William Keighley (1889-1984)
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William Keighley (1889-1984)
Réalisateur hollywoodien ayant une filmographie de près de 40 films, William Keighley demeure pour moi l'un des artisans sans génie les plus efficaces de la Warner Bros. Son style ? Il n'en a pour ainsi dire pas, et ce fut certainement ce qui le conduisit à entamer une "jolie carrière discrète et sans éclat" à Hollywood. Capable de mener à bien des projets financièrement coûteux, il fut l'ambassadeur de plusieurs gros succès au box-office et de quelques classiques. Bon directeur d'acteurs, il ne transcendait pas les talents qu'il avait sous son égide, mais tout au moins les tenait correctement en main : James Cagney, Bette Davis ou Errol Flynn ne connurent pas leurs plus beaux rôles et n'offrirent pas leurs plus intenses prestations devant sa caméra, mais ils ne tournèrent pas non plus leurs plus mauvais films.
Films de cape et d'épée, comédies romantiques, screwballs, westerns, films d'aventures exotiques... Keighley a presque tout fait, et avec un certain talent. Ses films ne portent aucune patte reconnaissable, ce sont des produits qui portent avant tout les stigmates qualitatifs des standards Warner. Il suffit de regarder Le prince et le pauvre pour s'en rendre compte : un film solide, rondement mené, agréable sous tout rapport, mais totalement dénué de marque personnelle, et entièrement dédié à l'esthétique Warner de base. Il n'a porté au firmament cinématographique aucun de ses films, mais a toujours su en tirer le meilleur malgré tout. Très dépendant de ses personnages, il lui fallait un bon script pour savoir quoi en faire, n'insufflant généralement aucune initiative personnelle, ses réussites en témoignant : Le prince et le pauvre, La fiancée contre remboursement, Torrid zone, G-men, Bullets or ballots, Le régiment des bagarreurs, La dernière rafale, La révolte des dieux rouges, Le vagabond des mers...
Ses films ont toujours un petit goût de "surfons sur la mode de...", car aucun d'entre eux ne révolutionne le genre, mais plutôt profite de la popularité d'un courant pour offrir un énième divertissement qui plaise à un public demandeur. Ainsi ses orientations de carrière sont-elles toujours guidées par des castings déjà éprouvés (Errol Flynn dans un film de cape et d'épée, ou James Cagney, Pat O'Brien et Ann Sheridan se retrouvant une nouvelle fois dans Torrid zone...). De temps à autres, il offre un film totalement attendu, mais en incluant un mélange jamais vu (James cagney et Bette Davis, duo original, dans une bonne comédie typique de l'époque, La fiancée contre remboursement). On n'a quasiment jamais envie de se demander si le film pourrait être meilleur sous la caméra d'un autre réalisateur, plus talentueux et plus marqué, car ses films sont techniquement inoffensifs et servent en fin de compte l'idéologie artistique d'un studio. Aucun chef-d'oeuvre dans sa carrière, certes, mais tout de même plusieurs très bons films, dans un respect du public toujours renouvelé. Rien que pour cela, le monsieur méritait bien un petit topic, occasion également de parler de ce que pouvait être un vrai "yes man" à l'époque de l'âge d'or hollywoodien. On est loin de Curtiz, Walsh, ou même dans une moindre mesure Le Roy... Mais Keighley valait cependant bien mieux que cette anecdote (vraie, mais masquant quelque peu son aura) voulant qu'il fut remplacé par Curtiz afin d'améliorer le film The adventures of Robin Hood en 1938.
Mon top 5 :
La révolte des dieux rouges
'G' men
Each dawn I die
La fiancée contre remboursement
Le régiment des bagarreurs
Films de cape et d'épée, comédies romantiques, screwballs, westerns, films d'aventures exotiques... Keighley a presque tout fait, et avec un certain talent. Ses films ne portent aucune patte reconnaissable, ce sont des produits qui portent avant tout les stigmates qualitatifs des standards Warner. Il suffit de regarder Le prince et le pauvre pour s'en rendre compte : un film solide, rondement mené, agréable sous tout rapport, mais totalement dénué de marque personnelle, et entièrement dédié à l'esthétique Warner de base. Il n'a porté au firmament cinématographique aucun de ses films, mais a toujours su en tirer le meilleur malgré tout. Très dépendant de ses personnages, il lui fallait un bon script pour savoir quoi en faire, n'insufflant généralement aucune initiative personnelle, ses réussites en témoignant : Le prince et le pauvre, La fiancée contre remboursement, Torrid zone, G-men, Bullets or ballots, Le régiment des bagarreurs, La dernière rafale, La révolte des dieux rouges, Le vagabond des mers...
Ses films ont toujours un petit goût de "surfons sur la mode de...", car aucun d'entre eux ne révolutionne le genre, mais plutôt profite de la popularité d'un courant pour offrir un énième divertissement qui plaise à un public demandeur. Ainsi ses orientations de carrière sont-elles toujours guidées par des castings déjà éprouvés (Errol Flynn dans un film de cape et d'épée, ou James Cagney, Pat O'Brien et Ann Sheridan se retrouvant une nouvelle fois dans Torrid zone...). De temps à autres, il offre un film totalement attendu, mais en incluant un mélange jamais vu (James cagney et Bette Davis, duo original, dans une bonne comédie typique de l'époque, La fiancée contre remboursement). On n'a quasiment jamais envie de se demander si le film pourrait être meilleur sous la caméra d'un autre réalisateur, plus talentueux et plus marqué, car ses films sont techniquement inoffensifs et servent en fin de compte l'idéologie artistique d'un studio. Aucun chef-d'oeuvre dans sa carrière, certes, mais tout de même plusieurs très bons films, dans un respect du public toujours renouvelé. Rien que pour cela, le monsieur méritait bien un petit topic, occasion également de parler de ce que pouvait être un vrai "yes man" à l'époque de l'âge d'or hollywoodien. On est loin de Curtiz, Walsh, ou même dans une moindre mesure Le Roy... Mais Keighley valait cependant bien mieux que cette anecdote (vraie, mais masquant quelque peu son aura) voulant qu'il fut remplacé par Curtiz afin d'améliorer le film The adventures of Robin Hood en 1938.
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Dernière modification par Julien Léonard le 3 janv. 11, 16:21, modifié 2 fois.

