cinéfile a écrit : ↑14 nov. 21, 14:23
Revu hier soir (sur RTL9) l’inénarrable
Road House, plus de 20 ans après sa découverte. Je tiens à rassurer l’auditoire : j’avais vu ce film bien après mes 7 ans (je dirais entre 12 et 13 ans). D’ailleurs, je me souviens que mon père avait débarqué dans le salon au moment de la mort très sanglante de Ben Gazzara et avait été proprement atterré par ce spectacle.
C’est surtout le début qui est rigolo : 5 coupes mulets au m2, festival de bimbos permanentées à la vulgarité sans nom, plans topless disséminés avec la régularité d’une montre suisse toutes les 5 minutes pour ne pas perdre le spectateur mâle… Le climax est probablement atteint lors de la mise au point du gourou Swayze (le « cooler » ou le boss des videurs) auprès de ses gars (« bouncers ») sur son fameux code de conduite. A l’instar du Bodhi de
Point Break, le personnage est bardé d’une aura mystico-philosophique de prisunic (« la douleur n’existe pas » / « Pain don’t hurt »), vit comme un moine ascétique et se pieute au petit matin dans son loft rustique un bouquin de Jim Harrison sur les genoux pendant que son voisin/le méchant et ses sbires batifolent dans une orgie… Tout cela bien entendu, après avoir distribué des pains toute la sainte journée ! Le gars serait diplômé de philosophie, c’est à s’étrangler.
La musique intra-diégétique de Jeff Healey est étonnamment cool (par contre, la BO discrète d’un Kamen pas encore sorti de
L’Arme Fatale est loin d'être inoubliable) et c'est globalement assez beau (splendide photo de Dean Cundey !, montage correct).
L’os, c’est que le film dure 2h, s’essouffle rapidement, n’est pas plus engageant que cela (rythme mollasson) et que Swayze n’est pas d’un charisme débordant (la VF sauve les meubles :
« On est des professionnels !
- Se faire traiter d’enculé ça fait professionnel ?
- Non, c’est un substantif dont le but est de créer une réponse pré-déterminée
- Et si on traite ma mère de connasse
- S’en est une ? » )
Très sympa ce Road House, que ce soit comme nanar (certainement pas navet) voire série B réjouissante.
La VF a quelques trouvailles, mais connasse par à la VO c'est quand même sous-traduit. Reste la réplique culte du film en VO que je rendrai très peu fidèlement du point de vue de la forme, afin de garder le plaisir de la découverte, ainsi :
"Fussions-nous en prison
que tu eusses été mon Giton".
Le site Ruthless Reviews '80s action,
http://www.ruthlessreviews.com/1180/roadhouse/ assez orienté politiquement
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- à gauche même si les wokes passeront à côté en raison de quelques outrances récurrentes de langage et un refus du politiquement correct
, mais souvent hilarant par sa mauvaise foi, le classe assez haut question crypto-homo (I thought you would be bigger en gag récurrent) tout en reconnaissant le côté
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- "bisexuel" ben oui, il se tape quand même la nénette docteur
.
Le film devient plus violent à la fin, et Swayze porte quand même le film sur ses larges épaules. Pas sûr que ça aurait pris avec quelqu'un d'autre que lui.
Ben Gazzara est aussi un bon méchant. À signaler, Red West, le Micklin des Têtes brûlées en personnage secondaire.
La B.O de Jeff Healy est incontestablement un point fort du film. Tout comme les nuques longues à foison, même si le héros n'en porte pas (la nuque longue/
mullet c'est court devant et sur les côtés, long derrière).