André de Toth (1913-2002)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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dortmunder
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Message par dortmunder »

bruce randylan a écrit : De Toth à l'art de mettre en valeur les paysages sublimes dans de trés beaux travelling, panorama qui passent souvent du plan large ou plan rapproché sur un personnage.
.
Dans Indian fighter; l'un des plus beaux panoramiques circulaires à 360°
La camera, placée au centre d'un bivouac nocturne constitué de chariots disposés en cercle, balaie lentement les diverses activités des membres du convoi.
Tu peux la secouer tant que tu veux, la dernière goutte est toujours pour le pantalon. Vieux proverbe
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

Je viens de revoir L'HOMME AU MASQUE DE CIRE (la première fois c'était en 97 à l'Action Christine en relief, mais sans grand souvenir - sauf le joueur de raquettes à l'entrée du musée - car j'étais assez fatigué).

C'est sympathique, le charme des films d'épouvante d'antan, mais je n'en garderai pas un grand souvenir. C'est très théatral je trouve: le système de caméras en relief ne facilitant pas les déplacements (l'instabilité se sent souvent), les décors sont placés un peu comme sur une scène de théatre, et je ne parle pas du jeu des acteurs.

Néanmoins De Toth en de rares occasions peut se lacher gentiment, voire faire un peu d'humour (certaines répliques sont assez drôles et surprenantes dans un tel film).

La parenté avec FRANKENSTEIN se ressent également (surtout avec Charles Bronson et le laboratoire).
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Mister Zob
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Message par Mister Zob »

LA CHEVAUCHEE DES BANNIS sur CinéClassic le mardi 29 août ! :D
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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La Trahison du Capitaine Porter (Thunder over the Plains, 1953) de André de Toth
WARNER


Avec Randolph Scott, Lex Barker, Phillis Kirk, Charles McGraw,Lane Chandler, Henry Hall, Elisha Cook Jr
Scénario : Russell S. Hughes
Musique : David Buttolph
Photographie : Bert Glennon (Warnercolor)
Un film produit par David Weisbart pour la Warner


Sortie USA : 27 octobre 1953

Après nous avoir inquiété par deux fois en cette année 1953, André de Toth revient enfin en bonne forme, nous rassurant sur ses capacités et ne faisant pas mentir sa réputation, celle d'être un des réalisateurs de série B les plus doués de sa génération. Oubliés le très médiocre The Last of the Comanches (Le Sabre et la flèche) et l'ennuyeux The Stranger Wore a Gun (Les Massacreurs du Kansas) avec pourtant, dans ce dernier, déjà Randolph Scott. Tous deux n'avaient pas grand chose pour retenir notre attention, pas plus le scénario que la mise en scène. Si l'intrigue de Thunder over the Plains s'avèrera dans l'ensemble sans réelles surprises, André De Toth se fera enfin de nouveau plaisir avec sa caméra, multipliant les travellings et panoramiques savants pour notre plus grand plaisir. A ce jour, il s'agit probablement, techniquement parlant, de son film dont l'exécution se révèle la plus parfaite. Moins dépaysant et mouvementé que Le Cavalier de la mort (Man in the Saddle), moins jubilatoire que La Mission du Commandant Lex (Springfield Rifle), La Trahison du Capitaine Porter vient néanmoins prendre place juste derrière ces deux très belles réussites.

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La Guerre de Sécession est désormais terminée mais les perdants n'ont pas encore la vie belle. Les texans se voient taxés plus que de coutume et spoliés de leurs terrains pour une bouchée de pain par des hommes d'affaires sans scrupules, les Carpetbaggers. Les Tuniques Bleues sont chargés de faire respecter la loi mais le Capitaine Porter (Randolph Scott) accomplit sa mission sans enthousiasme, furieux de voir les vaincus maltraités de la sorte. Il ne fait donc aucun effort pour traquer Ben Westman (Charles McGraw) et sa bande de renégats. Sorte de Robin Hood du Texas, Ben a décidé de se révolter contre les abus de la justice et les sales manigances de fonctionnaires véreux, notamment Joseph Standish (Elisha Cook Jr.) et H.L. Balfour (Hugh Sanders), en volant les chargements de cotons que ces derniers viennent 'légalement' de confisquer à ses concitoyens. Tiraillé entre son devoir et ses convictions, le Capitaine Porter a dans le même temps à gérer sa vie privée guère plus simple, sa douce et jolie épouse (Phyllis Kirk) ne supportant plus de vivre esseulée au sein d'une communauté qui hait le détachement de l'armée américaine que dirige son mari. De plus, elle est encouragée par une de ses anciennes connaissances, un jeune officier impulsif et arrogant (Lex Barker), à partir avec lui dans une région moins houleuse...