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Re: William Keighley (1889-1984)
Bon, voyant le succès inconsidéré de ce topic (
N'empêche, faut croire que je me suis planté là...
), je relance le sujet juste une fois, on verra bien.
La fiancée contre remboursement (The bride came C.O.D.) / 1941 - Réalisé par William Keighley :

Le genre de comédie dans laquelle on verrait bien le couple Gable-Colbert s'épanouir, ou bien encore Grant-Hepburn... Mais à l'image de ces deux mythiques couples de cinéma (de comédie même, dirons-nous), le duo Cagney-Davis possède son propre charme et sa propre marque. Une très bonne comédie, donc, prouvant une fois de plus le professionnalisme sans éclat d'un William Keighley décidément bon technicien, à défaut d'avoir un véritable style. Du solide au style typiquement Warner (photographie, étalonnage, montage et prises de vues), saupoudré d'un rythme en forme de course poursuite. Il faut voir Bette Davis jouer les hystériques et se prendre un cactus dans les fesses (bon running gag) et s'étonner devant un James Cagney totalement frontal (dans le sens où il est encore une fois d'un naturel incroyable), pour se rendre compte de la qualité du produit : un bon classique assez drôle, et idéal pour passer une soirée en amoureux. On ne s'ennuie pas une seule seconde, même si la fin patine durant 10 bonnes minutes, apparaissant en fin de compte comme peu étoffée... L'intrigue est parfois un peu simpliste, notamment en raison d'enjeux pas forcément bien amenés, mais les rebondissements ne manquent pas. Pas un chef-d'oeuvre, loin de là, mais un bon film hollywoodien comme on savait les faire à tour de bras durant ces années-là. Quelle époque !
Et le lien vers la chronique concernant La révolte des dieux rouges, avec Errol Flynn :
http://www.dvdclassik.com/Critiques/mon ... in-dvd.htm


La fiancée contre remboursement (The bride came C.O.D.) / 1941 - Réalisé par William Keighley :

Le genre de comédie dans laquelle on verrait bien le couple Gable-Colbert s'épanouir, ou bien encore Grant-Hepburn... Mais à l'image de ces deux mythiques couples de cinéma (de comédie même, dirons-nous), le duo Cagney-Davis possède son propre charme et sa propre marque. Une très bonne comédie, donc, prouvant une fois de plus le professionnalisme sans éclat d'un William Keighley décidément bon technicien, à défaut d'avoir un véritable style. Du solide au style typiquement Warner (photographie, étalonnage, montage et prises de vues), saupoudré d'un rythme en forme de course poursuite. Il faut voir Bette Davis jouer les hystériques et se prendre un cactus dans les fesses (bon running gag) et s'étonner devant un James Cagney totalement frontal (dans le sens où il est encore une fois d'un naturel incroyable), pour se rendre compte de la qualité du produit : un bon classique assez drôle, et idéal pour passer une soirée en amoureux. On ne s'ennuie pas une seule seconde, même si la fin patine durant 10 bonnes minutes, apparaissant en fin de compte comme peu étoffée... L'intrigue est parfois un peu simpliste, notamment en raison d'enjeux pas forcément bien amenés, mais les rebondissements ne manquent pas. Pas un chef-d'oeuvre, loin de là, mais un bon film hollywoodien comme on savait les faire à tour de bras durant ces années-là. Quelle époque !
Et le lien vers la chronique concernant La révolte des dieux rouges, avec Errol Flynn :
http://www.dvdclassik.com/Critiques/mon ... in-dvd.htm
Dernière modification par Julien Léonard le 27 juin 10, 23:28, modifié 1 fois.

- Jeremy Fox
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Re: William Keighley (1889-1984)
Non non, un réalisateur très intéressant mais que je ne connais pas très bien ; au départ, je lui en ai toujours voulu d'avoir réalisé les Aventures de Robin des Bois en collaboration avec Michael Curtiz ; adulant le réalisateur hongrois, avec une très grande mauvaise foi, j'ai toujours reporté la faute sur Keighley d'avoir rendu ce film aussi peu digeste (enfin, ce n'est que mon avis
). En tout cas son révolte des dieux rouges et La dernière rafale sont de franches réussites. Content de voir un avis sur The Bride came C.O.D qui me fait d'autant plus regretter ne pas l'avoir acheté lors de la promo Warner de chez Noz l'année dernière, pas plus que Torrid Zone et le régiment des bagarreurs qui étaient aussi dans l'offre
En revanche, je n'ai jamais accroché à son prince et le pauvre et Le vagabond des mers m'avait aussi passablement déçu.


En revanche, je n'ai jamais accroché à son prince et le pauvre et Le vagabond des mers m'avait aussi passablement déçu.
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Re: William Keighley (1889-1984)
Tu ne t'es pas planté, Julien, c'est simplement que William Keighley, ben on connaît pas très bien, je crois.
Mais ton avis et autres précisions sont intéressantes.
Enfin, je rapatrie ici mes avis, postés ailleurs sur le forum (comme quoi, le topic 'Keighley' a son avantage
) :
De mai 2009 :

Torrid zone
(1940) :
Concentré d'aventure, d'exotisme et d'humour, "Torrid zone" se laisse regarder avec un zeste de paresse et de déconcentration, car si on n'est loin d'être devant un chef-d'oeuvre, on n'en passe pas un moment désagréable pour autant. Le postulat de base est simple : le personnage principal (James Cagney), alors qu'il ne souhaite rien de mieux que de retrouver un boulot tranquille à Chicago, retarde son départ du Mexique pour acheminer un convoi de bananes, mais il a également fort à faire, entre d'une part les troubles occasionnés par une poignée de "révolutionnaires" indigènes, et d'autre part le charme piquant d'une belle Américaine en vadrouille. Peu d'action, pas de scènes exaltantes, et c'est tant mieux, car lorsque ça s'agite un peu plus, il ne s'agit pas des meilleurs moments du film, où ça a tendance à vite tourner à un ridicule certe bon enfant, mais surtout agaçant. En conséquence, beaucoup de dialogues, d'un ton très savoureux et parfaitement délivré par le trio James Cagney/Ann Sheridan/Pat O'Brien, auxquel viennent s'ajouter quelques second rôles également très bons. La recherche des plaisirs, du bon temps, ainsi que le professionnalisme qui unissent les principaux protagonistes en une amitié virile ne dépareraient pas dans un film de Hawks, par exemple. C'est essentiellement comique (d'où la caricature pas très subtile des Mexicains), joliment photographié en noir et blanc, et au final assez sympathique. 6,5/10
Et juillet 2009 :

