Eric Rohmer (1920-2010)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Nomorereasons
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Message par Nomorereasons »

Oui. Et pourtant je suis aussi venu à Rohmer par "Conte d'été".
Mais il est très difficile de lutter contre ce snobisme dont tu parles; je pense que chaque cinéphile possède en effet un jardin secret qu'il n'aime pas voir pietiner: c'est l'envers sa générosité pédagogue et parfois même prosélyte.
Nicolas Brulebois
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Message par Nicolas Brulebois »

Pour ceux qui ont la TNT: Arte rediffuse cet après-midi (14h) le docu "Eric Rohmer, preuves à l'appui" (de la Collection Cinéma de Notre Temps).

Le cinéaste y est interviewé par l'inamovible Jean Douchet.

Pas forcément crucial (les moments les plus savoureux - en gros: quand il parle d'Amanda Langlet et de la préparation de Pauline - sont déjà dans les bonus DVD de Pauline à la Plage), mais néanmoins instructif :idea:
NotBillyTheKid
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Message par NotBillyTheKid »

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Me voilà parti pour une bonne série. Je ne connais de Rohmer presque que les contes des 4 saisons. Je viens de me payer deux coffrets (12 films). C'est donc avec un peu d'appréhension et pas mal de confiance que j'attaque le cycle des six contes moraux.
Le premier est donc un moyen métrage très rythmé, bien ancré dans un style Nouvelle vague, en exterieur, avec voix off et doublage post-synchro. Je ne suis pas dépaysé de Godard tant il en est alors proche. Le film m'a beaucoup plu alors que je suppose que d'autres (Ma nuit chez Maud, Le genou de claire, l'amour l'après midi...) lui seront supérieurs.
Bon début qui me donne très envie de passer au deuxième conte rapidement...
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Message par Nomorereasons »

NotBillyTheKid a écrit :Le premier est donc un moyen métrage très rythmé, bien ancré dans un style Nouvelle vague, en exterieur, avec voix off et doublage post-synchro. Je ne suis pas dépaysé de Godard tant il en est alors proche. Le film m'a beaucoup plu alors que je suppose que d'autres (Ma nuit chez Maud, Le genou de claire, l'amour l'après midi...) lui seront supérieurs.
Bon début qui me donne très envie de passer au deuxième conte rapidement...
C'est mon préféré. J'ai quelques courts qui me tétanisent à chaque fois que je les regarde, et celui-ci en fait partie, avec par exemple "La Jetée". Mais le reste du coffret est régaleux!
Le fait que tout Rohmer ou presque y soit déjà accompli, m'impressionne à chaque fois dans ce petit film. Il faudrait que je voie alors les courts de Godard pour comparer, car pour moi ce sont deux univers très éloignés, et cela dès le début des années 60.
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

yaplusdsaisons a écrit : Il faudrait que je voie alors les courts de Godard pour comparer, car pour moi ce sont deux univers très éloignés, et cela dès le début des années 60.
y'a la série des "charlotte et...." réalisés en collaboration..Et puis on voit Godard dans Le signe du lion, dans un moment très godardien d'ailleurs.
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Message par Nomorereasons »

Jack Griffin a écrit :
yaplusdsaisons a écrit : Il faudrait que je voie alors les courts de Godard pour comparer, car pour moi ce sont deux univers très éloignés, et cela dès le début des années 60.
y'a la série des "charlotte et...." réalisés en collaboration..Et puis on voit Godard dans Le signe du lion, dans un moment très godardien d'ailleurs.
En effet, et Godard y est tordant! C'est d'ailleurs la seule fois où Godard me fait rire sans arrière-pensée -Rohmer aussi d'ailleurs, comme si l'un et l'autre s'étaient mis d'accord pour cette petite séquence potache. En ce qui concerne "Charlotte", c'est quand même balbutiant, là je n'identifie clairement la patte de personne en particulier. On va dire que cela participe encore d'un esprit général un peu anticonformiste de l'époque.
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Message par NotBillyTheKid »

yaplusdsaisons a écrit :
Jack Griffin a écrit :
y'a la série des "charlotte et...." réalisés en collaboration..Et puis on voit Godard dans Le signe du lion, dans un moment très godardien d'ailleurs.
En effet, et Godard y est tordant! C'est d'ailleurs la seule fois où Godard me fait rire sans arrière-pensée -Rohmer aussi d'ailleurs, comme si l'un et l'autre s'étaient mis d'accord pour cette petite séquence potache. En ce qui concerne "Charlotte", c'est quand même balbutiant, là je n'identifie clairement la patte de personne en particulier. On va dire que cela participe encore d'un esprit général un peu anticonformiste de l'époque.
Plus surprenante est la présence de Tavernier (c'est lui qui lit la voix off), car, pour le coup, c'est un univers très différent !

