Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
Que ca décourage pas ceux qui ne l'ont pas vu, car vous pourriez passer à coté d'un film vraiment très beau et prometteur pour cette jeune réalisatrice.

Si la vie réelle est un chaos, en revanche une terrible logique gouverne l'imagination.
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
au contraire, je trouve qu'une mise en scène sur-signifiante (envoûtante, qui semble clairement dire quelque chose) est un syndrome déplorable de certains cinéastes actuels, et suis content que Céline Sciamma ne soit pas tombé dans ce travers-là.2501 a écrit : je me rappelle effectivement d'un film qui tente quelque chose formellement tout en étant trop timide de ce côté-là. La mise en scène ne m'a jamais envoûté, et elle ne m'a jamais semblé dire clairement quelque chose
Contrairement à Lola Doillon (dont le film "Et toi, t'es sur qui?", qui parlait aussi de dépucelage, était sorti quasi en même temps), la réalisatrice fait le choix de situer ses personnages a priori "naturalistes" dans un milieu et un décor extrêmement singuliers (la natation synchronisée, la piscine et les vestiaires, avec tout ce que ça comporte de sous-jacent: l'humidité pour évoquer le désir féminin naissant, l'enfermement et la synchronisation pour évoquer le malaise adolescent et la volonté de ressembler aux gens "dans le vent"). Cette excellente idée donne un poids métaphorique suffisant au film, et l'accentuer par une mise en scène trop voyante aurait pu devenir lourd et redondant.
Je ne l'ai pas trouvée si aléatoire que ça: si certains comportements te paraissent mal joués, c'est peut-être tout simplement parce que les 2/3 de ces filles sont extrêmement introverties et mal dans leur peau, et que partant, les actrices ne vont donc pas afficher un professionalisme Actor's Studio !2501 a écrit :sa direction d'acteurs un peu aléatoire
Il n'y a que dans les films américains que les adolescents mal dans leur peau sont dépeints comme des singes savants ayant le sens de la répartie qui tue et un jeu aussi roué que des adultes (cf le récent Juno).
L'un des mérites de ce naturalisme tant décrié, c'est précisément de faire jouer des ados complexés et maladroits par des gens qui savent prendre des airs d'ados complexés et maladroits !
C'est dommage de confondre ça avec une mauvaise direction d'acteurs...
PS: par contre, sur les 3 personnages principaux, je trouve un peu dommage d'avoir sacrifié ainsi celui de la meilleure copine, qui me semble infiniment moins approfondi que les deux autres.
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
Tu interprètes mes propos (et j'ai pas vraiment apprécié Juno).
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
Première diffusion ce soir sur Ciné Cinéma Club pour ce très joli film.
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
J'ai trouvé le film horripilant.
Pourtant le début est magnifique, avec le générique, et les premières images de natation synchronisée -malheureusement le DVD anglais du film est mal compressé, ce qui fait que ça pixellise pas mal au pire moment : elle est par définition basée sur le mouvement, donc ça se voit -, ce qui aurait d'ailleurs pu permettre de remettre avec poésie et au goût du jour le mythe de la sirène.
Ensuite le film m'a semblé être une enfilade de clichés (meilleure copine qui se fait humiliée à la table d'un McDo, lèvres pincées 90% du temps, jeu hyper monotone -ce que n'excusent pas la timidité et la maladresse du personnage principal-, images d'Epinal d'un vestiaire masculin, discours très lourd sur le passage à l'acte, etc) ne parvenant pas à s'extraire de la simple illustration du passage de l'enfance à l'âge adulte, avec une adolescence très triste, morne, une photographie plate et une absence totale d'émotion. J'ai trouvé la scène dans le lit particulièrement inconfortable, notamment le gros plan sur la larme à l'oeil. Le film parvient parfois à se montrer pudique lorsqu'il filme la jeune fille pubère en train de se changer, tantôt fascinée, tantôt lunaire, mais rien que la scène de la boîte, c'est juste pour moi du cinéma d'auteur redondant. Un festival de personnages qui tirent la tronche, se cherchent, se trouvent, éprouvent des sentiments de fascination/répulsion sans que ça n'aboutisse à quelque chose de réellement tangible. Pour un film qui parle du premier désir, des premiers émois, je l'ai trouvé glacial, distant, trop cérébral et repoussant au final.