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On a déjà vu un bon nombre de westerns débutant juste à la fin de la Guerre de Sécession et nous décrivant la situation où se trouvaient les vaincus, spoliés par les carpetbaggers faisant du profit sur leur dos. Le Texas était à l'époque un des deux Etats non encore entrés dans l'Union ; il était alors gouverné par l'armée d'occupation qui était obligée de faire respecter les lois édictées par le gouvernement même si ces dernières s'avéraient très souvent d'une injustice flagrante pour les texans ; les tensions entre habitants et nouveaux venus étaient alors exacerbées, les texans haïssant tout autant les profiteurs du Nord que les militaires chargés de soutenir et protéger ces derniers. La première chose intéressante dans le film d'André De Toth est l'exposition concise et efficace de cet état de fait, de cette période difficile de l'après guerre civile. Puis vient la présentation des personnages dont l'écriture se révèle être également assez riche, tout au moins concernant les principaux protagonistes.

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Le Capitaine Porter (très bien campé par un Randolph Scott que l'on avait guère l'habitude de voir presque tout du long vêtu de la tunique bleue) est tiraillé entre son devoir et le fait qu'il soit lui même texan, dégoutté par les missions qu'on lui confie, les traitements qu'on fait subir à ses compatriotes : "Ils ont perdu la guerre mais ils ont droit au respect". Un homme droit et doté d'une grande noblesse morale, préférant l'humiliation à la sauvegarde de sa réputation. Il a de plus à lutter contre son Colonel (très bon Henry Hull ; rappelez-vous, le journaliste exubérant du dytique Jesse / Frank James réalisé par Henry King et Fritz Lang) qui ne veut surtout pas se poser de problèmes de conscience quant à la justice ou l'injustice des ordres venus de Washington, voulant surtout ne pas faire de vagues, ne pas déplaire à ses supérieurs à deux ans de la retraite. Quant à Sa jeune épouse (Phyllis Kirk a rarement été aussi jolie et, pour ne rien gâcher, elle joue ici parfaitement bien), elle vit quotidiennement dans la peur que son mari se fasse tuer par des mécontents, la haine des habitants retombant sur elle par la même occasion. Elle n'arrive pas à se créer des liens dans la région, doit constamment supporter les regards malveillants et vivre quasiment recluse ; il lui en faudrait bien moins pour être sur le point de craquer.

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Comme si cela ne suffisait pas, notre chevaleresque militaire aura aussi à défendre sa jolie femme contre l'empressement d'un nouveau venu au fort, le Capitaine Bill Hodges. Il comprend assez vite que les deux s'étaient connus auparavant et que Bill essaie d'encourager Nora à le suivre dans un monde plus civilisé et confortable, tout simplement à Washington où il espère ardemment être muté. Hodges, c'est Lex Barker qui venait de finir sa série des Tarzan à la RKO, ayant pris la suite de Johnny Weismuller. On peut dire que le direction d'acteurs du cinéaste était vraiment excellente puisque Lex Barker est lui aussi très convaincant dans la peau de ce militaire peu aimable. On trouvait aussi Elisha Cook qui, selon la tradition, ne restera pas en vie jusqu'au bout, mais aussi un Hugh Sanders salaud à souhait, Fess Parker avant qu'il n'aborde le chapeau à queue de castor de Davy Crockett et enfin un peu loquace mais charismatique Charles McGraw qui n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour en imposer dans le rôle de ce Robin des Bois du Far West, sacrément attachant. Quant au couple formé par Randolph Scott et Phyllis Kirk, il est l'occasion d'admirer quelques séquences intimistes assez inhabituelles pour le genre et sacrément touchantes.

