]()
Perso, quand j'ai vu le Duke cambrioler une banque ... j'ai immédiatement compris que toute tentative de vraisemblance du scénario était morte![]()
C'est un conte, interprété et filmé magistralement.
Quant à la scène finale, elle aurait pu être nettement moins sentimentale. Il était inutile d'appuyer autant sur la rédemption de son hors-la-loi. Nombres de films de Ford montrent l'exemple: The Searchers, My Darling Clementine, etc.
Le fils du désert n'en reste pas moins un excellent moment de cinéma! (dont j'ignorais même l'existence avant hier!)
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Re: John Wayne (1907-1979)
De plus, au moins plastiquement parlant, il ne fait pas du tout pâle figure face à ces deux monuments. Quant au film, je n'en suis pas spécialement fan même si j'y ai pris du plaisir.hansolo a écrit :
Il est évident que si tu sonne le rappel de chefs d'œuvre tels que La rivière rouge ou La Prisonnière du désert ; Le fils du désert fait pale figure (la notoriété des premiers films cités n'est pas un hasard!)
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Re: John Wayne (1907-1979)
Totalement d'accord ! Mais il faut avouer qu'il faut pouvoir intégrer un tel choix artistique. Que certaines personnes ne puissent pas y trouver leur compte me parait assez compréhensible (je ne fais que me répéter).hansolo a écrit : C'est un conte, interprété et filmé magistralement.

Là encore, totalement d'accord. Sur le fond et la manière d'appréhender le récit, on peut préférer d'autres Ford dits "majeurs", mais même en dehors de son aspect plastique puissamment esthétique, cet opus-ci ne démérite pas au sein de sa merveilleuse carrière, bien au contraire. En ce sens, que le film soit hyper religieux, que les cantiques sonnent à tout va et que la jeune mère soit tout de blanc vêtue, bref, tout cela participe d'une orientation artistique et thématique intelligente, démarquée du moindre réalisme et surtout novatrice. On peut bien sûr ne pas en apprécier les ficelles, mais ceci est une autre histoire.Jeremy Fox a écrit :De plus, au moins plastiquement parlant, il ne fait pas du tout pâle figure face à ces deux monuments. Quant au film, je n'en suis pas spécialement fan même si j'y ai pris du plaisir.hansolo a écrit :
Il est évident que si tu sonne le rappel de chefs d'œuvre tels que La rivière rouge ou La Prisonnière du désert ; Le fils du désert fait pale figure (la notoriété des premiers films cités n'est pas un hasard!)
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Re: John Wayne (1907-1979)
Big Jim McLain - Réalisé par Edward Ludwig (1952) :