The bride came C.O.D / La fiancée contre remboursement
(1941) :
On n'a pas forcément l'habitude de se représenter James Cagney, ou plus encore Bette Davis, dans une comédie, mais cette "Fiancée contre remboursement" est un plutôt bon film aux personnages sympathiques et amusants, aux situations légères et drôles. C'est l'histoire d'une forcément riche et jeune Américaine qui, sur un coup de tête, entreprend de se marier avec un chanteur de night-club vantard joué par Jack Carson. Le couple affrète un avion piloté par le personnage de Cagney, alors même que le père de la jeune femme conclut un marché avec ce dernier pour qu'il lui ramène sa fille 'non mariée'. Le rocambolesque de l'histoire, le côté le plus souvent absurde des situations, le tout associé à un rythme assez énergique en font un film rendu d'autant plus plaisant grâce à la présence de Davis et Cagney. 7/10
Je n'ai rien vu d'autre de lui, mais j'ai encore La dernière rafale sous le coude pour un prochain jour (ça ne fait jamais que 2 ans et demi que j'ai le dvd
).

Enfin, je rapatrie ici mes avis, postés ailleurs sur le forum (comme quoi, le topic 'Keighley' a son avantage

De mai 2009 :

Torrid zone
(1940) :
Concentré d'aventure, d'exotisme et d'humour, "Torrid zone" se laisse regarder avec un zeste de paresse et de déconcentration, car si on n'est loin d'être devant un chef-d'oeuvre, on n'en passe pas un moment désagréable pour autant. Le postulat de base est simple : le personnage principal (James Cagney), alors qu'il ne souhaite rien de mieux que de retrouver un boulot tranquille à Chicago, retarde son départ du Mexique pour acheminer un convoi de bananes, mais il a également fort à faire, entre d'une part les troubles occasionnés par une poignée de "révolutionnaires" indigènes, et d'autre part le charme piquant d'une belle Américaine en vadrouille. Peu d'action, pas de scènes exaltantes, et c'est tant mieux, car lorsque ça s'agite un peu plus, il ne s'agit pas des meilleurs moments du film, où ça a tendance à vite tourner à un ridicule certe bon enfant, mais surtout agaçant. En conséquence, beaucoup de dialogues, d'un ton très savoureux et parfaitement délivré par le trio James Cagney/Ann Sheridan/Pat O'Brien, auxquel viennent s'ajouter quelques second rôles également très bons. La recherche des plaisirs, du bon temps, ainsi que le professionnalisme qui unissent les principaux protagonistes en une amitié virile ne dépareraient pas dans un film de Hawks, par exemple. C'est essentiellement comique (d'où la caricature pas très subtile des Mexicains), joliment photographié en noir et blanc, et au final assez sympathique. 6,5/10
Et juillet 2009 :

The bride came C.O.D / La fiancée contre remboursement
(1941) :
On n'a pas forcément l'habitude de se représenter James Cagney, ou plus encore Bette Davis, dans une comédie, mais cette "Fiancée contre remboursement" est un plutôt bon film aux personnages sympathiques et amusants, aux situations légères et drôles. C'est l'histoire d'une forcément riche et jeune Américaine qui, sur un coup de tête, entreprend de se marier avec un chanteur de night-club vantard joué par Jack Carson. Le couple affrète un avion piloté par le personnage de Cagney, alors même que le père de la jeune femme conclut un marché avec ce dernier pour qu'il lui ramène sa fille 'non mariée'. Le rocambolesque de l'histoire, le côté le plus souvent absurde des situations, le tout associé à un rythme assez énergique en font un film rendu d'autant plus plaisant grâce à la présence de Davis et Cagney. 7/10
Je n'ai rien vu d'autre de lui, mais j'ai encore La dernière rafale sous le coude pour un prochain jour (ça ne fait jamais que 2 ans et demi que j'ai le dvd

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Re: William Keighley (1889-1984)
Ce sont des films à son image, bien conçus, mais pas transcendants. Le prince et le pauvre n'aurait en l'état pas pu être meilleur, même sous la caméra de Curtiz, car il aurait juste fallu en fait un meilleur scénario (un peu moins poussif). En l'état, et vu le peu d'action que contient le film, Keighley rythme le tout sans trop de difficultés et concocte des images fort belles, avant tout typiques du style Warner, comme je le soulignais précédemment. Quant au Vagabond des mers, il faut à mon humble avis le regarder sans faire de comparaison avec les films d'aventures précédents de Flynn : un film court, sans temps mort, aux combats bien chorégraphiés et bénéficiant de belles images (Jack Cardiff, je crois) et d'un Flynn fatigué, mais une dernière fois bondissant.Jeremy Fox a écrit : En revanche, je n'ai jamais accroché à son prince et le pauvre et Le vagabond des mers m'avait aussi passablement déçu.

