John Wayne (1907-1979)
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Re: John Wayne (1907-1979)
Bien , au contraire
la Bio du Duke prouve l'inverse , il s'est entre autre chose
marié avec 3 sud américaines et j'en passe sur ces amitiés .... on en avait déjà parlé il y quelques années
dans un topic sur ce fameux rascisme ... ça revient à chaque fois
que l'on veut se faire remarquer ...
FORD réact .... c'est risible ... et le film proprement dit ...comporte
pour moi un nombre important de très , très bonnes scènes ...
bon , plus le temps , je file bosser ...
la Bio du Duke prouve l'inverse , il s'est entre autre chose
marié avec 3 sud américaines et j'en passe sur ces amitiés .... on en avait déjà parlé il y quelques années
dans un topic sur ce fameux rascisme ... ça revient à chaque fois
que l'on veut se faire remarquer ...
FORD réact .... c'est risible ... et le film proprement dit ...comporte
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Re: John Wayne (1907-1979)
J'approuve tout à fait !....;le seul western un peu longuet de Ford, ( à mon goût): Les cheyennes;....pour le reste......!quant au coté raciste de Wayne dans ce film, arretons; il recherche sa nièce et les meurtriers de sa famille; que ceux ci soient indiens, hottentots,Wikings ou bandits blancs, sa conduite serait la même !!!Julien Léonard a écrit :MrDeeds a écrit : .
Maintenant, si on veut du Ford long et artificiel, je pencherais tout d'abord pour des œuvres telles que Le mouchard, La patrouille perdue, Marie Stuart, Dieu est mort ou encore La mascotte du régiment. En tout cas, je ne citerais aucun de ses westerns parlants, pas même Les deux cavaliers (très sympathique) et Les cavaliers (largement sous-estimé à mon avis).
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Re: John Wayne (1907-1979)
Si je te suis bien, Ford aurait fait un film raciste (le "fond politique du film") parce qu'il aurait donné à un acteur raciste un rôle de raciste....S'il avait été raciste, il aurait surtout été bien malhabile, Ford, pour faire passer son messageMrDeeds a écrit :Sauf qu'ici, le héros est raciste et absolument pas ambigü. Ce racisme est d'ailleurs le seul moteur de l'action... Vu la bographie de john Wayne, je ne pense pas qu'il s'agisse, comme le dit Julien Léonard, d'un "cliché".

Loin d'être un bloc, Ethan Edwards est un des personnages les plus complexes inventés par Ford. Il n'est pas très sympathique et plus que raciste, c'est surtout un homme encore en guerre, un viel homme du passé, célibataire et aigri. Il a aussi des qualités comme la tenacité et la fidélité.
Tant qu'au regard sur Debbie, je le vois plus comme une reconnaissance que comme un pardon. La reconnaissance, c'est une ouverture et ça peut être plus brutal qu'un pardon qui serait raisonné.
Une des questions du film, qui se pose tout au long, c'est qui poursuit donc Ethan? Au début, sa nièce enlevée, et finalement sa nièce qu'il veut tuer parce qu'elle est devenue une indienne. Pour ce soldat solitaire, la famille est le seul "home". En cherchant à retrouver sa nièce enlevée, il est dans une logique normale. Mais quand il en vient à vouloir la pourchasser pour la tuer, en gros parce qu'elle a nécessairement été polluée par le contact avec les indiens qu'il hait, il en vient en fait à polluer lui-même sa famille, son seul bien, de sa propre haine. Plus qu'un histoire de racisme, c'est l'histoire d'un homme qui n'est plus guidé que par la haine et qui en vient à haïr un propre membre de sa famille si précieuse.
Quand il y a enfin échange de regard entre Ethan et Debbie, il ne "pardonne" pas (d'ailleurs qui y aurait-il donc à pardonner à une enfant enlevée..). Il reconnait en celle qu'il ne voyait plus que comme une indienne...sa nièce. Il ouvre la bouche, ne sait plus quoi dire, sa haine est retombée et c'est la si jolie phrase "Let's go home, Debbie".
Bien sûr, il ne va pas devenir le meilleur ami des indiens, mais ses certitudes sont tombées, il découvre qu'il se battait sans but logique et que l'"indienne" qu'il poursuivait était de sa propre famille, de son propre "home", de son propre pays. C'est la fin du monde d'Ethan Edwards, la fin d'un monde historique et on est dans la logique de L'homme qui tua Liberty Valance.
Loin d'être un film raciste, The Searchers, est, comme tous les grands films de Ford, profondément humaniste.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

