Notez les films d'aujourd'hui

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Kevin95
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THE RAINMAKER (Francis Ford Coppola, 1997) découverte

Dans le petit livre rouge du bon cinéphile, il est dit qu'il est déconseillé de juger un film à l'aune des autres films d'un réalisateur et que l'on devrait plutôt, le considérer pour ce qu'il est et rien d'autre. Alors The Rainmaker est un bon petit film, bien écrit, portant en brassard une naïveté à la Capra et pourvu d'une salade de grands acteurs (parfois n'apparaissant que quelques minutes). Mais ici, le nom de Coppola n'a pas ou très peu d'incidence quant au résultat final. Malgré quelques plans intéressants ou des effets de montages parfois étonnants, le métrage est mis en scène classiquement à la limite du plan-plan. Lumet aurait vivifié un scénario aussi bavard et touffu mais le Coppola vexé des 90's se contente de colorier sa copie sans déborder des lignes. Un film par et pour son sujet, un film d'acteurs aussi, dont un Danny DeVito voleur de scènes. 7,5/10
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

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THE REVENANT (Alejandro González Iñárritu, 2015) découverte

Vu la réputation du film, autant prendre des pincettes. L'idée n'est pas d'atténuer ou d’éclipser un élément évident, la beauté plastique du film. Techniquement, le film d'Iñárritu est absolument superbe, la lumière met à terre, les comédiens sont impliqués, la musique chiadée et tout ce beau monde fait un boulot du tonnerre. Le problème n'est pas donc dans la physionomie du corps The Revenant mais dans son fonctionnement interne, profond, dans son absence d'électricité. Du sang et de la barbaque il y en a plein l'écran mais c'est du badass sous plexiglas, rien de vraiment tangible, de palpable. Les personnages sont monolithiques, prévisibles (contrairement aux personnages plus mouvants et complexes de The Hateful Eight) et ne bougent pas d'un iota. Une absence de complexité qui aurait pu faire le jeu d'un film hargneux, sec et rapide mais clairement pas celui d'une épopée de près de trois heures. En résulte une empathie limitée et l'impression étrange que certaines séquences se répètent, que le film bégaye inutilement et confond densité et longueur. La violence ne fait presque plus effet à la longue, magnifiquement chorégraphié certes mais jamais malaisante ou troublante. Plus gênant, non seulement Iñárritu pique certains effets visuels à Terrence Malick (passe encore, même la pub s'y met) mais en plus il lui ravie son discours religieux et spirituel (deuil, paradis perdu, quête identitaire) mais avec son doigté légendaire, c'est à dire avec des gants de boxe. Difficile de rejeter le film (trop beau pour être ignoré) ou de ne pas applaudir un retour à une forme "sauvage" du film à grand spectacle mais on peut aussi tilter sur une quantité de défauts et une sécheresse émotionnelle handicapante. Position oui mais... 8/10 (vraiment parce que le visuel envoie du poney)
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Message par Kevin95 »

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CLARA ET LES CHICS TYPES (Jacques Monnet, 1981) révision

1981 le cul entre deux chaises, celle de 68 (trop lointaine) et celle de 81 (trop proche). C'est dans ce climat qu’évoluent Clara et les autres, dans l'idée qu'au fond on s'en fout d'avant et de demain, seul compte le présent. Une énergie mêlée à une mélancolie discrète, juste assez pour rendre les personnages (TOUS les personnages) extrêmement attachants et en même temps suffisamment en sourdine pour que le peps du film ne soit pas gâché. Écrit par un Dabadie qui voit en ces jeunes cons les descendants directs des vieux cons d'Un éléphant ça trompe énormément et Vincent, François, Paul... et les autres. Même inconscience, gout d'entreprendre et tristesse de voir passer sa jeunesse. Alors vite, faisons des tournées, courrons après Adjani même si elle est loin, même si elle ne veut pas de nous, foutons-nous sur la gueule avant de nous réconcilier en une coupe de montage. Mais à parler comme ça, on croirait que le film est triste à crever alors qu'il donne une patate d'enfer, que la musique de Michel Jonasz est un mot de passe pour tous ceux qui ont vu le film et que certaines vannes entrent les mains dans les poches au Panthéon (le film d'Hitchcock). Je n'y peux rien, c'est le dernier plan, celui où la bande se regarde dans le miroir déformant et où l'on sent avec tristesse que la bande va éclater, que la vie va reprendre son cours. Comme la dream team sur l'écran (mais qui ne s'en doute pas), les personnages/comédiens sont sur le point d'exploser et de fermer à clé ce moment de fraicheur qu'est Clara et les Chics Types. 9/10
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Eusebio Cafarelli
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Message par Eusebio Cafarelli »

Mad Max Fury Road

Juste après, je suis tombé sur Gremlins II sur la TNT. Il y a plus d'idées dans 5 mn de Gremlins II que dans 2 h de MMFR, qui a quand même, dans le générique, un effet comique réussi : ils étaient trois pour écrire le scénario...
L'image du Blue Ray est belle. Quant au film... un empilement de pistes non explorées, des incohérences multiples, un héros (?) au charisme d'huitre, un sérieux constant qui n'arrange rien. Charlize Théo s'en sort, c'est tout...

