Eric Rohmer (1920-2010)

[Lord Henry]

Message désormais sans objet.

[bronski]

Oui, c'est pas joli joli.

[NotBillyTheKid]

Vu l'autre jour, La Cambrure, un court des 90's présent en bonus sur le dvd du Genou de claire.
Mignon effeuillage où il est question des seins d'une jeune fille (qui allie les gestes à la parole), de sa cambrure et de peinture. Où comment, en quelques minutes faire un court affriolant, pas mal du tout.

[Phnom&Penh]

Oui, c'est pas joli joli.

Savoir qu’Eric Rohmer est encore là et qu’il travaille (il a bouclé son dernier film, Les Amours d’Astrée et de Céladon à l’âge de 86 ans) peut donner légitimement envie de souligner son âge.
Comme Alain Resnais, Chris Marker ou Manuel de Oliveira, Eric Rohmer est un cinéaste très âgé encore en activité. C’est pas joli, c’est splendide.

[yaplusdsavon]

+1.
L'âge peut avoir son petit intérêt lorsqu'on parle d'un artiste: on n'imagine pas Rimbaud écrivant Une saison en enfer à 45 ans. Pour Rohmer et d'autres super-vieillards comme Marker, toujours à l'affût et débordants d'inspiration et de liberté (jusqu'à réaliser encore des courts-métrages et autres oeuvres souterraines), il me semble que la pudeur devient peu à peu incongrue devant cet élément partie prenante de leur oeuvre, qui de fait acquiert une dimension supplémentaire de défi.

[NotBillyTheKid]

Je continue sur ma lancée :
5eme conte : Le Genou de Claire
Encore un bon cru, même si je le trouve inférieur au formidable film précédent, La collectionneuse.
Brialy est vraiment formidable. Les dialogues impeccables.
Même si on y ramasse des cerises en juillet (? !) et que les actrices se mettent deux trois fois à regarder la caméra sans que Rohmer coupe ça, on retrouve sa patte plus "juste" que réaliste, mêlée à un marivaudage brillant et sobre. Belle photo. Rien à redire. Je ferais un petit top des 6 contes dès que j'aurais vu le prochain et dernier. Le Genou se situe plutôt au milieu (3eme ou 4eme) je pense.

[yaplusdsavon]

5eme conte : Le Genou de Claire
Encore un bon cru, même si je le trouve inférieur au formidable film précédent, La collectionneuse.
Brialy est vraiment formidable. Les dialogues impeccables.
Même si on y ramasse des cerises en juillet (? !) et que les actrices se mettent deux trois fois à regarder la caméra sans que Rohmer coupe ça, on retrouve sa patte plus "juste" que réaliste, mêlée à un marivaudage brillant et sobre. Belle photo. Rien à redire. Je ferais un petit top des 6 contes dès que j'aurais vu le prochain et dernier. Le Genou se situe plutôt au milieu (3eme ou 4eme) je pense.

C'est pas juillet, le meilleur mois pour la cerise? A propos, Brialy parle un peu de ce tournage dans ses Mémoires: une espèce de colonie de vacances inconfortable mais sympathique.
Toute l'équipe dormait à la dure, Luchini tirait le joint et draguait dans tous les coins, à commencer par ce "petit brugnon" (sic) proprement insupportable de Béatrice Romand qui en a fait paraît-il toute une histoire. Rohmer, imperturbable, se levait aux aurores pour courir et sauter à la corde, "faisait bombance d'un oeuf dur" et préparait un excellent thé.
Ce que je raconte là est moyennement interessant mais ces potins me fascinent.

L'Amour l'après-midi, sinon, est un très beau film. Dans le détail, ce qu'on y voit la plupart du temps est ignoble et restitue à merveille la grisaille et les tons beigeasses des années 70 ordinaires, justement pour en faire surgir le corps de l'actrice principale.
Et comme dans les autres films de Rohmer, il faut un peu fermer les yeux sur le début du film qui a tendance à ronronner paisiblement dans le discours précieux; mais très vite la machine, implacable, est lancée et on ne quitte plus le film.

[NotBillyTheKid]

YEAAAAH ! J'ai fini les 6 contes moraux !





Mouaip...

