Le Zoom... Un vaste débat ?
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Je me demande dans quelle mesure il n'y a pas, justement, comme une volonté délibérée de brusquer et de bousculer le cinéphile dans l'emploi du zoom. Ce qui revient, plus largement (et plus intelligemment) , à développer une esthétique de la déformation, du grotesque et du vulgaire - esthétique dont l'ambition ne manque finalement pas de grandeur : faire du beau avec du laid, ou encore voir clairement la laideur du monde mais lui trouver tout de même une forme de grâce.Simone Choule a écrit :Ajoutons :
Certains cinéphiles mystiques pensent que le zoom est une invention de Satan...
Je suis de ceux là.
Il y a de cela, je trouve, dans le western spaghetti qui ne veut surtout pas paraître propre sur lui. D'ailleurs, le principe même du genre - surtout à l'époque - tenait de la greffe monstrueuse, comme une alliance contre-nature. Et ça s'inscrit dans un style propre aux années 70 dont le cinéma italien a particulièrement été friand (les Risi, les Comencini, les Scola de l'époque). On pourrait évidemment en citer bien d'autres (De Palma, notamment, chez qui la démarche répond également à une nécessité de mise en place de ses dispostifis). Bref, le zoom a peut-être également constitué une figure de style générationnelle, une forme de contre-culture cinéphilique.

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C'est vrai chez Kubrick, De Palma... où ce genre d'effets (je me refuse à prononcer le mot !Solal a écrit :Je me demande dans quelle mesure il n'y a pas, justement, comme une volonté délibérée de brusquer et de bousculer le cinéphile dans l'emploi du zoom. Ce qui revient, plus largement (et plus intelligemment) , à développer une esthétique de la déformation, du grotesque et du vulgaire - esthétique dont l'ambition ne manque finalement pas de grandeur : faire du beau avec du laid, ou encore voir clairement la laideur du monde mais lui trouver tout de même une forme de grâce.Simone Choule a écrit :Ajoutons :
Certains cinéphiles mystiques pensent que le zoom est une invention de Satan...
Je suis de ceux là.
Il y a de cela, je trouve, dans le western spaghetti qui ne veut surtout pas paraître propre sur lui. D'ailleurs, le principe même du genre - surtout à l'époque - tenait de la greffe monstrueuse, comme une alliance contre-nature. Et ça s'inscrit dans un style propre aux années 70 dont le cinéma italien a particulièrement été friand (les Risi, les Comencini, les Scola de l'époque). On pourrait évidemment en citer bien d'autres (De Palma, notamment, chez qui la démarche répond également à une nécessité de mise en place de ses dispostifis). Bref, le zoom a peut-être également constitué une figure de style générationnelle, une forme de contre-culture cinéphilique.

Mais chez les bismen italiens, c'est beaucoup trop systématique pour être vrai. C'est plus du je m'enfoutisme généralisé - que l'on peut effectivemnt trouver respectable (même si je trouve cela très snob) - qu'un véritable parti pris esthétique...
Et le côté c'est bien parce que c'est mal fait relève d'une attitude un peu cynique je trouve.
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Oui c'est clair : là comme ailleurs il y a la horde des suiveurs, des opportunistes et des flemmards sans talent qui se jettent sur la première idée venue pour en faire une recette. Je ne connais pas suffisamment les "bismen" pour pouvoir faire le tri parmi eux.Simone Choule a écrit : C'est vrai chez Kubrick, De Palma... où ce genre d'effets (je me refuse à prononcer le mot !) entraîne des ruptures et brisent une idée trop propre de "fluidité".
Mais chez les bismen italiens, c'est beaucoup trop systématique pour être vrai. C'est plus du je m'enfoutisme généralisé - que l'on peut effectivemnt trouver respectable (même si je trouve cela très snob) - qu'un véritable parti pris esthétique...
Et le côté c'est bien parce que c'est mal fait relève d'une attitude un peu cynique je trouve.
En plus, la manoeuvre est assez risquée : les Leone, Kubrick ou DePalma - pour poursuivre avec ces exemples - jouent constamment avec le feu et sont toujours sur la corde raide. Un pas de travers et ils tombent dans le ridicule, le pompeux ou le kitsch. Et, dans ces cas-là, autant la réussite a quelque chose de miraculeux, autant l'échec est pathétique.

