Yasujiro Ozu (1903-1963)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Herbes Flottantes
Dernier film en couleur qu'il me restait à voir, il s'agit d'un remake d'un de ses propres films Histoires d'herbes flottantes dont je n'ai pas encore vu le DVD.
C'est une histoire plein de tendresse qui pour une fois sort des grandes villes pour se situer dans une ville en bord de mer où une troupe de théatre revient faire plusieurs spectacles après être déjà vu il y a une douzaine d'année.
Ce qui touche ici sont la multitude de personnages tous attachants qui ont chacun leur petites blessures. Le film se centre particulièrement sur le chef de la troupe qui a eut une liaison avec une veuve vivant désormais avec son fils. Ces retrouvailles font attirer la jalousie de sa nouvelle compagne.
Malgré sa gallerie de personnages, le film manque un peu d'émotion et est loin d'égaler la perfection des dernières oeuvres d'Ozu.
Quelques petits problèmes de rythme par ci, quelques soucis de scénario par là, mais qui finallement s'estompe avec le temps. Le film vieillit d'ailleurs trés bien et bons nombres de plans simples restent en mémoire comme la musique entrainante trés proche de la BO d'un Tati.
Et puis le casting est tout de même merveilleux ( y-a Ayako Wakao :) )
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Message par k-chan »

bruce randylan a écrit :Herbes Flottantes
Dernier film en couleur qu'il me restait à voir
C'est également le seul que je n'ai pas vu de cette période. Avant que ne sorte le coffret Arte, j'avais déjà vu tous les films d'Ozu, de 'Printemps tardif' (49) jusqu'au 'Goût du saké' (63)... sauf 1 : 'Herbes Flottantes'. J'étais donc bien frutré quand est sorti le coffret Arte qui annonce fièrement : "5 films en couleurs" ! C'est bien mais Ozu a fait 6 films en couleurs... J'aurais largement préféré avoir dans ce coffret 'Herbes flottantes', à la place de 'Gosses de Tokyo'. Ca aurait été plus cohérent.

Bref, un film que je meure d'envie de voir.
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Message par bruce randylan »

Il était prévu à la base dans le coffret avant d'être remplacé à la dernière minute par le gout du Saké.
Pour le fun, le visuel
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Il te reste toujours le Criterion avec de beaux sous-titres anglais :uhuh:
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Message par k-chan »

bruce randylan a écrit :Il était prévu à la base dans le coffret avant d'être remplacé à la dernière minute par le gout du Saké.
Pour le fun, le visuel
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C'est vrai ça, et je me rappelle de ce visuel... La déception n'en fut que plus grande. Qu'ils aient mis 'Le goût du saké', parfait, mais ne pas avoir mis 'Herbes flottantes'... :(
bruce randylan a écrit :Il te reste toujours le Criterion avec de beaux sous-titres anglais :uhuh:
Fait gaffe ! Image
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Message par gnome »

k-chan a écrit :
bruce randylan a écrit :Il te reste toujours le Criterion avec de beaux sous-titres anglais :uhuh:
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Je suis sûr qu'il s'y mettra quand il aura épuisé tout ce qui est dispo en Z2 avec stfr...
Ce qui, si on excepte les films récents, ne saurait tarder...
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Message par k-chan »

gnome a écrit :Je suis sûr qu'il s'y mettra quand il aura épuisé tout ce qui est dispo en Z2 avec stfr...
Ce qui, si on excepte les films récents, ne saurait tarder...
Je compte un jour me procurer quelques Kuro de chez Criterion, déjà. :fiou:
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Message par gnome »

k-chan a écrit :
gnome a écrit :Je suis sûr qu'il s'y mettra quand il aura épuisé tout ce qui est dispo en Z2 avec stfr...
Ce qui, si on excepte les films récents, ne saurait tarder...
Je compte un jour me procurer quelques Kuro de chez Criterion, déjà. :fiou:
Très bon début... Comme tu les connait par coeur, tu suivra les sous-titres plus facilement... Puis, tu verra, on s'y fait vite.
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Message par k-chan »

gnome a écrit :Très bon début... Comme tu les connait par coeur, tu suivra les sous-titres plus facilement... Puis, tu verra, on s'y fait vite.
Exact :lol:
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Message par bruce randylan »