Un Rohmer mineur. Il se répète, traine en cherchant une issue. C'est mieux que beaucoup de trucs, mais, dans le cycle, c'est mineur.


Si je devais faire un bilan de ma vision des Contes moraux :

Deux très grands films :
1 La collectionneuse : La vraie découverte du coffret.Je ne m'attendais pas à ça. C'est de loin, le meilleur Rohmer que j'ai vu.
2 Ma nuit chez Maud. On reste dans du très très haut de gamme. Plus conforme à mes attentes, il m'a moins surpris. Pour autant, j'ai été sacrément ébloui par la qualité de cet échange. La quintessence de l'art rohmerien

Puis :
3 - Le genou de claire - Un peu en dessous des deux autres. ça reste très bien. Romand m'agace toujours.
4 - La boulangère de Monceau - un court efficace, bien mené par cette voix off. C'est court, mais c'est plein
Puis
5 - L'amour l'après-midi. En dehors de cette grande idée du rêve qui unit les 6 contes merveilleusement, le film a un gros coup de mou quand l'art de la conversation tourne en rond...
6 - La carrière de Suzanne. Moyen métrage assez négligeable.

[Jordan White]

Je suis en pleine découverte des oeuvres du cinéaste. J'avais débuté il y a trois ans avec l'époustouflant (à tous les niveaux) Ma nuit chez Maud qui est un de mes films préférés, et j'ai découvert le mois dernier son très beau Conte d'Eté. Un film sur l'indécision avec un final émouvant et surtout la présence magnétique et adolescente d'Amanda Langlet, avec sa coupe au carré très 90's. Quatre aventures de Reinette et Mirabelle m'a aussi beaucoup plu, pour la spontaneité, la qualité de la direction d'acteurs, la révélation Jessica Forde qui tient tête à un Fabrice Luchini dépassé en priopriétaire pingre de galerie d'art qui palabre dans le vent avant de se voir fermer le clapet par une jeune fille beaucoup plus en verve que lui ! Un petit délice de dialogue, de réparties bien senties.

Conte d'Hiver repose sur une qualité de dialogue là encore impressionnante, et le film s'il ne possède pas la beauté visuelle de ses autres films s'accorde parfaitement à la saison qu'il décrit. La fin est très forte, avec cette rencontre inopinée (bien qu'espérée par le spectateur) dans le bus. Je viens de voir Pauline à la plage. J'ai retrouvé Amanda Langlet ainsi qu'une Arielle Dombasle sculpturale qui campe un personnage là encore miné par l'indécision, qui s'invente une autre histoire pour se rassurer en fermant les yeux (le final). J'ai très envie de voir le reste de ses films, j'aurais même envie d'écrire que j'ai envie de tout dévorer. Je trouve que c'est un dialoguiste prodigieux, il écrit des dialogues comme on n'en écrit plus (ou presque), des dialogues qui chantent. C'est de la littérature sans être rasoir (les plus jeunes du forum devraient aussi se pencher sur ses films si ce n'est déjà fait, c'est super bien, ça claque quoi !), c'est d'une beauté cristalline, d'une poésie, d'une audace souvent irrésistibles. Il trouve à chaque fois des comédiennes étonnantes qui débutent et se montrent spontanées. Les rendez-vous de Paris me semble être dans la même veine légère, avec cette part d'improvisation et ce style si singulier, propice aux films les plus solaires et touchants qui soient. Et puis il y a La Collectionneuse, Le Rayon Vert, le Genou de Claire (le prochain que je vais voir), L'arbre, la maire et la médiathèque, La Marquise d'Or, et Les amours d'Astrée et Céladon. Le topic de Yapludsaisons et Nicolas, les interventions de Jeremy entre autres m'ont donné d'autant plus envie de voir le reste.

[Jeremy Fox]

Tu imagines certainement sans peine à quel point ton avis sur Rohmer me fait plaisir.