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Re: John Wayne (1907-1979)
Un grand bravo pour cette superbe mise au pointPhnom&Penh a écrit :Si je te suis bien, Ford aurait fait un film raciste (le "fond politique du film") parce qu'il aurait donné à un acteur raciste un rôle de raciste....S'il avait été raciste, il aurait surtout été bien malhabile, Ford, pour faire passer son messageMrDeeds a écrit :Sauf qu'ici, le héros est raciste et absolument pas ambigü. Ce racisme est d'ailleurs le seul moteur de l'action... Vu la bographie de john Wayne, je ne pense pas qu'il s'agisse, comme le dit Julien Léonard, d'un "cliché"..
Loin d'être un bloc, Ethan Edwards est un des personnages les plus complexes inventés par Ford. Il n'est pas très sympathique et plus que raciste, c'est surtout un homme encore en guerre, un viel homme du passé, célibataire et aigri. Il a aussi des qualités comme la tenacité et la fidélité.
Tant qu'au regard sur Debbie, je le vois plus comme une reconnaissance que comme un pardon. La reconnaissance, c'est une ouverture et ça peut être plus brutal qu'un pardon qui serait raisonné.
Une des questions du film, qui se pose tout au long, c'est qui poursuit donc Ethan? Au début, sa nièce enlevée, et finalement sa nièce qu'il veut tuer parce qu'elle est devenue une indienne. Pour ce soldat solitaire, la famille est le seul "home". En cherchant à retrouver sa nièce enlevée, il est dans une logique normale. Mais quand il en vient à vouloir la pourchasser pour la tuer, en gros parce qu'elle a nécessairement été polluée par le contact avec les indiens qu'il hait, il en vient en fait à polluer lui-même sa famille, son seul bien, de sa propre haine. Plus qu'un histoire de racisme, c'est l'histoire d'un homme qui n'est plus guidé que par la haine et qui en vient à haïr un propre membre de sa famille si précieuse.
Quand il y a enfin échange de regard entre Ethan et Debbie, il ne "pardonne" pas (d'ailleurs qui y aurait-il donc à pardonner à une enfant enlevée..). Il reconnait en celle qu'il ne voyait plus que comme une indienne...sa nièce. Il ouvre la bouche, ne sait plus quoi dire, sa haine est retombée et c'est la si jolie phrase "Let's go home, Debbie".
Bien sûr, il ne va pas devenir le meilleur ami des indiens, mais ses certitudes sont tombées, il découvre qu'il se battait sans but logique et que l'"indienne" qu'il poursuivait était de sa propre famille, de son propre "home", de son propre pays. C'est la fin du monde d'Ethan Edwards, la fin d'un monde historique et on est dans la logique de L'homme qui tua Liberty Valance.
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Re: John Wayne (1907-1979)
Je ne l'aurais pas mieux dit.villag a écrit :J'approuve tout à fait !....;le seul western un peu longuet de Ford, ( à mon goût): Les cheyennes;....pour le reste......!quant au coté raciste de Wayne dans ce film, arretons; il recherche sa nièce et les meurtriers de sa famille; que ceux ci soient indiens, hottentots,Wikings ou bandits blancs, sa conduite serait la même !!!Julien Léonard a écrit :
Et bien je me fais l'effet d'être un gros naze (en regard de ce que j'ai marqué) à côté de cette explication avec laquelle je suis parfaitement d'accord. Bon, il était tard, il ne faut pas m'en vouloir... Même si, pour ma part, le terme de "raciste" accolé à John Wayne est à prendre avec des pincettes. Éléments à l'appui, je ne partage pas cette opinion. En tout cas, ton raisonnement sur ce chef-d'œuvre de Ford offre un ressenti que je trouve tout à fait intéressant et argumenté.Phnom&Penh a écrit : Si je te suis bien, Ford aurait fait un film raciste (le "fond politique du film") parce qu'il aurait donné à un acteur raciste un rôle de raciste....S'il avait été raciste, il aurait surtout été bien malhabile, Ford, pour faire passer son message.
Loin d'être un bloc, Ethan Edwards est un des personnages les plus complexes inventés par Ford. Il n'est pas très sympathique et plus que raciste, c'est surtout un homme encore en guerre, un viel homme du passé, célibataire et aigri. Il a aussi des qualités comme la tenacité et la fidélité.
Tant qu'au regard sur Debbie, je le vois plus comme une reconnaissance que comme un pardon. La reconnaissance, c'est une ouverture et ça peut être plus brutal qu'un pardon qui serait raisonné.
Une des questions du film, qui se pose tout au long, c'est qui poursuit donc Ethan? Au début, sa nièce enlevée, et finalement sa nièce qu'il veut tuer parce qu'elle est devenue une indienne. Pour ce soldat solitaire, la famille est le seul "home". En cherchant à retrouver sa nièce enlevée, il est dans une logique normale. Mais quand il en vient à vouloir la pourchasser pour la tuer, en gros parce qu'elle a nécessairement été polluée par le contact avec les indiens qu'il hait, il en vient en fait à polluer lui-même sa famille, son seul bien, de sa propre haine. Plus qu'un histoire de racisme, c'est l'histoire d'un homme qui n'est plus guidé que par la haine et qui en vient à haïr un propre membre de sa famille si précieuse.
Quand il y a enfin échange de regard entre Ethan et Debbie, il ne "pardonne" pas (d'ailleurs qui y aurait-il donc à pardonner à une enfant enlevée..). Il reconnait en celle qu'il ne voyait plus que comme une indienne...sa nièce. Il ouvre la bouche, ne sait plus quoi dire, sa haine est retombée et c'est la si jolie phrase "Let's go home, Debbie".
Bien sûr, il ne va pas devenir le meilleur ami des indiens, mais ses certitudes sont tombées, il découvre qu'il se battait sans but logique et que l'"indienne" qu'il poursuivait était de sa propre famille, de son propre "home", de son propre pays. C'est la fin du monde d'Ethan Edwards, la fin d'un monde historique et on est dans la logique de L'homme qui tua Liberty Valance.
Loin d'être un film raciste, The Searchers, est, comme tous les grands films de Ford, profondément humaniste.