Pourtant le début est magnifique, avec le générique, et les premières images de natation synchronisée -malheureusement le DVD anglais du film est mal compressé, ce qui fait que ça pixellise pas mal au pire moment : elle est par définition basée sur le mouvement, donc ça se voit -, ce qui aurait d'ailleurs pu permettre de remettre avec poésie et au goût du jour le mythe de la sirène.
Ensuite le film m'a semblé être une enfilade de clichés (meilleure copine qui se fait humiliée à la table d'un McDo, lèvres pincées 90% du temps, jeu hyper monotone -ce que n'excusent pas la timidité et la maladresse du personnage principal-, images d'Epinal d'un vestiaire masculin, discours très lourd sur le passage à l'acte, etc) ne parvenant pas à s'extraire de la simple illustration du passage de l'enfance à l'âge adulte, avec une adolescence très triste, morne, une photographie plate et une absence totale d'émotion. J'ai trouvé la scène dans le lit particulièrement inconfortable, notamment le gros plan sur la larme à l'oeil. Le film parvient parfois à se montrer pudique lorsqu'il filme la jeune fille pubère en train de se changer, tantôt fascinée, tantôt lunaire, mais rien que la scène de la boîte, c'est juste pour moi du cinéma d'auteur redondant. Un festival de personnages qui tirent la tronche, se cherchent, se trouvent, éprouvent des sentiments de fascination/répulsion sans que ça n'aboutisse à quelque chose de réellement tangible. Pour un film qui parle du premier désir, des premiers émois, je l'ai trouvé glacial, distant, trop cérébral et repoussant au final.
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
tu parle de redondance et en même temps tu soulignes bien le coté glacial sur ce sujet et c'est justement plutot rare, on a trop souvent à faire à des films sur l'adolescence soit trop sucré soit trop salé (clark/van sant/skin et compagnie), ce coté froid distant donne au film un caractère mysterieux et obsédant comme doit être tout bijou voir chef d'oeuvre (içi on est plutot du coté du bijou)Jordan White a écrit : Pour un film qui parle du premier désir, des premiers émois, je l'ai trouvé glacial, distant, trop cérébral et repoussant au final.
il y a quelques jours j'ai pu voir le film de Robert Mulligan "Un été 42" et bien voilà un film qui lui ressemble alors qu'au depart on s'attends plus à un film à la stand by me (tu aurais préféré j'en suis certains) et finalement tout en ayant une histoire très epurée (certains diront simplistes) le realisateur arrive à nous emporter par ses scènes lentes et obsédantes (la scène de la danse et celle ou il va cherche des preservatifs - qui auraient été raté si elle avait été trop courte-). c'est n'est certainement pas pour celà que le film a eu du succès à l'epoque mais c'est grace à celà que le film a une certaine reputation des dizaines d'années plus tard.
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
Vu sur Arte et pas vraiment convaincu (et encore je suis sympa). Les thèmes sont intéressants (l'idolatrie, l'amitié amoureuse, les apparences, les normes pour être acceptées, etc.) mais l'ensemble reste trop sage, trop distant et pas très passionnant. Le scénario s'éloigne difficilement des bases vues et revues dans les séries tv: l'univers adolescent et ses limites ne sont pas dépassés ici, malgré quelques détails effectivement pertinents comme l'absence des parents. Pour avoir vu récemment LE DERNIER ETE A LA BOYITA dont les thématiques ne sont pas si éloignées (bien que les deux films soient différents) je constate qu'en France on trouve encore l'excuse du petit budget pour éviter toute originalité formelle. Le film argentin, qui n'a pas dû coûter des mille et des cent non plus, semble finalement beaucoup plus recherché quand ce "pendant" français ressemble davantage à un téléfilm.
