Pur hasard. Et bien entendu que je vais poursuivre ma découverte grâce aux deux premiers coffrets Opening. J'ai été fortement séduit.-Kaonashi Yupa- a écrit :Je trouve assez original et intéressant que tu commence par le dernier film de Mizoguchi. J'espère que tu vas poursuivre ta découverte du cinéaste, et si je peux te donner un conseil, outre les 4 films chaudement recommandés par k-chan (je partage son avis, ce sont de très grands films), essaie de voir Les Femmes de la nuit, au sujet proche de La Rue de la honte, et vraiment très réussi également.Alligator a écrit :Akasen chitai (La rue de la honte) (Kenji Mizoguchi, 1956)
Kenji Mizoguchi (1898-1956)
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Re: Kenji Mizoguchi
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Re: Kenji Mizoguchi
- Image beaucoup plus propre et stable pour le dvd FSF. Ce n'est pas parfait, mais l'amélioration est bien là.k-chan a écrit :Comparatif des Amants crucifiés, à venir.
- Image (très) légèrement plus nette pour le dvd FSF.
mais :
- Image un peu trop sombre pour le dvd FSF > par moment ça passe très bien et c'est mieux que sur le dvd Opening, mais pour certaines scènes (de nuit notamment), c'est vraiment trop sombre... dommage.
- Image légèrement rognée pour le dvd FSF.
Dans l'ensemble, malgré des réserves, le dvd FSF me parait ("nettement" je voudrais dire, mais je n'ai fait que survoler le dvd) plus agréable à regarder, surtout pour son image beaucoup plus propre et stable, et mieux contrastée (mais, encore une fois, trop sombre par moment)
Quand on voit les 3èmes captures, Kyoko Kagawa est plus charmante sur le FSF.

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Re: Kenji Mizoguchi
Osen, la cigogne en papier(1934)
Fouiller la filmographie de Mizoguchi nous permet d’aboutir rapidement à la conclusion que la majeure partie de son œuvre muette est perdue. Si on en croit le premier message de ce topic, sont aujourd’hui en circulation 5 films, et tous ne sont pas complets. Les facteurs de cette perte importante sont connus : outre l’oubli immédiat dans lequel le muet est tombé après 1930 dans la plupart des pays, il faut ajouter les tremblements de terre successifs qui ont détruit la plupart des films japonais conservés dans les entrepôts des studios. Le Japon a pourtant produit des films muets ou seulement sonorisés jusqu’à 1935, pour tout un éventail de raisons. Ce film est un des films sonores de Mizoguchi: bien que muet, il est narré par des intertitres, lus et complétés par un bonimenteur(« Benshi »). C’est la principale source de gêne de cette version(Manifestement d’époque) : d’une part le Benshi est redondant, voire excessif dans son commentaire(Le final en particulier, un modèle d’économie et de subtilité à l’écran, devient franchement pesant avec l’ajout du boniment), et comme nos amis de Carlotta on fait correspondre les sous-titres au boniment, au lieu des intertitres, cela se fait souvent au détriment de l’image.
Mais au-delà, le film est souvent étonnant, par l’audace de sa structure, avec deux flash-backs imbriqués l’un dans l’autre (L’histoire nous conte la rêverie d’un homme et d’une femme, réunis à leur insu sur un quai de gare par une panne d’électricité, et chacun d’entre eux associe le lieu à leur passé commun lorsque Geisha la jeune femme avait étudié le jeune homme étudiant, et lui avait sauvé la vie, tout en sacrifiant la sienne. A un moment, l’homme jeune génère un flash-back pour expliquer les circonstances dans lesquelles il a quitté sa grand-mère au village natal.).
Egalement à noter, Mizoguchi en 1934 fait dire beaucoup de choses à ses plans, changeant de point de vue au cours d’un seul plan, en utilisant beaucoup l’arrière-plan, et bougeant la caméra de façon significative : on sait l’importance du plan-séquence dans les chef-d’œuvres futurs : ici, le vagabondage de la caméra dans une échoppe de nouille nous montre d’abord un client qui demande l’addition, puis qui quitte le restaurant précipitamment lorsqu’il ne trouve pas sa bourse ; la caméra nous emporte alors à travers un rideau vers le couple de héros qui mange, pour une fois, à sa faim : la jeune femme fournit la nourriture : on sait qu’elle a volé, afin de nourrir son ami.