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Re: John Wayne (1907-1979)
Comme quoi l'idée de topic de Mr Deeds aurait quand même pu aboutir à d'intéressants débats si ça permettait à de telles passionnantes mises au point de voir le jour
Mais il vaut mieux émettre ses réserves sur des topics particuliers comme celui-ci que d'en ouvrir un exprès qui se terminerait rapidement par une sorte de concours du style celui qui mettrait à mal le plus de chefs-d'oeuvre reconnus comme tels.

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Re: John Wayne (1907-1979)
Merci
C'est un de mes films préférés et j'ai du le voir une bonne quinzaine de fois alors quand on aime...
Si John Ford à fait des films moins bons que les autres et s'il lui arrive d'avoir un humour un peu lourd, je ne vois jamais de mauvais sentiments dans ses films. Et justement, The Searchers est, à mon avis, une condamnation du racisme les plus justes, voire osée pour l'époque, puisqu'il place l'"étrangère" au sein de la famille du héros, en jouant avec délicatesse sur les réticences les plus intimes puisqu'elle est même devenue l'épouse d'un indien.
Sinon, pour en revenir à John Wayne, je ne voulais pas dire qu'il était raciste, mais juste qu'il ne fallait pas voir des racistes partout dans ce film parce qu'on arrivait à un contre-sens complet.
Moins sur ses idées que sur son jeu, j'avais lu avec beaucoup d'intérêt le livre suivant:

villag remarquait avec justesse le vieillissement de Wayne dans The Searchers. Moullet fait une très bonne analyse du jeu de Wayne en développant le fait que Wayne a toujours été artificiellement vieilli dans la plupart de ses films et que cela faisait partie de son jeu d'acteur.