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
J'ai trouvé la mise en images du film argentin assez plate et sans idées. Mais peut-être peux-tu développer sur ce qui t'y a intéressé?Nestor Almendros a écrit :Pour avoir vu récemment LE DERNIER ETE A LA BOYITA dont les thématiques ne sont pas si éloignées (bien que les deux films soient différents) je constate qu'en France on trouve encore l'excuse du petit budget pour éviter toute originalité formelle. Le film argentin, qui n'a pas dû coûter des mille et des cent non plus, semble finalement beaucoup plus recherché quand ce "pendant" français ressemble davantage à un téléfilm.
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
Je ne connais pourtant aucun film français qui lui ressemble vraiment. Il faut vraiment savoir ce qu'on attend de la recherche formelle d'un film: de la "belle" image, des mouvements de caméra sophistiqués?Nestor Almendros a écrit :Vu sur Arte et pas vraiment convaincu (et encore je suis sympa). Les thèmes sont intéressants (l'idolatrie, l'amitié amoureuse, les apparences, les normes pour être acceptées, etc.) mais l'ensemble reste trop sage, trop distant et pas très passionnant. Le scénario s'éloigne difficilement des bases vues et revues dans les séries tv: l'univers adolescent et ses limites ne sont pas dépassés ici, malgré quelques détails effectivement pertinents comme l'absence des parents. Pour avoir vu récemment LE DERNIER ETE A LA BOYITA dont les thématiques ne sont pas si éloignées (bien que les deux films soient différents) je constate qu'en France on trouve encore l'excuse du petit budget pour éviter toute originalité formelle. Le film argentin, qui n'a pas dû coûter des mille et des cent non plus, semble finalement beaucoup plus recherché quand ce "pendant" français ressemble davantage à un téléfilm.
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La mise en scène, c'est heureusement beaucoup plus que ça et aussi autre chose que ça et pourtant même au niveau sonore et visuel (dans le choix des cadrages, de l'environnement visuel), il y aurait beaucoup à dire sur le film.
Et je ne comprends pas ce que tu veux dire par "l'univers adolescent et ses limites". C'est justement une des forces du film de se mettre complètement dans leur peau et à leur niveau avec leurs codes impénétrables pour les adultes.
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
Je n'attends pas forcément quelque chose de sophistiqué et de tape à l'oeil. Ce que j'ai regretté ici c'est la pauvreté du "rendu", le manque d'imagination pour recréer cet univers de façon plus personnelle.AtCloseRange a écrit :Je ne connais pourtant aucun film français qui lui ressemble vraiment. Il faut vraiment savoir ce qu'on attend de la recherche formelle d'un film: de la "belle" image, des mouvements de caméra sophistiqués?
La mise en scène, c'est heureusement beaucoup plus que ça et aussi autre chose que ça et pourtant même au niveau sonore et visuel (dans le choix des cadrages, de l'environnement visuel), il y aurait beaucoup à dire sur le film.
Pour moi, "l'univers adolescent et ses limites", c'est l'environnement lycéen, les flirts, les relations difficiles, les cercles fermés entre ados (sans adultes), les frustrations (jolies filles vs. filles plus moches), etc. Bref tout ce qui a trait au decorum traditionnel de ce genre d'histoire et qu'on retrouve partiellement ici. Je parle de "limites" parce que j'ai souvent l'impression qu'on arrive rarement à les dépasser et qu'on nous ressert toujours plus ou moins la même chose.AtCloseRange a écrit :Et je ne comprends pas ce que tu veux dire par "l'univers adolescent et ses limites". C'est justement une des forces du film de se mettre complètement dans leur peau et à leur niveau avec leurs codes impénétrables pour les adultes.
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
C'est marrant on a dû tous regarder la même chose mercredi soir
Pour moi le film est une très belle découverte! Certes la mise en scène est très sobre voire téléfilm, mais bon sang quelle interprétation! Deux jeunes filles qui rentrent tout juste dans l'adolescence et qui sont complètement paumées, le film parle de la sexualité vue par les adolescentes. Une absence totale de repère, le manque d'information, des sentiments nouveaux, des choses bizarres que l'on ne contrôle pas c'est tout cela. Le thème de la (homo)sexualité est quelque chose de sensible (chez les ado. encore plus) et je trouve que le metteur en scène s'en sort très bien, avec des scènes crues et pleines de vérité (qui n'a jamais connu une fille qui avait une réputation de salope mais n'en était pas vraiment une!), ma scène préférée est celle dans la boite de nuit où l’atmosphère est incroyable.
