

Cinéaste quasiment tout les ans au festival de Cannes et qui reste méconnu, ça existe!
Moderators: cinephage, Karras, Rockatansky
J'aime bien Sokourov mais je crois qu'il ne peut que sortir amoindri d'une comparaison avec Tarkovsky. D'abord parce qu'ils ne boxent quand même pas dans la même catégorie. Et ensuite parce que la parenté me semble peu probante : Sokourov est un formaliste (le travail sur les formes a un sens en soi), pas Tarkovsky. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il me semble difficle de parler de dépouillement à son sujet puisque son cinéma sans cesse étire, malaxe et surcharge. Là où Tarkovsky cherchait plutôt l'intemporel, Sokourov va au contraire s'immerger, jusqu'à boire la tasse, dans un moment et une conscience historiques donnés : sans même évoquer l'ambition explicite de L'arche russe, il suffit de se reporter à ces différents films où il essaie de pénétrer de l'intérieur l'expérience totalitaire (ses origines : Pages cachées et ses figures monstrueuses : Moloch, Taurus...).Dolly-Bell wrote:Héritier spirituel de Tarkovski, il aborde avec une exigence et un dépouillement extrèmes des sujets qui confinent parfois à l'indicible. A vous de dire ce que vous pensez de ses longs métrages (Mère et fils, Mollock, L'arche Russe...) ou de ses nombreux documentaires (Elègie de Russie, Elégie de la traversé, Dolce...).![]()
La BA m'a emballé...je compte y allerSolal wrote:Je profite de cette discussion sur le cinéma russe pour évoquer un nom qui commence à circuler, celui de Zviaguintsev. Quelqu'un aurait-il eu l'occasion de voir son film Le Retour, annoncé comme très prometteur ? Valeur de demain ou baudruche du buzz ?
cidmaster wrote:Je n'ai jamais vu un film de Sokourov, mais j'avais ma petite liste de film russes à voir (je n'ai toujours pas eu l'occasion de voir un film de cette liste), mais celui que j'avais noté c'etait Les Jours de l'Eclipse - quel est donc l'histoire, qu'est ce que ça vaut?
Solal wrote:J'aime bien Sokourov mais je crois qu'il ne peut que sortir amoindri d'une comparaison avec Tarkovsky. D'abord parce qu'ils ne boxent quand même pas dans la même catégorie. Et ensuite parce que la parenté me semble peu probante : Sokourov est un formaliste (le travail sur les formes a un sens en soi), pas Tarkovsky. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il me semble difficle de parler de dépouillement à son sujet puisque son cinéma sans cesse étire, malaxe et surcharge. Là où Tarkovsky cherchait plutôt l'intemporel, Sokourov va au contraire s'immerger, jusqu'à boire la tasse, dans un moment et une conscience historiques donnés : sans même évoquer l'ambition explicite de L'arche russe, il suffit de se reporter à ces différents films où il essaie de pénétrer de l'intérieur l'expérience totalitaire (ses origines : Pages cachées et ses figures monstrueuses : Moloch, Taurus...).Dolly-Bell wrote:Héritier spirituel de Tarkovski, il aborde avec une exigence et un dépouillement extrèmes des sujets qui confinent parfois à l'indicible. A vous de dire ce que vous pensez de ses longs métrages (Mère et fils, Mollock, L'arche Russe...) ou de ses nombreux documentaires (Elègie de Russie, Elégie de la traversé, Dolce...).![]()
Et si Sokourov reste un animal de festival, même s'il connaît aujourd'hui une beaucoup plus grande diffusion qu'il y a dix ans, ce n'est pas non plus pour étonner puisque son ambition principale demeure tout de même l'expérimentation. Il a obtenu en France, à la fin des années 90, le label "valeur sûre de l'art et essai", ce qui lui a ouvert tout un public fait de vrais passionnés comme de snobs. Que pourrait-il avoir de plus ?
Je profite de cette discussion sur le cinéma russe pour évoquer un nom qui commence à circuler, celui de Zviaguintsev. Quelqu'un aurait-il eu l'occasion de voir son film Le Retour, annoncé comme très prometteur ? Valeur de demain ou baudruche du buzz ?
C'est bref mais vrai.Ouf Je Respire wrote:Sokourov est un cinéaste à soutenir.
J'ai vu Taurus, Moloch et L'arche russe, et il faut dire qu'il y a trop peu de cinéastes ambitieux actuellement pour ne pas le soutenir. Un cinéma qui mérite de raviver nos réflexions sur le fond et la forme du cinéma.
Question: ça fait trop longtemps que je cherche à voir "Mère & Fils", existe-t-il une édition Z2 dispo?
Pour t'en donner une petite idée, voici le récit d'une scéance de Pages cachées, il y a un peu moins dix ans, époque à laquelle ses films ne circulaient que dans les festivals. Dès les premières minutes de la projection, je m'aperçois que mon voisin de droite s'est endormi et souffle bruyamment. Cela ne me dérange pas trop, jusqu'à ce que les premiers ronflements se fassent entendre, bientôt entrecoupés de petits rots (je ne trouve pas d'autres mots !) malodorants. Quelques têtes se tournent depuis les rangées de devant et nous lancent des regards dont je parviens, malgré l'obscurité, à percevoir l'intention pas très pacifique. Rien n'y fait : le bonhomme dort du sommeil du juste et s'il se retourne de temps à autre en s'ébrouant, cela ne l'empêche de continuer à ronfler paisiblement. A la fin de la scéance, c'est à mon tour de le fusiller du regard, mais il semble totalement s'en contrefoutre. Une bonne demie-heure plus tard, je le croise dans le hall, en pleine conversation, et je comprends que le monsieur est journaliste (peut-être critique, mais je ne suis pas sûr) et qu'il s'étend avec complaisance sur les qualités du cinéma de Sokourov, un "indispensable". Voilà ce qu'il en était il y a dix ansDolly-Bell wrote: Heureusement qu'il a une plus large diffusion qu'il y a 10 ans car aujourd'hui encore cela reste quand même difficile de voir ses films. Et je n'ose pas imaginer comment c'était il y a 10 ans.
Ce n'était pas du tout mon intention. Parler de "formalisme" n'a aucun lien avec la distinction fond/forme - distinction qui n'a aucun sens à mes yeux en ce qui concerne l'art. D'ailleurs la forme comprend bien évidemment les éléments que tu évoques (narration, cadre, direction d'acteurs, lumière...).Dolly-Bell wrote:Merci de souligner pour le fond et la forme. Car pour le fond il y en a qui doute.
Solal wrote:[
Etre formaliste, c'est une question de démarche : ici, le travail sur la forme a un sens en soi, il n'est pas subordonné à une exigence supérieure. Il induit également un rapport différent au réel qui n'est plus un référent objectif. On ne cherche donc pas à le capter mais plutôt à en déformer la perception usuelle que l'on peut en avoir.
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