Si John Ford à fait des films moins bons que les autres et s'il lui arrive d'avoir un humour un peu lourd, je ne vois jamais de mauvais sentiments dans ses films. Et justement, The Searchers est, à mon avis, une condamnation du racisme les plus justes, voire osée pour l'époque, puisqu'il place l'"étrangère" au sein de la famille du héros, en jouant avec délicatesse sur les réticences les plus intimes puisqu'elle est même devenue l'épouse d'un indien.
Sinon, pour en revenir à John Wayne, je ne voulais pas dire qu'il était raciste, mais juste qu'il ne fallait pas voir des racistes partout dans ce film parce qu'on arrivait à un contre-sens complet.
Moins sur ses idées que sur son jeu, j'avais lu avec beaucoup d'intérêt le livre suivant:

villag remarquait avec justesse le vieillissement de Wayne dans The Searchers. Moullet fait une très bonne analyse du jeu de Wayne en développant le fait que Wayne a toujours été artificiellement vieilli dans la plupart de ses films et que cela faisait partie de son jeu d'acteur.
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Re: John Wayne (1907-1979)
Le terme "raciste" que j'avais relevé ne venait pas réellement de ton post. Reste que je ne connais pas ce livre, et qu'il m'intéresse beaucoup. Je vais essayer de le trouver à Gibert. 
Je préfère continuer à fermer ma science sur Citizen Kane et autres 2001 : L'odyssée de l'espace.

+ 1 ! Par ailleurs, j'évite souvent d'être trop acharné vis-à-vis d'un "dit" chef-d'œuvre que je n'aime pas, car je ne veux pas que mes arguments tournent aux règlements de comptes. Je pense également qu'un tel topic pourrait rapidement verser dans la facilité verbale... C'est un jeu qui n'apporte rien, si ce n'est des embrouilles.Jeremy Fox a écrit :Comme quoi l'idée de topic de Mr Deeds aurait quand même pu aboutir à d'intéressants débats si ça permettait à de telles passionnantes mises au point de voir le jourMais il vaut mieux émettre ses réserves sur des topics particuliers comme celui-ci que d'en ouvrir un exprès qui se terminerait rapidement par une sorte de concours du style celui qui mettrait à mal le plus de chefs-d'oeuvre reconnus comme tels.
Je préfère continuer à fermer ma science sur Citizen Kane et autres 2001 : L'odyssée de l'espace.


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Re: John Wayne (1907-1979)
My god, que de réactions !!!!!!!
Je me sens bien seul tout à coup
Surtout qu'il est évident que vous connaissez tous mieux que moi la biographie de John Wayne... J'accepte donc de battre en retraite. Pour excuser mon jugement hâtif sur la personnalité de John Wayne, j'avoue que ma sensation se basait surtout sur ses réalisations et notamment sur Les Bérets verts, film patriotique que je trouve mal fait et vieillot par rapport à la production de l'époque (je ne parle pas du fond politique là !).
Comme je vous le disais dans un post précédent, il y a plein de films de Ford que j'aime, comme L'Homme tranquille, Young Mister Lincoln et bien sûr Les raisins de la colère qui reste un des plus beaux films du monde...
J'ai lu avec intérêt vos passionnantes analyses de La prisonnière du désert mais j'avoue que je reste insensible à ce film...
Merci à tous pour vos précisions et vos réactions passionnées !
Post-Scriptum provocateur : le meilleur rôle de John Wayne reste La classe américaine de M. Hazanavicius, non ????

