L'Heure du loup (Ingmar Bergman - 1968)
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L'Heure du loup (Ingmar Bergman - 1968)
L'Heure du Loup d'Ingmar Bergman
Immense choc.
Je ne veux pas trop m'avancer mais je ne sais pas si avant celui là, à part chez Bunuel, un film avait autant trituré et rendu flou la frontière entre réalité et fiction. Quand sommes-nous dans le vrai, tout n'est-il qu'illusion?
Proprement fascinant, et par moment sacrément inquiétant.
Je te remercie, la Honte est enfin atteinte.
Immense choc.
Je ne veux pas trop m'avancer mais je ne sais pas si avant celui là, à part chez Bunuel, un film avait autant trituré et rendu flou la frontière entre réalité et fiction. Quand sommes-nous dans le vrai, tout n'est-il qu'illusion?
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"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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Oui justement, c'est pour ça que je précise que ce n'est absolument pas une affirmation.
Le procédé est très impressionant: un début plus ou moins sobre, mais (un peu à la manière de Fanny et Alexandre, le basculement dans le surnaturel ce fait de manière si immédiate et avec si peu de recul, que l'on finit par douter de la véracité de tout ce que l'on a vu jusqu'avant. Très lynchien dans l'esprit (un des persos m'a d'ailleurs beaucoup fait penser à l'Homme Mystère de Lost Highway).
Le procédé est très impressionant: un début plus ou moins sobre, mais (un peu à la manière de Fanny et Alexandre, le basculement dans le surnaturel ce fait de manière si immédiate et avec si peu de recul, que l'on finit par douter de la véracité de tout ce que l'on a vu jusqu'avant. Très lynchien dans l'esprit (un des persos m'a d'ailleurs beaucoup fait penser à l'Homme Mystère de Lost Highway).
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Les correspondances ne s'arrêtent pas là. Le théatre de marionettes annonce la petite femme du radiateur d'Eraserhead; le baron l'homme de Lost Highway (celui auquel pense MJ certainement), même dans les éclairages; la fugue psychique est reprise par Lynch dans ce même Lost Highway. Au niveau du son, de la contruction du récit, tout annonce l'oeuvre de Lynch. Impressionnant.Philip Marlowe a écrit :Oui, c'est Bergman qui imite Lynch avec 10 ans d'avance. C'est peut-être parce qu'il me semble plus lynchien que bergmanien que je n'apprécie pas ce film.MJ a écrit : Très lynchien dans l'esprit (un des persos m'a d'ailleurs beaucoup fait penser à l'Homme Mystère de Lost Highway).
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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Exact.phylute a écrit : (celui auquel pense MJ certainement),
Sinon Phillip je comprends tes réserves mais trouve à vrai dire que c'est quand même un film très personnel sur la frustration et la contrainte artistique.
Qui trouve d'ailleurs énormément de résonnances dans le cinéma contemporain de Lynch à Shining.
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Bien-sûr, mais j'ai l'impression qu'il se sert de motifs personnels(ses démons intérieurs, son couple) pour se lancer dans quelque chose qui ne lui ressemble pas du tout et dans lequel il ne se sent pas à l'aise. D'où ma boutade.MJ a écrit :Exact.phylute a écrit : (celui auquel pense MJ certainement),
Sinon Phillip je comprends tes réserves mais trouve à vrai dire que c'est quand même un film très personnel sur la frustration et la contrainte artistique.
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L'Heure du loup (Ingmar Bergman, 1968)
Et un de plus !
Cette semaine, L'Heure du loup
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Un de plus, mais pas des moindres...
Peut-être le film le plus beau de Sven Nykvist, en tout cas, il faut signaler (même si les illustrations du beau texte de William Lee le mettent en avant) la magnificence de la photographie de ce film.
Par ailleurs, la filiation avec David Lynch est flagrante dans ce film (là encore, je dis en 2 phrases ce que W.Lee démontre savamment dans son texte), et la modernité de Bergman y est criante.
Mais une différence, peut-être, avec Lynch, c'est qu'on sent ici que les fantômes exposés par Bergman sont des démons personnels, des cauchemards éprouvés, vécus avec effroi, et, finalement affrontés frontalement, domestiqués pour être rangés dans un film.
Sans doute pas le plus accessible des films de Bergman (il faut accepter le coté onirique du film, les sautes de narration, le ton parfois délirant), mais, de tous ceux que j'ai vu, mon préféré.
Peut-être le film le plus beau de Sven Nykvist, en tout cas, il faut signaler (même si les illustrations du beau texte de William Lee le mettent en avant) la magnificence de la photographie de ce film.
Par ailleurs, la filiation avec David Lynch est flagrante dans ce film (là encore, je dis en 2 phrases ce que W.Lee démontre savamment dans son texte), et la modernité de Bergman y est criante.
Mais une différence, peut-être, avec Lynch, c'est qu'on sent ici que les fantômes exposés par Bergman sont des démons personnels, des cauchemards éprouvés, vécus avec effroi, et, finalement affrontés frontalement, domestiqués pour être rangés dans un film.
Sans doute pas le plus accessible des films de Bergman (il faut accepter le coté onirique du film, les sautes de narration, le ton parfois délirant), mais, de tous ceux que j'ai vu, mon préféré.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Dans ma pile de "A revoir". Mais pour le moment, c'est un des Bergman que j'aime le moins, voire que j'aime pas du tout. Pourtant, il a sur le papier tout pour me plaire, mais j'ai trouvé le résultat bien timide, manquant d'intensité et de mystère, ce qui n'est pas le cas de Persona. Il a quand même le mérite de l'audace, d'être à part dans sa filmographie, même si dans la même veine Lynch me convainc plus.
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Ouais...mais j'ai eu le sentiment que ça pouvait aller beaucoup plus loin, me mettre davantage mal à l'aise, me dérouter. Là j'ai tout trouvé trop transparent. "Timide" n'est peut être pas le bon mot...Simone Choule a écrit :Timide ?
Un film qui met en scène Von Sydow en train de massacrer un enfant sur des rochers ?
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En effet. Je ne vois pas comment Bergman en 1968 aurait pu aller "beaucoup plus loin" (à moins de plonger dans le cinéma bis en faisant fi de toute structure formelle). D'ailleurs, je n'aurais pas vu l'intérêt qu'il y aurait eu à repousser telle ou telle frontière dans le cauchemard ou l'horreur, sauf à s'assoir sur la sincérité dû par un cinéaste et à faire dans la provocation. Un artiste de manière général n'a pas à "aller plus loin" que le monde secondaire qu'il crée dans son oeuvre et qui lui est propre. Tel qu'il est, L'Heure du Loup est un film exigeant et absolument effrayant sur la création, qui se permet déjà de sacrés audaces formelles pour traduire sur écran des angoisses d'artiste. Et sans Bergman et Bunuel, il n'y aurait pas eu Lynch.Philip Marlowe a écrit :"Timide" n'est peut être pas le bon mot...