Mommy , donc.
Secoué par ce film, du début à la fin. J'en suis sorti en me faisant d'abord la réflexion que
Mommy, c'est plus que du cinéma, c'est la vie : l'interprétation est d'une justesse telle, les dialogues sont d'une telle force que j'ai oublié la durée et ai plongé dans cette histoire riche en émotion, où les non-dits sont présents et où beaucoup de choses sont laissées à la libre invention du spectateur. Le fait d'ouvrir son film par
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- la mention d'une loi punitive fictive, suivie d'un crash laisse planer sur tout le métrage la menace d'un drame imminent, et j'avais l'impression que dès qu'un personnage se retrouvait sur la chaussée, une bagnole allait le renverser.
De fait, on assiste à toute l'histoire avec une tension qui aurait pu être insupportable si elle n'avait pas été portée par cette impression de vie incarnée par les interprètes. Le trio principal est aussi exceptionnel qu'inoubliable.
Mais en fait non,
Mommy c'est bel et bien du
pur cinéma. Dolan y exploite avec maestria, inspiration et juste ce qu'il faut d'esbroufe tous les moyens mis à sa disposition par le septième art. Enceintes qui dégueulent de musique. Caméra en mouvement pleine d'énergie et de lyrisme. Montage énergique qui sait accompagner les coups d'éclats comme les moments plus évanescents. Photo magnifique au diapason des émotions, tantôt chaude et caressante, tantôt froide et cruelle.
Le choix du format carré crée une incontestable proximité avec l'histoire racontée et les personnages.
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- J'ignorais qu'il allait s'élargir et cet effet a provoqué en moi des bouffées d'euphorie qui m'ont complètement bouleversé. La seconde fois que le réalisateur en use, j'ai failli lui en vouloir parce que je savais que ça allait mal tourner, mais les émotions que ça a fait naître en moi étaient si puissantes que j'ai accepté ce jeu cruel.
Ce sont des artifices, oui, comme le sont tous les outils du langage cinématographique. Une fois cela posé, demeure un seul constat : mon émotion de spectateur. Elle n'est pas plus explicable-justifiable que cela, juste partageable.