Je me sens bien seul tout à coup

Surtout qu'il est évident que vous connaissez tous mieux que moi la biographie de John Wayne... J'accepte donc de battre en retraite. Pour excuser mon jugement hâtif sur la personnalité de John Wayne, j'avoue que ma sensation se basait surtout sur ses réalisations et notamment sur Les Bérets verts, film patriotique que je trouve mal fait et vieillot par rapport à la production de l'époque (je ne parle pas du fond politique là !).
Comme je vous le disais dans un post précédent, il y a plein de films de Ford que j'aime, comme L'Homme tranquille, Young Mister Lincoln et bien sûr Les raisins de la colère qui reste un des plus beaux films du monde...
J'ai lu avec intérêt vos passionnantes analyses de La prisonnière du désert mais j'avoue que je reste insensible à ce film...
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Re: John Wayne (1907-1979)
Réactions fort instructives pour ma part.
Et puis, tu n'as pas à t'excuser sur un ressenti négatif mais qui a été convenablement amené, au contraire, je trouve que le débat avance bien, preuve qu'avec les grands acteurs et grands réalisateurs, il y a toujours du grain à moudre.
Et puis, tu n'as pas à t'excuser sur un ressenti négatif mais qui a été convenablement amené, au contraire, je trouve que le débat avance bien, preuve qu'avec les grands acteurs et grands réalisateurs, il y a toujours du grain à moudre.
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Re: John Wayne (1907-1979)
Une des mes meilleures preuves du talent d'un interprète réside dans sa capacité à faire croire aux spectateurs qu'il a les mêmes convictions que les personnages qu'il joue. Alors quelle meilleure preuve du grand talent de Wayne que tu ne puisses le dissocier du personnage d'Ethan Edwards ?MrDeeds a écrit :Post-Scriptum provocateur : le meilleur rôle de John Wayne reste La classe américaine de M. Hazanavicius, non ????
Comme tout grand film anti-raciste, The Searchers met en scène un homme raciste. Car c'est en montrant les obsessions d'un raciste que l'on parvient à les dénoncer. Pour que Ford puisse porter un regard moral sur le racisme d'Edwards par le biais notamment des autres personnages du film (via des dialogues ou des contre-champs), il faut bien qu'Ethan existe, il faut bien qu'on le voit décimer des bisons, tirer dans le dos d'indiens s'enfuyant, tirer dans les yeux d'un indien mort ou menacer Debbie de mort. Pour que Martin puisse lui dire "what kind of man are you ?" il faut bien encore qu'Ethan insiste sur le fait que Martin n'est pas de son sang.
S'agissant du "Let's go home" d'Ethan à Debbie. Je lui trouve une vérité psychologique profonde : le cinéma rend la plupart du temps explicites des caractères qui restent insondables dans la vraie vie ; ce n'est que grâce aux artifices propres au cinéma que l'on finit par croire ces dévoilements crédibles. Car la réalité est toute autre. Qui n'a jamais rencontré un impulsif faisant l'inverse de ce qu'il proclame dans ses colères ? On ne connait jamais vraiment les autres. Ford rend compte de cela, en faisant en sorte qu'on ne connaisse jamais vraiment Ethan, en refusant cette dimension explicative qui condamne tant d'autres films à épuiser leurs mystères lors d'une seule vision. Lorsqu'il dit à Debbie, "let's go home" et la prend dans ses bras, nous ne voyons du visage d'Ethan qu'un début de profil. Quand Ethan s'en va dans le dernier plan du film, nous le voyons de dos. A chaque fois, Ford nous cache son visage à dessein. Ethan nous reste fermé à jamais. Ce que nous croyons être un revirement de sa part lorsqu'il dit "let's go home" (et qui intervient à la fin du film au moment où nous croyons l'avoir "cerné", d'où notre incompréhension initiale) est le résultat d'un travail intérieur auquel nous n'aurons jamais accès. Ethan nous demeurera mystérieux, tout comme The Searchers. Et c'est pour cela que l'on peut revoir tant de fois ce film.
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Re: John Wayne (1907-1979)
Le problème c'est que je suis en tout point d'accord avec cette analyse sans pour autant considérer comme crédibles les retrouvailles entre Ethan et DebbiePhnom&Penh a écrit :Si je te suis bien, Ford aurait fait un film raciste (le "fond politique du film") parce qu'il aurait donné à un acteur raciste un rôle de raciste....S'il avait été raciste, il aurait surtout été bien malhabile, Ford, pour faire passer son message.
Loin d'être un bloc, Ethan Edwards est un des personnages les plus complexes inventés par Ford. Il n'est pas très sympathique et plus que raciste, c'est surtout un homme encore en guerre, un viel homme du passé, célibataire et aigri. Il a aussi des qualités comme la tenacité et la fidélité.
Tant qu'au regard sur Debbie, je le vois plus comme une reconnaissance que comme un pardon. La reconnaissance, c'est une ouverture et ça peut être plus brutal qu'un pardon qui serait raisonné.
Une des questions du film, qui se pose tout au long, c'est qui poursuit donc Ethan? Au début, sa nièce enlevée, et finalement sa nièce qu'il veut tuer parce qu'elle est devenue une indienne. Pour ce soldat solitaire, la famille est le seul "home". En cherchant à retrouver sa nièce enlevée, il est dans une logique normale. Mais quand il en vient à vouloir la pourchasser pour la tuer, en gros parce qu'elle a nécessairement été polluée par le contact avec les indiens qu'il hait, il en vient en fait à polluer lui-même sa famille, son seul bien, de sa propre haine. Plus qu'un histoire de racisme, c'est l'histoire d'un homme qui n'est plus guidé que par la haine et qui en vient à haïr un propre membre de sa famille si précieuse.
Quand il y a enfin échange de regard entre Ethan et Debbie, il ne "pardonne" pas (d'ailleurs qui y aurait-il donc à pardonner à une enfant enlevée..). Il reconnait en celle qu'il ne voyait plus que comme une indienne...sa nièce. Il ouvre la bouche, ne sait plus quoi dire, sa haine est retombée et c'est la si jolie phrase "Let's go home, Debbie".
Bien sûr, il ne va pas devenir le meilleur ami des indiens, mais ses certitudes sont tombées, il découvre qu'il se battait sans but logique et que l'"indienne" qu'il poursuivait était de sa propre famille, de son propre "home", de son propre pays. C'est la fin du monde d'Ethan Edwards, la fin d'un monde historique et on est dans la logique de L'homme qui tua Liberty Valance.
Loin d'être un film raciste, The Searchers, est, comme tous les grands films de Ford, profondément humaniste.