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On peut remercier le scénariste Russell Hughes d'avoir su tirer tout le parti possible d'une histoire pourtant très banale au départ. Il prouvera plus tard qu'il était réellement doué pour le western mais aussi en abordant d'autres genres (Des Monstres attaquent la ville - Them de Gordon Douglas). Dommage qu'il ait été si peu prolifique dans le domaine du cinéma ayant commencé par écrire des show radiophoniques avant de terminer sa très courte carrière à la télévision, mort prématurément à l'âge de 58 ans. Il serait étonnant que les quelques fautes de goûts qui parsèment le film soient de son fait ; il y a au contraire de fortes chances pour qu'elles aient été imposées par la Warner qui en était coutumière à l'époque dans le western. Je parle notamment de la séquence qui se voudrait humoristique au cours de laquelle Westman laisse les deux profiteurs rentrer en ville en caleçon, leur déambulation pataude étant accompagnée de rires gras et surtout d'une musique 'cartoonesque' due au décidément peu léger David Buttolph. Le genre de détails qui arrive à casser une ambiance sérieuse bien installée jusqu'ici. Heureusement, il s'agit quasiment de l'unique exemple concernant La Trahison du Capitaine Porter.

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Si le scénario, malgré l'efficacité de son écriture, la relative complexité des relations entre les personnages et la plausibilité de son intrigue, demeure néanmoins très conventionnel, De Toth se fait par contre extrêmement plaisir avec sa caméra, utilisant la topographie à merveille pour mettre en place de longues scènes de traques, de poursuites, d'encerclement, d'attaques et même un combat final en pleine ville faisant beaucoup penser à celui de High Noon mais en plus efficace. Il prend son temps, utilise maints amples travellings et panoramiques savants, donne du souffle à ses séquences d'action et semble jubiler d'avoir à tourner des chevauchées de soldats dont les tuniques bleues claquent au vent. C'est parfois sacrément réjouissant à voir. La longue scène de l'attaque du convoi de cotons est un modèle de découpage et de rythme (sans que celui ci soit nerveux, tout au contraire). Pour faire plus réaliste, le cinéaste a même réussi à convaincre Randolph Scott à ne pas être doublé lors de son unique scène de combat à poings nus, ce qui était rarement le cas jusqu'à présent. Enfin, ses gros plans sur les personnages, ses cadrages et son montage sont tout aussi réussis. S'il ne s'agit pas, loin s'en faut de son meilleur western, ce pourrait être l'un de ses plus réussis plastiquement parlant.

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Si l'on ajoute à tout ça une belle photographie signée Bert Glennon, un tournage en décors naturel bien choisis, une action bien menée et une certaine efficacité d'exécution, on pardonnera certaines baisses de rythme et relâchements de l'intérêt à mi-parcours. Au final, une bonne série B d'un réalisateur que nous sommes heureux de voir s'être refait une santé. Il a fait et fera bien mieux mais le divertissement qu'il nous propose en cette fin d'année 1953 est un bon cru Warner !
Fatalitas
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Message par Fatalitas »

Mister Zob a écrit :LA CHEVAUCHEE DES BANNIS sur CinéClassic le mardi 29 août ! :D
redif' d'il y a quelque mois...
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Joe Wilson
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Message par Joe Wilson »

La rivière de nos amours, d'André De Toth

Voilà un western qui ne manque pas de qualités. Une belle maîtrise dans la composition des plans et l'utilisation des extérieurs, un propos généreux et humaniste sur la nécessité de relations pacifiées entre Blancs et Indiens. Dans un entre-deux constant, Kirk Douglas tente de forger un lien décisif entre les deux communautés : son personnage apparait cependant seul, confronté à la violence et à la cupidité qui la provoque. Ses motivations sont parfois ambigues, révélatrices d'un déchirement et d'une grande solitude.
De Toth s'arrange cependant pour insérer une romance avec une belle Indienne (Elsa Martinelli) : leurs ébats tumultueux au bord d'une rivière constituent une scène audacieuse et remarquée. Le scénario dévoile également un final positif qui contraste avec le ton plus pessimiste de l'ensemble (malgré la présence d'un jeune garçon comme dans une seconde ligne directrice, avec un regard plus détaché dans sa légereté)
A ce titre, le lent siège du fort par les Indiens représente un moment intense de tension abrupte et de nervosité sèche.
La rivière de nos amours me semble donc un peu trop prévisible dans son déroulement et son épilogue (avec une trame scénaristique parfois un peu rapide), manque parfois d'ampleur dramatique après avoir posé des thématiques pertinentes. Le film reste malgré tout une balade d'une belle tendresse et d'un doux lyrisme.
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Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