La réalisatrice a choisi de suivre uniquement le parcours de ses 3 jeunes filles et je pense que c'est une bonne chose car je me suis senti vraiment proche du personnage principal, la frêle petite Marie. Le film raconte le point de vue des adolescentes et doit donc être vu comme cela, non par les yeux d'adulte.

Pour moi le film est une très belle découverte! Certes la mise en scène est très sobre voire téléfilm, mais bon sang quelle interprétation! Deux jeunes filles qui rentrent tout juste dans l'adolescence et qui sont complètement paumées, le film parle de la sexualité vue par les adolescentes. Une absence totale de repère, le manque d'information, des sentiments nouveaux, des choses bizarres que l'on ne contrôle pas c'est tout cela. Le thème de la (homo)sexualité est quelque chose de sensible (chez les ado. encore plus) et je trouve que le metteur en scène s'en sort très bien, avec des scènes crues et pleines de vérité (qui n'a jamais connu une fille qui avait une réputation de salope mais n'en était pas vraiment une!), ma scène préférée est celle dans la boite de nuit où l’atmosphère est incroyable.
La réalisatrice a choisi de suivre uniquement le parcours de ses 3 jeunes filles et je pense que c'est une bonne chose car je me suis senti vraiment proche du personnage principal, la frêle petite Marie. Le film raconte le point de vue des adolescentes et doit donc être vu comme cela, non par les yeux d'adulte.
Dernière modification par Akrocine le 25 avr. 11, 11:22, modifié 1 fois.
"Mad Max II c'est presque du Bela Tarr à l'aune des blockbusters actuels" Atclosetherange
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
Et un de plus.Akrocine a écrit :C'est marrant on a dû tous regarder la même chose mercredi soir![]()

Je me range plutôt parmi les déçus, même si c'est un film qui dévoile quelques promesses.
Le parti-pris est audacieux, par une mise en scène qui insiste sur des sensations et la perception d'un malaise. La fascination d'une gestuelle, l'environnement de la natation sont aussi des atouts, malheureusement pas assez soutenus.
Seulement, les trois protagonistes restent à l'état d'ébauche...Sciamma ne parvient pas à donner une densité à leurs relations troublées et fragiles, et les échanges sont bien trop désincarnés pour que leur parcours puisse émouvoir. En se concentrant sur les ambiguités liant Floriane et Marie, elle laisse son troisième personnage, Anne, sur la touche...et cela achève de provoquer un déséquilibre. Le discours se limite à une impression de flottement assez superficielle, sans rythme ni implication.
C'est dommage, car certaines scènes évoquent une sensibilité inquiète et vulnérable, trop vite évacuée.

- Demi-Lune
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
Suite de mon Adèle Haenel Tour avec Naissance des pieuvres (beau titre, d'ailleurs).
J'entends d'autant mieux les reproches que j'ai flirté avec les mêmes sentiments au début du film, qui n'est pas forcément très engageant. Le visage apathique de Pauline Acquart, l'épure de la narration et de la mise en scène, ce sont pourtant toutes ces choses qui assurent à terme la réussite de l'entreprise, de mon point de vue. Pour peu, bien sûr, que l'on se laisse embarquer, le film a un vrai pouvoir d'envoûtement. Parce que Sciamma fait le choix du minimalisme (ce flottement dont parle Joe Wilson), ça n'en est paradoxalement que plus évocateur et obsédant, les mystères du cœur et les tourments de l'adolescence ayant ici tout un espace pour exister et s'exprimer d'une façon pour moi beaucoup plus authentique que moult autres films s'en prévalant... On nous épargne l'explication de texte sur des affres de cet âge souvent indicibles. Dès lors, tout est intelligemment contenu dans la gestuelle, la composition des plans, la prévalence des visages. Une grande paix émane de la mise en images, sans artifices inutiles, et qui évoque effectivement un peu le cinéma de Sofia Coppola sans en paraître néanmoins un avatar français bas-de-gamme. La relation ambiguë entre Marie et Floriane, le trouble de l'une et la magnificence de l'autre, tout ça reste en mémoire et compense le traitement moins abouti (car plus explicite) réservé au personnage de la boulotte Anne.