Serait-il temps de lui donner une nouvelle chance?
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Re: John Wayne (1907-1979)
Qu'on le pende sur le champ !!MrDeeds a écrit : Post-Scriptum provocateur : le meilleur rôle de John Wayne reste La classe américaine de M. Hazanavicius, non ????


Tu as parfaitement le droit de ne pas apprécier La prisonnière du désert, je ne vais pas te jeter la pierre.

Tu fais bien de parler du film Les bérets verts, car c'est un film intéressant. Ce que je lui reproche : ce n'est plus du patriotisme, c'est presque du nationalisme (même naïf et touchant de la part de Wayne... ça ne passe pas), et la forme n'est vraiment pas terrible. La mise en scène est poussive, quoique carrée, mais dénuée de l'efficacité et du lyrisme de Alamo. Mais où est donc passé le génie déployé par Wayne dans cette ode à la liberté qu'était ce film superbe ?! On peut peut-être expliquer cela par une certaine urgence de la situation. Le Duke a très vite mis en chantier ce projet, sans y réfléchir en profondeur... Contrairement aux 15 années de gestation de Alamo qu'il a réalisé et produit avec le cœur, la tête et les tripes, il a réalisé ici un film dans l'urgence, pour montrer aux gens cette guerre si forte et si utile (à son goût). Ici, il faut soutenir les boys, alors pas question de réfléchir ! Il est question d'honneur, et rien d'autre ! Et tant pis si les dortoirs des militaires sont bourrés d'affichettes de pin-ups anachroniques datant des années 50, et si les vietcongs semblent tout droit sortir d'un Alertes aux marines sorti 24 ans plus tôt ! Le Duke a décidé de dire ce qu'il pense, avec un budget considérable, flanqué d'un metteur en scène pour le seconder (Ray Kellogg), ce dernier étant inutile et sûrement pour quelque-chose dans l'explication de cette mise en image pour le moins académique et figée. Le discours est frontal, sans aucun recul ou presque, bref, un bon gros film de guerre ultra-actuel (à l'époque, en 1968), négligemment à côté de la plaque (que l'on est loin ici du mouvement hippie en train de sévir partout en occident !), pour le meilleur... et surtout pour le pire.
Ce que je trouve intéressant : Le film se présente comme une sorte de chronique de la vie de tous les jours pour les militaires envoyés au Vietnam (même si la réalité est ici tronquée) et l'attaque du camp en pleine nuit vaut tout de même son pesant de cacahuètes. Solide, carré (comme je le disais) à défaut d'être réellement énorme (manque le délire et le panache complètement maîtrisé d'un Alamo formidablement épique). Cela dit, il ne s'agit plus d'une guerre à cheval, dans l'ouest ou je ne sais où encore... mais de guérillas complexes et cruelles, derrière chaque buisson et surtout tapies dans l'ombre. Le film avait besoin d'une mise en scène plus posée (ce que réussit Wayne), mais aussi plus millimétrée (ce dans quoi il échoue). Notre Duke était à n'en pas douter un cinéaste de l'action massive, lyrique et authentique (plus que largement empruntée à John Ford), et non pas un cinéaste de l'actualité, incapable à la fois de gérer une réalisation moderne (de ce point de vue, Les bérets verts a 10 ans de retard au moins) et une guerre dont il n'a saisit que l'horreur brute et une seule face de sa raison d'être. D'où un discours de 2H20 profondément engagé, beaucoup trop même, mais par ce biais frontal et souvent irréfléchis : le cas des Bérets verts est unique dans l'histoire du cinéma, un film sur la guerre du Vietnam totalement unilatéral, sans aucun recul, complètement dans le vif du sujet, coupant de façon drastique dans l'actualité, jamais propagandiste, mais toujours fonceur dans ses idées, aussi maladroitement que franchement barré. Il est aussi le seul film sur cette guerre à être sorti pendant celle-ci. Ces deux raisons historiques suffisent pour accorder à cette œuvre la place qui lui revient : quoiqu'on en dise, un film important (en plus d'être en désaccord total avec l'époque dans laquelle il sort) au niveau culturel. Et faire 1,2 million d'entrées avec ça en France, en plein 1968, fallait le faire ! Je me permets aussi de saluer au passage, non pas la performance de Wayne (mineure, tant derrière que devant la caméra... même s'il bouffe l'écran comme toujours en tant qu'acteur), mais les "corones" incroyables qu'il a eu pour sortir un tel film. Après, qu'il soit totalement régressif au niveau artistique et littéralement révoltant au niveau de son actualité historique (à la limite du nauséabond parfois), c'est une autre histoire bien sûr.
Même si je ne le regarde jamais, je garde Les bérets verts dans ma DVDthèque, car il s'agit mine de rien d'un film important qui a marqué (même si ce n'est pas dans le bon sens) et qui continue encore aujourd'hui à créer le débat. La plus grosse erreur de John Wayne a été de ne pas prendre assez de recul et de livrer ce qu'il pensait être juste sur le moment. Mais à mon sens, c'est aussi ce qui fait l'intérêt de l'œuvre au sein de sa filmographie et de sa vie... sûr de son bon droit, et acceptant toutes ses contradictions. Bref, dans tous ses choix, bons et moins bons, formidables ou contestés... le Duke, c'était quelqu'un !
Dernière modification par Julien Léonard le 28 avr. 09, 21:39, modifié 3 fois.