Sybille, je suis bien d'accord avec toi pour La fiancée contre remboursement et Torrid zone. D'ailleurs, Jeremy, si tu cherches le premier, tu peux le trouver pour un prix ridicule sur Priceminister (le deuxième aussi, d'ailleurs). Tu peux y aller, c'est une bonne comédie qui se laisse voir avec plaisir.
Extrait du livre Errol Flynn ou le mal aimé du cinéma, de Michael Freedland (France Empire - 1980) :Jeremy Fox a écrit :Non non, un réalisateur très intéressant mais que je ne connais pas très bien ; au départ, je lui en ai toujours voulu d'avoir réalisé les Aventures de Robin des Bois en collaboration avec Michael Curtiz ; adulant le réalisateur hongrois, avec une très grande mauvaise foi, j'ai toujours reporté la faute sur Keighley d'avoir rendu ce film aussi peu digeste (enfin, ce n'est que mon avis).
Mais le reste du film restait fade.
- Rien à faire, vieux, dit Errol Flynn à Hal Wallis. Je ne peux rien faire de bon quand j'ai envie de bailler.
Ce fut sans doute la seule fois où Flynn s'intéressa à un de ses films, au point de se demander s'il serait bon. Il n'était pas le seul à s'inquiéter. Toute l'équipe sentait que ça ne tournait pas rond, en particulier Eugene Pallette (frère Tuck) qui avait vraiment l'air d'un moine gros et gras, et Alan Hale, en "Little John" (Petit Jean, rôle qu'il avait tenu dans la version muette et devait reprendre en 1950 dans une troisième mouture de "Robin des bois").
Le film se figeait dès que Errol croisait le fer avec Basil Rathbone, qui s'efforçait vainement de rendre démoniaque son Sir Guy de Gisbourne. Wallis en arriva à l'inévitable conclusion qu'il fallait remplacer Keighley. La nouvelle fut accueillie par toute la troupe avec un soupir de soulagement. Sauf par Errol Flynn.
- Et hop, nous v'là repartis, dit-il. On va rigoler !
C'est Michael Curtiz qui reprenait le film, et Flynn savait ce qui l'attendait.
En l'occurrence, le film demeure tout à fait "Curtizien", beaucoup plus rythmé et plus novateur, plus mouvant et plus contrasté, qu'un film de Keighley. Sans l'ombre d'un doute, Curtiz s'est totalement réapproprié le film, y compris plastiquement parlant. Je n'aime pas énormément The adventures of Robin Hood, le trouvant décevant et "too much" dans nombre de ses effets, mais c'est un style tout à fait ancré dans son époque. Keighley aurait réalisé un film qui n'aurait pas tenu le coup, or Curtiz en a fait un grand classique. Autant je ne suis guère enthousiasmé par ce film, autant je lui reconnais ses qualités. Et force est d'avouer qu'après des années 30 inoubliables et des années 40 encore assez grandioses, la filmographie de Curtiz sera autrement plus terne dans les années 50, une décennie dans laquelle le réalisateur hongrois a visiblement perdu ses marques.

- Jeremy Fox
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Re: William Keighley (1889-1984)
Très intéressante anecdote à propos de Robin Hood, tu peux la rajouter dans ton topicJulien Léonard a écrit : la filmographie de Curtiz sera autrement plus terne dans les années 50, une décennie dans laquelle le réalisateur hongrois a visiblement perdu ses marques.

Dans les années 50 il a réalisé néanmoins d'excellents films : Young Man with a Horn avec Kirk Douglas et Doris Day, L'égyptien, un des péplums les plus intelligents réalisés à Holywood, King Creole, certainement le meilleur film avec Elvis ; quant à White Christmas, il n'est absolument pas déshonorant. Bref, il y avait encore de quoi se réjouir avec Curtiz lors de cette décennie même si ça volait moins haut que durant la précédente.
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Re: William Keighley (1889-1984)
J'ai vu White Christmas, et je t'avoue ne pas avoir du tout accroché.Jeremy Fox a écrit :Très intéressante anecdote à propos de Robin Hood, tu peux la rajouter dans ton topicJulien Léonard a écrit : la filmographie de Curtiz sera autrement plus terne dans les années 50, une décennie dans laquelle le réalisateur hongrois a visiblement perdu ses marques.![]()
Dans les années 50 il a réalisé néanmoins d'excellents films : Young Man with a Horn avec Kirk Douglas et Doris Day, L'égyptien, un des péplums les plus intelligents réalisés à Holywood, King Creole, certainement le meilleur film avec Elvis ; quant à White Christmas, il n'est absolument pas déshonorant. Bref, il y avait encore de quoi se réjouir avec Curtiz lors de cette décennie même si ça volait moins haut que durant la précédente.

Bon, j'ai encore fait du hors-sujet moi...