LE CAVALIER TRAQUE (RIDING SHOTGUN) (Action)

Un western sympa, très concis comme l'a expliqué Jeremy. Sa courte durée fait qu'on va à l'essentiel sans pour autant oublier de présenter quelques personnages et une situation intéressants. Il n'y a rien de très nouveau ici, le spectre du lynchage parcourt le film, mais ça se suit avec un certain plaisir. J'ai vu l'an passé DIX HOMME A ABATTRE, avec Randolph Scott, qui m'avait bien laissé de marbre. Je l'avais trouvé très "westren de série" sans beaucoup d'intérêt, avec aussi pas mal de poncifs. Je n'ai pas eu cette impression avec LE CAVALIER TRAQUE qui propose un pitch suffisamment prenant.

Je n'ai toutefois pas accroché à 100%, notamment à cause d'une vf (imposée) datée non pas des 50's comme le film, mais faite certainement fin 70's/début 80's. Les voix sont correctes (Charles Bronson est doublé par Alain Dorval - la voix de ROCKY) mais le traitement est (déjà) trop propre. J'espère le revoir un jour en vo.
Beau master par contre, à part quelques rares sautes d'images et un déchirement de pellicule sur le logo Warner au début, déchirement réparé mais un peu visible. Pour l'anecdote :wink:
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

LA MISSION DU COMMANDANT LEX (SPRINGFIELD RIFLE) (Action)

Bonne surprise que ce western de cavalerie pimenté d'espionnage. Un bon scénario avec ce qu'il faut de suspense, de twists, le tout bien mené sans temps morts. C'est là aussi presque concis, avec une première heure qui va a l'essentiel. J'accroche un peu moins sur la fin (trop de fusillades, ça m'ennuie à force) mais le film reste très agréable, plutôt captivant.
Vu en vf d'époque, pas très gênant car ça garde son charme.
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Message par Alligator »

The bounty Hunter (Terreur à l'ouest) (André de Toth - 1954) 5.5/10

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Un film de Toth un poil décevant, sans réelle surprise. Balisé de bout en bout, le regard du spectateur n'a que très peu de chances d'être retourné.
Randolph Scott le sourire figé aux lèvres joue à John Wayne, le déhanchement en moins. Le spectacle est n'offre rien de bien palpitant. Le récit se suit. Une attente pas trop longue. Un petit divertissement agréable. Pas de bobos.
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

LES CONQUERANTS DE CARSON CITY (Action)

Un agréable western qui se laisse regarder mais que ne marque cependant pas les esprits, surtout à cause d'une ambiance trop light et trop "film du samedi soir pas compliqué". Le récit n'en est pas moins intéressant, bien mené, réservant de jolis moments parfois. Mais tout est finalement un peu convenu, classique (surtout sur la fin avec le duel attendu).
Pour une fois, j'ai bien aimé Randolph Scott, il faut dire que son personnage très sympathique et souriant sait aussi se montrer ferme et autoritaire. Il ne se contente pas d'être monolithique, il est ici plus humain.
joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Chasse au gang (Crime Wave, 1954), d'André De Toth.

Steve Lacey (Gene Nelson), un ancien détenu maintenant rangé, se voit malgré lui obligé de renouer avec son passé...

Très intéressant petit noir, à la mise en scène remarquable, filmé de manière quasi documentaire (on insiste ainsi beaucoup sur le travail de la police). La photographie est excellente, notamment dans les scènes extérieures, avec une lumière naturelle le jour et un éclairage très contrasté la nuit.