Une re-vision s'imposait pour conforter ou infirmer mes souvenirs d'un spectacle bête mais assez bien fichu. En l’occurrence, c'est terrible, cette nouvelle séance a totalement détruit le souvenir que j'avais de Big Jim McLain. Il s'agit, et de loin, du pire film de la carrière de John Wayne. Pourquoi ? Bien simple : idéologiquement puant, et mal fagoté en plus de cela. Film anti-communiste bête et méchant, sans recul, s'avérant de plus en plus obtus au fur et à mesure des séquences se déroulant sous nos yeux. On nous exhorte, pêle-mêle, à dénoncer son fils s'il est communiste (en dépit de la douleur que cela procure), à ne pas donner de travail aux communistes... bref, à rejeter en force cette idéologie, en nous démontrant à quel point les cocos sont méchants, vils, mesquins, lâches et stupides, bref, nuisibles. Pas de dialectique, pas de réflexion, Big Jim McLain est un film tout entier dédié à la commission contre les activités anti-américaines, qui a d'ailleurs apporté son soutien au projet. Tout y est simpliste et ampoulé à l’extrême : il n'y a qu'à voir cette infirmière qui se charge volontairement de supporter un sacerdoce pour le reste de sa vie, car elle ne supporte pas d'avoir été communiste, reléguant cette idéologie à un "crime contre l'humanité" de bas étage (ce qu'elle a été en Russie, certes, m'enfin ne généralisons pas à propos de tous les gens qui ont pu être coco, enfin !). En deux mots, elle expie ses crimes quoi... N'importe quoi, comme tout ce qui est dit dans ce film ! On peut reprocher ce que l'on veut aux Bérets verts, mais il n'était pas aussi puant, loin de là (mon avis largement développé), et le film demeurait discutable, méritait la discussion, mince, soulevait tout de même le débat. Non, le vrai canard boiteux de la filmographie de Duke, c'est bien Big Jim McLain ! Le vase déborde dès le début, mais il faut s'attendre à ce que le film aille encore plus loin dans le non-sens. Au bout d'à peine 20 minutes, on finit par en rire. Il vaut mieux cela qu'en pleurer.
Si encore c'était bien réalisé... Mais que nenni ! C'est une purge, point. Difficile de penser que Ludwig, réalisateur du très beau Réveil de la sorcière rouge avec Wayne également, ait pu être à l'origine de ce truc infâme. Chaque scène est désespérément plate, le scénario est inexistant (je ne blague pas, hein) et le montage est fonctionnel. La troupe d'acteurs est indigente au possible, et je ne parle même pas de l'image de la femme, qui ne rêve que d'une chose : être une bonne ménagère et suivre son homme où il le voudra. L'actrice Nancy Olson est tellement loin de son joli rôle dans l'énormissime Boulevard du crépuscule ! Techniquement, c'est aussi le pire film de la carrière de Wayne, du moins depuis qu'il est devenu une méga-star en 1939. Même Le conquérant et surtout McLintock sont des chefs-d'oeuvre à côté, c'est dire le désastre. Enfin, côté bagarres, c'est le néant : celle tant promise à la fin ne dure que 15 secondes et est d'une maladresse confondante.
Reste John Wayne, qui joue bien, et notamment dans une scène de morgue qui aurait pu être acceptable s'il n'y avait pas eu cette voix-off moralisatrice et misérable en arrière fond. Son charisme est indéniable, m'enfin comme il n'y a guère de film, sa prestation est complètement anodine. J'ai toujours été un fan absolu de John Wayne, de l'homme également, mais là, je l'avoue, je lui en veux d'avoir tourné ce truc. Cela n'égratigne en rien l'admiration que j'ai pour lui, certes, mais je regrette qu'il ait tourné un tel nanar nauséabond et foncièrement bête. Heureusement, ce film est un cas unique dans sa carrière.

Une re-vision s'imposait pour conforter ou infirmer mes souvenirs d'un spectacle bête mais assez bien fichu. En l’occurrence, c'est terrible, cette nouvelle séance a totalement détruit le souvenir que j'avais de Big Jim McLain. Il s'agit, et de loin, du pire film de la carrière de John Wayne. Pourquoi ? Bien simple : idéologiquement puant, et mal fagoté en plus de cela. Film anti-communiste bête et méchant, sans recul, s'avérant de plus en plus obtus au fur et à mesure des séquences se déroulant sous nos yeux. On nous exhorte, pêle-mêle, à dénoncer son fils s'il est communiste (en dépit de la douleur que cela procure), à ne pas donner de travail aux communistes... bref, à rejeter en force cette idéologie, en nous démontrant à quel point les cocos sont méchants, vils, mesquins, lâches et stupides, bref, nuisibles. Pas de dialectique, pas de réflexion, Big Jim McLain est un film tout entier dédié à la commission contre les activités anti-américaines, qui a d'ailleurs apporté son soutien au projet. Tout y est simpliste et ampoulé à l’extrême : il n'y a qu'à voir cette infirmière qui se charge volontairement de supporter un sacerdoce pour le reste de sa vie, car elle ne supporte pas d'avoir été communiste, reléguant cette idéologie à un "crime contre l'humanité" de bas étage (ce qu'elle a été en Russie, certes, m'enfin ne généralisons pas à propos de tous les gens qui ont pu être coco, enfin !). En deux mots, elle expie ses crimes quoi... N'importe quoi, comme tout ce qui est dit dans ce film ! On peut reprocher ce que l'on veut aux Bérets verts, mais il n'était pas aussi puant, loin de là (mon avis largement développé), et le film demeurait discutable, méritait la discussion, mince, soulevait tout de même le débat. Non, le vrai canard boiteux de la filmographie de Duke, c'est bien Big Jim McLain ! Le vase déborde dès le début, mais il faut s'attendre à ce que le film aille encore plus loin dans le non-sens. Au bout d'à peine 20 minutes, on finit par en rire. Il vaut mieux cela qu'en pleurer.
Si encore c'était bien réalisé... Mais que nenni ! C'est une purge, point. Difficile de penser que Ludwig, réalisateur du très beau Réveil de la sorcière rouge avec Wayne également, ait pu être à l'origine de ce truc infâme. Chaque scène est désespérément plate, le scénario est inexistant (je ne blague pas, hein) et le montage est fonctionnel. La troupe d'acteurs est indigente au possible, et je ne parle même pas de l'image de la femme, qui ne rêve que d'une chose : être une bonne ménagère et suivre son homme où il le voudra. L'actrice Nancy Olson est tellement loin de son joli rôle dans l'énormissime Boulevard du crépuscule ! Techniquement, c'est aussi le pire film de la carrière de Wayne, du moins depuis qu'il est devenu une méga-star en 1939. Même Le conquérant et surtout McLintock sont des chefs-d'oeuvre à côté, c'est dire le désastre. Enfin, côté bagarres, c'est le néant : celle tant promise à la fin ne dure que 15 secondes et est d'une maladresse confondante.
Reste John Wayne, qui joue bien, et notamment dans une scène de morgue qui aurait pu être acceptable s'il n'y avait pas eu cette voix-off moralisatrice et misérable en arrière fond. Son charisme est indéniable, m'enfin comme il n'y a guère de film, sa prestation est complètement anodine. J'ai toujours été un fan absolu de John Wayne, de l'homme également, mais là, je l'avoue, je lui en veux d'avoir tourné ce truc. Cela n'égratigne en rien l'admiration que j'ai pour lui, certes, mais je regrette qu'il ait tourné un tel nanar nauséabond et foncièrement bête. Heureusement, ce film est un cas unique dans sa carrière.