Et puis il y a La Collectionneuse, Le Rayon Vert, le Genou de Claire (le prochain que je vais voir), L'arbre, la maire et la médiathèque, La Marquise d'Or, et Les amours d'Astrée et Céladon

Ces trois là font partie de ceux que je préfère ; tu n'as pas fini de te régaler

[Jordan White]

En plein cycle Rohmer depuis janvier, je viens d'essuyer une première légère déception avec Les nuits de la pleine lune. Je n'ai pas trouvé le film mauvais, mais moyen. Les dialogues m'ont paru moins brillants que dans des films comme Le Genou de Claire, Pauline à la plage ou Conte d'Eté. Même L'ami de mon amie ,me semble supérieur à ce niveau alors qu'il n'est pas forcément souvent mis en avant. Sophie Renoir y fait beaucoup, quelle actrice (le jeu de regard à la table du café quand l'ingénieur veut absolument l'amener avec lui en vacances, et qu'elle refuse obstinément, ses yeux de biche, je fonds). J'ajouterai encore Le Beau Mariage, grâce à la scène de la chambre quand la fête va presque se terminer et que Dussolier monte à l'étage, maladroit, pour rejoindre la jeune femme incarnée par Béatrice Romand (la gamine intelligente et capricieuse de Le Genou de Claire !). Pour en revenir à Les nuits de la pleine lune, j'ai eu un peu de mal avec le personnage de Louise interprété par Pascale Ogier. Ce n'est pas dû au seul fait de la choucroute typique 80's qu'elle porte en permanence, en sus d'un noeud de papillon gris dans les cheveux en guise de serre-tête, mais au rôle en lui-même bien en deça de ceux de Jessica Forde dans Quatre aventures de Reinette et Mirabelle ou encore celui d'Arielle Dombasle dans Pauline à la plage, personnage gracile par son apparence et touchant par son indécision. L'esthétique du film de 84, dans lequel Luchini joue moyennement, les décors (je ne suis pas du tout fan de Mondrian, ni des couleurs grises et automnales), ou encore la mise en scène moins alerte m'on fait décrocher à plusieurs reprises. Un film mineur pour moi mais sans doute une référence pour d'autres.

En revanche j'ai beaucoup apprécié Les rendez-vous de Paris, le premier sketch avec la très jolie Clara Bellar dans le rôle d' Esther (le réalisateur n'a pas son pareil pour trouver de jeunes actrices au sourire angélique ainsi qu'au phrasé irrésistible), le second réservant un rateau d'anthologie après quelques minutes de déambulations d'une folle liberté dans les rues de Paris, tandis que le dernier propose un beau portrait de peintre vis à vis de ses modèles réels ou fantasmés avec une utilisation magistrale du travelling. Le casting est impeccable.

Je suis avide de nouvelles découvertes et étanche ma soif par de multiples satisfactions : ce cinéma là me plaît, me ravit, voire m'enchante. Merci monsieur.

[DaveDevil666]

Les Nuits de la Pleine Lune (avec cette superbe scène où Luchini évoque son besoin de rentrer dormir à Paris chaque soir car, même s'il ne sort pas, il "sent" la vie dehors)
Contes d'Eté
Pauline à la Plage
L'Anglaise et le Duc (l'originalité des toiles peintes en guise de décor - sinon, j'ai trouvé "tartes" les critiques taxant ce film de "réactionnaire", comme si toute oeuvre artistique autour de la Révolution devait être forcément portée par un discours "libérateur")

[Jeremy Fox]

Les nuits de la pleine lune est, je crois, le plus gros succès public de Rohmer. C'est pourtant l'un de ses films que j'apprécie le moins moi aussi. J'ai en revanche un gros faible pour L'ami de mon amie moins souvent cité.

[Jordan White]

J'ai en revanche un gros faible pour L'ami de mon amie moins souvent cité.

C'est un film très simple, très contemporain, d'ailleurs Rohmer n'a sans doute pas son pareil pour filmer les choses simples (prendre un café, se balader sur un ponton) et soigne toujours ses dialogues. Le final est ironique et touchant à la fois. Et le film doit beaucoup à Sophie Renoir.

[bronski]

Les nuits de la pleine lune est, je crois, le plus gros succès public de Rohmer. C'est pourtant l'un de ses films que j'apprécie le moins moi aussi. J'ai en revanche un gros faible pour L'ami de mon amie moins souvent cité.

J'aime bien Les nuits de la pleine lune et L'ami de mon amie parce qu'ils correspondent à la période où j'ai découvert le cinéma de Rohmer, lors de la sortie en salle (1987) de L'ami de mon amie que je préfère aussi.