Chacune dans un registre pas facile, Pauline Acquart et Adèle Haenel captivent la caméra.
Ce qui m'amène à une grosse réserve. Je suis quand même mal à l'aise avec la scène de dépucelage, malgré les précautions que la réalisatrice tente de prendre (le hors-champ de la couette, le biais du "service" rendue à une amie). Pauline Acquart a le même âge que son personnage (15 ans)... lui demander de jouer cette situation, quand bien même ce soit celle dont on est le plus susceptible de se souvenir du film, me pose quand même un cas de conscience. C'est là que j'ai retrouvé la même gêne que devant certains développements risqués de Tomboy (qui reste lui aussi un joli film).
J'entends d'autant mieux les reproches que j'ai flirté avec les mêmes sentiments au début du film, qui n'est pas forcément très engageant. Le visage apathique de Pauline Acquart, l'épure de la narration et de la mise en scène, ce sont pourtant toutes ces choses qui assurent à terme la réussite de l'entreprise, de mon point de vue. Pour peu, bien sûr, que l'on se laisse embarquer, le film a un vrai pouvoir d'envoûtement. Parce que Sciamma fait le choix du minimalisme (ce flottement dont parle Joe Wilson), ça n'en est paradoxalement que plus évocateur et obsédant, les mystères du cœur et les tourments de l'adolescence ayant ici tout un espace pour exister et s'exprimer d'une façon pour moi beaucoup plus authentique que moult autres films s'en prévalant... On nous épargne l'explication de texte sur des affres de cet âge souvent indicibles. Dès lors, tout est intelligemment contenu dans la gestuelle, la composition des plans, la prévalence des visages. Une grande paix émane de la mise en images, sans artifices inutiles, et qui évoque effectivement un peu le cinéma de Sofia Coppola sans en paraître néanmoins un avatar français bas-de-gamme. La relation ambiguë entre Marie et Floriane, le trouble de l'une et la magnificence de l'autre, tout ça reste en mémoire et compense le traitement moins abouti (car plus explicite) réservé au personnage de la boulotte Anne.
Chacune dans un registre pas facile, Pauline Acquart et Adèle Haenel captivent la caméra.
Ce qui m'amène à une grosse réserve. Je suis quand même mal à l'aise avec la scène de dépucelage, malgré les précautions que la réalisatrice tente de prendre (le hors-champ de la couette, le biais du "service" rendue à une amie). Pauline Acquart a le même âge que son personnage (15 ans)... lui demander de jouer cette situation, quand bien même ce soit celle dont on est le plus susceptible de se souvenir du film, me pose quand même un cas de conscience. C'est là que j'ai retrouvé la même gêne que devant certains développements risqués de Tomboy (qui reste lui aussi un joli film).
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
Je me souviens pas en detail de ce qui aurait pu te gêner mais tu peux continuer ton "Adèle Haenel Tour" avec un film qui est un de mes gros coup de coeur: "Les diables" (2001) de Christophe Ruggia avec aussi Vincent Rottiers à ses debuts
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Re: Naissance des pieuvres (Céline Sciamma - 2007)
Un premier film touchant et juste, flirtant souvent sur la corde raide, Sciamma réussit à éviter de tomber grace également à ses jeunes actrices.
J'ai trouvé le trouble adolescent plutôt bien rendu, avec ces jeunes filles qui se cherchent, qui s'évitent et finissent par se percuter.
J'aime beaucoup la fin, avec la fête de la piscine qui concrétise toutes les pulsions du film, et se termine de belle manière.
J'ai trouvé le trouble adolescent plutôt bien rendu, avec ces jeunes filles qui se cherchent, qui s'évitent et finissent par se percuter.
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« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
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