Pour Godard/Rohmer, un plan est très frappant : il filme le gars sur l'avenue, puis par un panoramique d'1/4 de seconde passe à 180° pour filmer la fille en face. Autre chose, un raccord dans l'axe quand il traverse le passage clouté. Ce raccord n'est là que pour gagner une seconde, montage très godardien. Enfin, le simple tournage en exterieur avec post-synchro, c'est une marque nouvelle-vague très forte.
Si j'ai le temps, je me mate la carière de Suzanne, ce soir (question de faire ça dans l'ordre !)
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Message par NotBillyTheKid »

Après un interlude Truffaldien avec Jules & Jim, hier, je reprends mon décompte des contes moraux d'Eric Rohmer avec :
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Bon moment, même si je l'ai trouvé inferieur au premier, et très certainement au prochain. Des personnages ratés, en echec (c'est rare chez Rohmer). et un vocabulaire un peu familier qui étonne chez le père Rohmer.
vivement la suite.
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

NotBillyTheKid a écrit : vivement la suite.
3 gros chefs d'oeuvre :D
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Eric Rohmer

Message par Alligator »

Ma nuit chez Maud (Eric Rohmer, 1969) :

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captures
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Je n'ai pas lu Pascal. Ou alors en coup de vent, au lycée. Je n'en ai que si peu de souvenirs.

Bref, ce n'est pas du côté de la contamination pascalienne du film qu'est venu mon plaisir cinéphile à découvrir le cinéma de Rohmer. Encore que tout cela, ces discussions passionnées entre les personnages sur la place de l'amour dans le couple, de la fidélité et du comportement sexuel ou amoureux, des implications sur le plan religieux pour le catholique joué par Trintignant, encore que tout cela donc soit fort intéressant et invite à l'interrogation personnelle... avec des limites tout aussi personnelles.

Ce qui touche par dessus tout c'est la tendresse avec laquelle les personnages se confrontent. Ce n'est pas seulement de la tendresse. Il y a également beaucoup de franchise, une dose remarquable d'auto-analyse avec ce que cela implique de mensonge évidemment. Les personnages ne sont pourtant pas dupes me semble-t-il. Tout ce petit monde joue, réfléchit et en somme vit en bonne entente, entre sincérité et tendre ou polie retenue.
Oui, j'ai particulièrement été attendri par les relations entre Trintignant et Fabian d'une part et Trintignant et Barrault d'autre part. Une danse intellectuelle et affective à la fois. Une sorte de marivaudage, ou plutôt ballet délicat, main dans la main, certes plus que zigounette dans le pilou pilou mais à la consistance étonnante, réelle. Oui encore, d'un réalisme, d'un concret, d'un charnel direct et émouvant. Un film aux émotions d'une profonde matière.

Il n'y a guère que quelques scènes de messes un peu longuettes (sans doute pour faire le pendant au manque de scènes de fesses un peu braguettes?) Chais pas.

Qu'est-ce qu'elle est belle Fabian mes aïeux!
Dernière modification par Alligator le 6 mai 09, 10:51, modifié 4 fois.
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Re: Ma nuit chez Maud (Eric Rohmer) 1969

Message par villag »

Alligator a écrit :Ma nuit chez Maud (Eric Rohmer, 1969) :


Qu'est-ce qu'elle est belle Fabian mes aïeux!

La grande question: Comment fait-il pour passer une nuit entière avec elle sans la toucher ????
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Re: Ma nuit chez Maud (Eric Rohmer) 1969

Message par wichita »

villag a écrit :
Alligator a écrit :Ma nuit chez Maud (Eric Rohmer, 1969) :


Qu'est-ce qu'elle est belle Fabian mes aïeux!