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Re: William Keighley (1889-1984)
J'ai personnellement beaucoup apprécié Le prince et le pauvre autant pour le jeu de Flynn (qui est un peu la "guest star") que pour celui des Mauch Twins!Julien Léonard a écrit :Ce sont des films à son image, bien conçus, mais pas transcendants. Le prince et le pauvre n'aurait en l'état pas pu être meilleur, même sous la caméra de Curtiz, car il aurait juste fallu en fait un meilleur scénario (un peu moins poussif). En l'état, et vu le peu d'action que contient le film, Keighley rythme le tout sans trop de difficultés et concocte des images fort belles, avant tout typiques du style Warner, comme je le soulignais précédemment.Jeremy Fox a écrit : En revanche, je n'ai jamais accroché à son prince et le pauvre et Le vagabond des mers m'avait aussi passablement déçu.
Je l'ai découvert l'année derniere et ce film, dont je n'attendais rien, m'a permis de passer une excellente soirée!
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Re: William Keighley (1889-1984)
Le début est vraiment très bon, plein d'idées de cadrages et d'éclairages avec une mise en scène qui sait mettre en valeur la musique mais le reste est beaucoup plus plat et classique avec une sentimental qui se fait beaucoup trop envahissante.Julien Léonard a écrit :je n'ai pas vu Young man with a hornJeremy Fox a écrit :
Très intéressante anecdote à propos de Robin Hood, tu peux la rajouter dans ton topic![]()
Dans les années 50 il a réalisé néanmoins d'excellents films : Young Man with a Horn avec Kirk Douglas et Doris Day, L'égyptien, un des péplums les plus intelligents réalisés à Holywood, King Creole, certainement le meilleur film avec Elvis ; quant à White Christmas, il n'est absolument pas déshonorant. Bref, il y avait encore de quoi se réjouir avec Curtiz lors de cette décennie même si ça volait moins haut que durant la précédente.
Pour revenir à Keighley, j'ai jamais accroché à Robin Hood mais The bride came COD est amusant ( quoique assez vulgaire niveau humour ) et je garde un bon souvenir du vagabond des mers ( la photo aidait beaucoup cela-dit ) et de la dernière rafale.
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Re: William Keighley (1889-1984)
Posté en mars 2010
La fiancée contre remboursement de William Keighley (1941)
Une agréable surprise que cette pétaradante screwball comedy qui réunit deux des plus grandes stars de la Warner: James Cagney et Bette Davis. Malgré des rebondissements qui manquent de crédibilité par moments (notamment l'évolution du couple Cagney-Davis), le dynamisme de l'ensemble (à part un ventre mou avec la séquence de la mine), le savoir-faire de Keighley, le caractère souvent brillant des dialogues et des réparties qui fusent à un rythme échevelé donnent une tonalité folle, absurde à l'ensemble qui rappelle le meilleur du théatre de boulevard. Bon ce n'est pas le sommet du genre mais c'est du très bon...A noter que le scénario est signé par Julius et Philip Epstein à qui on doit les scénarios de Casablanca et Arsenic et vieilles dentelles.
La fiancée contre remboursement de William Keighley (1941)
Une agréable surprise que cette pétaradante screwball comedy qui réunit deux des plus grandes stars de la Warner: James Cagney et Bette Davis. Malgré des rebondissements qui manquent de crédibilité par moments (notamment l'évolution du couple Cagney-Davis), le dynamisme de l'ensemble (à part un ventre mou avec la séquence de la mine), le savoir-faire de Keighley, le caractère souvent brillant des dialogues et des réparties qui fusent à un rythme échevelé donnent une tonalité folle, absurde à l'ensemble qui rappelle le meilleur du théatre de boulevard. Bon ce n'est pas le sommet du genre mais c'est du très bon...A noter que le scénario est signé par Julius et Philip Epstein à qui on doit les scénarios de Casablanca et Arsenic et vieilles dentelles.
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Re: William Keighley (1889-1984)