Allez, surement les 2 derniers de la retrospective MCJP :cry:

jours de jeunesse
Plus vieux film en date d'Ozu dont il existe une copie sauvegardé, c'est peut-être une de ses comédies les plus réussie de sa période muette.
On suit les tribulations d'une étudiant sans gêne dont la technique de séduction conciste à déménager pour choisir lui-même la nouvelle occupante et de laisser plusieurs affaires avant de partir histoire de passer réguilièrement dans son ancien appartement. Et le mieux, c'est aussi de s'imposer chez son meilleur ami pour ne pas payer de loyer.
Bref, c'est assez sympa même si quelques gags s'intergrent mal à l'histoire ( ce qui ne les empeche pas de fonctionner ).
En revanche la deuxième partie est excellente et inhabituelle chez Ozu puisqu'elle se déroule essentiellement sur des pistes de ski où le sans-gêne livre les pires coups à son ami pour se retrouver avec la copine de se dernier.
Cette partie est excellente, trés bien mené et bien pensée.
trés belle découverte.

Un fils unique.
Sans doute le plus beau de la dizaine de films vus dans cette retrospective, il s'agit de son 1er film parlant.
Tout le style et la sensibilité d'Ozu se trouve dans cette histoire d'une veuve venant voir son fils unique à Tokyo. S'étant sacrifié économiquement pour lui, elle découvre que son fils vit avec sa femme et son bébé dans une quasi misère.
Le style annonce la sobriété de ces futurs chef d'oeuvres ( peut être un ou deux travelling ; des compositions dans les plans sublimes et toujours intelligentes ; préocupations sociales qui délaissent les familles assez aisées de ses muets ; il reste juste un montage et une narration un peu hasardeux, certains plans étant trop long et quelques scènes agencès un peu maladroitement ) mais surtout la tonalité et l'humanité m'ont boulversé et touché comme seul Ozu sait le faire. Avec simplicité, pudeur et une tendresse infinie qui m'ont fait fondre.
Les lumières se rallument à la fin et c'est une véritable torture de quitter la salle et les personnages, de laisser leurs visages dans la douleurs pour les uns et la séreinité pour les autres. Sur le chemin, je continue de penser encore à eux pour pleurer encore une fois avec comme seule envie, revoir ce fils unique et devenir son frère.

Plus qu'un de me mes cinéastes préférés, Ozu est un peu ma famille d'adoption.
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Message par k-chan »

bruce randylan a écrit :Un fils unique.
Sans doute le plus beau de la dizaine de films vus dans cette retrospective, il s'agit de son 1er film parlant.
Celui là, je l'ai. Pas encore regardé, mais ça ne saurait tarder :)
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Message par bruce randylan »

J'ai finallement pu en voir un autre : Une poule dans le vent
Croisement peu heureux entre Coeurs capricieux ( l'enfant malade ) et Une femme de Tokyo ( la prostitution ) pour un mélodrame qui manque de subtilité. C'est en plus assez longuet et l'histoire n'est pas trop touchante la faute à Kinuyo Tanaka trop vieille pour le rôle et dont le jeu manque de sobriété.
Il reste heureusement quelques jolies scènes comme la rencontre entre le mari et une employée d'une maison close qui retrouve l'humanité d'Ozu.
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Message par Blue »

bruce randylan a écrit :J'ai finallement pu en voir un autre : Une poule dans le vent
Croisement peu heureux entre Coeurs capricieux ( l'enfant malade ) et Une femme de Tokyo ( la prostitution ) pour un mélodrame qui manque de subtilité. C'est en plus assez longuet et l'histoire n'est pas trop touchante la faute à Kinuyo Tanaka trop vieille pour le rôle et dont le jeu manque de sobriété.
Il reste heureusement quelques jolies scènes comme la rencontre entre le mari et une employée d'une maison close qui retrouve l'humanité d'Ozu.
Un Ozu qui pour ma part s'est révélé marquant, notamment de par son climax d'une violence hallucinante pour l'époque
Spoiler (cliquez pour afficher)
et mettant presque minable une certaine scène de "Shining" :mrgreen:
Mon top éditeurs : 1/Carlotta 2/Gaumont 3/Studiocanal 4/Le Chat 5/Potemkine 6/Pathé 7/L'Atelier 8/Esc 9/Elephant 10/Rimini 11/Coin De Mire 12/Spectrum 13/Wildside 14/La Rabbia-Jokers 15/Sidonis 16/Artus 17/BQHL 18/Bach
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Message par bruce randylan »

Blue.Velvet a écrit :son climax d'une violence hallucinante pour l'époque
Spoiler (cliquez pour afficher)
et mettant presque minable une certaine scène de "Shining" :mrgreen:
Spoiler (cliquez pour afficher)
M'en rapelle plus de la scène de shining :?
Comme quoi, ça devait pas être si traumatisant que ça
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Message par Nestor Almendros »