Avec ce mélodrame, la thématique de Mizoguchi est déjà en place, et cette histoire d’un couple qui va essayer de lutter contre le déterminisme social qui pousse les femmes vers la prostitution en annonce bien d’autres. Osen, la Geisha qui se rebelle contre les proxénètes-escrocs qui l’emploient, n’est pas encore un personnage aussi fort que Oharu, et ce film apre n’est pas aussi définitif que les œuvres des années 50, mais c’est une expérience qui en vaut bien la peine. Parmi les acteurs, il faut faire particulièrement attention à Isuzu Yamada, qui prète son beau visage à Osen, et qui brille de tous ses feux dans la séquence la plus sublime du film, lorsqu’au moment de son arrestation, elle sort de son kimono(Avec les dents)une cigogne en papier qu’elle fait s’envoler en soufflant vers son ami pour lui signifier que son ame veillera toujours sur lui. La cigogne, préparée de longue date, devient du même coup le symbole de la fatalité, mais nous rappelle que c’est en se saisissant d’un rasoir avec les dents qu’elle s’est enfuie et a déclaré son indépendance. Ces deux scènes nous montrent la limite du champ d’action d’une prostituée dans le japon de ce début de siècle…
Fouiller la filmographie de Mizoguchi nous permet d’aboutir rapidement à la conclusion que la majeure partie de son œuvre muette est perdue. Si on en croit le premier message de ce topic, sont aujourd’hui en circulation 5 films, et tous ne sont pas complets. Les facteurs de cette perte importante sont connus : outre l’oubli immédiat dans lequel le muet est tombé après 1930 dans la plupart des pays, il faut ajouter les tremblements de terre successifs qui ont détruit la plupart des films japonais conservés dans les entrepôts des studios. Le Japon a pourtant produit des films muets ou seulement sonorisés jusqu’à 1935, pour tout un éventail de raisons. Ce film est un des films sonores de Mizoguchi: bien que muet, il est narré par des intertitres, lus et complétés par un bonimenteur(« Benshi »). C’est la principale source de gêne de cette version(Manifestement d’époque) : d’une part le Benshi est redondant, voire excessif dans son commentaire(Le final en particulier, un modèle d’économie et de subtilité à l’écran, devient franchement pesant avec l’ajout du boniment), et comme nos amis de Carlotta on fait correspondre les sous-titres au boniment, au lieu des intertitres, cela se fait souvent au détriment de l’image.
Mais au-delà, le film est souvent étonnant, par l’audace de sa structure, avec deux flash-backs imbriqués l’un dans l’autre (L’histoire nous conte la rêverie d’un homme et d’une femme, réunis à leur insu sur un quai de gare par une panne d’électricité, et chacun d’entre eux associe le lieu à leur passé commun lorsque Geisha la jeune femme avait étudié le jeune homme étudiant, et lui avait sauvé la vie, tout en sacrifiant la sienne. A un moment, l’homme jeune génère un flash-back pour expliquer les circonstances dans lesquelles il a quitté sa grand-mère au village natal.).
Egalement à noter, Mizoguchi en 1934 fait dire beaucoup de choses à ses plans, changeant de point de vue au cours d’un seul plan, en utilisant beaucoup l’arrière-plan, et bougeant la caméra de façon significative : on sait l’importance du plan-séquence dans les chef-d’œuvres futurs : ici, le vagabondage de la caméra dans une échoppe de nouille nous montre d’abord un client qui demande l’addition, puis qui quitte le restaurant précipitamment lorsqu’il ne trouve pas sa bourse ; la caméra nous emporte alors à travers un rideau vers le couple de héros qui mange, pour une fois, à sa faim : la jeune femme fournit la nourriture : on sait qu’elle a volé, afin de nourrir son ami.
