Oasis (Lee Chang-Dong - 2003)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
Oasis (Lee Chang-Dong - 2003)
Je voulais savoir si vous aviez eu l'occasion de voir ce nouveau film de Lee Chang-Dong, auteur du formidable "Peppermint Candy" et qui est entre-temps devenu ministre de la Culture en Corée !
En tout cas, il passe au MK2 Quai de Seine ce soir à 20H00.
lu dans aden: "Le troisième film du romancier sud-coréen Lee Chang-dong est le radical et très surprenant récit de deux solitaires, exclus de la société. Il est légèrement attardé mental ; elle est handicapée physique. Avec ce "sujet impossible", le film ne cesse, calmement, de déjouer les conventions. Il déploie un sens aigu de la critique sociale : l'entourage "normal" se révèle assez monstrueux par son cynisme et ses préjugés. Et il traite avec un certain humour, et beaucoup de poésie, de situations qui, autrement, seraient choquantes. Un très grand film (d'amour fou ?), totalement rebelle aux étiquettes."
En tout cas, il passe au MK2 Quai de Seine ce soir à 20H00.
lu dans aden: "Le troisième film du romancier sud-coréen Lee Chang-dong est le radical et très surprenant récit de deux solitaires, exclus de la société. Il est légèrement attardé mental ; elle est handicapée physique. Avec ce "sujet impossible", le film ne cesse, calmement, de déjouer les conventions. Il déploie un sens aigu de la critique sociale : l'entourage "normal" se révèle assez monstrueux par son cynisme et ses préjugés. Et il traite avec un certain humour, et beaucoup de poésie, de situations qui, autrement, seraient choquantes. Un très grand film (d'amour fou ?), totalement rebelle aux étiquettes."
"Oasis" est un très beau hymne à l'amour fou.
Faire un film traitant de la relation entre un attardé mental et une paralytique, il fallait oser... Aucune tentative de provocation la-dedans, mais beaucoup de douceur et de pudeur, avec quelques petites touches d'humour bienvenues.
Lee Chang-Dong prend le parti de son couple atypique et marginal contre tous les préjugés de la societé "normale", mais sa sensibilité lui permet d'éviter de justesse le côté moralisateur ou l'éloge convenu de la tolérance auxquels on aurait pu s'attendre avec un sujet pareil. On ne s'étonnera pas si le scénario est sans surprise (on s'attend forcément à ce que l'histoire d'amour des handicapés soit totalement incomprise par leur entourage) mais ce qui aurait pu apparaître ailleurs comme des "passages obligés" témoigne d'un certain naturel et d'un vrai sens de l'observation, ce qui n'empêche pourtant pas quelques magnifiques envolées lyriques. Sublime.
6/6
Faire un film traitant de la relation entre un attardé mental et une paralytique, il fallait oser... Aucune tentative de provocation la-dedans, mais beaucoup de douceur et de pudeur, avec quelques petites touches d'humour bienvenues.
Lee Chang-Dong prend le parti de son couple atypique et marginal contre tous les préjugés de la societé "normale", mais sa sensibilité lui permet d'éviter de justesse le côté moralisateur ou l'éloge convenu de la tolérance auxquels on aurait pu s'attendre avec un sujet pareil. On ne s'étonnera pas si le scénario est sans surprise (on s'attend forcément à ce que l'histoire d'amour des handicapés soit totalement incomprise par leur entourage) mais ce qui aurait pu apparaître ailleurs comme des "passages obligés" témoigne d'un certain naturel et d'un vrai sens de l'observation, ce qui n'empêche pourtant pas quelques magnifiques envolées lyriques. Sublime.
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- Mogul
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- Inscription : 13 avr. 03, 08:14
Ah, mais je comprends bien que le sujet ne soit absolument pas vendeur. Mais ne deviens pas comme les personnages secondaires de "Oasis", complètement aveuglés par leurs préjugés et leur cynisme.Tuck pendleton a écrit :ouhla j'irai pas le voir...Bill Harford a écrit :"Oasis" est un beau hymne à l'amour fou.
Faire un film la relation entre un attardé mental et une paralytique, il fallait oser...


C'est une belle histoire d'amour, pas mièvre, pas cucul, et vraiment attachante.
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- Mogul
- Messages : 10614
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J'ai roupillé à "Pepermint...". Peut être une soirée tisane devant arte d'ici deux ansBill Harford a écrit :Ah, mais je comprends bien que le sujet ne soit absolument pas vendeur. Mais ne deviens pas comme les personnages secondaires de "Oasis", complètement aveuglés par leurs préjugés et leur cynisme.Tuck pendleton a écrit : ouhla j'irai pas le voir...![]()
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C'est une belle histoire d'amour, pas mièvre, pas cucul, et vraiment attachante.

- Vic Vega
- Roi du BITE
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Je partage le point de vue de Bill meme si j'avais pas mal d'appréhension avant de voir le film: c'est drole, sans emphase ni exçès de bons sentiments et malgré quelques petits défauts le film se tient jusqu'au bout grace à l'investissement de ses acteurs. Un des rares films coréens qui valent le coup artistiquement.Bill Harford a écrit :Ah, mais je comprends bien que le sujet ne soit absolument pas vendeur. Mais ne deviens pas comme les personnages secondaires de "Oasis", complètement aveuglés par leurs préjugés et leur cynisme.Tuck pendleton a écrit : ouhla j'irai pas le voir...![]()
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C'est une belle histoire d'amour, pas mièvre, pas cucul, et vraiment attachante.