Varsity Show (1937) de William Keighley WARNER
Des étudiants de Winfield font appel à un ancien élève de l'université parti faire fortune à Broadway pour les aider à monter leur spectacle de fin d'année. Mais l'un des doyens supervisant le show souhaite que celui-ci reste 'culturellement correct' et n'acceptera pas de danses ou de chansons de 'sauvages'. Les étudiants vont se 'révolter' en quittant le campus et allant squatter une salle de spectacle new-yorkaise...
Intrigue minimaliste pour un 'Musical estudiantin' comme il en fleurira tant dans les années 30 et 40, le meilleur du genre étant certainement le premier film que réalisera Charles Walters, Good News. Ici, au milieu d'une intrigue sans grand intérêt, nous avons droit à un prologue assez enlevé, quelques autres bonnes chansons dont 'We're Working Our Way Through College' par Dick Powell et Ted Healy et 'On With the Dance' par Rosemary Lane, deux virtuoses prestations de claquettes par un danseur noir, John William Sublett surnommé Bubbles et un excellent numéro final entièrement dirigé par Busby Berkeley. Le film durait à l'origine 120 minutes et ce n'est pas moins de 40 minutes qui furent ensuite supprimées ; on voit d'ailleurs des extraits de ces scènes dans la bande annonce que l'on trouve sur le DVD. Reste donc 80 minutes sympathiques mais qui, hormis le final typique du chorégraphe américain, ne laisseront certainement pas de grands souvenirs, Dick Powell ayant souvent été beaucoup plus dynamique et plus drôle même si son capital sympathie reste ici intact.
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La Révolte des dieux rouges (Rocky Mountain, 1950) de William Keighley
WARNER
Avec Errol Flynn, Patrice Wymore, Scott Forbes, Guinn « Big boy » Williams, Dickie Jones, Howard Petrie, Slim Pickens, Chubby Johnson...
Scénario : Winston Miller et Alan Le May
Musique : Max Steiner
Photographie : Ted D. McCord
Une production Williams Jacobs pour la Warner
Sortie USA : 11 novembre 1950
Hasard de la distribution, La Révolte des Dieux Rouges (encore un titre qui ne veut pas dire grand chose par rapport à l'intrigue mais qui a du éveiller la curiosité et les rêves d'aventure de plus d'un jeune cinéphile) pourrait presque être la suite de Two Flags West de Robert Wise, atterri sur les écrans américains seulement un mois auparavant. Rappelons-nous que le personnage de Joseph Cotten, officier sudiste intégré malgré lui au sein des Tuniques Bleues, avait rencontré lors d'une mission en extérieur, des agents confédérés infiltrés qui préparaient au Texas la destruction du blocus que les yankees avaient mis en place pour que les californiens ne puissent pas prendre part à la guerre civile, coupés des lignes de front par d’innombrables patrouilles de soldats de l’Union. Alors que l’année suivante, en 1865, la Guerre de Sécession est en train de basculer vers une victoire presque certaine de l’Union, le petit groupe de confédérés emmenés par Errol Flynn aurait pu être ce groupuscule d'espions "rebelles" puisque, sur les ordres du général Lee, il cherche à atteindre la Californie pour lever des soldats de fortune prêts à se battre pour une cause quasiment perdue, prêt à prendre les rênes de l'état en le déstabilisant et y délogeant tous les Yankees. Le film de William Keighley (notamment coréalisateur des Aventures de Robin des Bois avec Michael Curtiz) est basée sur une histoire vraie ; il débute d'ailleurs à l'époque du tournage, une voiture s'arrêtant devant la plaque commémorative située au sein d'un grandiose paysage rocailleux, à l’endroit même de la mort héroïque des huit soldats confédérés tombés au combat face à une centaine d’indiens.
Mai 1865, un petit détachement de la cavalerie confédérée conduit par le capitaine Lafe Barstow (Errol Flynn) pénètre en Californie à plus de 3000 kilomètres de la ligne de front afin de lever de nouvelles troupes. Commissionné par le général Robert E. Lee, ils ont rendez-vous au sommet de Rocky Mountain (aussi nommée Ghost Mountain) avec un certain Cole Smith, chef d'une bande de 500 hommes qui doivent prêter main forte aux sudistes dans une dernière tentative désespérée de sursaut face à des ennemis Yankees sur le point de remporter la guerre ; ils espèrent notamment tenter de prendre le contrôle de cette partie de l'Ouest des Etats-Unis à défaut d'être victorieux du conflit civil qui dure maintenant depuis plus de cinq ans. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévues et ils se retrouvent bloqués à la cime de cette montagne par le fait d'avoir voulu protéger une diligence d'une attaque indienne se déroulant sous leurs yeux au milieu de l'immense plaine qu'ils surplombent. Ils arrivent à faire fuir les Peaux-Rouges et à sauver le conducteur (Chubby Johnson) ainsi qu'une jeune femme, Johanna Carter (Patrice Wymore), qui se rendait à la rencontre de son fiancé, un lieutenant unioniste (Scott Forbes). Ils retournent alors se réfugier au sommet de Rocky Mountain où ils se retrouvent obligés de tenir le siège face aux indiens qui ne comptent pas en rester sur un échec. Le lendemain matin, alors que les Soshones semblent vouloir leur laisser un répit, une petite troupe de Nordistes partie à la recherche de Johanna arrive à leur rencontre ; l'homme qui la dirige n'est autre que le futur époux de Johanna. Barstow et ses hommes sont obligés de les faire prisonniers de guerre mais la menace indienne est plus que jamais présente. Cole Smith part chercher du renfort mais arrivera-t-il à temps ?
A les visionner à la suite, il est amusant de constater le grand nombre d'éléments communs entre Two Flags West et ce Rocky Mountain. Les personnages interprétés par Joseph Cotten et Errol Flynn étaient tous deux propriétaires d'une plantation qu'ils ont du abandonner suite à "l'invasion" des soldats ennemis ; ils se sont tous deux retrouvés sur les mêmes champs de bataille et il n'est pas impossible qu'ils aient tués, pour l'un le mari de Linda Darnell, pour l'autre le frère de Patrice Wymore, deux femmes qu'ils ont maintenant face à eux et devant qui ils se sentent un peu gênés même si ces dernières ne leur en tiennent pas rigueur, comprenant qu'il s'agissait d'un "cas de force majeure". Malheureusement, il est un autre point commun entre les deux westerns, pas très glorieux celui-ci : ils s'avèrent être l'un comme l'autre très moyens et souvent ennuyeux malgré des potentiels de départ franchement enthousiasmants. Mais si le film de Wise était plus raté que réellement mauvais, celui de Keighley, entre deux superbes séquences d'action qui ouvrent et clôturent le film, ressemble à du mauvais théâtre, nous proposant un huis-clos à ciel ouvert avec répliques sans intérêts, personnages sans reliefs et bavardage intempestif. Car pour qu'un huis-clos reste passionnant de bout en bout, il faut avant tout des protagonistes richement décrits et des dialogues justes ou brillants ; il n'en est rien ici. Certains réalisateurs comme Budd Boetticher réussiront à nous faire aimer leurs personnages par l'intermédiaire de séquences dialoguées à priori banales mais qui feront percer l'humanité sous leur apparente carapace monolithique ; les scénaristes de Rocky Mountain voulurent faire de même sauf que c'est la facilité qui l'emporte le plus souvent, les anecdotes racontées par les différents personnages la nuit autour du feu de camp n'ayant absolument aucun intérêt, l'émotion n'arrivant presque jamais à affleurer alors qu'il semble que ce soit l'effet recherché. Il faut dire que la direction d'acteur s'avère médiocre et que seul Errol Flynn, malgré la fatigue qui se lit sur son visage grave, arrive à donner un semblant d'épaisseur et de charisme à son personnage d'officier désespéré qui ne vit plus que pour sa mission ("General Lee dealt the cards; it's up to me to play them now"). Patrice Wymore, qui deviendra sa troisième épouse à l'issu du tournage, est une actrice d'une rare fadeur et hormis le fait de rencontrer Slim Pickens pour la première fois, on ne peut pas dire que le reste du casting brille par sa présence et son talent. S'il est sympathique de retrouver Guinn "Big Boy" Williams aux côtés de son partenaire d'élection, il n'a que peu de temps de présence et semble totalement effacé.
Et pourtant, que ce western débutait bien ! Le générique se déroule sur un thème que Max Steiner a repris d'une autre de ses compositions mais qu'il décline sur un tempo plus lent et sur un ton plus sombre (après ce départ plutôt encourageant, le compositeur s'avèrera malheureusement en très petite forme). La première image qui voit la voiture s'arrêter devant la plaque commémorative et les séquences muettes qui s'ensuivent nous montrant le petit groupe s'avancer au milieu de paysages superbement mis en valeur nous ouvrent l'appétit. Arrivés au sommet de la montagne, le film nous fait découvrir des plans d'ensemble d'une immensité assez impressionnante (rarement nous en avions encore vu de tels excepté chez John Ford notamment dans Fort Apache et Wagonmaster). Les plans à travers la longue vue sont assez novateurs et la poursuite de la diligence par les indiens filmée de très très loin, ne nous montrant que des trainées de poussière, est plastiquement superbement réussie. Certains des plans éloignés nous faisant embrasser d'un seul coup d'œil tous les protagonistes du drame à venir ainsi que la tactique d'attaque des indiens m'ont parfois fait penser aux futurs cadrages sur les champs de bataille du Spartacus de Kubrick ! Autant dire que ce prologue est formidable ! Mais voilà que nos héros décident d'aller aider la diligence à se dépêtrer de cette dangereuse situation. Le montage et le découpage semblent manquer de rigueur mais ça reste encore efficace. Puis la voix-off du personnage joué par Errol Flynn se met à nous présenter ses compagnons alors qu'ils sont en pleine action ; le résultat ne se fait pas attendre : alors que ce devait être le premier climax du film, ça nous le gâche complètement, l'alourdissant considérablement, la force des images étant annihilée par ce commentaire sans intérêt. Quant en plus de ça, le scénariste à décidé en parallèle de nous faire suivre la course d'un chien à la poursuite de son maître sur un thème musical bêta, on déchante immédiatement en se disant que ça se commence sérieusement à se gâter.
Et en effet, s'ensuivra une heure de film franchement ennuyeuse, un huis-clos en plein air où même les scénaristes se verront dans l'obligation de multiplier parfois les points de vue cassant la dramaturgie et nous rendant le film encore plus raté : pourquoi d'un seul coup aller suivre les Nordistes voire même les indiens (ou pire encore, le chien) durant quelques secondes, cassant ainsi l'unité de lieu et d'action ? Une succession de séquences au cours desquelles les protagonistes se confieront entre eux mais pour nous raconter des anecdotes insignifiantes dans le genre de comment apprendre au chien à s'assoir, comment l'un d'eux a amené un plateau repas au Général Lee et autres situations guère plus passionnantes ou totalement conventionnelles. La photographie est en revanche très réussie, assez culottée concernant les nombreuses séquences nocturnes, le chef-opérateur ayant décidé de les rendre très sombre pour un résultat au plus grand réalisme. Ce fut d'ailleurs le premier film de la Warner depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale a être entièrement tourné en dehors des studios, sur les lieux même de l'action ; et c'est plutôt une bonne chose car l'utilisation des décors naturels de Gallup au Nouveau Mexique est sans doute la meilleure chose du film : Keighley et son équipe filment à merveille ses paysages rocailleux assez étonnants, ses immenses rochers à pics, ses falaises impressionnantes, ses pics redoutables.
Beaucoup de mauvaises idées scénaristiques ou de mise en scène qui ont gâché un beau potentiel de départ pour un western finalement routinier qui mérite néanmoins un coup d'œil ne serait-ce que pour la formidable mise en valeur des paysages ainsi que pour les deux séquences d'action d'une belle efficacité. Ce sera la dernière fois que nous rencontrerons Errol Flynn au cours de notre parcours ; dommage que c'ait été pour un film statique et bavard aussi décevant même s'il s'avère plus réussi que le précédent, le médiocre Montana. L'acteur se révèle pourtant toujours très bon à travers un jeu d'une belle sobriété (c'était Ronald reagan qui avait été prévu au départ, devant donner la réplique à Lauren Bacall qui refusa le rôle avec véhémence). Nous ne croiserons plus non plus le cinéaste William Keighley dont ce fut l'unique incursion dans le genre après avoir été un des hommes à tout faire de la Warner tâtant de tous les genres sans jamais franchement faire d'étincelles. Même si j'ai pu être assez sévère (mais je suis minoritaire concernant ce western), le réalisateur nous laissera néanmoins sur une bonne impression grâce à la séquence de bataille-suicide finale, l'image d'Errol Flynn transpercée de deux flèches dans le dos étant mémorable. Les images qui suivent montrant le régiment nordiste rendant hommage aux soldats ennemis, allant planter un drapeau de la confédération au sommet de la montagne, rattrapent l'ennui que nous avons ressenti durant une bonne partie du film.
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Re: William Keighley (1889-1984)
Revu quelques films hier soir, dont Torrid zone (1941) :