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Oui. Ces trois cinéastes travaillent souvent dans une veine grotesque (au sens noble du terme)...Solal a écrit :Oui c'est clair : là comme ailleurs il y a la horde des suiveurs, des opportunistes et des flemmards sans talent qui se jettent sur la première idée venue pour en faire une recette. Je ne connais pas suffisamment les "bismen" pour pouvoir faire le tri parmi eux.Simone Choule a écrit : C'est vrai chez Kubrick, De Palma... où ce genre d'effets (je me refuse à prononcer le mot !) entraîne des ruptures et brisent une idée trop propre de "fluidité".
Mais chez les bismen italiens, c'est beaucoup trop systématique pour être vrai. C'est plus du je m'enfoutisme généralisé - que l'on peut effectivemnt trouver respectable (même si je trouve cela très snob) - qu'un véritable parti pris esthétique...
Et le côté c'est bien parce que c'est mal fait relève d'une attitude un peu cynique je trouve.
En plus, la manoeuvre est assez risquée : les Leone, Kubrick ou DePalma - pour poursuivre avec ces exemples - jouent constamment avec le feu et sont toujours sur la corde raide. Un pas de travers et ils tombent dans le ridicule, le pompeux ou le kitsch. Et, dans ces cas-là, autant la réussite a quelque chose de miraculeux, autant l'échec est pathétique.
Ceci expliquant cela.
Qui a vu "L'île de l'épouvante" de Mario Bava?
Parce que c'est un vrai festival du zoom, ce film !
Par contre, chez les bismen italiens, je ne crois pas que cela soit systématiquement du je-m'en-foutisme.... C'est simplement un effet de style très prononcé qui peut amuser ou rebuter selon les goûts. Maintenant, on peut dire que c'est devenu daté...
Parce que c'est un vrai festival du zoom, ce film !



Par contre, chez les bismen italiens, je ne crois pas que cela soit systématiquement du je-m'en-foutisme.... C'est simplement un effet de style très prononcé qui peut amuser ou rebuter selon les goûts. Maintenant, on peut dire que c'est devenu daté...

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S'il y a bien un truc que je déteste au ciné, ce sont les zoom intempestifs qui fleurissaient tellement dans les années 70. Mais qq fois force est d'admettre qu'ils ont leur charme : exemple un gros zoom brusque dans Planet of the apes 1968 quand ils sont dans le désert.
Je me souviens aussi d'un zoom très rapide chez Allen dans Meurtre mystérieux à Manhattan qui était complètement justifié lorsque soudain Allen et Keaton espionnant depuis leur voiture le voisin, l'aperçoivent dans la rue.
Même si la première fois j'ai un peu fait la gueule devant ceux de The Shining ou Barry Lindon, ils m'enchantent aujourd'hui. Surtout ceux de ce dernier: lents et arrières, ils ont leur justification car ils renforcent l'impression de tableaux voulue par Mr K. On va du détail à la vue d'ensemble.
Par contre j'ai toujours du mal avec les zooms des Damnés. Ils me donnent un peu trop mal au ventre.
Je me souviens aussi d'un zoom très rapide chez Allen dans Meurtre mystérieux à Manhattan qui était complètement justifié lorsque soudain Allen et Keaton espionnant depuis leur voiture le voisin, l'aperçoivent dans la rue.
Même si la première fois j'ai un peu fait la gueule devant ceux de The Shining ou Barry Lindon, ils m'enchantent aujourd'hui. Surtout ceux de ce dernier: lents et arrières, ils ont leur justification car ils renforcent l'impression de tableaux voulue par Mr K. On va du détail à la vue d'ensemble.
Par contre j'ai toujours du mal avec les zooms des Damnés. Ils me donnent un peu trop mal au ventre.
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C'est marrant que tu cites cet exemple, parce que les zooms dans ce film m'ont toujours dérangé. C'est dommage, parce que mis à part ces quelques effets, j'aime beaucoup la photo du film; il y a un travail impressionant de caméra portée, et des effets extraordinaires (le crash du vaisseau vu du point de vue de l'appareil).odelay a écrit :S'il y a bien un truc que je déteste au ciné, ce sont les zoom intempestifs qui fleurissaient tellement dans les années 70. Mais qq fois force est d'admettre qu'ils ont leur charme : exemple un gros zoom brusque dans Planet of the apes 1968 quand ils sont dans le désert.
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Disons que je déteste le zoom de façon générale. C'est une catastrophe à 95%, et dans 5% des cas, de bons cinéastes peuvent en faire bon usage.
C'est pour moi la même chose avec le ralenti, sauf qu'on monte à 98%. Dans 98% des cas, un seul ralenti dans un film et je vomis, le film n'est plus qu'un infâme tas de fumier. Sauf que dans 2% des cas, quand ce sont des génies qui l'utilisent, c'est magnifique.
C'est pour moi la même chose avec le ralenti, sauf qu'on monte à 98%. Dans 98% des cas, un seul ralenti dans un film et je vomis, le film n'est plus qu'un infâme tas de fumier. Sauf que dans 2% des cas, quand ce sont des génies qui l'utilisent, c'est magnifique.
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Ceci explique peut être en partie ton adoration pour John woo...Sergius Karamzin a écrit :Disons que je déteste le zoom de façon générale. C'est une catastrophe à 95%, et dans 5% des cas, de bons cinéastes peuvent en faire bon usage.
C'est pour moi la même chose avec le ralenti, sauf qu'on monte à 98%. Dans 98% des cas, un seul ralenti dans un film et je vomis, le film n'est plus qu'un infâme tas de fumier. Sauf que dans 2% des cas, quand ce sont des génies qui l'utilisent, c'est magnifique.