Les personnages sont pour la plupart attachants, loin de tout archétype. Le plus significatif me semble être celui du Dr. Otto Hessler (Jay Novello). On aurait pu en faire un simple ex-taulard minable, mais son amour des bêtes donne une autre dimension à ses actes et permet de mieux le comprendre.

Les acteurs sont excellents, de Sterling Hayden, un tough cop limite salopard, à Gene Nelson, impeccable, en passant par la délicieuse et talentueuse Phyllis Kirk, et les menaçants Charles "Buchinsky" Bronson et Ted de Corsia.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

CHASSE AU GANG

Alors là pour le coup c'est un excellent revisionnage. Je l'avais pourtant vu il y a peu (peut-être pendant la session de films noirs sur TCM il y a 3-4 ans?) et je n'en gardais pourtant aucun souvenir.

C'est amusant de l'avoir vu quelques jours après la redécouverte (également) de QUAND LA VILLE DORT, et pas seulement à cause de Sterling Hayden. Le style adopté est, en grande partie, semblable: tournage en extérieur réels, désir de s'approcher le plus possible de la réalité. Si le film de Huston s'apparente plus à une tragédie antique, le premier but du De Toth, me semble-t-il, est plus simple mais avec des moyens assez parrallèles: raconter une histoire policière de façon quasi documentaire. Le style de la mise en scène, donc, facilite cette vision, avec un tournage en décors réels. Seuls quelques plans en transparence ont été ajoutés en studio. Mais à part ceux-là, l'aspect visuel de ce film dénote vraiment à cause de la connotation réaliste/documentaire qui déborde dans chaque plan. De Toth bénéficie ici de peu de moyens, cela se sent. Et pourtant, il manie la caméra d'une façon si dynamique et, il faut le signaler, si simple, qu'on se rend rarement compte du manque de moyens. Il use de panoramiques, de plans séquences, de rotations de caméra sur presque 360°, tout cela de façon relativement audacieuse.

Sur le fond, même si on retombe dans un schéma assez classique, celle du voleur poursuivi par le gendarme, l'histoire réserve quand même quelques surprises. Notamment avec le personnage de Steve Lacey, cet ex-condamné qui a refait tranquillement sa vie et qui voit débarquer d'anciens compagnons de prison qui vont le faire replonger. Ce coup de sort inéluctable, cette sorte de malédiction feraient presque écho à la dimension tragique du film de Huston. Seulement le propos de CHASSE AU GANG n'est pas là: on se contente ici d'un récit plus simple qui va droit au but, et c'est déjà pas mal. L'histoire se révèle également très documentaire, à l'image de certains autres polars didactiques qui expliquent bien les méthodes de la police. Ici pas de voix off mais on nous montre par exemple la progression de l'information: de l'appel à la police en passant par le standard, les interrogatoires, etc.
On note aussi quelques jeux scénaristiques. Ils sont peu nombreux mais suffisent à surprendre le spectateur. Je pense à la toute fin qui, de plus, change radicalement l'impression donnée par le personnage de Sterlin Hayden que l'on pensait être un policier basique, binaire, pour qui le hors la loi est coupable à vie, sans rédemption, et qui dans ses prévisions se trompe sur toute la ligne.
Autre détail, que j'ai retrouvé en lisant mes anciens posts sur les De Toth: le récit est encore une fois très concis (1h10). Pas de chichis, pas de temps mort.

Dernier point commun avec QUAND LA VILLE DORT, c'est la qualité de son master. Sans aller aussi loin dans la perfection qu'avec le film de Huston, CHASSE AU GANG n'est vraiment pas loin derrière et bénéficie d'une des meilleurs images de film noir que j'ai pu constater en dvd (Warner).
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Content de cet avis sur Chasse au gang, excellent film noir que j'ai découvert aussi cette année et dont j'avoue nettement préférer au film de John Huston :oops:
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

Jeremy Fox a écrit :dont j'avoue nettement préférer au film de John Huston :oops:
Moi aussi ! :fiou:
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Message par Ducdame »

Kevin95 a écrit : Moi aussi ! :fiou:
Je vais faire aussi constructif que mon voisin du dessus... et me rajouter à la liste.
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