Avec ce mélodrame, la thématique de Mizoguchi est déjà en place, et cette histoire d’un couple qui va essayer de lutter contre le déterminisme social qui pousse les femmes vers la prostitution en annonce bien d’autres. Osen, la Geisha qui se rebelle contre les proxénètes-escrocs qui l’emploient, n’est pas encore un personnage aussi fort que Oharu, et ce film apre n’est pas aussi définitif que les œuvres des années 50, mais c’est une expérience qui en vaut bien la peine. Parmi les acteurs, il faut faire particulièrement attention à Isuzu Yamada, qui prète son beau visage à Osen, et qui brille de tous ses feux dans la séquence la plus sublime du film, lorsqu’au moment de son arrestation, elle sort de son kimono(Avec les dents)une cigogne en papier qu’elle fait s’envoler en soufflant vers son ami pour lui signifier que son ame veillera toujours sur lui. La cigogne, préparée de longue date, devient du même coup le symbole de la fatalité, mais nous rappelle que c’est en se saisissant d’un rasoir avec les dents qu’elle s’est enfuie et a déclaré son indépendance. Ces deux scènes nous montrent la limite du champ d’action d’une prostituée dans le japon de ce début de siècle…
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Re: Kenji Mizoguchi
Il m'en manque quelques uns...FILMS ENCORE EXISTANTS
La Chanson du pays natal / Furusato no uta (1925)
La Marche de Tokyo / Tokyo koshin-kyoku (1929)
Le Pays natal / Fujiwara yoshie no furusato (1930)
Le Fil blanc de la cascade / Taki no shiraito (1933)
Osen aux cicognes de papier / Orizuru Osen (1935)
Oyuki la vierge / Maria no Oyuki (1935)
Les Coquelicots / Gubijinso (1935)
L'Elegie d'Osaka / Naniwa erejii (1936)
Les Soeurs de Gion / Gion no shimai (1936)
Le Chant de l'amour et de la haine / Aien kyo (1937)
Contes des chrysanthèmes tardifs / Znagiku monogatari (1939)
Les 47 ronins / Genroku Shushingara (1941-42) en deux parties
L'Histoire de Miyamoto Musashi / Miyamoto Musashi (1944)
L'Epée Bijomaru / Meito Bijomaru (1945)
La Victoire du sexe féminin / Josei no shori (1946)
Cinq femmes autour d'Utamaro / Utamaro o meguru gonin no onna (1946)
L'Amour de l'actrice Sumako / Joyu Sumako no koi (1947)
Les Femmes de la nuit / Yoru no onnatachi (1948)
Flamme de mon amour / Waga koi wa moenu (1949)
Le Destin de Madame Yuki / Yuki fujin ezu (1950)
Mademoiselle Oyu / Oyû-sama (1950)
La Dame de Musashino / Musashino fujin (1951)
La Vie d'Oharu, femme galante / Saikaku ichidai onna (1952)
Les Contes de la lune vague après la pluie / Ugetsu monogatari (1953)
Les Musiciens de Gion / Gion bayashi (1953)
L'Intendant Sansho / Sanshô dayû (1954)
Une femme dont on parle / Uwasa no onna (1954)
Les Amants crucifiés / Chikamatsu monogatari (1954)
L'Impératrice Yang Kwei-Fei / Yôkihi (1955)
Le Héros sacrilège / Shin heike monogatari (1955)
La Rue de la honte / Akasen chitai (1956)
Je sais à peu près où trouver La dame de Musashino et Uwasa no onna...
Mais quelqu'un saurait il comment se procurer :
Le destin de madame Yuki;
la victoire du sexe féminin;
La Chanson du pays natal / Furusato no uta (1925);
Le Pays natal / Fujiwara yoshie no furusato (1930);
Le Fil blanc de la cascade / Taki no shiraito (1933);
Le Chant de l'amour et de la haine / Aien kyo (1937)???
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Re: Kenji Mizoguchi
Découvert "Les Femmes de la Nuit" récemment (donc tardivement puisque cela fait des années que j'ai vu quasimment tous les autres
), et, ouch, on tient là la perfection faite mise en scène
. Mizoguchi était vraiment, avec Welles et Renoir, l'un des maîtres du plan séquence exploitant la profondeur de champ. Il n'y a pas un bout de gras dans ce film, et à l'instar d'autres chefs d'oeuvres absolus comme "Persona" de Bergman, l'affaire est pliée en moins d'une heure vingt. Pas dense pour autant ? Que nenni, et Mizoguchi-sensei offre là l'une de ses oeuvres les plus virulentes (et effrayante et... poignante). La transformation de Tanaka Kinuyo en cours de film et son investissement jusqu'au boutiste dans son personnage sont tout simplement effarants. Hop, "Les Femmes de la Nuit" rentre directement dans mon top 5 Mizoguchi.


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Re: Kenji Mizoguchi
Est-ce qu'il serait possible de connaitre le nom des 4 autres ? De la part de quelqu'un comptant se mettre un jour à Mizoguchi.Blue a écrit :Hop, "Les Femmes de la Nuit" rentre directement dans mon top 5 Mizoguchi.
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Re: Kenji Mizoguchi
Of course !Borislehachoir a écrit :Est-ce qu'il serait possible de connaitre le nom des 4 autres ? De la part de quelqu'un comptant se mettre un jour à Mizoguchi.Blue a écrit :Hop, "Les Femmes de la Nuit" rentre directement dans mon top 5 Mizoguchi.

Dernière modification par Blue le 4 mai 08, 18:53, modifié 1 fois.