Re: OASIS de Lee Chang-Dong
UP !
http://www.allocine.fr/article/ficheart ... 58981.html
Une avant-première à découvrir en présence de la comédienne Moon So-Ri, qui participera à un débat avec les spectateurs.
http://www.allocine.fr/article/ficheart ... 58981.html
Une avant-première à découvrir en présence de la comédienne Moon So-Ri, qui participera à un débat avec les spectateurs.
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- Mogul
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- Inscription : 13 avr. 03, 08:14
Re: OASIS de Lee Chang-Dong
la BA me plait bien..du coup j'irai peut être le voirBill Harford a écrit :UP !
http://www.allocine.fr/article/ficheart ... 58981.html
Une avant-première à découvrir en présence de la comédienne Moon So-Ri, qui participera à un débat avec les spectateurs.

Re: OASIS de Lee Chang-Dong
Pfff... Tu préfères faire confiance à une BA plutôt qu'à moi...Tuck pendleton a écrit : la BA me plait bien..du coup j'irai peut être le voir

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- Gondry attitude
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Re: OASIS de Lee Chang-Dong
Quelques lettres agencées comme il faut pour éventuellement encourager:Tuck pendleton a écrit :la BA me plait bien..du coup j'irai peut être le voir
http://www.filmdeculte.com/film/film.php?id=667
WE'LL MAKE HEAVEN A PLACE ON EARTH
Avec Peppermint Candy, Lee Chang-dong racontait les blessures de la Corée à travers le point de vue de ses enfants égarés. Principalement de Yongho, jeune homme qui traverse à l'écran une vingtaine d'années, de la dictature militaire à l'aube de la démocratie, jusqu'à la veille d'un nouveau siècle. Si le sujet était pour le moins touffu et ambitieux, son traitement était aussi étouffant que lourd, aboutissant à un film intéressant mais assez pénible. Avec Oasis, Chang-dong évite ce même écueil du mariage indéfectible sujet de poids/traitement de plomb – l’atout principal du troisième film du réalisateur coréen, ce serait plutôt ses plumes. Pourtant, au baromètre du pathos, une histoire d’amour entre un attardé mental au cœur pur et une handicapée physique grimaçante, il y avait de quoi faire sauter la soupape de sécurité. Halo du salut: l’amour fou emporte dans sa tempête les lourds boulets vicieusement semés pour ne laisser que ses empreintes les plus poétiques. L’oasis apporte ses bonnes nouvelles.
SEULS AU MONDE
Lee Chang-dong n’a pourtant pas changé le décor. Oasis s’ouvre dans la rue, caméra à l’épaule pour une quête de cigarette ou autre. Avant tout, ce qui anime le cadre, c’est le parasite qui importune les passants bien postés, tâche de vin sur la nappe qu’on aimerait bien voir cachée par de beaux couverts lustrés. La plongée sociale mène tout droit à la case famille je vous hais, où les principes confucéens sont rapidement piétinés sous le poids de la honte ou de la lâcheté. Sur les bordures des photos de famille, il est de ces choses qui jurent avec la hiérarchie lissée, celle qui ne laisse rien déborder de sa ténue ceinture. Une chose est sûre, les lourds mécanismes du fauteuil roulant épousent mal les voilures aériennes du hanbok traditionnel – et le réalisateur de l’illustrer brillamment dans un tapageur esclandre familial où les pieds plongent joints dans le plat. Lee Chang-dong isole ses personnages pour mieux les lier, et tranche les ronces autour d’eux pour leur ériger leur piédestal.
LE SOLEIL A RENDEZ-VOUS AVEC LA LUNE
L’amour fou: de l’autre côté de la Mer du Japon, Takeshi Kitano en avait donné une étourdissante illustration il y a quelques mois avec Dolls. L’amour fou qui mutile, où l’absence laisse le goût amer du manque, où l’on se lie d’une corde en guise de fusion. La démarche esthétique de Chang-dong est à mille lieux des orfèvreries nippones, mais il émane de son histoire le même parfum exalté. Si l’amour se dit sous la rougeoyante lumière des cerisiers chez l’un, c’est l’ombre tremblante des branches nues qui en est le motif inquiétant chez l’autre. L’envers pour finalement la même chair et le même sentiment fiévreux, où la déraison passionnelle s’exprime aussi par déplacement. La lune à décrocher devient des branches à couper pour débarrasser les horizons fantasmés de leurs funèbres obstacles. Mais l’enfer c’est les autres: si les deux amoureux sont les poisons de leurs familles, la réciproque est tout aussi valable. Et c’est lorsque la déraison sort du placard qu’elle devient insoutenable au regard affligé des proches, devenus à leur tour les étrangers à la bulle.
YOU AND I ARE RUNAWAY HORSES
A travers une mise en scène discrète, Lee Chang-dong déploie cette idée déjà présente dans son précédent film d’une existence aux voluptés en sursis, et où l’on finit invariablement par se prendre un train en pleine figure. Entre le gris de l’habitude et le noir de la sentence, il y a ces parenthèses aussi enchantées que fantasmées. Magnifique idée narrative que de donner à la pellicule les yeux du héros sur son amoureuse, libérant celle-ci de son corps carcéral et la donnant à voir telle qu’il la contemple. Livrées sans transition mais comme parties intégrantes du récit objectif, ces digressions participent grandement à la poésie d’un film qui fait souffler dans sa vision de l’amour fou une tempête qui abolit les frontières entre chimère et réalité, jusqu’à inviter l’Inde en Corée. L’oasis du titre, c’est cet opium aux volutes éphémères qui, l’espace d’un instant, élève ses personnages au-dessus du ciment monochrome. Nu de toute sensiblerie, nourri à l’ivresse sentimentale et au tranchant du réel, le film de Lee Chang-dong, osant tout et n’ayant peur de rien, est un vrai petit chef-d’œuvre.
6/6