Ave César

Encore un scénario écrit sur une moitié de timbre poste... Une succession d'hommages, souvent réussis, à différentes périodes de l'histoire du cinéma hollywoodien, liés par une pseudo enquête dans le cadre de la guerre froide et de la chasse aux sorcières à Hollywood. Le comique joue trop sur l'effet de décalage, par exemple Clooney en centurion ahuri dans une réunion de communistes. C'est un peu court, pas déplaisant mais mineur dans la filmographie des frères Coen qui ne se sont pas foulés cette fois-ci.
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Message par Kevin95 »

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PURPLE HEARTS (Sidney J. Furie, 1984) découverte

Sans rien savoir, on jurerait que le film est une production lancée en toute hâte à la fin des années 80 pour grignoter sur les succès de An Officer and a Gentleman, Platoon et Top Gun. Erreur - moins une vie - le film date de 1984 et si effectivement le film de Taylor Hackford est dans la ligne de mire, Purple Hearts peut se targuer d'avoir un train d'avance sur les films d'Oliver Stone et Tony Scott. Faut bien qu'il gagne une guerre car en l'état, le métrage de Sidney J. Furie est un énième film sur le Vietnam qui n'a rien de plus à raconter (alors que les personnages sont non plus des pioupious innocents mais des médecins). Le réalisateur y croit lors des scènes de batailles mais baisse la garde quand il s'agit de filmer la romance où tous les clichetons se jettent sur le film comme des affamés. Le final est une horreur mais le film tient globalement bien la route et sent bon le come-back du romantisme cul-cul des 80's. 7/10
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Message par Watkinssien »

Eusebio Cafarelli a écrit :Mad Max Fury Road

Juste après, je suis tombé sur Gremlins II sur la TNT. Il y a plus d'idées dans 5 mn de Gremlins II que dans 2 h de MMFR, qui a quand même, dans le générique, un effet comique réussi : ils étaient trois pour écrire le scénario...
L'image du Blue Ray est belle. Quant au film... un empilement de pistes non explorées, des incohérences multiples, un héros (?) au charisme d'huitre, un sérieux constant qui n'arrange rien. Charlize Théo s'en sort, c'est tout...
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Message par Rockatansky »

Moi je dis chacun est libre
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Message par Watkinssien »

Rockatansky a écrit :Moi je dis chacun est libre
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Message par Eusebio Cafarelli »

Watkinssien a écrit :
Eusebio Cafarelli a écrit :Mad Max Fury Road

Juste après, je suis tombé sur Gremlins II sur la TNT. Il y a plus d'idées dans 5 mn de Gremlins II que dans 2 h de MMFR, qui a quand même, dans le générique, un effet comique réussi : ils étaient trois pour écrire le scénario...
L'image du Blue Ray est belle. Quant au film... un empilement de pistes non explorées, des incohérences multiples, un héros (?) au charisme d'huitre, un sérieux constant qui n'arrange rien. Charlize Théo s'en sort, c'est tout...
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Message par AtCloseRange »

On voit tout de suite la différence de qualité :mrgreen:
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Message par Kevin95 »

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PAURA NELLA CITTÀ DEI MORTI VIVENTI (Lucio Fulci, 1980) découverte