La grande question: Comment fait-il pour passer une nuit entière avec elle sans la toucher ????
c'est un janséniste , et ça explique tout. :wink:
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Re: Ma nuit chez Maud (Eric Rohmer) 1969

Message par Sergius Karamzin II »

C'est de la fiction.
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Re: Ma nuit chez Maud (Eric Rohmer) 1969

Message par Jordan White »

C'est un de mes films français préférés. Quand je l'ai vu la première fois je n'avais pas envie que ça se termine, espérant même que celui dure encore des heures, comme lorsque l'on dîne avec des amis, que l'heure passe, mais que l'on a pas envie de se quitter parce que l'on se sent bien avec les amis qui nous côtoient. Malheureusement Rohmer n'avait pas assez de bobines pour transformer ce fantasme en réalité. Le film est d'une telle richesse, d'une telle perfection dans les dialogues, dans la mise en scène, dans l'interprétation qu'il me faudra sans doute le revoir encore et encore pour en saisir toutes les subtilités. Sans doute un des films les plus aboutis qu'il m'ait été donné de voir.
Françoise Fabian dans ce film c'est la beauté incarnée.
Dernière modification par Jordan White le 25 juin 08, 18:27, modifié 1 fois.
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Re: Ma nuit chez Maud (Eric Rohmer) 1969

Message par Nomorereasons »

J'en ai rêvé, Alligator l'a fait: un topic exprès pour l'un de mes dix films favoris!

Et comme toujours, ton texte est très enlevé, et je suis de plus trop heureux d'avoir trouvé cette petite "restriction" de ta part (et sans doute le terme est un peu fort):
Alligator a écrit :Il n'y a guère que quelques scènes de messes un peu longuettes (sans doute pour faire le pendant au manque de scènes de fesses un peu braguettes?) Chais pas.
pour pouvoir rebondir dessus et y apporter mon point de vue de cinéphile -et de catholique dans une moindre mesure.


Il y a trois scènes contemplatives dont la durée -du moins, l'agencement- frappe dans ce film déjà très étrange où un marxiste se rend à la messe de Noël ("les filles comme toi me rendraient papiste!" lance-t'il encore à Maud), où la perversion tient moins à l'érotisme qu'aux joies des mathématiques, et qui parle de mariage après 1968:

-comme tu l'as relevé en effet, la scène de messe à Noel. De mon côté, voilà comment je comprends cette scène: Trintignant étant un chaos de contradictions, il n'est pas impossible qu'assister à cette messe lui rende cette épaisseur divine qu'il sent se perdre en lui-même. D'un point de vue narratif, il s'agit d'une pause qui permet ensuite de faire surgir Marie-Christine Barrault comme un accident; enfin, sa symbolique se rapprocherait d'un certain "ordre de la charité" en langage pascalien.

-la scène du concert, où Trintignant et Vitez se rendent avant tout pour draguer les étudiantes et rechercher les plaisirs du monde (autrement dit, l'ordre de la chair) mais très vite, l'absorption des musiciens face à leur partition touche presque au sublime, voire au sacré.

-le plan sur la première page des Pensées de Pascal en Livre de Poche (sorti d'ailleurs au moment où Rohmer pensait faire son film). On voit Trintignant le feuilleter d'abord dans un but de satisfaction intellectuelle -autrement dit l'ordre de l'esprit- mais on comprend vite que ce film brassera les Pensées de Pascal en avant, à rebours et au point de croix, et que ces trois plans tendent à réconcilier les trois ordres dont parle Pascal, tant le charnel et le spirituel -et aussi la stratégie- y sont indissolublement liés dans l'Amour.

Dans ce dernier exemple, on a le temps de lire que la préface est rédigée par Jean Guitton, philosophe chrétien lui-même amateur de sciences -on lui doit par exemple un livre mettant en parallèle Pascal et Leibniz paru dix ans avant; cela n'a pas une valeur incommensurable à l'égard du film, mais je précise à tout hasard car il y a toujours chez Rohmer un petit jeu de khâgneux refoulé, souvent même proche du canular, qui consiste à placer au beau milieu d'intrigues déroutantes de limpidité, des signes d'importance variable destinés à interpeller l'érudition éventuelle du spectateur ou le perturber: par exemple, dans Conte d'été, on voit furtivement dans la chambre de Melvil Poupaud un poster du groupe Oasis dont on ne distingue toutefois pas le titre, mais les amateurs auront bien sûr reconnu l'album "definitively maybe" qui résume on ne peut mieux la morale de l'anti-héros.
Pour en revenir aux Contes Moraux, qui présentent invariablement les mêmes éléments, Rohmer lui-même se disait que tout compte fait un ordinateur aurait pu les assembler pour en faire des histoires, afin que leur rencontre hasardeuse se réconcilie dans la logique; on y trouve ces quelques arguments mobiles (un jeune homme disponible, deux femmes antagonistes, un temps de "vacance" qui dure l'après-midi, une nuit ou tout l'été), plus petits dénominateurs communs diversement mobilisables pour un ordre plus grand -comme Pascal lui-même semblait vouloir agencer ses fiches minuscules.
Je m'arrête là et cite le texte pénétrant de Guitton à ce sujet:

A l'inverse des auteurs classiques qui composaient d'abord un plan fixe, qui enchaînaient leurs pensées à ce carcan, Pascal, stratège comme Bonaparte, voulait voir ses troupes demeurer libres et le plus longtemps possible, prêtes à entrer dans diverses combinaisons (...)
En somme, Pascal, toujours soucieux de concilier les contraires, avait voulu réunir les avantages de l'improvisation (qui crée le mouvement de style, faisant ressembler la phrase à la parole) et de l'ordre (lequel résulte d'une adaptation parfaite des moyens à la fin, ce qui exige une reflexion constante. Et cet ordre de ses pensées, il n'avait pas voulu l'arrêter une fois pour toutes, soit parce qu'il ne se croyait point si malade, estimant avoir encore dix ans devant lui (...), soit plutôt parce qu'il savait que, pour toucher la raison et le coeur, il faut user de plusieurs ordres à la fois et atteindre ce désordre ordonné, cet ordre multiple qu'il appelle "ordre de la charité", que Jésus-Christ a pratiqué, et qui consiste "en la digression sur chaque point qu'on rapporte à la fin pour la montrer toujours".
Pascal, qui ne laissait rien à la coutume, et qui savait provoquer et utiliser le hasard, obtenait ainsi ce style si rare: naturel comme un cri de joie ou d'angoisse, dense comme un axiome.

(A mon avis de fanatique de Rohmer, on ne saurait trouver meilleure définition de l'agencement de ces Contes Moraux.)



Je pense donc que cette fixité, cette attention soutenue aux joies austères de l'étude, de l'Art ou de la chasteté monacale ne s'opposent pas au reste du film, c'est-à-dire l'intrigue amoureuse, mais au contraire en permettent la floraison comme souvent chez Rohmer.
Car nous sommes dans un "Conte Moral", où il est d'abord question de la disponibilité du coeur chez le personnage principal -un certain humour venant justement du fait que ce personnage principal n'a de cesse de clamer le contraire au nom de la morale qu'il s'est choisie (ajoutons aussi l'ironie qui veut que lorsqu'on aime une femme, les autres n'ont plus de valeur ... et c'est ainsi qu'on ne se méfie plus!).
Cela dit, Ma Nuit Chez Maud présente un problème un tout petit peu plus épineux qu'à l'ordinaire étant donné que la morale est ici religieuse et que l'équivoque est entretenue par Rohmer lui-même: nous ne savons pas si Trintignant a choisi le catholicisme ("Je te l'ai dit: je me suis converti!" dit-il à Antoine Vitez lorsque celui-ci le taquine devant Maud au sujet de ses aventures passées et délibérement oubliées depuis) ou s'il a obéi à une tradition ("Mes parents étaient catholiques, je le suis resté." dit-il à un de ses collègues). Ici donc, cette disponibilité du coeur acquiert un double visage: à l'amour et à la croyance ("la religion ajoute à l'amour, et l'amour ajoute à la religion" dit-il) et il n'est pas jusqu'au marxiste qui ne soit atteint par cette ouverture relative à la croyance (croyance en l'Histoire, voire au Destin)
Nous avons donc affaire à un grand thème classique (la discussion de salon) battu en brèche par une structure non seulement moderne mais actuelle: chaque élément du film est lié aux autres pour les besoins de l'intrigue et d'une certaine manière contient les autres, puisque dès le départ le sort de chaque personnage est accompli.


Toutefois ces divagations un peu luxueuses ne doivent pas faire oublier qu'il s'agit d'un film, avec une intrigue et quelques affrontements, bien sûr non pas à coups de pistolets mais d'éloquence.
A noter toutefois que Trintignant ("Don Juan honteux doublé d'un catholique honteux" lui dit Maud) truque à plaisir ses concepts et se plaît à avancer de deux pas pour ensuite reculer d'un seul. Néanmoins, le "pari" qu'il se fit d'épouser Marie-Christine Barrault avant même de lui avoir adressé la parole est tenu; on ne sait trop s'il faut attribuer cela à l'amour-propre ("c'est surtout de l'amour-propre!" objecte Maud) ou à la Grâce: Rohmer une fois de plus nous dévoile avec cruauté toute la dose de vice consubstancielle à l'amour le plus vertueux et chaste.

Qu'est-ce qu'elle est belle Fabian mes aïeux!
Ca! Pour ma part, si j'avais été Trintignant... enfin, je ne vais pas refaire le film :mrgreen:
Dernière modification par Nomorereasons le 25 juin 08, 20:19, modifié 2 fois.
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