Ce n'est pas le meilleur film dans lequel ait joué Cagney, nous serons d'accord. Mais tout cela reste bien agréable à regarder : ça crie, ça rit, ça s'engueule, et ça se bat ! Un joyeux fouillis qui se hisse à un remarquable niveau de dialogues de temps en temps, avec des répliques humoristiques presque essentielles et d'autres aux sous-entendus carrément orientés. Bougeant sans arrêt et grimpant aussi bien à des barres que défonçant des portes, James Cagney s'amuse beaucoup, cela se voit, il est en terrain connu (et même conquis), connaissant le metteur en scène, mais aussi ses deux partenaires : Pat O'Brien, ici un peu sacrifié au reste du film (il s'agit de leur 8ème collaboration, je crois), et Ann Sheridan, superbe, classe, au jeu affirmé, avec ce très léger soupçon de vulgarité (très fin, très maitrisé) qui lui donne cette force à l'écran. Une actrice qui a du chien, quoi ! Keighley fait bien les choses, comme toujours, ni plus ni moins que d'habitude. En ce sens, tout est bien chorégraphié, techniquement c'est propre, c'est solide, ça sent Warner, ça sent le budget... Des personnages Hawksiens (comme le soulignait Sybille) dans un univers moite et totalement décomplexé, voilà ce que l'on retiendra de cette douce comédie d'aventure, néanmoins un peu pimentée dans quelques séquences. Après, côté "mexicains hollywoodiens crétinisés", on a vu pire, notamment dans certains westerns, donc on ne s'en plaindra que modérément ici.
A noter que le DVD est disponible à un prix dérisoire sur le Net (le genre de DVD où les frais de port sont plus importants que le prix de départ). Copie très propre, typiquement Warner également.

Ce n'est pas le meilleur film dans lequel ait joué Cagney, nous serons d'accord. Mais tout cela reste bien agréable à regarder : ça crie, ça rit, ça s'engueule, et ça se bat ! Un joyeux fouillis qui se hisse à un remarquable niveau de dialogues de temps en temps, avec des répliques humoristiques presque essentielles et d'autres aux sous-entendus carrément orientés. Bougeant sans arrêt et grimpant aussi bien à des barres que défonçant des portes, James Cagney s'amuse beaucoup, cela se voit, il est en terrain connu (et même conquis), connaissant le metteur en scène, mais aussi ses deux partenaires : Pat O'Brien, ici un peu sacrifié au reste du film (il s'agit de leur 8ème collaboration, je crois), et Ann Sheridan, superbe, classe, au jeu affirmé, avec ce très léger soupçon de vulgarité (très fin, très maitrisé) qui lui donne cette force à l'écran. Une actrice qui a du chien, quoi ! Keighley fait bien les choses, comme toujours, ni plus ni moins que d'habitude. En ce sens, tout est bien chorégraphié, techniquement c'est propre, c'est solide, ça sent Warner, ça sent le budget... Des personnages Hawksiens (comme le soulignait Sybille) dans un univers moite et totalement décomplexé, voilà ce que l'on retiendra de cette douce comédie d'aventure, néanmoins un peu pimentée dans quelques séquences. Après, côté "mexicains hollywoodiens crétinisés", on a vu pire, notamment dans certains westerns, donc on ne s'en plaindra que modérément ici.
A noter que le DVD est disponible à un prix dérisoire sur le Net (le genre de DVD où les frais de port sont plus importants que le prix de départ). Copie très propre, typiquement Warner également.