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Réveil de la sorcière rouge

Le capitaine Ralls, homme apparemment dur et sans pitié, décide de faire couler le navire marchand qu’il commande ‘La Sorcière Rouge’, celui-ci renfermant un trésor sous la forme de lingots d’or. Les investigations de la commission d’enquête sont interrompues par Sidneye, le directeur en personne de la compagnie commerciale ‘Batjak’ ayant perdu le bateau. Quels ont été les motivations de ces deux hommes pour avoir eu des réactions aussi étranges ? L’argent et le pouvoir sont-ils les seuls en cause ou une histoire passionnelle se cache-t-elle là dessous ? Les réponses nous seront distillées au compte goutte à l’intérieur d’un récit exotique dans lequel on trouve entre autres péripéties une pieuvre géante, une dangereuse pêche aux perles, un trésor englouti, et le fameux réveil du navire coulé.

En consultant aujourd’hui les dictionnaires ou histoires du cinéma, nous constatons avec regret que ce film d’aventure est, la plupart du temps, carrément oublié ou traité avec condescendance, côtoyant dans ce cas les films de série inintéressants et assez banals qui étaient légions à l’époque. Heureusement, quelques éminents critiques comme Jean-Pierre Coursodon, Bertrand Tavernier ou Jacques Lourcelles ont été présents pour le faire sortir de l’anonymat. Ils ont utilisé toute leur passion cinéphilique pour le défendre et le faire sortir de cette relative indifférence où on l’a laissé croupir, sans quoi il aurait irrémédiablement été oublié. Nous pouvons donc les remercier d’avoir permis à quelques-uns d’entre nous d’avoir eu la curiosité d’aller à la découverte de cette petite merveille, film culte pour certains, mais il est vrai, encore peu apprécié par une grande majorité. Pourquoi ça ?

Effectivement, ce film d’aventure maritime et exotique ne révolutionne en rien la grammaire cinématographique. La mise en scène de Ludwig est entièrement mise au service de l’histoire ; point de travellings savants, de plans très recherchés, c’est le plaisir de conteur de ce réalisateur peu connu qui est mis en avant. Il faut donc se laisser porter dans les méandres d’un scénario parfaitement construit par Harry Brown, un peu à la manière des nouvelles de Joseph Conrad, par de longs flash-back racontés par différents personnages, le point de vue sur les évènements, et de ce fait sur les protagonistes, variant suivant la personnalité des narrateurs. Et c’est l’un des points très intéressants du film, le fait que nous ne cernions pas immédiatement le vrai tempérament de ces hommes et femmes, ce qui accentue leur richesse et leur complexité. Par ce système utilisant plusieurs degrés de narration, l’intrigue ainsi que le caractère des personnages acquièrent une imprévisibilité de tous les instants.