Mon top éditeurs : 1/Carlotta 2/Gaumont 3/Studiocanal 4/Le Chat 5/Potemkine 6/Pathé 7/L'Atelier 8/Esc 9/Elephant 10/Rimini 11/Coin De Mire 12/Spectrum 13/Wildside 14/La Rabbia-Jokers 15/Sidonis 16/Artus 17/BQHL 18/Bach
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Re: Kenji Mizoguchi
Le premier existe en DVD zone 2 UK, je l'ai, la qualité est tout à fait correct, le film très bien. Le second, je ne sais pas s'il existe en DVD, en tout cas je l'ai en divx...wootsuibrick a écrit :Il m'en manque quelques uns...
Je sais à peu près où trouver La dame de Musashino et Uwasa no onna...
Je crois qu'il n'y a guère que le dernier de cette liste de trouvable sur le réseau peer-to-peer, et peut-être aussi Madame Yuki.wootsuibrick a écrit :Mais quelqu'un saurait il comment se procurer :
Le destin de madame Yuki;
la victoire du sexe féminin;
La Chanson du pays natal / Furusato no uta (1925);
Le Pays natal / Fujiwara yoshie no furusato (1930);
Le Fil blanc de la cascade / Taki no shiraito (1933);
Le Chant de l'amour et de la haine / Aien kyo (1937)???
Pour les autres...

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Re: Kenji Mizoguchi
oui on peut trouver le dvd de la dame de musashino à partir du site de la fnac...-Kaonashi Yupa- a écrit : Le premier existe en DVD zone 2 UK, je l'ai, la qualité est tout à fait correct, le film très bien. Le second, je ne sais pas s'il existe en DVD, en tout cas je l'ai en divx...
http://video.fnac.com/a1553604/La-Dame- ... &Nu=1&Fr=0
Dernière modification par wootsuibrick le 5 mai 08, 17:21, modifié 1 fois.
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Re: Kenji Mizoguchi
J'ai lu une note sur ce ciné concert, un jeune ou une jeune compositeur(trice) japonais(e)????-Kaonashi Yupa- a écrit : Le Fil blanc de la cascade, vu en ciné concert au Louvre, est vraiment un très très beau film.
mais bon, je suis pas sur paris... la dernière fois que j'y suis passé j'ai raté une projection de uwasa no onna, lu trop tard la ligne concernant la projection à la cinémathèque... les boules.
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Re: Kenji Mizoguchi
Sanshô dayû (L'intendant Sansho) (Kenji Mizoguchi, 1954) :

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Déception. Après l'admirable Rue de la honte, je découvre un Mizoguchi à fort belle allure. Les plans sont magnifiques. Les paysages, les lumières sont même certainement beaucoup plus féériques que ceux de l'urbaine Rue de la honte.
Non, ce qui retient tristement mon attention c'est le jeu des comédiens que je jugerais volontiers moyen, dans les aigus, avec un effort constant pour aiguiser les comportements, un jeu saillant plus qu'ampoulé ou déclamatoire.
Ce que je jugerais encore plus volontiers méchamment c'est un élément qu'on retrouve déjà dans la rue de la honte, cette insistance chez Mizoguchi pour la prononciation du malheur. Une sollicitation un peu trop fatigante à la longue quand le message est déjà passé, le scénario en remet une couche et me lasse : arrivé à l'heure de jeu, j'ai senti les premières crampes me lacérer les muscles oculaires, notamment quand la mère commence à devenir folle au sommet de la falaise, les cheveux au vent mauvais de l'ile de Sado (elle porte bien son nom). On le savait déjà mais elle chante encore sa souffrance pendant que je continue de taire la mienne. Certes la tragédie familiale à laquelle on nous invite participe d'un jeu dramatique avec ses conventions émotionnelles et tout et tout, certes, n'empêche, ça finit par m'emmerder.
N'empêche encore que le film contient son lot de jolis/forts moments. Je retiendrais cette fois avec bonheur un véritable petit bijou de mise en scène, celle de l'enlèvement : un montage de maître, un jeu efficace, des cadrages et des plans hallucinants. Une scène somptueuse!

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Déception. Après l'admirable Rue de la honte, je découvre un Mizoguchi à fort belle allure. Les plans sont magnifiques. Les paysages, les lumières sont même certainement beaucoup plus féériques que ceux de l'urbaine Rue de la honte.
Non, ce qui retient tristement mon attention c'est le jeu des comédiens que je jugerais volontiers moyen, dans les aigus, avec un effort constant pour aiguiser les comportements, un jeu saillant plus qu'ampoulé ou déclamatoire.
