Le Musée d'Orsay organisait un festival Valentino. C'était une bonne occasion de découvrir le
Latin Lover qui faisait pâmer les femmes des années 20...
The Son of Sheik-1926-George Fitzmaurice

Rudolph Valentino, Vilma Banky et le réalisateur George Fitzmaurice
Pour son dernier film, Valentino retrouve le rôle du Sheik qu'il a déjà tenu en 1922. Nous sommes dans une Arabie totalement fantaisiste dont les personnages sont totalement dépourvus de la moindre vérité psychologique! Le scénario, pourtant signé de Frances Marion, une scénariste de talent, est schématique au possible! Nous sommes vraiment dans le
star vehicle le plus pur: mettre Valentino en valeur dans ses costumes....et en position de compter fleurette à Vilma Banky, la blonde hongroise! Le film bénificie neanmoins de techniciens de grands talents, en particulier de George Barnes, le directeur de la photo, et de William Cameron Menzies, le décorateur de génie de Fairbanks entre autres. La copie présentée venait de la Cinémathèque Royale de Belgique; la qualité de l'image était malheureusement assez variable: du 16 mm pâlot au 35 mm correct. L'accompagnement
live était une musique électro-acoustique redondante et bruyante alors qu'un peu de distance et d'ironie auraient été les bienvenues! (style Ennio Morricone?)
Je n'ai guère été impressionnée par le jeu du grand Rudy qui est schématique au possible: il m'a fait penser à ses ténors italiens qui pousse le contre-ut la main sur le coeur avec un pied sur le trou du souffleur.
Par rapport à de nombreuses stars masculines de son époque, il est définitevement surrané: sa gestuelle, son "regard qui tue" et surtout une totale absence d'humour et de distance. Il suffit de voir William Haines ou James Murray chez Vidor. Même John Gilbert, qui est parfois passablement grandiloquant, est un modèle de naturel en comparaison.
Il doit bien y avoir quelque chose chez cet acteur pour qu'il soit devenu un mythe? je crois que Christian Viviani est sur la bonne piste en insistant sur le côté androgyne du personnage dans le petit texte suivant.
Valentino est également le réceptacle de l'inconscient d'une époque et d'une culture. L'opulence grandissante des sociétés occidentales, leur goût du luxe, des formes et des matières, exprimés dans la prédilection des volutes, des accessoires, des tissus imprimés, des colifichets, propre aux arts décoratifs du milieu des années vingt, se retrouve dans la gestuelle ornée, les postures maniérées, les costumes rebrodés, les accessoires pléthoriques que Valentino inscrira sur son corps même.
Rudolph Valentino ne serait donc qu'une icône, le mannequin emblématique d'un temps ? Si l'on veut bien admettre que la valeur d'un acteur de cinéma ne se mesure pas uniquement à l'aune du réalisme, Valentino est certainement aussi un acteur de cinéma. Son originalité consiste à se placer d'emblée non dans la sphère du crédible mais dans celle du fantasme. Il ne doit pas nous importer qu'il soit naturel ou non. Nous ne devons voir que sa capacité à donner corps au discours mental qui se dissimule sous le quotidien. Le baroquisme de Valentino n'est pas un masque : il fait tomber le masque de la banalité pour nous précipiter dans le domaine du désir, des impulsions, de l'affect, annonçant par là quelques grands mythes féminins comme Greta Garbo ou Marlene Dietrich.