Malgré la sécheresse de la mise en scène, ce film demeure profondément romanesque et lyrique jusque dans son titre parfaitement choisi mais dont nous ne nous ne dévoilerons pas ici la signification. Là où l’on aurait pu au début du film s’attendre à voir des personnages mus par l’appât du gain et du pouvoir, il se révèle en fin de compte que la motivation principale de ces deux protagonistes ennemis est la passion qu’ils éprouvent tous deux pour la même femme. Le respect qu’ils se portent malgré ça les rend profondément humains et les larmes finales du ‘méchant de service’ sont convaincantes et très émouvantes. Ce romantisme, on le retrouve surtout dans quelques images et scènes fortes et inoubliables : la première apparition de Adele Mara (personnage secondaire) sortant nue d’un lac telle une sirène sur un très beau thème du compositeur Nathan Scott ; le combat avec la pieuvre qui n’a pas à rougir de la comparaison avec celle de 20000 lieues sous les mers de Fleischer ; Gail Russel jouant du Chopin le soir en pleine île du Pacifique ou bien sa mort dans les bras de son amant ; et bien sûr, la sublime scène sous-marine finale d’une poésie rarement égalée et qui doit beaucoup aux remarquables effets spéciaux des frères Lydecker. L’ultime image a dû beaucoup plaire aux surréalistes de l’époque.

Entre La rivière rouge et La charge héroïque, John Wayne trouve ici une nouvelle fois un rôle à sa mesure. Il joue un personnage assez complexe, ni bon ni mauvais, plein d’amertume et de haine : il aimera tellement le film qu’il donnera le nom de la compagnie maritime ‘Batjak’ à la société de production qu’il créera dans les années 50. Luther Adler, l’ennemi juré de John Wayne est également excellent et très ambigu ; son respect pour son ennemi lui fera dire de lui à ses associés « Il fait de la vie un défi permanent ; à côté de lui, vous êtes des décadents…morts ». Et que dire des deux personnages féminins dont nous nous rappellerons surtout le visage. Angélique, la bien-nommée, jouée par la magnifique Gail Russel, actrice assez limitée mais dont nous apprécions la présence grâce à un visage, un regard et un sourire profondément émouvant ; elle n’a d’ailleurs au cours du film qu’à peine plus d’une vingtaine de phrases à prononcer mais c’est sa fragilité qui rend son personnage inoubliable (fragilité qui n’était pas feinte puisqu’elle décèdera à l’âge de 32 ans pour raison de santé).

Sans le premier degré nécessaire à la vision d’un tel film, il y aurait quelques motifs de sourire : lors du combat contre la pieuvre, John Wayne est étonnement résistant sous l’eau et sa scène de déclamation de son amour pour la mer est quelque peu grandiloquente. Côté technique, il pourrait aussi y avoir à ricaner mais il faut replacer le film dans son époque et se souvenir que Ludwig n’avait qu’un petit budget à sa disposition : la scène de déclaration d’amour de Luther Adler à Gail Russel se déroule devant une transparence de paysage défilant maladroitement alors que les deux protagonistes marchent apparemment en faisant du sur place sur un tapis roulant. Mais de grâce, il faut écouter d’une oreille distraite les moqueries faciles et les grincheux éventuels qui n’auront de cesse d’affirmer que ce film est fade, terne et ridicule, il faut au contraire sans plus tarder partir à la découverte, avec un reste de votre âme d’enfant ou d’adolescent, de ce film poétique, romantique, dans lequel encore une fois au cinéma, l’amour est plus fort que la mort.

Bonus critique : extrait du dictionnaire du cinéma de Jacques Lourcelles : "Ces passions décrites par Ludwig sans aucun moralisme, créent bientôt les conditions d’une exacerbation romanesque qui n’a nul besoin, pour s’accomplir pleinement sur l’écran, de lyrisme ou d’emphase, auquel le ton Ludwig est d’ailleurs étranger… Ludwig le magnifique évoluait à Hollywood comme un poisson dans l’eau ; il écartait de sa route les poncifs et les remplaçait par une originalité étrange, un flamboiement parfois royal, une poésie calme et discrètement foisonnante."
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Re: John Wayne (1907-1979)
C'est pas faux !Jeremy Fox a écrit :Ah oui, ça donne envieCa confirme la note de Jack Carter le mois dernier. Dommage de la part du réalisateur du réveil de la sorcière rouge mais son Alerte aux Marines était déjà bien minable

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Re: John Wayne (1907-1979)
Tu m'as convaincu avec cette phrase JulienJulien Léonard a écrit :...et surtout McLintock sont des chefs-d'oeuvre à côté, c'est dire le désastre.


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Re: John Wayne (1907-1979)
feb a écrit :Tu m'as convaincu avec cette phrase JulienJulien Léonard a écrit :...et surtout McLintock sont des chefs-d'oeuvre à côté, c'est dire le désastre.![]()

Curieux, surtout qu'un an après il tourne dans Trouble along the way (revu ces jours-ci, réévalué à la hausse : je pense qu'il s'agit d'un excellent film, à défaut d'être l'un des meilleurs de Curtiz), une oeuvre quasi-socialiste (je pousse un tout petit peu) dans laquelle il milite presque pour les études gratuites pour les jeunes en université. Quel fossé idéologique entre ces deux films ! Quelle fossé qualitatif aussi...

