The Constant Gardener (Fernando Meirelles - 2005)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Monsieur X
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Message par Monsieur X »

Jack Griffin a écrit :C'est ce que dit Postlethwaite à la fin à Fiennes.
Je vois pas le rapport... :?
Monsieur X
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Message par Monsieur X »

Entretien avec John Le Carré dans Le Monde.


Comment l'aventure de ce film s'est-elle nouée ?

Le producteur britannique indépendant Simon Channing Williams, le scénariste Jeffrey Caine et moi-même avions en tête une super-production estimée à quelque 70 millions de dollars. Pendant près de deux ans, nous avons flotté dans cet océan d'un film hollywoodien qui ne trouvait pas de financement. Les majors s'intéressaient au projet, parfois pendant cinq minutes, comme MGM, avant de renoncer. Sony Columbia nous a dit qu'un film sur l'Afrique n'avait aucune chance de marcher.

Dieu merci, nous avons renoncé à cette lubie d'une super-production. Nous sommes devenus raisonnables et avons opté pour un projet à budget modeste. Nous avons travaillé avec Fernando Meirelles, dont j'avais beaucoup aimé City of God. Ralph Fiennes et Rachel Weisz nous ont rejoints. Ils se sont contentés d'un cachet minimal. L'engagement de l'équipe est venu du coeur.

Que pensez-vous du film ?

Sans vouloir être désobligeant pour les précédentes adaptations de mes romans, c'est sans doute la première fois qu'un réalisateur a fait un grand film, certes inspiré d'un de mes livres, mais un film à lui, où il a dit ce qu'il voulait dire. C'était pour moi une expérience complètement différente.

L'Espion qui venait du froid (de Martin Ritt) reste un très bon film. Les autres films étaient trop respectueux de mes livres, pas assez imaginatifs. Fernando a ajouté, avec bonheur, des scènes qui n'existent pas dans le livre et que je n'aurais pas pu y mettre. Il l'a fait avec tout son coeur, et cela fonctionne très bien. C'était comme dans un mariage, où je n'étais pas un conjoint. Je discutais amicalement avec Fernando et Jeffrey Caine de l'adaptation. Mais ce sont eux qui l'ont faite. Je n'avais aucun sentiment de possession à propos de l'oeuvre, aucune exigence particulière.

Vous n'avez pas voulu faire vous-même l'adaptation ?

Non, bien sûr, sinon je l'aurais exigé dans le contrat. Au contraire, j'ai dit avec insistance qu'il fallait un scénariste différent. D'ailleurs, à cette époque, j'étais en train d'écrire un autre roman. A mon âge, il est difficile de sortir d'un livre qu'on a écrit et de se colleter tout un tas de dialogues techniques, plus ou moins ennuyeux. Ce film a une nature semi-documentaire. Il comble l'absence de connaissances réelles sur un sujet précis, l'industrie pharmaceutique dans le tiers-monde, à une époque où nous vivons dans un monde de nouvelles virtuelles, et où nous sommes intoxiqués par l'inanité des informations qui nous sont transmises. J'avais, dans mon livre, choisi l'industrie pharmaceutique comme une métaphore de l'exploitation des pays en développement.

En particulier de l'Afrique.

J'ai situé mon histoire dans une ancienne colonie de la Couronne, le Kenya. Savez-vous que 50 % des médicaments vendus dans les pharmacies d'Afrique sont faux ? Ce sont des répliques fabriquées en Inde, que les laboratoires eux-mêmes ne peuvent au premier abord distinguer des vrais. Ils se gardent bien de le dire pour ne pas discréditer leurs propres produits. Lorsqu'on visite les bidonvilles de Kabira, dans la banlieue de Nairobi, on rencontre des enfants de 5 ans qui n'iront jamais à l'école, qui n'ont jamais mangé un vrai repas. Ils pourraient être les Goethe, les Thomas Mann ou les Dante de l'Afrique de demain.

L'équipe du film a créé, pendant le tournage, une ONG, d'abord à Nairobi, puis au nord du Kenya, puis au sud du Soudan. Cette association a construit des ponts, et bien d'autres choses. Elle a survécu au film dont elle porte le nom. Je m'étais rendu en Afrique pour préparer mon livre. Je n'y suis pas retourné pendant le tournage. Il aurait été stupide que j'aille coller aux basques du metteur en scène.

Au coeur du film, il y a aussi une histoire d'amour.

Oui, et dont le film reflète avec beauté les différents stades. Lorsque les deux héros, Tessa et Justin, se rencontrent, elle est fragile et inquiète. Il est, pour elle, un protecteur, un père. Puis ils se marient et elle se conduit mal à ses yeux, il en a assez d'elle.

Puis à la fin du film, elle est presque devenue sa mère. Il a reçu, grâce à elle, une éducation complète. Elle lui a permis de devenir l'homme qu'il aurait dû être. C'est une histoire très morale, très religieuse, qui a une qualité mystique. Justin meurt pour la rejoindre. Il n'y a rien de plus romantique.
Aliocha
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Message par Aliocha »

Le film est alors au moins un beau spot humanitaire, propre à susciter des vocations charitables.