Qui est le con qui a laissé les portes de l'enfer ouvertes ? L'introduction impose un style et une ambiance : cimetière désert, brouillard épais, murmures plus ou moins perceptibles, gros plan agressif, un prêtre l’œil hagard se pend au milieu de nulle-part et on n'est qu'à quelques minutes du début du film. Fulci entame sa deuxième partie de carrière, celle qui va à la fois faire son succès et le condamner à un gore qui tache. Le réalisateur retrouve l'agressivité de son Zombi 2 (son plus gros succès) mariée à une poésie typiquement fulcienne faite de temps morts, d'un gout pour les corps en décomposition, pour des séquences de violence brusque et choquante ou pour un climat malsain et planant. Ce mélange entre brutalité (les années 80 de Fulci) et rythme flottant (ses giallos 70's) se marient ici magnifiquement. Dans Paura nella città dei morti viventi, le metteur en scène récupère les stéréotypes du cinéma d'horreur mondial (le journaliste cynique, le scientifique barbue, la blonde souriante et les ados très cons) pour les trainer plus bas que terre, jusqu'aux enfers. Tout en crescendo, le récit est constamment entre-maillé de séquences chics et chocs, d'images iconiques comme les larmes de sang (Tarantino approved), l'enterrée vivante (Tarantino approved bis) ou de scènes craspecs comme le vent d'asticots ou la perceuse sanglante (ironie de l'histoire, la scène la plus gore est un "simple" fait divers). La dernière ligne droite et l'exploration de l'antre du cimetière laisse Fulci déployer toute sa maestria. Plus de frissons, mais une réelle fascination s’installe au point de ne plus décrocher son regard de l'écran avant un twist final glaçant, ironique et franchement savoureux. Fulci, qui est alors encore dans son âge d'or, pousse son style dans ses derniers retranchements. La chute, inévitable, viendra progressivement. Mais depuis Paura nella città dei morti viventi, elle est encore loin. 9/10

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QUELLA VILLA ACCANTO AL CIMITERO (Lucio Fulci, 1981) découverte

Il s'agissait à la base de surfer sur les succès de The Amityville Horror et The Shining. Une maison, des morts dans le sous-sol, un gamin aux pouvoirs étranges, un père cérébral, violent et absent, une mère pas tout seule dans sa tête, suffisait juste de lâcher Fulci sur le terrain et c'était du prêt à consommer. Seulement, le réalisateur a moyennement envie de se blottir dans l'ombre des autres (de là à dire qu'il n'a pas vu les films, il n'y a qu'un pas) et fait oui de la tête aux producteurs tout en tirant au maximum le projet vers son cinéma. Un cinéma que l'on reconnait dès les premières images (après un meurtre brutal pour ouvrir l’appétit). Dans un climat brumeux, la menace est indicible, la mort est perceptible et c'est à pas de loup que nous allons, comme les personnages, visiter cette maison, l'apprivoiser pour ensuite la repousser. Fulci évite le piège des récits de maisons hantées en le prenant à bras le corps et en utilisant l'idée de répétition comme une force. De même lieux apparaissent, de mêmes gestes se répètent et c'est au moment où notre regard baisse la garde et où l'attention se fait plus incertaine, que le réalisateur met les bouchées doubles et ouvre enfin la cave aux cauchemars. Le film bascule alors dans l'horreur pure, dans un mauvais rêve qui traine en une longueur sadique. La fin est une merveille d'ironie mais surtout de tristesse. L'histoire était écrite d'avance et nous, pauvres spectateurs trop vite blasé, nous l'avions oublié. Lucio Fulci est un homme triste et son cinéma devient grand lorsque cette mélancolie transpire dans ses films. 8,5/10
Dernière modification par Kevin95 le 14 mars 16, 16:29, modifié 1 fois.
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par Jack Griffin »

Tu mets les titres italiens que personne ne connait dans notez les films pour être le plus discret possible ? :mrgreen:
J'ai fait la recherche le premier est Frayeurs

sinon:
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... =3&t=11169
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Message par AtCloseRange »

Kevin95 a écrit :une poésie typiquement fulcienne faite de temps morts
Je suis toujours admiratif de la façon qu'a la rhétorique de faire passer des moments chiants pour des moments de poésie...
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

AtCloseRange a écrit :
Kevin95 a écrit :une poésie typiquement fulcienne faite de temps morts
Je suis toujours admiratif de la façon qu'a la rhétorique de faire passer des moments chiants pour des moments de poésie...
Les gouts tra la la la nature, tu connais le refrain. Certains roupillent devant, d'autres (dont bibi) sont hypnotisés.
Jack Griffin a écrit :Tu mets les titres italiens que personne ne connait dans notez les films pour être le plus discret possible ? :mrgreen:
J'ai fait la recherche le premier est Frayeurs

sinon:
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... =3&t=11169
Grillé ! :mrgreen:

Non sérieusement, c'est plus pour que ma fanfaronnade se perde dans l'historique du forum plutôt que rester dans le ciment du topic concerné. Mais promis, dès qu'une troisième personne s'allie à ACR et 7swans je prends des dispositions. :fiou:
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Re: Notez les films d'aujourd'hui

Message par AtCloseRange »

Kevin95 a écrit :
AtCloseRange a écrit : Je suis toujours admiratif de la façon qu'a la rhétorique de faire passer des moments chiants pour des moments de poésie...
Les gouts tra la la la nature, tu connais le refrain. Certains roupillent devant, d'autres (dont bibi) sont hypnotisés.
Non, non, c'est toi qui parles de temps morts comme s'ils étaient intentionnels et qu'ils faisaient partie de la "poésie" du truc.
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