Keighley dirigeant une comédie musicale... J'ai un doute là. S'il y a bien quelque-chose dont le genre de la comédie musicale a besoin et dont Keighley est dénué, c'est le sens du rythme mais avec un certain grain de folie. Sa mise en scène est trop impersonnelle et surtout trop classique, trop rigide pour bien s'accommoder de ce style. Je serais curieux de voir ça.Jeremy Fox a écrit :Tiens, j'ai retrouvé ça
Varsity Show (1937) de William Keighley WARNER
Dernière modification par Julien Léonard le 5 sept. 10, 23:22, modifié 1 fois.

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Re: William Keighley (1889-1984)
Bien apprécié The adventures of Robin Hood personnelement, mais je ne crois pas avoir vu un autre film de ce réalisateur par contre... 


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Re: William Keighley (1889-1984)
The man who came to diner - Réalisé par William Keighley (1942) :

Un classique de la comédie américaine, avec une excellente distribution. Au bout du compte, une bonne soirée passée en compagnie de ces personnages un peu cinglés, mais pas non plus inoubliable. Scénario au cordeau, répliques qui fusent, portes qui claquent, numéros de cabotinages de la part de certains acteurs... Rien ne manque dans cet étalage complet de coups d'humour et de rythme dont seul Hollywood avait le secret. Cette histoire de célébrité, critique, star des radios, qui se casse la jambe en venant dîner chez des gens et qui, du coup, vient s'installer chez eux le temps de guérir, en leur pourrissant l'existence par son comportement infâme... Excellent point de départ, emporté dans la folie d'un acteur impeccable et d'une maitrise de jeu impressionnante (Monty Woolley). Le monsieur est entouré par quelques acteurs et actrices de talent, tout le monde y allant de ses cocasseries et de ses bons mots. Bien sûr, parmi eux, deux stars féminines : Bette Davis, sur un registre sobre, en mode mineur (la voir dans une comédie n'est finalement pas monnaie courante), toujours parfaite dans la moindre de ses scènes... et Ann Sheridan, à l'inverse en roue libre, au sommet de sa forme, pétaradante de santé. Après Torrid zone, Les anges aux figures sales et La rivière d'argent, j'ai grand plaisir à la retrouver dans ce pur produit calibré pour cartonner au box-office. Il reste que, tout en étant très amusante et tout à fait efficace, je ne garderais pas un souvenir impérissable de cette comédie, finalement très formatée et très "classique" au sens littéral du terme. Un très bon moment, solide (comme presque toujours avec Keighley), mais sans cette marque personnelle ou un peu moins consensuelle qui aurait pu emmener le film vers d'autres cimes, telles Arsenic et vieilles dentelles de Capra ou L'impossible monsieur bébé de Hawks. Toute la différence entre un pur film de studio conduit par un yes man, et un autre conduit par un grand cinéaste.

Un classique de la comédie américaine, avec une excellente distribution. Au bout du compte, une bonne soirée passée en compagnie de ces personnages un peu cinglés, mais pas non plus inoubliable. Scénario au cordeau, répliques qui fusent, portes qui claquent, numéros de cabotinages de la part de certains acteurs... Rien ne manque dans cet étalage complet de coups d'humour et de rythme dont seul Hollywood avait le secret. Cette histoire de célébrité, critique, star des radios, qui se casse la jambe en venant dîner chez des gens et qui, du coup, vient s'installer chez eux le temps de guérir, en leur pourrissant l'existence par son comportement infâme... Excellent point de départ, emporté dans la folie d'un acteur impeccable et d'une maitrise de jeu impressionnante (Monty Woolley). Le monsieur est entouré par quelques acteurs et actrices de talent, tout le monde y allant de ses cocasseries et de ses bons mots. Bien sûr, parmi eux, deux stars féminines : Bette Davis, sur un registre sobre, en mode mineur (la voir dans une comédie n'est finalement pas monnaie courante), toujours parfaite dans la moindre de ses scènes... et Ann Sheridan, à l'inverse en roue libre, au sommet de sa forme, pétaradante de santé. Après Torrid zone, Les anges aux figures sales et La rivière d'argent, j'ai grand plaisir à la retrouver dans ce pur produit calibré pour cartonner au box-office. Il reste que, tout en étant très amusante et tout à fait efficace, je ne garderais pas un souvenir impérissable de cette comédie, finalement très formatée et très "classique" au sens littéral du terme. Un très bon moment, solide (comme presque toujours avec Keighley), mais sans cette marque personnelle ou un peu moins consensuelle qui aurait pu emmener le film vers d'autres cimes, telles Arsenic et vieilles dentelles de Capra ou L'impossible monsieur bébé de Hawks. Toute la différence entre un pur film de studio conduit par un yes man, et un autre conduit par un grand cinéaste.

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Re: William Keighley (1889-1984)
C'est mon film préféré du cinéaste, également.someone1600 a écrit :Bien apprécié The adventures of Robin Hood personnelement, mais je ne crois pas avoir vu un autre film de ce réalisateur par contre...
Soyons d'accord, c'est bien le génie de Curtiz qui donne de la beauté et du style à ce merveilleux film, mais William Keighley avait signé quelques séquences extérieures. Et elles sont toutes impeccablement filmées, donc sa contribution a apporté une belle décontraction, sur laquelle l'énergie et le grand talent de Curtiz ont su s'appuyer.
J'aime bien aussi Les verts pâturages (1936), que Keighley a coréalisé avec Marc Connelly.

Mother, I miss you