Ce que je jugerais encore plus volontiers méchamment c'est un élément qu'on retrouve déjà dans la rue de la honte, cette insistance chez Mizoguchi pour la prononciation du malheur. Une sollicitation un peu trop fatigante à la longue quand le message est déjà passé, le scénario en remet une couche et me lasse : arrivé à l'heure de jeu, j'ai senti les premières crampes me lacérer les muscles oculaires, notamment quand la mère commence à devenir folle au sommet de la falaise, les cheveux au vent mauvais de l'ile de Sado (elle porte bien son nom). On le savait déjà mais elle chante encore sa souffrance pendant que je continue de taire la mienne. Certes la tragédie familiale à laquelle on nous invite participe d'un jeu dramatique avec ses conventions émotionnelles et tout et tout, certes, n'empêche, ça finit par m'emmerder.
N'empêche encore que le film contient son lot de jolis/forts moments. Je retiendrais cette fois avec bonheur un véritable petit bijou de mise en scène, celle de l'enlèvement : un montage de maître, un jeu efficace, des cadrages et des plans hallucinants. Une scène somptueuse!
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Re: Kenji Mizoguchi
Pour moi, un des plus beaux films du monde, voire LE plus beau, en tout cas rien que d'y penser, j'en garde des frissons.
Le Mizoguchi le plus fluide, le plus limpide, le plus bouleversant. Certes il y a la souffrance, mais ce qui reste c'est l'idée d'un legs des valeurs par la filiation, d'une lutte constante pour transcender une humanité. Aucune forme de complaisance, dans la poursuite désespérée d'idéaux, face à toute forme d'oppression. La mélodie plaintive qui réunit la mère et ses enfants est le symbole de la persévérance.
Pour les acteurs, on est dans la plus simple convention...je ne suis pas du tout choqué par un jeu en effet rempli d'excès, de gravité et de raideur physique. Par contre, c'est en effet une rupture par rapport à La rue de la honte, beaucoup moins caractéristique de cet aspect du cinéma japonais par sa thématique, ses choix de mise en scène. Tes griefs peuvent être une constante par rapport à un traitement de l' époque médiévale. Il faut poursuivre pour dans cette filmographie pour se fondre dans cet univers.
Le Mizoguchi le plus fluide, le plus limpide, le plus bouleversant. Certes il y a la souffrance, mais ce qui reste c'est l'idée d'un legs des valeurs par la filiation, d'une lutte constante pour transcender une humanité. Aucune forme de complaisance, dans la poursuite désespérée d'idéaux, face à toute forme d'oppression. La mélodie plaintive qui réunit la mère et ses enfants est le symbole de la persévérance.
Pour les acteurs, on est dans la plus simple convention...je ne suis pas du tout choqué par un jeu en effet rempli d'excès, de gravité et de raideur physique. Par contre, c'est en effet une rupture par rapport à La rue de la honte, beaucoup moins caractéristique de cet aspect du cinéma japonais par sa thématique, ses choix de mise en scène. Tes griefs peuvent être une constante par rapport à un traitement de l' époque médiévale. Il faut poursuivre pour dans cette filmographie pour se fondre dans cet univers.
Dernière modification par Joe Wilson le 26 juin 08, 09:54, modifié 1 fois.

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Re: Kenji Mizoguchi
Oh mais j'y compte bien!Joe Wilson a écrit : Il faut poursuivre dans cette filmographie pour se fondre dans cet univers.

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- n'est pas Flaubert
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Re: Kenji Mizoguchi
C'est vrai, et c'est un commentaire qui pourrait s'appliquer à de très nombreux films japonais d'époque tournés dans les années 50. Sans doute est-ce l'influence du théatre Kabuki, et il ne faut pas négliger l'importance des différences culturelles dans notre appréciation du jeu des acteurs japonais.Alligator a écrit :Non, ce qui retient tristement mon attention c'est le jeu des comédiens que je jugerais volontiers moyen, dans les aigus, avec un effort constant pour aiguiser les comportements, un jeu saillant plus qu'ampoulé ou déclamatoire.
Mais cette absence de sobriété des acteurs, n'en souligne pour moi que davantage la sérénité et la beauté de la mise en scène de Mizoguchi. C'est dans cette distance entre le caractère mélodramatique et mouvementé du récit et le doux écoulement des images que s'appréhende la morale du film: celle d'une vision profondément pessimiste de la vie où l'humanisme a perdu d'avance la partie. Chez Mizoguchi, le pessimisme est la forme de la sagesse, et la mise en scène accepte le monde tel que Mizoguchi se le figurait : beau mais impavide, qui regarde l'agitation des êtres sans porter de jugements. La nature est muette, et c'est l'homme, seul au monde, qui est responsable de sa vie et de ses actes, et surtout supporte les exactions des autres.
Dernière modification par Strum le 26 juin 08, 11:23, modifié 2 fois.