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Re: John Wayne (1907-1979)
Totalement d'accord avec ce qui est écrit au dessus!
Et puis, Alamo et Les berêts verts c'est le même sujet : la défense, par la bannière étoilée, de la liberté d'un peuple opprimé . Sauf que la résistance à Alamo a été magnifiée par les livres d'histoire alors que le conflit au Vietnam des Berêts verts, guerre contemporaine du film, sera à jamais marqué du sceau de l'erreur; mais au fond, les deux conflits se ressemblent: libérer le Mexique de Santa-Anna et libérer le Vietnam des communistes; pour Wayne, c'était du pareil au même et réaliser Les berets verts répond, à mon avis, de la même démarche que réaliser Alamo.
Et puis, Alamo et Les berêts verts c'est le même sujet : la défense, par la bannière étoilée, de la liberté d'un peuple opprimé . Sauf que la résistance à Alamo a été magnifiée par les livres d'histoire alors que le conflit au Vietnam des Berêts verts, guerre contemporaine du film, sera à jamais marqué du sceau de l'erreur; mais au fond, les deux conflits se ressemblent: libérer le Mexique de Santa-Anna et libérer le Vietnam des communistes; pour Wayne, c'était du pareil au même et réaliser Les berets verts répond, à mon avis, de la même démarche que réaliser Alamo.
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Re: John Wayne (1907-1979)
Je le pense aussi (bien que je ne l'ai pas réellement précisé dans mon intervention), même si Alamo a été pensé, réfléchi, longuement attendu, préparé pendant des années... alors que Les bérets verts a été fait en moins temps qu'il ne faut pour le dire. Wayne s'est précipité, a forcé le timing et s'est livré à quelque-chose de parfaitement contestable, mais courageux. Mais je ne vais pas me paraphraser plus longtemps, car je pense en avoir déjà dit l'essentiel (à propos de ce que j'en pensais).O'Malley a écrit :réaliser Les berets verts répond, à mon avis, de la même démarche que réaliser Alamo.