PRINTEMPS TARDIF

SPOILERS
Si j'ai été moins emballé par ce film par rapport à d'autres Ozu, j'avoue y avoir décelé beaucoup de qualités.
J'y ai d'abord vu une sorte de peinture de la société de l'époque. Une société prise entre la tradition et le modernisme, entre l'immobilisme et le mouvement (en quelque sorte). Cela touche plusieurs détails de l'histoire. Déjà les personnages féminins sont solides: ce ne sont pas des femmes soumises mais responsables de leurs vies et qui n'hésitent pas à prendre de sérieuses décisions (comme des hommes). Ce qui les touche beaucoup dans ce film c'est le mariage/le divorce/le remariage. L'héroine - Noriko - n'accepte pas trop (au début) qu'un ami de son père se soit remarié. C'est l'esprit traditionnel qui ne connait qu'une union officielle dans une vie. Elle pensera de la même façon en apprenant que son père (veuf) envisage lui aussi de se remarier. Ce qui est intéressant avec ce personnage de Noriko, c'est qu'elle est harcelée par sa famille pour enfin trouver un mari. Elle aurait dû en trouver un depuis longtemps (tradition), mais elle tarde à s'engager et n'est pas forcément intéressée par ce sujet. Face à cette tradition elle a une amie qui est très moderne, voire libérée: c'est la sténo. Ce personnage réunit à elle toute seule le mouvement nouveau et moderne qui s'installe dans la société japonaise. Vis à vis du mariage, elle ne se fait pas d'illusions: ce n'est pas une cage où s'enfermer. Elle le dit elle-même à peu près en ces termes "si un mari n'est pas le bon, on n'hésitera pas à en changer". Elle n'a aucun scrupule face au divorce. C'est une femme moderne qui prend le contrôle, en quelque sorte, des institutions du mariage et de tout ce que cela représente. Elle ne se laisse pas faire. C'est une femme de son époque qui vit dans un appartement moderne, à la décoration très occidentale. Cela s'oppose à la maison de Noriko et de son père, à la décoration traditionnelle. On peut aussi ajouter la séquence au théatre qui ajoute dans le solennel de la tradition.
La sténo fait souvent allusion à Gary Cooper, une idole du cinéma étranger. C'est l'une des voies empruntée par l'Amérique pour s'immmiscer dans sa société japonaise. Car au-delà des panneaux publicitaires pour Coca-Cola (pendant la ballade à vélo), ou les plans d'écoliers jouant au base-ball, l'Amérique déteint de plus en plus sur le pays. Il ne faut pas oublier qu'ils ont vaincu le Japon 4 ans plus tôt, et que peut-être cet élan moderne sur le mariage est en rapport avec cette "invasion".

La trame principale du film c'est cette relation magnifique entre un père et sa fille, qui est décrite ici. On parle beaucoup du couple dans PRINTEMPS TARDIF, et ces deux personnages en forment un à leur manière. C'est surtout certaines scènes intimes entre eux qui m'ont beaucoup touché. Vers la fin, Noriko fait une déclaration d'amour à son père. Ils font un voyage à Kyoto ensemble, leur complicité et la force de leur relation sont très palpables. C'est très juste et très touchant. La dernière scène du film montre le père en train de peler une pomme. La peau se détache petit à petit et finit par tomber, peut-être à l'image de sa fille qui s'est attaché un temps et qui maintenant vit sa propre vie (il a motivé son mariage en sacrifiant leur relation privilégiée). Le plan suivant, celui du père seul et triste tête baissée, résume bien, à mes yeux, l'infinie délicatesse d'Ozu dans ces descriptions des relations.

On peut enfin noter un casting (d'habitués) très convaincant, à commencer par la fameuse Setsujko Hara, lumineuse dans les 3/4 du film (elle s'assombrit un peu dans la 2e moitié quand le spectre d'une nouvelle épouse se glisse entre son père et elle).
Maintenant que je connais un peu plus Ozu je ne peux m'empêcher de remarquer une certaine constance dans son cinéma. Son style est très marqué: que ce soit pas l'utilisation de la caméra, son placement (il se permet d'ailleurs quelques travellings et panormiques ici), que par ses décors. On a l'impression d'un film à l'autre de retrouver une vision du Japon assez similaire: la maison traditionnelle, le restaurant, le quai de la gare, le train, etc... C'est assez troublant, mais très agréable.
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