- feb
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Re: John Wayne (1907-1979)
Oui je suis d'accord avec toi concernant Un homme pas comme les autres (Trouble along the way) (on en avait discuté d'ailleurs sur le topic Michael Curtiz http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 5#p1998787) et ce que tu dis est assez étonnant concernant ce saut entre ces 2 films aux "idéologies" complètement opposées...peut être John Wayne se sentant proche des idées véhiculées par Big Jim McLain a accepté de tourner dedans sans être trop regardant sur le résultat final.
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Re: John Wayne (1907-1979)
John Wayne était malheureusement clairement proche de l'idéologie de Big Jim McLain, du coup sa participation à ce film n'est pas étonnante, même si sa nature laissait entendre qu'il n'était pas aussi engagé que cela (contrairement à son copain Ward Bond qui, lui, était largement digne de figurer au générique de ce film). Wayne était plutôt passif sur ce qui se passait, tout en affichant clairement ses préférences anti-rouges. Mais selon les biographies écrites sur lui, il semble que tout ceci ait un rapport direct avec les années de guerre qu'il n'a pas honoré comme il l'aurait voulu à posteriori. Son rôle de super patriote, il l'a endossé pour réajuster sa position active vis-à-vis de son pays (ce qui n'était pas la chose la plus formidable à faire, quoique signe d'une passion pour son pays qu'il désirait affirmer d'une façon ou d'une autre). Argument appuyé par sa troisième femme, son grand amour, Pilar. Elle l'a raconté dans son livre, ce qu'elle a décrit avec beaucoup de respect, d'amour, mais aussi de franchise.feb a écrit :Oui je suis d'accord avec toi concernant Un homme pas comme les autres (Trouble along the way) (on en avait discuté d'ailleurs sur le topic Michael Curtiz http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 5#p1998787) et ce que tu dis est assez étonnant concernant ce saut entre ces 2 films aux "idéologies" complètement opposées...peut être John Wayne se sentant proche des idées véhiculées par Big Jim McLain a accepté de tourner dedans sans être trop regardant sur le résultat final.
Trouble along the way fait montre d'une certaine opposition dans ses idées, en penchant parfois à gauche (la liberté d'une femme qui a étudié et qui travaille, le militantisme -discret mais bien présent- pour que les jeunes sans moyens financiers puissent étudier...). Son rôle de papa élevant seul sa fille est intéressant et permet de penser que Wayne avait de l'affection pour les familles éclatées ou bien reconstituées. La réalisation de Curtiz, tout à fait impeccable, enrobe le film avec justesse et évite le moralisme trop forcé. On en avait effectivement parlé sur le topic consacré à Michael Curtiz, mais en l'ayant revu depuis, je serais davantage laudatif pour ce film. Pas un grand film, mais un joli moment solidement bâti et très bien mis en scène. Toutes proportions gardées bien sûr (n'est pas Capra qui veut), Trouble along the way est pour moi un peu le It's a wonderful life de John Wayne, tout comme Cary Grant a eu le sien (le magnifique On murmure dans la ville) : le genre de films où un homme, seul contre tous, est guidé par sa bonté. Le Curtiz se situe évidemment bien en-dessous, mais il est très intéressant.

- feb
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Re: John Wayne (1907-1979)
Intéressant ce que tu dis Julien concernant cette envie pour John Wayne de compenser, de rattraper son manque "d'implication" durant les années de guerre. Je ne le savais pas et cela explique, en partie, ce besoin de tourner dans des films au patriotisme plus ou moins exacerbé (comme ce Big Jim McLain). Merci
Quant à Trouble along the way, même s'il n'est pas parfait, il se laisse regarder surtout pour l'interprétation de John Wayne que j'avais trouvé très bon et crédible dans le rôle de ce père élevant seul sa fille (et puis il y a Donna Reed donc bon voilà quoi hein....
). J'aime bien ton idée de définir ce film comme le It's a wonderful life de John Wayne.

Quant à Trouble along the way, même s'il n'est pas parfait, il se laisse regarder surtout pour l'interprétation de John Wayne que j'avais trouvé très bon et crédible dans le rôle de ce père élevant seul sa fille (et puis il y a Donna Reed donc bon voilà quoi hein....