Spoilers :
Sinon ne parlons pas de l'histoire d'amour post-mortem puisqu'il semble qu'elle n'a pas été beaucoup appréciée, cela malgré son originalité et son superbe accomplissement dans la mort, The constant gardener est finalement aussi sublime que l'intemporel Tristan et Iseut (de Bédier ou de Wagner, ça revient au même).
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

le Seigneur de l'Erdre a écrit :
Monsieur X a écrit : "Humanitarisme touristique en Afrique pour ce thriller-mélo bourré de tics publicitaires."

Ah oui, quand même. :roll: :lol:
les inrocks :? :lol: :lol: :lol:
déjà qu'en musique, ils ne sont pas crédibles :uhuh:
Crédibles ?
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

Monsieur X a écrit :
Jack Griffin a écrit :C'est ce que dit Postlethwaite à la fin à Fiennes.
Je vois pas le rapport... :?
Il dit que l'action des ONG et plus généralement toute aide envers les pays du tiers monde est une forme de pénitence...Qu'à chaque fois qu'un occidental fait un don, il trouve un moyen de s'absoudre.
Monsieur X
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Message par Monsieur X »

Jack Griffin a écrit :Il dit que l'action des ONG et plus généralement toute aide envers les pays du tiers monde est une forme de pénitence...Qu'à chaque fois qu'un occidental fait un don, il trouve un moyen de s'absoudre.
Euh, c'est l'opinion de CE personnage, pas celle du réalisateur (qui a donc l'intelligence de saisir toutes les nuances de la réalité). :lol:

Lis l'interview de John Le Carré : tu saurais que l'équipe du film a créé une ONG... :fiou:
Aliocha
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Message par Aliocha »

Jack Griffin a écrit :
Monsieur X a écrit : Je vois pas le rapport... :?
Il dit que l'action des ONG et plus généralement toute aide envers les pays du tiers monde est une forme de pénitence...Qu'à chaque fois qu'un occidental fait un don, il trouve un moyen de s'absoudre.
Penses-tu sérieusement que, puisque Postlethwaite dit cela, Meirelles cautionne ses propos.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Je dois aller voir ce film. :lol:
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Monsieur X
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Message par Monsieur X »

Roy Neary a écrit :Je dois aller voir ce film. :lol:
Et changer ton top 10 de l'année. :lol:
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Monsieur X a écrit :Et changer ton top 10 de l'année. :lol:
Franchement je ne pense pas, d'autant que j'y aurais sûrement mis le Woody Allen que j'ai manqué.
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Monsieur X
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Message par Monsieur X »

Roy Neary a écrit :Franchement je ne pense pas, d'autant que j'y aurais sûrement mis le Woody Allen que j'ai manqué.
Je plaisantais. Mais il se pourrait que tu aimes beaucoup le film. :wink:
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

Monsieur X a écrit : Lis l'interview de John Le Carré : tu saurais que l'équipe du film a créé une ONG... :fiou:
Je sais y'a une pub au début du film :mrgreen:

Sinon ce dialogue arrive quand même comme une sorte de conclusion et est un moyen facile de renvoyer tout le monde dos à dos. Peut être que Meirelles n'épouse pas strictement les dires de ce personnage, mais la manière dont c'est placé dans le film, à la fin du périple de Fiennes, rend alors le propos très confus.
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Message par Monsieur X »

Jack Griffin a écrit :mais la manière dont c'est placé dans le film, à la fin du périple de Fiennes, rend alors le propos très confus.
Ce n'est pas tout à fait la fin de son périple, puisque juste après, en embarquant dans l'avion, Fiennes tente de sauver un enfant en danger, et se souvient de la sublime réplique de Tessa : "on ne peut pas tous les sauver, mais on peut en sauver au moins un". :)

Alors arrête de dire du mal de ce film, et va te coucher, tiens ! :mrgreen:


(d'toute façon, t'as jamais aimé le montage sophistiqué, que t'assimiles toujours à la pub....) :fiou:
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

Monsieur X a écrit :
(d'toute façon, t'as jamais aimé le montage sophistiqué, que t'assimiles toujours à la pub....) :fiou:
Et Basic c'est pas sophisitiqué peut être ? :mrgreen: Mais rien n'est très sophistiqué chez Meirelles. Agitation n'est pas synonyme de raffinement.
Monsieur X
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Message par Monsieur X »

Jack Griffin a écrit :Et Basic c'est pas sophisitiqué peut être ? :mrgreen: Mais rien n'est très sophistiqué chez Meirelles. Agitation n'est pas synonyme de raffinement.
Tu vois de l'agitation là où il y a une mise en scène vivante et habitée. Si tu veux voir de l'agitation vaine et stérile, revois les films de ton copain Rob Cohen. :uhuh:
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